Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com
de Michael Crichton. 1981. U.S.A. 1h33. Avec Albert Finney, James Coburn, Susan Dey, Leigh Taylor-Young, Dorian Harewood, Terri Welles, Kathryn Witt, Ashley Cox.
Sortie salles France: 6 Juin 1984
FILMOGRAPHIE (source Wikipedia): Michael Crichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles.
1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).
"Publicité pour un monde sans âme".
Thriller d’anticipation préoccupé par les dérives technologiques,Looker préfigurait déjà l’ère de la réalité virtuelle et les dangers insidieux de l’audiovisuel. En l’occurrence, le pouvoir de la publicité et sa tentative, toujours plus pernicieuse, d’« hypnotiser » le spectateur à l’aide d’un procédé révolutionnaire destiné à mieux l’asservir à une politique totalitaire. Le “looker”, pulsation optique générée par ordinateur et synchronisée au rythme cortical, induit un état de transe auto-hypnotique, suggestive. Pour leurs projets publicitaires, les scientifiques de la Reston Industries exploitent cette animation pour intégrer des pulsions lumineuses narcotiques dans les pupilles des acteurs, utilisés comme des lasers. À partir d’un pitch bâti sur les meurtres inquiétants de top models, Michael Crichton orchestre un mélange explosif de thriller high-tech, d’érotisme chic et d’anticipation alarmiste avec une redoutable efficacité. Fort de thèmes avant-gardistes et fascinants — réalité numérisée, pouvoir de l’image, aliénation médiatique — le cinéaste alerte, avec un sens affûté du spectacle, sur les dangers d’un simulacre technologique. À l’image du “looker”, ce pistolet qui émet des éclairs de lumière pour créer l’illusion d’invisibilité chez l’agresseur, dès lors que la victime en devient la cible.
À la manière d’un flash incandescent, le projectile plonge le regard dans un état de transe, faisant vaciller la notion de temps. Cette arme de gros calibre donne lieu à des séquences d’action percutantes, parfois teintées de cocasserie — comme cette course-poursuite en voiture, où le chirurgien s’échappe, pour finir projeté au cœur d’une fontaine — ou d’humour noir, lorsque les règlements de compte sanglants éclatent sur un plateau virtuel, où les cadavres se mêlent aux acteurs de synthèse. À travers ce cocktail original d’action et de science-fiction, Looker nous alerte sur notre rapport addictif, presque inconscient, aux méfaits pervers de la télévision. Cette publicité omniprésente, au volume brutalement surélevé, nous hurle le devoir de consommer. Le directeur de Reston Industries le dira sans détour : l’Américain moyen passe plus d’un an et demi de sa vie à regarder des publicités — cinquante minutes chaque jour à observer de la réclame. « Voilà le pouvoir ! », s’exclame-t-il.
En prime, avec le défilé sensuel de mannequins standardisés, Crichton aborde la chirurgie esthétique, et anticipe cette mode aujourd’hui tristement banalisée que la société s’efforce d’ancrer dans les mœurs : influencer la jeunesse avide de célébrité à concourir pour une beauté sophistiquée, taillée au scalpel. Tous ces thèmes sont traités avec l’intelligence d’un scénario retors, émaillé d’ironie, et éveillent en nous une inquiétude fascinante face à l’avenir des médias, obsédés par le pouvoir, l’audimat et les nouvelles technologies virtuelles.
"Hypnose cathodique".
Ludique et captivant, pessimiste et troublant, Looker n’a rien perdu de sa force ni de son pouvoir d’attraction. Par son obsession de l’image et la prolifération des écrans, il garde intacte sa portée critique. Et, au rythme d’une partition électronique stylisée, il continue — non sans dérision — de nous charmer au sein d’un défilé de mannequins immaculés. Une œuvre majeure des années 80, à trôner aux côtés de son complice visionnaire : Vidéodrome.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site grindhouseposters.tumblr.com
de Lucio Fulci. 1980. Italie. 1h37. Avec Fabio Testi, Ivana Monti, Enrico Maisto, Marcel Bozzuffi, Saverio Marconi, Ferdinando Murolo, Tommaso Palladino.
Sortie salles Italie: 8 Août 1980
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996.
1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.
C'est un an après son fameux poème putrescent, l'Enfer des Zombies, que Lucio Fulci bifurque de genre pour s'orienter cette fois-ci du côté du "poliziesco", polar d'ultra-violence particulièrement prisé dans les années 70. Sans doute inspiré par l'imagerie gore abondamment explicite qui avait fait (en partie) la renommée de son oeuvre charnière, le maître du macabre va transformer son polar italien en sommet d'ultra violence à la brutalité tranchée. Torture au chalumeau sur le visage d'une passeuse de drogue, supplice au tournevis sur la poitrine d'un contrebandier, viol en réunion sur une otage, moult gunfights canardés sur la chair d'autres victimes (tandis que certaines se feront littéralement éclater la boite crânienne ou les intestins sous l'impact des balles !). La Guerre des Gangs, c'est du sévère, ça ne fait pas de quartier, c'est du polar hardgore qui carbure au règlements de compte crapoteux pour la contrebande de drogue.
Luca, contrebandier de cigarettes, vient de perdre son frère lors d'un guet-apens. Fou de colère, il décide de mener son enquête pour se venger du responsable. Après avoir été berné par la fausse piste d'un illustre rival, son investigation l'amène à identifier un nouvel étranger surnommé "le marseillais". Ce leader opiniâtre est délibéré à détruire le marché de Lucas afin de mieux gérer son juteux trafic de drogue et ainsi imposer sa dictature sur Naples.
