jeudi 10 mars 2011

Rituals (The Creeper)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Carter. 1977. U.S.A/Canada. 1h40. Avec Hal Holbrook, Lawrence Dane, Robin Gammell, Ken James, Gary Reineke, Murray Westgate, Jack Creley, Michael Zenon.

Sortie salles France: 14 Avril 1982. Canada: 21 Juillet 1977

FILMOGRAPHIE: Peter Carter est un réalisateur et producteur britannique né le 8 Décembre 1933 en Angleterre, décédé le 3 juin 1982 à Los Anglees. 1972: The Rowdyman. 1977: Rituals. 1978: High Ballin. 1980: Klondike Fever. 1982: Highpoint. 


Ils étaient cinq... Pour le bout du monde. Le destin vengeur les avait réuni !

Rituals est un survival à mi chemin entre le notoire Délivrance sorti 5 ans au préalable et le désormais classique, Survivance de Jeff Liberman natif de 1981. Complètement sombré dans l'oubli et disparu de la circulation depuis nos vétustes rayons Vhs, cette oeuvre oppressante à l'atmosphère à la fois moite et poisseuse s'avère pourtant aussi intéressante que subtile à exploiter dignement le genre (trop) souvent tributaire du gore outrancier. Le pitchCinq amis d'enfance s'exilent six jours en forêt pour profiter de la chasse. Mais rapidement, d'étranges évènements pernicieux vont venir perturber l'ambiance estivale de nos vacanciers davantage ébranlés par une succession d'incidents. Dès son préambule, il est inévitable de penser au chef-d'oeuvre de John Boorman puisqu'il empreinte le même environnement hostile d'une nature sauvage qu'un groupe d'acolytes arpentera après qu'une menace invisible s'y soit manifestée. Nanti d'une solide interprétation de seconds couteaux bien connus des amateurs (Hal Hoolbrook/Creepshow, Lauwrence Dane/Scanners - Happy Birthday), Rituals puise sa force dans sa rationalité des faits consciencieusement structurés et par son ambiance anxiogène davantage oppressante.


Ainsi, par touches successives d'accidents volontairement assénés aux protagonistes (le vol des bottes dès la 1ère nuit, la ruche jetée sur le sol pour laisser s'échapper un essaim d'abeilles, les pièges à ours infiltrés dans la rivière), nos baroudeurs vont approcher le sentiment d'insécurité d'une présence invisible particulièrement finaude à les brocarder. Une manière sournoise de les désorienter et ainsi les mettre au défi d'une série d'épreuves aussi dangereuses qu'impromptues. A ce titre, il faut saluer l'habile utilisation des décors décharnés, arides, opaques ou vertigineux, savamment exploités au sein d'une scénographie écolo transcendant l'immensité de ses vastes végétations. Des décors végétatifs étrangement baroques d'où plane un silence pesant si bien que l'expédition de nos héros s'y déroule sous un écrasant soleil. Mais c'est au fil des évènements dramatiques compromis à la mort et à la déchéance que Rituals gagnera en suspense sous tension. Et ce sans jamais céder à l'esbroufe ou au gore, à quelques plans crapoteux près du plus bel effet (j'ai adoré la séquence de la main arrachée par une décharge de chevrotine). 


Le réalisateur maniant la suggestion avec sagacité (la présence menaçante à peine effleurée en caméra subjective reste invisible jusqu'aux dernières minutes), de manière à exacerber une lente descente aux enfers auquel nos personnages sont contraints de s'y repentir. Peter Carter ajoutant en prime une densité pour la psychologie de ses personnages constamment tourmentés et éreintés d'endurer une épreuve de survie depuis que l'un d'eux eut malencontreusement porté Spoil !!! atteinte à la santé d'un de ses patients durant la seconde guerre mondiale Fin du spoil. Dans celui du médecin pusillanime, Lawrence Dane domine un jeu d'acteur fébrile inscrit dans la sobriété en dépit de ses moult vociférations échangées avec son ennemi. Hal Holbrook incarnant avec rigueur ce baroudeur stoïque du fait de sa bravoure pleine de dignité pour autant non exempt d'ambiguïté à travers son revirement moral d'y abdiquer un partenaire gravement blessé. Leur prestance houleuse allouée aux conflits d'autorité amplifiant le caractère tragique, voir franchement pathétique de ce périple cauchemardesque culminant lors d'un final cinglant d'une âpre cruauté.
                                           

Nonosbtant sa réputation de rareté condamnée à l'oubli et dénigrée des amateurs, Rituals s'avère pourtant un très honnête représentant du survival même s'il ne demeure pas à la hauteur de ses illustres précurseurs Délivrance, Sans Retour ou encore Survivance. Sa distribution anti-manichéenne dressant un tableau amère sur la nature humaine, la beauté
inquiétante de ses décors naturels désaturés, l'atmosphère malsaine sous-jacente davantage diffuse concourant à rendre plausible ce cauchemar caniculaire à l'appréhension feutrée. Un tantinet dommage toutefois que son montage y soit perfectible et que le score dissonant, souvent en décalage avec l'action dépeinte, ne soit pas plus ombrageux afin d'y rehausser son potentiel horrifique. 

*Eric Binford
17.08.21. 2èx
09.03.11


mercredi 9 mars 2011

A Serbian Film / Srpski film

                                                      Photo emprunté sur Google, appartenant au site filmsfix.com

de Srdjan Spasojevic. 2010. Serbie. 1h47. Avec Sergej Trifunovic, Jelena Gavrilovic, Katarina Zutic, Slobodan Bestic.

Interdit en salles en France. Sortie Blu-ray: 2 Février 2012

FILMOGRAPHIE: Srdjan Spasojevic est un réalisateur et scénariste serbe né en 1976 à Belgrade.
2010: A Serbian Film. 2012: The ABC of Death ( "R Is for Removed").

                                            AVERTISSEMENT: Interdit aux - de 18 ans. 


                          Plongée en eaux troubles : A Serbian Film, l'épreuve des nerfs et des sens

Par un regard à cœur ouvert:

Avis à chaud, passé l'expérience immorale. Jusqu'au-boutiste. Après m'y être plongé, à cœur ouvert — euphémisme — dans les arcanes de l'incongru. Ce film n'est pas simplement une fiction : c'est un cri étouffé, une griffure infligée au spectateur, un voyage nécrosé au bout de la nuit serbe.

Srdjan Spasojevic, maître d'œuvre, réalisateur, producteur, scénariste, orchestre un premier essai hybride, entre film d'exploitation radical et poésie noire d'auteur. Il fut naturellement rejeté des festivals, projeté sous le manteau, caviardé par les comités, discuté à voix basse. Mais son geste cinématographique est, qu'on le veuille ou non, une claque. Sans anesthésie.
A Serbian Film explore les confins d'une horreur que l'on pensait indicible. Trash, oui. Violent, aussi. Mais surtout : métaphorique.

Derrière ses débordements visuels, certains insoutenables, le film dénonce l'exploitation des corps, la marchandisation du désir, la brutalité nue du système. Le sexe n'y est plus plaisir, ni même perversion : il devient instrument politique, miroir d'un pays exsangue où la guerre et la corruption ont rongé les chairs et les rêves.


C'est un voyage au bout de l'enfer. Une descente aux enfers "serbe", où se mêlent révolte, haine, pulsions de mort. L'âme de Milos, le héros, est une terre dévastée. Lui qui fut star du X, étalon déchéant, se voit offrir un contrat secret. Un producteur admirateur — et prédateur — veut le remettre en selle. Le pacte est scellé sans conditions claires. Milos signe. Il ne sait pas encore qu'il vient de vendre jusqu'à sa propre volonté.

Ce qui suit n'est pas résumable. C'est une errance. Une agonie. Une mise à nu, littérale et symbolique, d'un homme et d'une société ravagée.
Et pourtant, au-delà du dégoût, une esthétique. Une étrange beauté viciée hante certaines images. La lumière est sale, les cadres sont fuyants, les visages semblent flous de douleur. Il y a du Goya dans ce cauchemar. Un film qui ne demande pas d'être aimé, mais compris.