Comme souvent, Lucio Fulci ne s'embarrasse pas de subtilité scénaristique pour élaborer un polar classique dénué de surprise. Néanmoins, avec l'efficacité d'une réalisation nerveuse et d'un montage retors (notamment l'habileté d'alterner les plans pour intensifier l'attente d'une torture infligée !), le réalisateur réussit à maintenir l'intérêt dans un conflit de rivalité entre clans mafieux. Par l'esprit de vengeance d'un héros transgressif, La Guerre des gangs suit la dangereuse destinée de ce bandit loyalement intègre envers la couverture de sa famille ainsi que la hiérarchie de ses hommes de main. Avec l'arrivée d'un baron de la drogue, notre trafiquant va devoir faire face à son autorité drastique et ne pas se laisser intimider pour oser se compromettre au trafic expansif du marché de la drogue. En dépit du charisme viril de ces illustres comédiens transalpins (Fabio Testi et Marcel Bozzuffi se tiennent tête avec une pugnacité impassible !), ce dense chassé-croisé est fertile en action belliqueuse et violence acerbe pour provoquer une certaine intensité exponentielle. Par ailleurs, en quelques brèves occasions, on peut souligner le caractère documentaire imparti à l'oeuvre politique. Puisque Lucio Fulci vamettre en exergue la condition difficile des ghettos de Naples, où chacun des habitants livrés à une vie marginale sont contraints de tolérer une illégalité commerciale. En l'occurrence la transaction illicite du marché de la cigarette auquel une descente de police va subitement intervenir pour appréhender toute la population. Avec une provocation assumée et un esprit jusqu'au-boutiste, Fulci va apporter un cachet subversif (plutôt douteux diront ses réfractaires) à l'ambiance diaphane de ce polar blafard. Cette forme ostentatoire de violence sanguine réussit à provoquer un impact spectaculaire et une intensité horrifique rarement étalées dans un film dit policier. Ce désir d'exploser les barrières de la bienséance culmine l'oeuvre de commande en véritable ovni frénétique où la moralité n'a plus lieu d'être (pendant que les gangs s'entretuent, les forces de l'ordre observent de manière impuissante à la dégénérescence de leur ville avec une ironie caustique !).
Apre, tendu, spectaculaire et méchamment cinglant, la Guerre des Gangs démontre une nouvelle fois la preuve irréfutable que notre artisan du Bis était capable de oeuvrer dans tous les genres, en y incluant une fois encore sa touche raffinée de sadisme et de perversité. Plus de 30 ans après sa sortie, il reste en l'état un solide polar aussi foudroyant et malsain qu'irrésistiblement attrayant.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviecovers.com
de Josef von Baky. 1943. Allemagne. 1h50. Avec Hans Albers, Ilse Werner, Wilhelm Bendow, Brigitte Horney, Michael Bohnen, Ferdinand Marian.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Josef von Baky est un réalisateur allemand d'origine austro-hongroise, né le 23 Mars 1902 à Zombor (Autriche-Hongrie), décédé le 28 Juillet 1966 à Munich.
1936: Intermezzo. 1943: Les Aventures fantastiques du Baron Munchhausen. 1948: Via Mala. 1957: Un petit coin de paradis. 1957: Les Frénétiques.
Enorme production de l'époque financée par l'Allemagne nazie de la seconde guerre mondiale, Les Aventures du Baron Munchhausen doit son éternelle jeunesse à sa folie visuelle et à ce personnage extravagant impliqué dans des conflits politiques.
Dans son château du 18è siècle, le baron Munchausen narre à un couple d'invités les différents épisodes de son incroyable existence qu'il avait parcouru à travers le monde parmi l'amicalité de son serviteur Christian et du coureur le plus rapide du monde. Car avant de rencontrer l'amour, le baron était féru d'évasion, de passions et de guerres politiques !
Avec un budget démesuré déployant moult figurants costumés, des décors et paysages grandioses ainsi que des trucages audacieux, les Aventures du Baron Munchhausen s'était donné les moyens pour célébrer en fanfare le 25è anniversaire de la UFA (la plus grosse maison de production de l'époque). Conçu au départ comme un film de commande dans l'unique but de divertir les soldats du front, cette aventure fantaisiste tirée du célèbre roman de Carl Leberecht Immermann est un enchantement de tous les instants ! Décalé, débridé, insolite et atypique, il fait la part belle à l'évasion et l'émerveillement dans un récit homérique tributaire de l'héroïsme d'un noble avenant. En l'occurrence, un baron épris d'éternelle jeunesse et de chimères qui décide de parcourir un nombre incroyable de péripéties face à l'allégeance politique de dirigeants étrangers. Si le film garde intact son pouvoir féerique et ne cesse de surprendre, il le doit à l'insolence de son esprit déluré et la verve ironique de ses protagonistes embarqués dans des vicissitudes saugrenues. Tourné pour la première fois en procédé Agfacolor (afin de concurrencer le Technicolor des américains !), les couleurs sont saturées afin d'expérimenter une imagerie flamboyante, alors que les trucages adroitement bricolés restent encore aujourd'hui surprenants d'efficacité ! Cette imagination foisonnante est impartie au caractère chevaleresque de rebondissements fortuits et à l'excentricité de personnages pourvus d'étranges pouvoirs. Sans jamais user d'esbroufe gratuite, les Aventures du baron Munchhausen estéquilibré par son malicieux dosage d'humour et de romance imbriqués dans des aventures fantastiques. Qui plus est, il nous séduit aussi avec l'intelligence d'un scénario ciselé à la portée philosophique (le sens de notre vie destiné à cristalliser nos rêves les plus inouïs, notre rapport épidermique face à la jeunesse réfutant l'usure du temps).