On n'en ressort pas indemne évidemment. Ni cinéphilement, ni humainement. Mais peut-être est-ce le but : ébranler. Décaper la pellicule du confort. Faire face au mal sans fard.
A Serbian Film n'est pas un film à recommander à la légère. C'est une épreuve. Mais aussi, en filigrane, un poème noir sur la perte de soi, le désir comme malédiction, et les démons que l'on nous oblige parfois à incarner.


Ainsi, dans une réalisation (étonnamment) soignée, notamment dans le design d’ameublement et une photo léchée, le réalisateur Srdjan Spasojevic aborde la pornographie sans la moindre concession.
Un empire du sexe brutalement exposé à travers la pellicule, mis en pratique de la manière la plus malsaine, la plus frontale.
Le cinéaste y dénonce un univers rongé par la demande d’une clientèle insatiable, addict au vice, toujours plus exigeante.
Et la question surgit, brûlante : jusqu’où peut-on braver les interdits pour satisfaire les pires instincts de la bassesse humaine ?

Dans les pays précaires aux régimes totalitaires, les actes les plus sordides s’ancrent dans une population martyrisée, broyée entre les guerres civiles de l’ex-Yougoslavie.
Certaines scènes tournées en extérieur, dans un souci quasi documentaire, traduisent l’esprit d’une démographie souterraine, où seuls les marginaux errent la nuit, comme cette agression de Milos par deux dealers violant une mineure à peine aperçue.

L’impact cinglant de cette œuvre "malade" réside dans cette démonstration crue : plonger un hardeur dans une sexualité effrénée, c’est engendrer un monstre erratique.
Et dans la peau de Milos, Sergej Trifunović livre une interprétation viscérale, à nu, nerveuse jusqu’à l’os. Il faut le voir, la larme à l’œil, dans l’épilogue traumatique, effleurant, malgré lui, notre empathie la plus primitive.


Psychologiquement émétique, A Serbian Film ne fera jamais l’unanimité. Sa radicalité à affronter, de manière extrême, les pires démons de nos bas instincts l’en empêche d’emblée. Mais il me semble, à ce premier visionnage, qu’il s’agit d’un témoignage transgressif, lucide, sur une société malade de ses repères, où la solitude s’ancre si profondément que certains citoyens se réfugient dans une pornographie omniprésente, injectée par les médias et les réseaux sociaux.
A Serbian Film demeure un cauchemar séminal, masqué sous les oripeaux d’une réflexion universelle sur l’identité sexuelle, ses dérives, son façonnement par l’image, et l’hypocrisie qui l’entoure. 
Comme en témoigne cette scène glaçante où la femme de Milos, après un film X, lui propose de la « baiser comme une chienne ».
Un portrait abrupt de notre société contemporaine, recluse dans une détresse dérangeante,
sans pour autant sombrer totalement dans la gratuité, à l’exception, notable, de la scène de sexe dans l’œil, aussi vaine que grotesque.
Ce choc émotionnel, éprouvant à l’extrême, peut aussi se lire comme une projection cathartique,
un purgatoire brutal face à la bête qui sommeille en chacun de nous.
On ne sort pas indemne de cette expérience, rigoureusement construite, dont la partition stridente ne fait qu’amplifier le malaise viscéral, ad nauseam.
Un objet de souffre, borderline, erratique, comme le fut en son temps le controversé Cannibal Holocaust.
À réserver, évidemment, à un public TRÈS averti.

*Bruno

LE BARON DE CRAC (Baron Prazil)

                                            

de Karel Zeman. 1961. République Tchèque. 1H23. Avec Milos Kopecký, Rudolf Jelínek, Jana Brejchová, Karel Höger, Nadesda Blazickova, Karel Effa, Josef Hlinomaz.

FILMOGRAPHIE: Karel Zeman est un dessinateur et réaliseur de film d'animation tchèque, né le 3 Octobre 1910 à Ostromer en Autriche-Hongrie et mort le 5 avril 1989 à Gottwaldov (Tchécoslovaquie).
1946: Rêve de Noël (Vánocní sen), 1955: Voyage dans la préhistoire (Cesta do pravěku), 1956/57: L'Invention diabolique (Vynález Zkazy), 1961: Les Aventures du baron de Munchausen (Baron Prásil), 1967: Le Dirigeable volé (Ukradená vzducholod), 1974: Sindbad (Pohádky tisíce a jedné noci).









Mêlant la technique du dessin animé et le jeu d'acteurs réels, Zeman s'inspire de divers auteurs de la littérature classique fantastique. Après avoir vécu diverses aventures sur Terre avec son ami l'astronaute Tonik, le baron de Crac est accueilli sur la Lune par Cyrano de Bergerac et les héros des romans de Jules Verne.

  

mardi 8 mars 2011

Bim Stars / The Apple

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinesud-affiches

de Menahem Golan. 1980. U.S.A. 1h30. Avec Catherine Mary Stewart, Vladek Sheybal, Allan Love, Grace Kennedy

Avant-propos: Menahem Golan est un producteur, réalisateur, scénariste et, occasionnellement, acteur israélien. Il est le cousin de Yoram Globus avec lequel il travaille régulièrement. C'est lui le responsable des sympathiques nanars Enter the Ninja, Delta Force et Over the Top.

Dans une époque futuriste, en 1994 (le film ayant été tourné en 1980), le monde est régi par une société du spectacle extrêmement populaire: le BIM crée par Mr Boogalow. Un couple de jeunes chanteurs, Alphi et Bibi (oui, il fallait oser !) sont sollicités à signer un contrat avec l'entreprise et à travailler pour le compte de ce margoulin. La jeune fille accepte tandis que son ami réticent car pris d'hallucinations hérétiques refuse. C'est le clash entre les deux amoureux ! Alphi claque la porte pendant que Bibi va rapidement accéder à la notoriété !

Bienvenue dans l'antre de BIM STAR ! Un refuge mélomane hors norme de par sa scénographie flashy aux éclairages criards auquel évoluent des motards futuristes, des chanteurs égocentriques ou déjantés, des olibrius ou encore des danseurs à moustache chorégraphiant des tubes rock and disco au rythme de mélodies d'amour scolaires ! Enfin, saupoudrez le tout dans une marmite narrative capillotractée revisitant sans complexe l'histoire d'Adam et Eve si bien qu'il faut le voir pour le croire !). Il s'avère donc évident que "Bim Star" (quel titre impayable !) s'inspire du chef-d'oeuvre de De Palma, Phantom of the paradise, voir aussi de The Rocky Horror Picture Show pour tenter de renouer avec le même de degré de folie formelle / auditive aux styles disparates sauf qu'ici la mixture composée de tubes discos, rock FM et mélodies niaises sombrent dans le kitch d'une ringardise bougrement bonnard ! Certaines paroles mielleuses s'avérant aussi épanouissantes que les tubes sirupeux de Chantal goya ou de Dorothée ! Et pourtant, la magie opère sans modération ! Le spectacle enjoué, énergique, pétulant, visuellement fulgurant ne cessant d'amuser la galerie parmi la bonhomie d'acteurs spontanés criants de sincérité.

Rien que l'intrigue semée de rebondissements à la fois débridés et échevelés demeure d'une ineptie puérile digne d'un épisode des Feux de l'amour en mode psychédélique ! Spoils à répétition ! Pour cause: le bellâtre Alphy tente de reconquérir sa belle Bibi soumise aux mains de l'ignoble Boogalow (qui est en faite le Diable en personne). Mais il échouera, faute de l'impuissance de sa milice contestataire. Alphy, désespéré va alors établir la rencontre impromptue d'une bande de hippies (ultra caricaturaux !) confinés sous une grotte sous l'impériosité d'un barbu sectaire (sa défroque préhistorique nous rappellera le "capitaine caverne" !). Alors que dans l'empire du BIM, une afro semi-hystérique et rebelle mais amiteuse, aidera Bibi à s'échapper de la scène pour s'en aller rejoindre son amant vivant reclus chez les fumeurs de joints. Enfin, les amants réunis roucoulent et font un p'tit bébé en vivant paisiblement au sein de la communauté peace and love durant une longue année. Mais la compagnie totalitaire BIM épaulée de son armée futuriste d'hommes en cuir (façon "Village People") s'empresse de récupérer leur idole. Fin du Spoil. Bon, on va s'arrêter là car c'est loin d'être estompé, le pire étant encore à venir ! Autant dire que le spectacle bordélique, aussi désincarné que saugrenu, vaut son pesant de cacahuètes dans le n'importe nawak !