Eternellement jeune ! Dans la veine miraculeuse du Magicien d'Oz, du voleur de Bagdad ou du Livre de la Jungle, Les Aventures du Baron Munchhausen est une oeuvre d'une éclatante modernité qui perdure son pouvoir séducteur par son audace visuelle et l'incroyable bonhomie d'un Baron féru de tribulations et de passion amoureuse !
Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com
de Larry Clark. 1998. U.S.A. 1h45. Avec James Woods, Melanie Griffith, Vincent Kartheiser, Natasha Gregson Wagner, James Otis, Lou Diamond Phillips.
Récompense: Grand Prix du Jury au Festival du film policier de Cognac, 1999
FILMOGRAPHIE: Larry Clark est un réalisateur, photographe, directeur de la photographie, né le 19 Janvier 1943 à Tulsa dans l'Oklahoma. 1995: Kids. 1998: Another Day in Paradise. 2001: Bully. 2002: Teenage Caveman (télé-film). 2002: Ken Park. 2004: Wassup Rockers. 2006: Destricted (segment Impaled). 2012: Marfa Girl (uniquement dispo sur le net). 2012: The Smell of us.
Trois ans après la révélation Kids, Larry Clark revisite le malaise existentiel d'une jeunesse désoeuvrée dans Another day in paradise. Véritable descente aux enfers filmée à la manière d'un doc, ce drame criminel est une épreuve psychologique toujours plus abrupte dans sa description tranchée d'une famille marginale compromise au vol et au meurtre en roue libre. Un couple d'adolescents à la dérive se retrouve embrigadé par un duo d'amants asociaux habitués à commettre de gros cambriolages. Si le début de leur relation s'avère des plus hospitalières, entre sorties éméchées dans les boites branchées et consommation de came, leur itinéraire va les mener dans une impasse meurtrière irréversible. Film choc d'un réalisme cru parfois insupportable, Another Day in Paradise nous illustre sans fioriture l'équipée sauvage de deux couples vers les paradis artificiels de la drogue et de l'argent facile. Par sa mise en scène hyper réaliste et le jeu authentique de ces acteurs, Larry Clark transcende les clichés inhérents au genre pour nous immerger de plein fouet dans le monde crapuleux du vrai banditisme.
Parmi l'influence autoritaire d'un couple avenant de quinquagénaires, deux adolescents en perte de repère familial s'inculquent à jouer dans la cour des grands à travers la déontologie de la criminalité immorale. Avec son atmosphère toujours plus tendue et poisseuse, le réalisateur nous saisit à la gorge lorsqu'il met en exergue le portrait immoral d'un père perfide, délibéré à entraîner de jeunes gamins pour l'unique profit pécuniaire. Toujours insatiable à décrocher un prochain butin faramineux, ce junkie alcoolique et intraitable va peu à peu entraîner sa petite famille dans une virée sauvage où l'unique issue de secours s'imposera par l'esprit d'individualité. Larry Clark nous confrontant ici à la déchéance humaine, l'influence de la vie facile parmi les drogues dures et l'argent sale, l'avilissement d'une jeunesse désespérée en quête éperdue d'amour parental. Si le spectateur semble vivre en direct cette effroyable odyssée meurtrière au réalisme étonnamment vicié, c'est également pour mieux nous interpeller sur la conduite marginale de ses parents influents vivant au jour le jour avec une aversion pour le genre humain.
A bout de souffle D'une violence rugueuse à point tel que le spectateur semble subir un calvaire moral irrespirable, Another day in paradise perdure son acuité dramatique grâce à l'exceptionnelle contribution du casting 4 étoiles (James Woods habité par sa décadence misanthrope, Melanie Griffith autrement empathique dans son instinct maternel à secourir la fragilité d'adolescents rebelles criants de vérité !). Scandé d'une soul music entêtante, ce road movie au vitriol nous laisse au terme un goût amer dans la bouche si bien qu'il nous largue sur un sentiment d'abandon des plus fourbes.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site mymediawelt.de
de Antonia Bird. 1999. U.S.A/Angleterre. 1h41. Avec Guy Pearce, Robert Carlyle, Jeffrey Jones, David Arquette, Jeremy Davies, John Spencer, Stephen Spinella.
Sortie salles France: 7 Juillet 1999. U.S: 19 Mars 1999
FILMOGRAPHIE: Antonia Bird est une réalisatrice et productrice anglaise, né en 1959 à Londres.
1994: Prêtre. 1995: De l'amour à la folie. 1997: Face. 1999: Vorace. 2006: The Meat Trade
"La Faim des Hommes".
Échec commercial à sa sortie, d’autant plus mésestimé par une partie de la critique, Vorace est un ovni incongru à la douce folie furieuse. Sous couvert de western au vitriol, le film d’Antonia Bird ose braver ce genre académique en l’infusant d’une horreur pure. Une audace rare, d’autant plus couillue qu’elle s’attaque à un tabou peu exploré à l’écran : le cannibalisme.
À partir d’une légende indienne profondément ancrée dans le folklore nord-américain, la réalisatrice s’inspire du Wendigo pour justifier les capacités surnaturelles que certains protagonistes développent — se régénérer, survivre, affronter frontalement l’ennemi.
Pitch: Durant la guerre américano-mexicaine de 1867, le capitaine John Boyd, décoré pour sa bravoure, est muté dans un fort isolé. Sur place, recueilli par le colonel Hart et quelques comparses, il tente de se reconstruire. Jusqu’au jour où surgit Colqhoun, étrange rescapé d’un groupe de voyageurs piégés par l’hiver. Il affirme que ses compagnons, acculés par la faim, ont sombré dans le cannibalisme… avant qu’un leader autoritaire ne les dévore tous. Colqhoun prétend avoir fui juste à temps.
Doté d’un scénario original, dense et constamment imprévisible,Vorace est une farce macabre, horriblement sarcastique, une parabole cruelle sur l’addiction, le vampirisme et la mégalomanie de l’homme broyé par une société individualiste. Tour à tour oppressant, terrifiant, haletant, Antonia Bird nous entraîne dans la chute d’un capitaine rongé par le remords, mais prêt à reconquérir sa dignité. Éreinté par une guerre belliqueuse, ce survivant, qui jadis avait feint la mort pour échapper à l’ennemi, devra cette fois affronter une menace plus retorse : l’anthropophage.
Dans un climat anxiogène, pesant, Vorace convoque une peur viscérale — celle d’être mangé par l’homme. Car ici, comme une drogue irrésistible, celui qui goûte à la chair humaine est condamné à l’addiction. Telle une philosophie hédoniste détournée, ce cannibalisme devient un art de vivre monstrueux. Stoïque, athlétique, dévoré par une énergie carnassière, le cannibale, possédé, se laisse emporter dans une quête sanglante vers l’omnipotence. Assassiner les pèlerins, boire leur sang, se repaître de leur corps : il ne sait plus vivre autrement.
Cette atmosphère hostile et délétère, Antonia Bird la sculpte à la lame. Sa mise en scène acérée, son casting de premier ordre achèvent de cristalliser l’horreur. Robert Carlyle excelle en cannibale cynique, dénué de la moindre vergogne, littéralement habité par le Mal — son jeu glacé sature l’air d’une tension malsaine. En face, Guy Pearce incarne un capitaine hésitant, hanté, qui trouvera dans l’épreuve la constance et la rage. Leur affrontement, brutal, devient l’axe incandescent du récit, jusqu’à un dernier baroud d’honneur d’une rare sauvagerie.
"Cannibale, Mon Frère".
Porté par une partition musicale en contrepoint, troublante et entêtante, et par des paysages naturels à couper le souffle, Vorace accède aujourd’hui au rang de film culte. Son intensité, sa densité psychologique, sa noirceur sardonique nous happent dans un western horrifique d’une rare singularité.
Dédicace à Christophe Cosyns 20.06.13. 3èx Bruno
INFO WIKIPEDIA: Définition de Wendigo:
Le wendigo (pluriel : wendigowak / wendigos) est une créature surnaturelle, maléfique et cannibale, issue de la mythologie des Amérindiens algonquiens du Canada, qui s'est étendue à tout lefolklore d'Amérique du Nord. Cette légende est partagée par plusieurs tribus amérindiennes et peut désigner la transformation physique d'un humain après la consommation de viande humaine comme une possession spirituelle. Le wendigo a aussi renforcé le tabou autour de la pratique du cannibalisme chez ces peuples. Les wendigowak (wendigos) vivent dans les profondeurs de la forêt et apparaissent dans des contes où le surnaturel côtoie des choses inhumaines et atroces. Parmi les histoires qui circulent, ils sont solidement ancrés dans les légendes amérindiennes où ils tiennent une place importante. De nombreux lieux et lacs portent ce nom, tel le parc national du wendigo, et de nombreuses œuvres modernes s'en inspirent dans la littérature comme au cinéma, bien que ces wendigowak puissent avoir des caractéristiques différentes de ceux des légendes originelles.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site kahramanlarsinemada.com
de Richard Donner. 1980. U.S.A. 1h56. Avec Christopher Reeve, Margot Kidder, Gene Hackman, Jackie Cooper, Marc McClure, Ned Beatty, Terence Stamp, Sarah Douglas.
Sortie salles France: 10 Décembre 1980. U.S: 19 Juin 1981
FILMOGRAPHIE: Richard Donner (Richard Donald Schwartzberg) est un réalisateur et producteur américain, né le 24 Avril 1930 à New-York. 1961: X-15. 1968: Sel, poivre et dynamite. 1970: l'Ange et le Démon. 1976: La Malédiction. 1978: Superman. 1980: Superman 2 (non crédité - Richard Lester). 1980: Rendez vous chez Max's. 1982: Le Jouet. 1985: Ladyhawke, la femme de la nuit. 1985: Les Goonies. 1987: l'Arme Fatale. 1988: Fantômes en Fête. 1989: l'Arme Fatale 2. 1991: Radio Flyer. 1992: l'Arme Fatale 3. 1994: Maverick. 1995: Assassins. 1996: Complots. 1998: l'Arme Fatale 4. 2002: Prisonnier du temps. 2006: 16 Blocs. 2006: Superman 2 (dvd / blu-ray).