Bim Star, film culte au rabais principalement prôné aux USA, constitue donc une curiosité oubliée à découvrir d'urgence chez tous les amateurs de nanars déjantés et de chorégraphies musicales d'un autre âge. Il reste dans son genre une pépite bisseuse aussi impudente que fantasque ! Un pur délire Haribo / Chamalow réunis pour le plus grand bonheur d'OFNI décomplexés. 

Eric Binford

NOTE: En France, le film édité par Hollywood Vidéo comptabilise une durée expurgée d'1h08 alors que la version d'origine est d'1h30. Je vous recommande donc vivement de vous répertorier vers un import us dispo en vostfr (parait aussi qu'il y aurait une version plus longue jamais sortie !).

Dans son ouvrage "Encyclopédie du Cinéma Ringard", François Kahn rapporte l'anecdote suivante :
« Le film a été tourné à Berlin, ce qui explique en partie la lourdeur des chorégraphies et le nombre de figurants moustachus. (...) Les premiers spectateurs de "Bim Stars, the Apple" à Los Angeles s'étaient vus offrir des vinyles de la bande originale. Les ouvreuses durent y renoncer après la première séance : le public se servait des disques comme de frisbees pour viser l'écran. »
La jaquette française proclame très fort que les chansons ont été composées par le pape du funk, Georges Clinton. Attention, il s'agit ici de Georges S. Clinton, homonyme qui entamait là une carrière fructueuse de compositeur de B.O. (Austin Powers entre autres).

08.08.10

Qu'est devenu Christiane F... ?

Avertissement: Toutes les infos émanent du site WIKIPEDIA

"MOI CHRISTIANE F... 13 ANS, DROGUEE ET PROSTITUEE" (Nous, les enfants de la gare du Zoo)

Christiane Felscherinow

                                         

Christiane Felscherinow, née le 20 mai 1962 à Hambourg, est une allemande connue par le public à la fin des années 1970 sous le pseudonyme de Christiane F., par le livre Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… et par le film du même nom sorti en 1981 qui racontent l'un et l'autre son enfance puis son adolescence, dans la drogue et la prostitution.

Une petite enfance violente et tourmentée

Christiane grandit dans une famille où elle ne connaît que manque d'affection et violence, battue régulièrement par son père, devenu alcoolique. Cette situation et le caractère soumis de sa mère marquent la vie quotidienne de la petite fille.

Lorsqu'elle a six ans, toute la famille quitte la campagne de Nützen pour Berlin-Ouest où ils emménagent à Gropiusstadt, un quartier de banlieue au sud de la ville. Ses parents ont pour projet de fonder une agence matrimoniale professionnelle, mais le projet échoue, si bien que la famille doit emménager dans une HLM. C'est dans cet appartement situé au onzième étage d'un immeuble qu'elle est battue par son père pour des motifs parfois aussi futiles que la perte d'une souris apprivoisée ; sa jeune sœur et sa mère sont également battues. Une fois, Christiane a si peur qu'elle tente de sauter par la fenêtre de l'appartement, mais son père l'en empêche in extremis.

La révolte adolescente et l'errance
Comme à cette époque la maltraitance est encore un sujet tabou en Allemagne, l'environnement social, l'école primaire que Christiane fréquente ne prête pas attention au problème. À côté de cette maltraitance, il y a les ennuis financiers dont ses parents n'arrivent pas à venir à bout.

En 1973, ils divorcent et sa mère emménage avec son nouveau compagnon, dans le quartier de Rudow, avec ses deux filles, dont la plus jeune rejoint bientôt son père. Les relations de Christiane avec le nouveau compagnon de sa mère — Klaus, lui aussi buveur — devenant tendues, la jeune fille se révolte. Entraînée par son amie Kessi, adepte de l'école buissonnière, elle se met à fréquenter la « Maison du milieu », un centre pour la jeunesse lié à l'Église protestante, où les jeunes garçons lui font découvrir la drogue. À l'âge de douze ans, elle a déjà expérimenté différents types de drogues, comme le haschich, des cachets de différentes sortes (Valium, Mandrax, éphédrine, captagon) et du LSD. En 1976, elle fait la connaissance de Detlev, jeune héroïnomane de 16 ans qui l'initie à cette nouvelle drogue qu'elle commence par sniffer.

                                
La drogue et la prostitution

À quatorze ans, comme son compagnon Detlev et ses copines Babsi et Stella, après la sortie de l'école, Christiane fait la manche puis se prostitue aux abords de la gare de Berlin Zoologischer Garten pour gagner de quoi payer ses doses d'héroïne. D'abord stimulée par ce produit, elle rapporte de bonnes notes de l'école, mais se met ensuite à se l'injecter, ce qui aggrave sa dépendance. En avril 1976, elle avoue à sa mère sa double vie de droguée et prostituée. Sa mère essaye sans succès de lui faire retrouver une vie saine, faisant appel à des services sociaux et des centres anti-drogue qui ne peuvent pas la prendre en charge parce qu'elle est trop jeune. En mai 1977, sa mère parvient à la faire admettre dans une clinique très chère de la Scientologie, le centre Narconon à Berlin, d'où la jeune fille s'enfuit.

Envoyée chez sa grand-mère à la campagne, loin de toute tentation, Christiane finit par se sevrer une première fois

La reconnaissance publique


En 1978, à l'âge de seize ans, Christiane Felscherinow témoigne devant un tribunal dans une affaire de pédophilie dans laquelle, entre autres, l'accusé payait des prostituées mineures — dont Christiane — avec de l'héroïne. Deux journalistes (Horst Rieck et Kai Hermann) du journal allemand Stern la remarquent. Elle qui a rempli des cahiers entiers de journaux intimes accepte de s'entretenir avec eux pendant deux heures. Au cours de cette conversation, ils parlent essentiellement de drogue. Les deux heures deviennent ensuite deux mois et leurs échanges sont publiés dans le livre Wir Kinder vom Bahnhof Zoo (Nous les enfants de la gare du Zoo), sorti en Allemagne en 1979, après avoir été publié en partie sous forme de reportages dans Stern en 1978. L'ouvrage rencontre un succès considérable en Allemagne (plus de 5 millions d'exemplaires vendus) puis dans le monde.

Il est traduit en français en 1981 sous le titre Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…. Grâce à cette œuvre autobiographique, c'est le quotidien très difficile des jeunes drogués de Berlin, considéré du point de vue d'une toxicomane, qui est porté à la connaissance d'un public étonnamment intéressé par le sujet.

Le livre est adapté à l'écran en 1981, avec Natja Brunckhorst dans le rôle de Christiane et est également un énorme succès. Le film inclut des extraits d'un concert de David Bowie, qui habitait alors Berlin, spécialement mis en scène pour respecter le récit de Christiane selon lequel c'est après un concert de Bowie qu'elle s'est fait faire son premier shoot d'héroïne. 

                                  
Après le succès : vie d'artiste et rechutes

Le livre et le film lui permettent de vivre relativement confortablement — en 2013, elle percevait une rente mensuelle de 2 000 € issue des droits. Après le succès du film, elle tente une carrière dans la musique et le cinéma.

Elle vit d'abord en communauté avec des musiciens, dans un quartier underground de Berlin. Elle tombe amoureuse d'Alexander Hacke, guitariste du groupe Einstürzende Neubauten, qu'elle suit en tournée. Ensemble, ils créent le groupe Sentimentale Jugend (« jeunesse sentimentale ») et se produisent au Festival Genialer Dilletanten.

En 1981 elle joue dans Neonstadt, film sur la vie des étudiants à l'École supérieure de la télévision et du cinéma de Munich, et en 1983 dans Decoder, film qui a comme thème principal la musique et les sons.

Cette même année 1983, à 21 ans, elle recommence à se piquer. Elle est finalement arrêtée et passe dix mois en détention pour possession de drogue. Elle est libérée en 1986. Elle a alors 25 ans et part pour une île en Grèce, où elle vit en couple pendant six ans avec un compagnon grec, Panagiottis, avec qui elle se drogue à nouveau.

En 1996, elle a un fils, Phillip. Après ses années plutôt agitées passées aux États-Unis et en Grèce, Christiane Felscherinow s'installe dans le quartier berlinois de Neukölln, où elle travaille en tant que relieuse.

En 2008, elle perd la garde de son fils à cause de la drogue
Après des années plutôt agitées passées aux États-Unis et en Grèce, Christiane Felscherinow habite maintenant à Berlin-Neukölln où elle travaille dans la reliure. Dans l'interview la plus récente qu'elle a donnée, elle se dirige droit vers la station de métro Kottbusser Tor, un des lieux de rencontre pour drogués parmi les plus mal famés de Berlin : elle a « encore des affaires à régler ».
                 
En 2013, elle publie une deuxième autobiographie, Mein Zweites Leben (Ma deuxième vie) — dont le titre est traduit en français par Moi, Christiane F., la vie malgré tout. —, écrite en trois ans en collaboration avec la journaliste allemande Sonia Vukovic. Cela fait alors 20 ans qu'elle est sous méthadone, comme 75 000 autres toxicomanes allemands, quand elle ne se drogue pas à nouveau. Son hépatite C, maladie fréquemment contractée par les toxicomanes injecteurs, est devenue chronique et elle souffre d'une cirrhose du foie, d'autant que l'alcool s'est ajouté au fil des ans à ses addictions

 
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Natja Brunckhorst, inoubliable interprète de "Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée..."

À 14 ans, elle est remarquée par le réalisateur Uli Edel qui la choisit pour le rôle de Christiane Felscherinow. Le tournage dure d'août à novembre 1980. Son interprétation y fut saluée tant par la critique que par le public.

Le tapage médiatique autour de sa personne, à la suite du grand succès du film, la prend par surprise. Pour échapper à la pression, elle se rend en Angleterre, où elle poursuit ses études jusqu'en 1986. Elle séjourne ensuite à Paris.

En 1987, Natja Brunckhorst retourne en Allemagne, où elle suit des études d'actrice à la Schauspielschule Bochum. Elle en sort diplômée en 1991. Pendant ce temps, elle tourne d'autres films, relativement inconnus (comme Enfants de pierre ou Babylone). Sa carrière s'interrompt vers 1993/94, alors qu'elle se bat contre un cancer, dont elle guérit.

En 1998, elle écrit pour la première fois un scénario, celui de la série télévisée Einsatz Hamburg Süd. Elle poursuit pendant 26 épisodes. En 2000, Natja Brunckhort apparaît aux côtés de Franka Potente et Benno Fürmann dans le film La Princesse et le Guerrier. Depuis 2002, elle est également apparue dans 105 épisodes de la série Dr. Sommerfeld - Neues vom Bülowbogen.

Natja Brunckhorst vit à Munich avec sa fille Emma, née en 1991 d'une relation avec l'acteur Dominic Raacke qui dura de 1988 à 1993.

TRAPPED ASHES

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site extreme-down.net

de KEN RUSSELL, MONTE HELLMAN, JOHN GAETA, JOE DANTE, SEAN S. CUNNINGHAM. 2006. U.S.A. 1H44. Avec Jayce Bartok, Henry Gibson, Lara Harris, Scott Lowell, Dick Miller.

Sous-titre approprié: Horreur à Hollywood ! - Genre: les contes de la maison de l'horreur.

Joe Dante, Sean S. Cunningham, Ken Russel, Monte Helman et John Gaetan réunis pour un film à sketchs reprenant le modèle des célèbres précurseurs es maitres en la matière comme "Histoires d'Outre-tombe" ou plus récemment "Creepshow".

5 personnes amenées en témoignage, enfermées malgré elles dans un studio d'Hollywood par un guide complice vont être livrées à raconter chacune leur tour une histoire horrifique qui leur est réellement arrivée.

Le premier segment réalisé par Ken Russel est peut-être le meilleur du lot, du moins le plus amusant et jouissif.Une jeune comédienne débutante postule pour un second rôle dans une série B de genre. Mais à cause de sa faible poitrine évaluée, elle sera contraint de contacter au plus vite un chirurgien déluré pour lui implanter une nouvelle paire de mamelons qui auront la particularité de dévorer la chair humaine.Cette satire qui égratine au passage les dessous du show-biz est totalement farfelue et débridée. Les effets-gores cartoonesques s'en donnent à coeur joie et le final qui vire à la dérision ne manque pas de causticité.

Le second acte réalisé par Mr chi-chi-chi ah-ah-ah !!!! (plus communément appelé Sean S. Cunningham) surprend agréablement avec cette histoire de malédiction du pendu !Un jeune couple en voyage au Japon va faire l'horrible rencontre impromptue d'un pendu au beau milieu d'un parc familier. Depuis cette macabre découverte, la jeune dame sera en prise avec d'étranges hallucinations érotiques. Bientôt le piège va se refermer contre elle pour l'attirer inexorablement dans les entrailles de l'enfer !Une histoire agréablement contée, intrigante, couillue et dérangeante pour son incroyable scène clef inratable !Une séance hot nécrophile où la séduisante jeune dame va amoureusement chevaucher un mort-vivant putride en déliquescence totalement envoûté dans leur jouissance communiée.A noter également une judicieuse utilisation de jolies séquences d'animation horrifiques pour l'attaque du démon dans la grotte auquel le mari combattra pour soustraire son épouse des racines du mal.

Le troisième, le plus faible à mon goût est réalisé par Monte Hellman.Une histoire d'amour de séduction en forme de trio à base superflue de sorcière peu surprenante et d'hommage à Stanley Kubrick même si l'intrigue soigneusement réalisée se révèle agréable à suivre.Dommage aussi pour le final au parfum gothique à la manière du "Masque du Démon" de Bava où l'effet de surprise tombera malheureusement à plat.

Le quatrième et dernier segment réalisé par John Gaeta nous narre l'histoire d'un vers involontairement ingéré dans l'estomac d'une femme enceinte qui aura la contrainte de le faire cohabiter avec son futur bébé jusqu'à l'accouchement prémédité.Dommage d'avoir bénéficié d'effets-spéciaux digitaux ternes plutôt aseptisés pour définir l'intérieur de l'estomac de la victime mise en cause.Ce sketch doit malgré tout beaucoup à son côté viscéral suggéré et sa chute peu ragoutante qui ne risquera pas de nous mettre en appétit. Sans surprise mais efficace.

Le métrage se clôt à la manière du chef-d'oeuvre de Freddie Francis (Histoires d'outre-tombe). C'est à dire que l'on voit intervenir la suite des évènements de chaque histoire qui nous était contée en nous retranscrivant cette fois-ci le futur néfaste de chaque personnage condamné au bout du chemin à se retrouver en Enfer.Une petite chute amusante nous est donc à nouveau divulguée en dernier recours pour chaque conte clôturé !

Sans jamais céder à l'ennui, "Trapped Ashes" est un sympathique film à sketchs agréable et bien emballé, dôté d'une image soignée et correctement interprété. Son mélange plutôt habile d'érotisme torride intelligement justifié, mis en valeur par la beauté de ses interprètes féminines, et ses scènes gores parfois jouissives achèvent d'emporter notre adhésion malgré l'inégalité de certaines histoires comme il en est souvent classiquement établi. Une petite friandise pas déplaisante donc malgré la renommée talentueuse de nos réalisateurs.Avec en prime les apparitions clins d'oeil de Henry Gibson, notre guide de l'aventure (le nazi des Blues Brothers), Dick Miller et John Saxon dans le rôle principal du 3è segment (le plus faible à mon goût).