Enfin exhumée de l'anonymat depuis 2006, la fameuse version de Richard Donner tant escomptée par les fans du monde entier a pu voir le jour même si 30% de scènes manquantes resteront à jamais sous scellés ! Ainsi, cette suite trépidante haute en couleurs privilégie cette fois l'action homérique si bien que Superman doit non seulement faire face à l'intarissable génie du crime, Lex Luthor, mais surtout combattre un trio de supers méchants ayant ses mêmes capacités de pouvoir surnaturel ! Cette confrontation titanesque culminant son apothéose au centre d'une mégalopole urbaine auquel notre justicier devra multiplier les rixes démentielles face à l'arrogance d'adversaires impitoyables ! Les nombreux FX, parfois désuets, réussissent néanmoins à impressionner de par leur vigueur incisive et les moyens artisanaux déployés. Mais avant ce dernier acte particulièrement jouissif, Richard Donner aura pris soin d'étoffer le rapport familial de Superman avec son père si bien qu'il décide de rendre sa panoplie et ainsi perdre ses pouvoirs pour l'amour de Lois Lane afin de vivre tel un citoyen terrestre. Avec une touche de cocasserie et de romance, le réalisateur accorde notamment l'avantage de la suspicion envers Lois Lane, davantage persuadée que Clark Kent est bel et bien le justicier volant. Pour se faire, elle décide en désespoir de cause de mettre sa vie en péril en provoquant une série d'incidents majeurs afin qu'il puisse la sauver et divulguer sa véritable identité !
En rapport à la version de Richard Lester, le montage de Donner diffère largement dans une sobriété moins axée sur la dérision, de manière à gagner en profondeur et cohérence pour une structure narrative en filiation avec le premier volet. A titre d'exemple, la cause dont le général Zod et ses comparses ont réussi à s'extraire de leur prison de verre diffère ici complètement et entretient une cohésion avec la fin originelle de son modèle (le largage d'un des missiles que Superman parvint à projeter dans l'espace va malencontreusement libérer ce trio d'assassins !). Ou encore la manière plus substantielle dont Superman va pouvoir se réapproprier ses pouvoirs face au discours moral d'un père déçu mais clément. Enfin, l'épilogue émouvant s'avère en l'occurrence moins démonstratif, plus crédible à travers la liaison romantique impartie au couple d'amants. Car pour préserver sa fameuse identité, il n'est plus question pour Superman d'invoquer à Lois Lane un simple baiser magique mais de reprendre une course rotative autour de la terre (l'alibi temporel préalablement entrepris à la fin du premier volet !).
Si aujourd'hui Superman 2 parait moins attractif à travers sa surenchère spectaculaire, faute de trucages aujourd'hui obsolètes, (en particulier sa dernière demi-heure fertile en destruction massive), il reste un spectacle plein de charme de par son esprit bienveillant où humour, action et émotion (notamment les adieux poignants de Lois et Superman) s'harmonisent avec simplicité.
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de Richard Donner. 1978. U.S.A/Angleterre. 2h31. Avec Christopher Reeve, Marlon Brandon, Gene Hackman, Ned Beatty, Jackie Cooper, Glenn Ford, Trevor Howard, Margot Kidder.
Sortie salles France: 26 Janvier 1979. U.S: 15 Décembre 1978
FILMOGRAPHIE: Richard Donner (Richard Donald Schwartzberg) est un réalisateur et producteur américain, né le 24 Avril 1930 à New-York. 1961: X-15. 1968: Sel, poivre et dynamite. 1970: l'Ange et le Démon. 1976: La Malédiction. 1978: Superman. 1980: Superman 2 (non crédité - Richard Lester). 1980: Rendez vous chez Max's. 1982: Le Jouet. 1985: Ladyhawke, la femme de la nuit. 1985: Les Goonies. 1987: l'Arme Fatale. 1988: Fantômes en Fête. 1989: l'Arme Fatale 2. 1991: Radio Flyer. 1992: l'Arme Fatale 3. 1994: Maverick. 1995: Assassins. 1996: Complots. 1998: l'Arme Fatale 4. 2002: Prisonnier du temps. 2006: 16 Blocs. 2006: Superman 2 (dvd / blu-ray).
Découvrir à l'âge de 8 ans les premiers exploits de Superman à travers l'écran géant tient du prodige pour les yeux d'un enfant, ébloui de pouvoir enfin s'exaucer un rêve qui n'existait que dans les pages de BD ou dans ses songes les plus fous. Observer avec émerveillement les pouvoirs d'un homme surhumain vêtu d'une combinaison bleue et d'une cape rouge, capable de voler dans les airs à une vitesse supersonique ! Ce moment de grâce irréelle se révèle devant l'innocence d'un bambin une expérience atypique à jamais gravée dans son coeur et sa mémoire ! C'est en 1978 que Superman sort sur les écrans et pulvérise les records du box-office face à un public médusé ! Pourvu d'un budget de 55 000 000 de dollars, Richard Donner s'est acquis les gros moyens pour retranscrire avec ambition les aventures de l'homme volant, préalablement dessinées à travers la BD de Jerry Siegel et Joe Shuster. C'est notamment grâce à cette superproduction puissamment orchestrée par John Williams que les films de super-héros vont pouvoir se concrétiser afin d'exploiter le filon et tenter de réitérer le même exploit cinégénique. Se replonger 35 ans plus tard dans cette odyssée féerique inscrite dans la noblesse prouve à quel point l'oeuvre de Richard Donner est touchée par la grâce. Car Superman suscite avec autant de poésie que de souffle épique un pouvoir d'enchantement immaculé. Cette tendresse immodérée que le réalisateur accorde à son personnage héroïque, partagé entre le devoir d'équité et la raison de ses sentiments, transcende des séquences d'une acuité émotionnelle rare ! A l'instar de cette envolée lyrique accomplie au dessus d'un ciel étoilé entre Superman et Lois Lane !