10.08.10.

AMERRIKA

                              

de Cherien Dabis. 2009. U.S.A. 1H32. Avec Nisreen Faour, Melkar Muallem, Hiam Abbass, Alia Shawkat, Jenna Kawar, Selena Haddad, Yussuf Abu-Warda, Joseph Ziegler, Andrew Sannie, Daniel Boiteau...

PRIX DE LA CRITIQUE AU FESTIVAL DE CANNES 2009
                   
POINT DE VUE ADMIRATIF: Après "Make a wish", il s'agit du second film d'une réalisatrice, scénariste (pour la série tv The L. World) et productrice de cinéma indépendant. Cherien Dabis est Née en 1976 à Omaha (Nebraska) de parents d'origine Palestino- Jordanienne ayant immigré aux Etats-Unis.

Mouna, une mère divorcée et son fils décident de quitter leur pays palestinien occupé pour tenter de s'exiler en Amérique et y rejoindre une soeur installée depuis plus de 15 ans.

                        

La réalisatrice Cherien Dabis décrit le portrait d'une mère optimiste, courageuse et fougueuse qui décide de quitter son quotidien morose occupé par l'armée pour tenter une seconde vie avec son fils en Amérique. Un pays souvent reconnu comme une terre d'accueil et de liberté. Mais dans un territoire entré en guerre contre l'Irak, déterminé à combattre le président Saddam Husein, l'hospitalité ne sera pas de tout repos et une succession de mésaventures vont fugacement démotiver nos deux réfugiés !
Mouna, ancienne banquière dans son pays d'origine remuera ciel et terre pour retrouver dans ce nouvel état le même emploi d'ordre administratif mais sa ténacité et sa fougue n'y changeront rien. Elle se retrouvera à exercer un boulot manutentionnaire dans un classique Fast Food. Pendant que son fils Fadi va avoir de plus en plus de mal à se faire accepter au collège après maintes brimades de quelques camarades impertinents et leurs relents propos racistes envers sa nationalité étrangère.

Ce sont des instants traditionnels et quotidiens de la vie de tous les jours d'une petite famille immigrée auquel la réalisatrice décide de nous orienter et familiariser pour une prise de conscience attentive de leur difficulté d'insertion dans une nation étrangère devenue paranoiaque et raciste après les terribles attentats survenus un certain 11 septembre 2001, commandités par Ussama Ben Laden. La cohabitation de Mouna et Fadi hébergés chez sa soeur ne sera pas de tout repos entre les conflits maritales du couple bougon avec cette femme arrogante un peu autoritaire, le père souvent dubitatif et inquiet par les conflits politiques répertoriés aux infos télévisés et sa fille dévergondée à fumer du shit comme tous les jeunes de son âge dans une Amérique permissive. Fadi sera d'ailleurs de la partie, influencé lui aussi à se comporter comme ces jeunes américains rebelles et révoltés, entre drogue, jargon juvénile et tenue vestimentaire davantage provocante pour le besoin d'affirmation individuel. Toute cette belle famille palestinienne réunie dans une petite ville Américaine va nous retransmettre sans excès de sensiblerie ni pathos leur profond malaise, leur mal-être et leur désir de coexister dans ce nouveau monde qui ne se reconnait plus. Etre reconnu comme des gens normaux de la vie courante avec ce qu'il faut d'amabilité, d'humilité, de respect et de tolérance envers son prochain pour ce besoin de reconnaissance éprouvé d'affectivité partagée.

                          

Comment accepter le droit à la différence, comment pardonner l'erreur humaine dans un pays entré en guerre après avoir renversé la sculpture d'un dictateur irakien imposé en statue au milieu d'une place publique ? Après que des soldats américains se soient trompés de cible pour avoir tué 31 innocents irakiens et quelques palestiniens dont les infos américaines se garderont bien de divulguer ! Grace à la civilité d'un professeur d'origine juive et par la fierté de leur amour propre, l'entreprise du courage et l'exemplarité à combattre coûte que coûte l'injustice, Mouna et Fadi vont retrouver un sens à leur nouvelle vie. Percevoir un regain de positivité pour mieux relever la tête et affronter leur difficulté identitaire face à une population méfiante souvent méprise de lacheté et d'hostilité.

Nisreen Faour dans le rôle de Mouna est totalement habitée dans son rôle de mère courageuse et combattive mais tout autant désemparée qu'accablée. La cause de la fatalité d'une réaction en chaine envers l'hospitalité austère d'un pays égoiste, apeuré qui ne sait plus quelle solution envisager pour rendre le monde meilleur. Par sa grande humanité, sa bonhomie chaleureuse et son futile complexe de surpoids bedonnant, Nisreen Faour se révèle admirable, divinement belle, pleine de sensibilité, de pudeur et exemplaire de vaillance pour retrouver au bout de son chemin une détermination à ne pas se laisser écraser par les préjugés de ces imbus intolérants, ces extrémistes et autres citoyens zélés d'excès autoritaire.

                   

"Amerrika" est un témoignage racial exemplaire de notre situation actuelle dans chacun de nos pays envers la peur de "l'étranger" en même temps qu'un beau portrait de femme humble et pronfondément humaine. Une histoire touchante, vibrante, simple et salutaire qui ne se complait jamais dans la sensiblerie larmoyante et qui demande avec justesse à reconsidérer notre comportement face à une immigration déjà entaillée dans son pays d'origine, qui ne demandait qu'à retrouver un semblant de vie vers un autre monde plus épanoui. Le final magnifique, d'une grande simplicité se clôt sur une image optimiste dans ce semblant de convivialité, de générosité et de bonheur partagé, le temps d'une soirée de retrouvailles dans un restaurant palestinien installé en Amérique !

11.08.10.

THE DAISY CHAIN

                    

de Aisling Walsh.2008. Irlande. 1H27. Avec Samantha Morton, Steven Mackintosh, Mhairi Anderson, David Bradley, Eva Birthistle, Brendan McCormack, Zoe Sheridan, Flora Montgomery, Orlaith Macqueen, Ron Donachie, Valerie O'Connor.

LE MYSTERE DES FEES.
4è film d'une réalisatrice et scénariste d'origine Irlandaise née à Dublin en 1958, "The Daisy Chain" emprunte la voie du drame psychologique matiné de fantastique et de suspense horrifique.

Un jeune couple emmenage sur la côte anglaise dans une région reculée après la perte brutale de leur enfant de 3 ans.
Pendant que la femme attendra de nouveau un bébé, leur vie va irrémédiablement basculer quand ils vont faire la recontre inopinée de Daisy. Une petite fille sauvageonne et solitaire d'une famille particulièrement discrète qui va se retrouver elle aussi endeuillée par la perte de leur fils retrouvé noyé en bord de mer (la séquence choquante et bouleversante est exemplaire de pudeur, de retenue dans l'émotion délivrée)

                   

Aisling Walsh nous narre l'étrange histoire intimiste d'un couple endeuillé par la mort de leur progéniture pour être ensuite à nouveau référé d'un épouvantable drame auquel Martha sera l'unique témoin.
C'est à ce moment précis qu'elle fera la connaissance des parents déchirés par cette mort enfantine et de Daisy, leur dernière fille.
Mais cette petite dernière à l'allure étrange qui passe son temps à vagabonder dans les terrains voisins va se retrouver quelques jours plus tard démunie de sa famille quand ceux-ci seront retrouvés brulées vifs dans l'incendie accidentel de leur demeure. Seule, Daisy pourra en réchapper pour être l'unique survivante. Par son innocente bouille de sauvageonne espiègle et hostile, Tomas et principalement Martha vont être irrésistiblement attirés, épris de compassion et d'affection.
Mais rapidement, ceux qui avaient emmenagé pour exorciser et tenter d'apaiser un drame épouvantable vont être interloqués et s'interroger sur les nombreux incidents et mésaventures qui semblent s'abattre autour d'eux !
L'assistante sociale est retrouvée morte dans un accident de voiture, à l'école un enfant manque de se noyer dans la piscine devant la présence de Daisy tandis que l'un des voisins du couple semblera davantage apeuré, extremement méfiant de sa diabolique présence !
Au fur et à mesure des mois écoulés, Marta semble obsédée par son irrépréssible besoin maternel à vouloir coûte que coûte être aux petits soins de la jeune fille et pouvoir l'éduquer en l'inscrivant dans sa nouvelle école.
Tandis que la population davantage inquiétée et alarmée par la répétition de ses mystérieux incidents lancera la rumeur que Daisy serait en faite une fée échangée !

                               

Avec une trame intéressante toute en sensibilité pour aborder un thème peu connu et rarement abordé dans le cinéma fantastique (le monde souvent merveilleux des fées), Aisling Walsh va nous faire partager un drame intimiste tout en douceur et contenance en privilégiant l'aspect psychologique de ces personnages, profondément blessés, esseulés par leur passé et tentant de renouer avec le bonheur d'antan pour offrir à nouveau la vie à un second enfant.
Mais avec l'arrivée d'une petite fille perturbée destituée de ses parents,  le drame humain va se juxtaposer avec les cimes du fantastique dans un suspense horrifique tout en suggestion !
En effet, on ne pourra jamais élucider le véritable mobile ou secret de Daisy !
Est-elle l'incarnation du mal ? une fée échangée ? ou simplement une autiste, une fille mentalement dérangée, involontairement perverse ?

La ou le fim gagne en crédibilité, c'est dans ce mélange subtil de rationalité échangée et de sombre superstition macabre à base de fée ailée aux raisonnances celtiques (en référence à la fête d''Halloween).
Le film est d'autant plus convaincant qu'il impose également une sobre interprétation des comédiens au physique naturel auquel on s'identifie plus facilement.
Comme le portrait délivré des parents interprété par Steven Mackintosh et surtout Mhairi Anderson dans celui de la mère partagée entre l'amour de sa nouvelle fille adoptive et de son mari beaucoup plus attentif aux derniers épisodes dramatiques survenus. Un homme de plus en plus suspicieux qui va au fur et à mesure se mettre en retrait jusqu'à délaisser son épouse en guise de désespoir.
Mais celle qui épatera le spectateur troublé et intrigué reviendra à la petite Daisy, incarnée par Mhairi Anderson, réellement impressionnante de naturel et angoissante par sa morphologie trouble, son regard en demi-teinte, aussi patibulaire qu'enfantin dans l'innocence de son très jeune âge. Elle se révèle glaciale, perturbante, dérangeante, malsaine bien que l'on éprouve au bout du compte une véritable compassion, une certaine empathie, le spectateur ne sachant jamais s'il faudrait plutôt la plaindre ou la craindre !

                         

Dans de vastes décors naturels de plaines irlandaises mises en images sous un ciel d'automne, dans un climat blafard en prise avec un environnement clairsemé, "The Daisy Chain" se révèle une excellente surprise pour le genre fantastique en le traitant de manière intelligente, au premier degré, sans aucun effet tapageur ou spectaculaire.
La fin poignante autant impressionnante que dérangeante nous laisse dans une situation d'amertume où les rôles semblent inversés, où la vérité semble induite dans le coeur d'une petite fille ayant soustrait de la mort une nouvelle naissance.
Dernière image de ce visage d'ange maudit sans morale : plan fixe sur un regard rigide et austère... Le mystère Daisy ou le mystère d'une fée...

12.08.10

Le Corbeau / The Raven

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Louis friedlander. 1935. U.S.A. 59 minutes. Avec Bela Lugosi, Boris Karloff, Lester Matthews, Irene Ware, Samuel S. Winds, Spencer Charters, Inez Courtney.

Metteur en scène de 21 longs-métrages, Louis friedlande (1901-1962), également connu sous le nom de Lew Landers décide en 1935 d'adapter deux nouvelles d'Edgar Allan Poe : "le puits et le pendule" et "le corbeau".

Un célèbre médecin renommé, fasciné par l'écrivain Edgar Poe, en particulier ses sombres récits funèbres basés sur les instruments de torture moyenâgeux, décide de se venger après avoir sauver d'une mort certaine la fille d'un juge auquel il est éperdument tombé amoureux.

    

Nouvelle rencontre au sommet pour deux grands monstres du cinéma d'épouvante de l'âge d'or des années 30, "Le Corbeau" est un superbe poème noir particulièrement sadique au fur et à mesure de l'agencement d'une intrigue épineuse dans l'art suprême d'y torturer avec raffinement l'ingéniosité des instruments mis en valeur. D'une belle densité psychologique pour les profils établis de nos deux protagonistes torturés dans l'âme et le coeur, "le corbeau" suit le diabolique plan d'un médecin illuminé en guise de revanche. Parce qu'il est épris d'affection amoureuse d'une jeune fille qu'il a réussi à délivrer de la mort, Vollin va décider de se venger à cause d'un père soupçonneux qui n'a pas été dûpe d'une potentielle amourette entre notre duo évoqué. Mais cette charmante demoiselle beaucoup plus jeune que Vollin est déjà éprise d'un amour fusionnel envers son fidèle compagnon. Après les sévères avertissements et remontrances du paternel pour cette éventuelle liaison improbable, une dispute éclate entre les deux hommes. Le problème est que ce médecin fantasque, personnage hautain et présomptueux, génie invétéré de sa profession médicale ayant accès au pouvoir du contrôle de la vie est alimenté d'une haine incontrôlée sur l'humanité quand on en vient à lui demander d'oublier la fille qu'il a sauvé. Avec la complicité d'un évadé de prison, il va donc préparer un plan méticuleux consciencieusement établi auprès de ses hôtes, piégés et emprisonnés malgré eux dans sa mystérieuse demeure.
L'évadé en question est un meurtrier dédaigneux de sa vie antérieure que Vollin va volontairement défigurer physiquement de manière hideuse pour mieux le faire chanter et ainsi posséder un "serviteur" à ses côtés pour ses délirantes méthodes vengeresques bien planifiées.


L'interprétation remarquable de Bela Lugosi dans le rôle insidieusement pervers du neurologue meurtri dans son amour déchu imprègne tout le métrage de sa présence malicieuse et son physique de snob opportuniste. Un diabolique personnage cynique et sans scrupule qui se complait dans la fascination de la mort avant le raffinement dans la torture. Il faut l'entendre discourir avec serénité et allégresse sur sa passion morbide à travers les macabres écrits d'un célèbre écrivain. Tout en nous émettant à haute voix ces citations verbales ciselées, sardoniques, poétiquement morbides dictées avec une grande conviction.
La victime la plus plaignante sera Edmond Batman, le criminel échappé de prison, campé par le grand Boris Karloff. Un personnage rendu moribond dans la douleur morale suintante de ses états d'âme, rongé par le remord, désespéré à changer physiquement de visage.
Etant persuadé qu'avec un nouveau regard limpide et enjoleur, il pourra retrouver le chemin rédempteur d'une voie plus raisonnée dans l'épanouissement de la sagesse.
Mais de meurtrier monstrueux il va peu à peu se dupliquer en monstre humanisé pour au final enfin sauver son âme et celle des victimes mises en cause au moment le plus opportun.

Classieusement interprété par des comédiens au meilleur de leur forme, rehaussé par la géniale présence du prince Lugosi, "Le corbeau" est un superbe conte macabre ingénieusement suggéré à travers un scénario parfaitement huilé  et passionnant. Le final bondissant dans ses rebondissement haletants et la stupéfiante découverte de deux pièces mortuaires passées maitres dans l'art de torturer par leur folie démesurée (le pendule et la pièce qui rétrécit les murs) achèvent de rendre un classique du cinéma d'épouvante réalisé de main de maitre sans avoir perdu de sa saveur sadienne.