Cette séquence exaltante à la naïveté fantaisiste, à deux doigts de chavirer dans le ridicule, s'achemine pourtant en moment magistral d'émotion pure de par la magie de ces trucages, son sens d'émerveillement et la tendre complicité des amants. Quand aux scènes d'action spectaculaires qui émaillent et servent le récit, inspirées de la mouvance "catastrophe", elles s'avèrent encore impressionnantes (à deux, trois plans de carton pâte près) et réussissent aussi malgré le poids des années à crédibiliser les exploits aériens de notre super-héros parti combattre le génie du crime, Lex Luthor ! (Gene Hackman composant un numéro jubilatoire de méchant sardonique et mégalo !). Si Superman s'avère en l'occurrence toujours aussi prodigieusement exaltant, il le doit autant à la révélation saillante du mastard Christopher Reeve ! Cet acteur novice dont il s'agit ici de son second rôle à l'écran retransmet avec humilité le portrait d'un super-héros entièrement érigé sur les valeurs de vérité, de justice et d'idéal américain. Cette notion de héros idéaliste, le comédien la transcende avec une conviction naturelle trouble épaulée d'une touche d'humour particulièrement attendrie ! Il EST superman et aucun acteur au monde ne parviendra à accomplir cette même performance auprès du genre ludique. Quand à la prestance de sa compagne enjouée, Margot Kidder véhicule un charme de séduction badin de par son jeu spontané et sa douce naïveté en journaliste insolente. A eux deux, ils forment un duo émouvant proprement proverbial où la dimension humaine prime avant les élans de bravoure homériques.
Chef-d'oeuvre du film de super-héros, Superman constitue un miracle cinématographique ayant marqué de son empreinte lyrique la génération 80. En l'occurrence, cette même génération ayant su préserver son âme d'enfant continuera de rêvasser (jusqu'aux larmes de mélancolie !) des exploits aériens du plus grand super-héros de sa précieuse enfance ! C'est en tous cas le point de vue subjectif d'un cinéphile émotif qui vous le proclame si bien que son émotion vibrante perdure au-delà des décennies et des progrès numériques. Alors ce soir contemplez bien le ciel ! Un Kryptonien volant veille sur notre terre primitive, si cruelle et fragile !
Cette critique est dédiée à la mémoire de Christopher Reeve, sans qui nous n'aurions jamais cru qu'un homme était capable de voler...
Photo empruntée sur Google, appartenant au site todoelterrordelmundo.blogspot.com
de Pen Desham. 1988. U.S.A/Canada. 1h37. Avec Joanna Pacula, Meredith Salenger, Mimi Kuzyk, Nicholas Kilbertus, Sabrina Boudot.
FILMOGRAPHIE: Pen Desham est un réalisateur, scénariste et producteur, né en 1947 en Angleterre.
1998: Houdini (télé-film). 1996: Moll Flanders. 1988: The Kiss. 1985: The Zoo Gang.
Le Pitch: L'arrivée fortuite d'une tante au sein d'une famille endeuillée va provoquer une succession d'étranges incidents meurtriers afin d'intenter à la jeunesse d'Amy par le biais d'un baiser !
B movie symptomatique des années 80 pour sa tonalité ludique dénuée de prétention, The Kiss est une sympathique production horrifique érigée sur le principe du vaudou parmi la présence symbolique d'un chat maléfique. Si bien que cette oeuvre mineure dégage un charme non négligeable auprès de l'attitude à la fois naïve et attachante des protagonistes et de ses scènes chocs assez impressionnantes pour divertir dans la tranquillité. Tant auprès de l'adolescente candide incarnée par la jolie Meredith Salenger, du paternel versatile facilement influençable qu'endosse Nicholas Kilbertus ou de la mégère perfide campée par une Joanna Pacula littéralementensorcelante si bien qu'elle irradie l'écran par son omniprésence si sensuelle, sexy et fluette. Un jeu modestement sournois d'autant plus chamarré de son regard infiniment félin. Outre son intrigue convenue assez efficacement menée, The Kiss déploie une petite montée progressive d'un suspense haletant vers son ultime demi-heure fertile en violentes altercations. Et si les 2/3 du récit se cantonnent à un jeu de suspicion entre une fille pubère et l'arrivée surprise de sa tante, Pen Desham agrémente donc ce conflit familial de séquences chocs spectaculaires parfois sanglantes (à l'instar de cette mère de famille violemment projetée contre une vitrine par une voiture pour y être ensuite encastrée). Si les apparitions délirantes du chat erratique prêtent aussi bien à sourire qu'à s'y réjouir, ses exactions furibondes demeurent assez bien gérées de par l'efficacité du montage véloce. Enfin, le soin alloué à sa photographie chargée de nuances chaudes laisse parfois transparaître une photogénie onirique (à l'instar de son préambule solaire).