19.08.10

DEEP END

                                        

de Jerzy Skolimowski. 1970. Angleterre/Pologne/Allemagne. 1H31. Avec John Moulder Brown, Jane Asher, Karl Michael Vogler, Christopher Sandford, Louise Martini, Erica Beer, Anne Marie Kuster, Dieter Eppler, Diana Dors.

Dates de sortie: 18 Mars 1971 (Danemark), 10 Aout 1971 (Etats-Unis)

FILMOGRAPHIE: Jerzy Skolimowski est un cinéaste polonais né le 5 mai 1938 à Lodz en Pologne.
1961: Boks, documentaire, 1964: Signe particulier: néant, 1965: Walkower, 1966; La Barrière, 1967: le Départ, 1970: Les Aventures du brigadier Gérard, Deep end, 1972: Roi, Dame, Valet, 1978, Le Cri du Sorcier, 1981: Haut les mains, 1982: Travail au noir, 1984: Succès à tout prix, 1986: Le Bateau phare, 1989: les Eaux printanières, 1991: Ferdyduke, 2008: Quatre nuits avec Anna, 2010: Essential Killing.

                                deep end 1

Par le réalisateur polonais du Cri du sorcier (Grand Prix du Jury à Cannes 1978), Jerzy Skolimowski avait réalisé huit ans auparavant ce Deep End, aujourd'hui tombé dans l'oubli le plus éhonté.
Un ovni sensitif extrêmement rare, quasi introuvable et méconnu dépeignant avec une originalité singulière les affres de l'adolescence impliquant un jeune quidam âgé de 15 ans, éperdument amoureux d'une séduisante aguicheuse majeur mais égarée et nonchalante.
Si le film s'est vu écopé d'une interdiction au moins de 18 ans à l'époque de sa sortie, c'est en rapport à la relation ciselée, politiquement incorrecte, répréhensible entre un mineur et une adulte consentante qui aura tant brusqué et offensé la censure bien pensante originelle.

Mike est un jeune garçon timide et maladroit occupé à un nouveau poste manutentionnaire dans un bain public. Il y fait la connaissance d'une des employées, Susan, jeune fille instable qui accumule les conquêtes sans lendemain.
Rapidement, Mike va se lier d'amitié avec elle pour en tomber follement amoureux.

                               

Difficile d'équilibrer un avis fluide et concret à la sortie de cette projection tant cette oeuvre étonnamment moderne et hors norme ne ressemble à rien de connu, déroutant le spectateur de manière continuelle en bousculant nos habitudes et en réinventant l'outil cinématographique par une mise en scène ambitieuse, virtuose, en quête d'innovations perpétuelles.
Cette histoire d'amour étrangement pastel pour s'appesantir brutalement vers une nuance terne dans son point d'orgue capital se révèle d'une sensibilité et d'une fragilité sous-jacente dans sa structure réaliste à la limite du reportage pris sur le vif !
On peut aussi le définir comme un film expérimental, une introspection viscérale des rapports humains où nos protagonistes sont ici répertoriés comme des êtres fantasques délurés, irascibles, versatiles, instables et refoulés. D'ailleurs, le spectateur dérouté pourrait éprouver une certaine irritation dans les agissements véhéments, ardents de nos protagonistes constamment joueurs de mesquinerie dans leur relation amicale virant à la romance courtisée pour l'un d'eux, obsédé par la liaison amoureuse.
Deep end dépeint avec autant d'humanité que d'absurdité saugrenue les rapports équivoques entre un garçon introverti irresponsable et une jeune allumeuse paumée et dévergondée se réfugiant dans les relations sexuelles insignifiantes en guise d'affection et cela depuis l'absence fustigée d'une mère décédée.
S'ensuit entre nos deux amants insolents et désinvoltes un jeu indocile façon "fuis moi, je te suis, suis moi, je te fuis" dans des contextes grotesques et démesurées, de manière à mieux nous interloquer dans un insolite jeu de pouvoir sur les étroits rapports amoureux ambigus et incertains.

                               

Le couple incarné à l'écran par le jeune John Mulder Brown et la ravissante et sexy Jane Asher sont tous deux étonnants de justesse dans leur subtile prestance à la psychologie affirmée de manière extravertie. Ils dévoilent comme rarement leur âme et leurs émotions dans un florilège de sentiments exprimés avec une troublante vérité, mise en exergue dans une réalisation pragmatique entièrement dédiée au caractère brut de l'authenticité.

ATTENTION SPOILER !!! Le final inopiné nouant sa romance lyrique à peine dévoilée dans le drame impondérable émeut, déconcerte et désoriente nos sentiments sévèrement entachés dans une séquence funèbre d'une poésie bouleversée (forme de lointain écho à la Nuit du chasseur de Laughton dans son sens du macabre stylisé baignant dans les eaux translucides).
FIN DU SPOILER.

                               

Appuyé en intermittence par la musique pop de Cat Stevens, Deep End est une oeuvre clairsemée atypique, délicate, fragilement trouble et immersive. Un poème diaphane octroyé au vertige de l'amour quand un adolescent rebellé souhaite s'accaparer d'une idylle insolente et fuyante, rêve d'un amour insoluble qui trouvera son apogée fusionnelle dans les corps enlacés mais scindés.
A l'image de sa sublime affiche publicitaire, Deep End est un authentique film culte, rare et précieux !

NOTE: Prix du meilleur second rôle féminin (Jane Asher), lors des BAFTA Awards en 1972.

08.03.11
Bruno Matéï.

    


                                       
      

CENTURION

              

de Neil Marshall. 2009. Angleterre. 1H37. Avec Michael Fassbender, Dominic West, Olga Kurylenko, Noel Clarke, David Morrisey, JJ Feild, Riz Ahmed, Axelle Carolyn, Dave Legeno, Ulrich Thomsen, Hamish Moir...
          
BIO: Il s'agit du 4è long-métrage de Neil Marshall, réalisateur passionné par le cinéma d'horreur dès sa plus tendre enfance qui aura livré en 2005 une surprise de taille que personne n'attendait: offrir l'un des meilleurs survivals brut de décoffrage de ces dix dernières années !
                                
LE SUJET: Anno Domini 117. L'empire romain s'étend de l'Egypte à l'Espagne et jusqu'à la Mer Morte à l'Est. Mais au nord de l'Angleterre, l'armée romaine se heurte à la tribu barbare des Pictes. Marcus Dias, unique survivant romain d'une attaque des Pictes, rejoint la légendaire 9ème légion du Général Titus Virilus pour détruire ses anciens agresseurs. Mais au cours d'une embuscade, le Général est fait prisonnier et Marcus se lance alors dans une lutte acharnée pour délivrer Virilus et sauver son peloton en les menant juqu'aux frontières romaines.

                                

Après le "gloubi-boulga" à la sauce bisseuse qu'était "Domsday", forme d'hommage assumé aux séries Z italiennes des années 80, Neil Marshall se lance dans la voie du film d'action guerrier, épique et rebelle à la manière des grands succès que l'on connait tels que "Gladiator", "Braveheart", "300" et aussi le superbe et un peu trop oublié "Rob Roy".
D'un scénario de série B déjà maintes fois évoqué (la lutte de clans opposés où les gentils et les méchants divergent dans les 2 camps), Neil Marshall en tire un généreux film d'action barbare de cinéma de quartier, à feu et à sang où le fracas des armes et des lames s'entaillent dans les plaies de chair déchiquettée, sectionnée, empalée, tranchée, arrachée par ces lourds glaives de guerriers sans foi ni loi qui ne combattent que pour l'honneur et le devoir de leur patrie.

Durant la plus grosse partie de l'aventure endiablée nous allons suivre le destin d'une poignée de soldats romains, les huit derniers survivants d'un horrible massacre fustigé envers leur troupe tombée inopinément en embuscade par le clan adverse.
Ils vont alors tenter coûte que coûte à rester en vie face à ces ennemis intrépides lancés à leur trousse, totalement déterminés à se battre jusqu'au bout de leur capacité physique pour traquer sans relache leur proie quelqu'en sera le prix accordé.
Leur groupe est régi par une guerrière farouche sans aucun état d'âme qui ne vit que pour anihiler l'armée romaine sans établir aucune concession ou compassion pour l'ennemi pris en chasse !
A cause d'un passé traumatisé vilipendé par l'empire romain qui aura massacré toute sa famille sous ses propres yeux, la femme-loup, "Etais", ne jure que par vengeance à exterminer le moindre souffle romain occulté à l'horizon !
Nos huits soldats sont commandités par Marcus Dias, déjà survivant d'une attaque antérieure des Pictes. Pendant cette longue traque inlassable et impitoyable, ils vont alors tenter de retrouver ensemble leur côte romaine situé au Sud du pays, au prix de maintes efforts et trafalgards à perdre haleine.

                    

Michael Fassbender qui interprète le soldat Marcus Dias avec persuasion en impose en virilité, hargne et courage pour son rôle d'homme combatif. Habité par l'ambition de l'hardiesse et du devoir de mener à bon terme son groupe épuisé, rendu faible par les maintes péripéties contournées, Marcus sera épris malgré tout d'une rare volonté d'affronter finalement l'adversaire.
Olga Kurylenko dans le rôle physique de la femme loup, "Etais", se révèle LA révélation du film  dans son personnage de sauvageonne blessée et écorchée vive. Proprement divine, surprenante et charismatique dans son regard de louve avec son accoutrement de guerrière peinturlurée de traces bleux contournant son visage pour ne laisser percevoir aucune émotion rédemptrice face à son ennemi.
La scène du combat avec le général Virilus, dominé par un Dominic West tout en maturité dans ses expressions chevronnées montre bien l'immense douleur morale de cette femme meurtrie dans toute sa haine extériorisée, sa férocité animale et sa hargne de tuer avec une incroyable agileté. Il faut la voir trancher bestialement en quatre coups de glaive une tête littéralement arrachée de son buste ! Sans oublier son puissant cri de haine libérateur qui fait écho dans les plaines voisines.

Les séquences d'action ultra violentes, généreusement saignantes et jouissives qui parsèment la globalité du métrage dépotent un maximum dans leur aspect spectaculaire. Et cela même si la seconde partie survival lâche une baisse rythmique sans conséquence du fait des nombreux évènements que traversent sans relache nos huit héros. Des têtes sauvagement tranchées, éventrations, bras sectionnés, égorgements et membres déchiquetés dans des éclaboussures abondantes de sang giclant sur les murs et le sol souillé pour notre plus grand bonheur de cinéphile addicte à la crudité et au réalisme imposé.
Malgré l'aspect numérique de ce sang digitalisé dénaturant parfois quelque peu l'intensité et le côté viscéral de la brutalité de certaines scènes, "Centurion" offre un pur spectacle viril, un vrai film de guerrier qui suinte la sueur, la pisse, les larmes et le sang.

Dans une photographie désaturée aux teintes chromées, ce "Centurion" qui connait le sens du mot "émotion" est une nouvelle preuve d'amour que porte sur le coeur Neil Marshal en matière de cinéma de genre. Avec une générosité en diable, une soin non dissimulé pour le fait de raconter simplement l'histoire humaine d'une poignée d'hommes au courage exemplaire, prêts à se battre jusqu'à leur dernier souffle pour sortir victorieux, fiers de leur ténacité à enrayer l'ennemi redouté.
Cette aventure intense parfaitement interprétée par des acteurs investis et confirmés, traversée par un sens épique et un souffle guerrier retranscris dans de magnifiques paysages naturels, nous laisse sur un sentiment de bonheur affirmé.
Nous sommes soulagés d'avoir pû assister à un de ces métrages aussi ludiques qu'intelligents dans sa manière de traiter son spectateur à hauteur d'homme: avec respect, humilité et tradition du grand spectacle bien fait.

                    

NOTE: la preuve qu'une saute d'humeur, une fatigue passagère ou un stress pesant peuvent parfois induire en erreur notre point de vue subjectif.

19.08.10

lundi 7 mars 2011

Rosemary's Killer / The Prowler

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site imdb.com

de Joseph Zito. 1981. U.S.A. 1h25. Avec Vicky Dawson, Christopher Goutman, Lawrence Tierney, Farley Granger, Cindy Weintraub, Lisa Dunsheath, David Sederholm, Bill Nunnery, Thom Bray, Diane Rode.
               
BIO: Joseph Zito répercute 9 films à son actif et les amateurs excités de nanars bourrins n'ont toujours pas oublié (ou digéré c'est selon !) les peloches énervées que sont "Portés Disparus 1" et "Invasion US.A." (avec Chuck "walker" Norris "Rangers"), "Le Scorpion rouge" (avec Lundgren) et Delta Force one réalisé en 1999. Trois ans après avoir tourné "Rosemary's Killer" et pour terminer en apothéose son rappel des faits, notre père Joseph est aussi responsable en 1984 d'un épisode transitoire de la fameuse série vacancière avec un tueur neuneu maltraité, pas gentil du tout : "Vendredi 13 IV, chapitre final" 


Voici l'archétype du psycho-killer prosaïque tel qu’il en fleurissait dans les années 80. Le Retour du fantôme en treillis ! 
Dans une petite bourgade, un mystérieux tueur revanchard refait surface trente ans plus tard pour commettre une série de meurtres sanglants sur de jeunes ados ! Durant son parcours meurtrier, on s’attache à un adjoint du shérif et à sa petite amie, témoins malgré eux d’événements dramatiques le temps d’une nuit rouge. Un jeu de cache-cache incessant, un chassé-croisé académique va alors se nouer entre le tueur et ce duo improbable.

Réalisateur du Vendredi 13 : Chapitre final, Joseph Zito reprend ici le même schéma narratif, en insistant sur une ambiance ombrageuse plutôt soignée, une partition stridante et des meurtres graphiques du plus bel effet (merci Monsieur Savini). Seul manque paradoxal : une bonne dose de sexe folichon ! Mais côté gore, l’expert en maquillages n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il s’en donne à cœur joie dans l’incongru et le démonstratif pour l’agonie de ses victimes. Égorgement en gros plan, fourche plantée tendrement dans l’estomac, couteau encastré en pleine tête dont la lame ressort par la gorge, tête explosée au ralenti – façon Maniac de Lustig.

Ces trucages en latex, à la fois charnels, cradingues et jubilatoires, constituent l’attraction principale de Rosemary’s Killer, là où les suites de Vendredi 13 n’osaient pas trop se dévergonder dans le meurtre contemplatif. Le film, efficacement confectionné, privilégie surtout une atmosphère doucement angoissante, renforcée par un suspense latent, parfois envoûtant, quand la mise en scène prend le temps de distiller la tension. Enfin, la partition discrètement lancinante de Richard Einhorn – inspirée des forêts d’Harry Manfredini – n’est pas en reste pour instiller une insécurité domestique, portée par un couple orageux qui s’entraide face à la menace meurtrière. 

Quant à son accoutrement militaire, il confère au tueur un charisme inédit, d’autant plus ombrageux qu’il agit dans l’ombre d’un masque. Dommage, toutefois, qu’il manque un brin de célérité lorsqu’il s’élance à la poursuite de ses proies…


"Rosemary’s Killer : le bal du latex et de la fourche"
Aussi charmant qu’attachant, et constamment amusant grâce à ce couple héroïque qui donne tout, avec une naïveté sentimentale touchante, Rosemary’s Killer est un divertissement d’autant plus efficace qu’il ne lasse jamais l’inconditionnel du film d’exploitation, façonné à la main, à l’artisanal.

*Bruno

Dédicace à Mathias Chaput

Note: La France aura dû attendre 3 ans après sa sortie US pour le découvrir le 4 Mai 1984.
21.08.10.
21.05.25. Vost