Plaisir innocent gentiment attractif, The Kiss est une production bonnard n'ayant pour but que de distraire son public dans un procédé éculé. Néanmoins, la bonhomie plutôt expressive des comédiens communément solidaire dans leurs conflits familiaux, le charme singulier de l'incroyable Joanna Pacula, l'efficacité des scènes chocs (supervisées par Chris Wallas !) réussissent à rendre constamment attractifs ce produit d'exploitation bien ancré dans l'esthétique des Eighties.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site collider.com
de Simon Barrett (Tape 49), Jason Eisener (Slumber party alien abduction), Gareth Evans (Safe Haven), Gregg Hale (A ride in the park), Eduardo Sanchez (A ride in the park), Timo Tjahjanto (Safe Haven), Adam Wingard (Phase 1 Clinical Trials). 2013. U.S.A. 1h35. Avec Kelsy Abbott, Hannah Al Rashid, Fachry Albar, Oka Antara, Devon Brookshire, Samantha Gracie, L.C. Holt, Hannah Hughes.
Sortie salles US: 6 Juin 2013 Ce found foutage de gueule bat tous les records de la nullité ! 1H35 de vacuité abyssale ! Les amateurs de gore hardcrad façon Ogrish trouveront tout de même matière à sauter des pieds joints ! Bon courage pour la découverte et bonne sieste pour ceux qui avaient déjà rendu les armes avec son modèle.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com
de Brad Anderson. 2013. U.S.A. 1h35. Avec Halle Berry, Abigail Breslin, Morris Chestnut, Michael Imperioli, Ella Rae Peck, Michael Eklund.
Sortie salles France: 29 Mai 2013. U.S: 15 Mars 2013
FILMOGRAPHIE: Brad Anderson est un réalisateur, scénariste et monteur américain, né en 1964 à Madison (Connecticut).
1995: Frankenstein Planet Monster. 1996: The Darien Gap. 1999: Et plus si affinités. 2001: Session 9. 2001: Happy Accidents. 2005: The Machinist. 2008: Transsibérien. 2010: L'empire des ombres. 2013: The Call.
Réalisateur inégal à qui l'on doit au moins deux réussites perfectibles, Session 9 et The Machinist, Brad Anderson renoue au principe traditionnel du thriller effréné avec The Call afin de maintenir en haleine son spectateur.
Par l'entremise du téléphone, une opératrice des urgences va tenter de porter secours à une jeune fille kidnappée par un maniaque.
Dans la lignée des thrillers horrifiques initiés parBlack Christmas,Terreur sur la Ligne, ouencore Appels au meurtre, The Call étire sur une heure de métrage le concept de la victime démunie, oppressée par un maniaque et n'ayant comme seul recours un téléphone pour tenter d'invoquer de l'aide. Il ne s'agit donc pas ici du traditionnel harcèlement téléphonique conformément établi par un serial-killer mais de l'appel désespéré d'une otage auprès du service administratif des urgences.
Avec une efficacité infaillible et l'empathie éprouvée pour la complicité des interlocutrices (deux séquences s'avèrent même assez poignantes !), Brad Anderson exploite ce filon afin de mettre en place un suspense anxiogène quand une victime décide d'accorder sa confiance auprès d'une opératrice hésitante. Embrigadée dans le coffre d'un véhicule circulant sur autoroute, l'adolescente va tenter par tous les moyens d'invoquer sa présence parmi les automobilistes puis de s'y extraire afin d'échapper à une sentence inévitable.
Avec la tonitruance de sa bande son technoïde, le réalisateur insuffle une tension permanente dans cette situation alerte auquel nombre de rebondissements vont venir motiver l'intrigue avec vélocité. Et cela, en dépit de quelques grossières incohérences, comme le fait que le tueur laissera le soin à la victime de conserver son portable (potentiellement défectueux) durant la quasi totalité de sa séquestration !
Mené sans répit durant ses 2/3 de métrages, The Call renforce son caractère acerbe par une terreur persuasive (son prologue cinglant s'avère aussi intense que radical !) une violence parfois brutale (deux meurtres nous sont illustrés avec un réalisme assez cru) et le jeu dépouillé des deux comédiennes principales. En priorité Halle Berry incarnant ici avec autant de fragilité humaine que de vaillance le rôle d'une opératrice préalablement contrariée par la culpabilité d'une faute professionnelle. En victime oppressée, contrainte de se terrer dans le coffre d'un véhicule, Abigail Breslin retransmet avec un désarroi fébrile son calvaire incessant ainsi qu'un désespoir de cause de daigner faire front à son tortionnaire.
Malheureusement, si The Call avait réussi jusque là à maintenir son intérêt dans l'agencement d'un suspense oppressant, sa dernière demi-heure retombe dans les ficelles balisées du genre avec nombre de revirements éculés (le trauma lié à l'enfance du tueur, sa confrontation dantesques avec ces deux dernières victimes) et d'invraisemblances outrées (la facilité à laquelle l'héroïne trouve la planque du criminel). Qui plus est, son prélude militant pour l'apologie de la vengeance (les féministes pourront tout de même trouver matière à fantasmer d'une telle idéologie réac !) sombre vulgairement dans le ridicule. Néanmoins, cette dernière partie privilégiant une angoisse sous-jacente et l'action spectaculaire nous égaye l'esprit et parvient même à quelques occasions d'intensifier le jeu offensif d'affrontements sanglants.
Série B du samedi soir à voir entre amis ou de préférence avec sa nouvelle copine, The Call peut autant se savourer comme un thriller haletant en demi-teinte qu'un plaisir coupable entièrement bâti sur l'efficacité d'une réalisation alerte et de clichés rebattus (à l'instar du sympathique et rigolard Cellular).
Un très beau film humaniste sur le peuple Bolivien asservi par une multinationale délibérée à confisquer l'eau. En dépit d'une première partie laborieuse, le film prend son envol au bout de 45 minutes pour ne plus lâcher la pression avec l'introspection d'un mouvement de foule hurlant sa révolte contre l'intolérance de leur état despotique. Avec une belle dimension humaine, Iciar Bollain dépeint ici le portrait d'un cinéaste et de son équipe partis tourner un long-métrage à valeur historique au sein d'un pays en crise. Or, celui-ci, intransigeant pour la hiérarchie de son entreprise, se retrouvera davantage contrarié par des dilemmes moraux pour la sauvegarde d'une famille bolivienne et le conflit caractériel du père de famille en situation précaire.
Poignant, intense et jamais larmoyant, cette oeuvre naturaliste ne cesse de nous questionner sur notre éthique confrontée à l'affres du danger et à la sauvegarde d'un peuple réduit à la famine. Enfin, Même la pluie peaufine également avec sobriété une belle histoire d'amitié entre 2 hommes confrontés au choc des cultures.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com
de Chris Bearde. 1983. U.S.A. 1h30. Avec Bill Hudson, Mark Hudson, Brett Hudson, Cindy Pickett, Richard Kiel, Bud Cort, Julie Newman.
Sortie salles France: 16 Mars 1983. U.S: Juillet 1983
FILMOGRAPHIE: Chris Beard est un réalisateur et scénariste (essentiellement des séries TV) anglais. 1983: Hysterical
"A la limite, j't'emmerde"
Oublié de tous aujourd'hui chez nous alors qu'à l'époque de sa sortie il rencontra un timide accueil public, Hysterical est une parodie horrifique conçue par les "Hudson Brothers". Durant les années 70, ces trois compères se firent connaitre auprès des téléspectateurs américains en tant qu'humoristes et chanteurs. Ici, il s'attellent donc à tenter l'expérience cinégénique en occupant les postes consécutifs de scénaristes et d'interprètes. Chris Beard, dont il s'agit ici de sa première (et unique !) réalisation, s'est entrepris de revisiter les classiques de l'horreur (mais aussi d'autres genres) sous le mode parodique avec l'entremise clins d'oeil supposés hilarants. Ceux qui, à l'époque de sa sortie, s'étaient quelque peu enjaillés de sa douce fantaisie lors des séquences les plus réussies risquent un peu (beaucoup ?) aujourd'hui de faire grise mine tant Hysterical finit par susciter consternation et brin de lassitude lors de son final poussif. La faute incombant au trio de comédiens générant un humour constamment lourdingue, à une réalisation néophyte (à l'instar de son montage déstructuré) et à une intrigue approximative dénuée de surprise (un couple de revenants sèment le zouc sur une station balnéaire et contaminent un à un les vivants en zombies sans aucun motif !).
Sur ce dernier point, sa structure narrative semble indécise afin de coordonner des situations cohérentes si bien qu'elle ne fait qu'empiler maladroitement une succession de gags débridées sans véritable fil conducteur. On pastiche donc dans une chronologie sporadique des idées empruntées aux classiques genre parmi lesquels lesAventuriers de l'arche perdue, les Dents de la mer, Duel, l'Exorciste, Shining, les Chariots de Feu, ou encore la Nuit des Morts-vivants. Alors que les comédiens mal dirigés gesticulent comme des attardés azimutés pour provoquer les fou-rires escomptés. Seule, l'apparition récurrente du sexagénaire à bicyclette (répétant incessamment : "ça couve !") suscite une certaine drôlerie, quand bien même avec une certaine indulgence sa première partie demeure gentiment facétieuse, voir même charmante à travers son esprit bisseux ! Mais le peu d'empathie éprouvée pour chacun de nos héros régresse l'entreprise jusqu'à la lassitude de son ultime demi-heure. Ainsi, on suit donc ces aventures horrifiques avec parfois un brin de curiosité amusée si bien que l'ambiance festoyante qui y règne prête au climat gentiment bonnard en dépit de l'inanité du de ses ressorts comiques.
Pour les nostalgiques des années 80 qui, comme moi, s'étaient rués en salles pour le voir (personnellement, j'y étais allé accompagné de camarades de collège un samedi soir bondé), Hystérical risque hélas de vous laisser sur une impression de frustration ou (et) d'amertume en dépit de son esprit bon enfant et de la facétie de certains moments bonnards (par intermittence). Pour autant, avec indulgence, et en privilégiant la séance entre amis, cette parodie sans prétention peut faire son p'tit effet de séduction ludique de par son ambiance ubuesque de contamination festive.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Park Chan-wook. 2013. U.S.A/Angleterre. 1h39. Avec Mia Wasikowska, Nicole Kidman, Matthew Goode, Dermot Mulroney, Lucas Till, Alden Ehrenreich, Jacki Weaver.
Sortie salles France: 1er Mai 2013. U.S: 1er Mars 2013
FILMOGRAPHIE: Park Chan-wook est un réalisateur et scénariste sud-coréen, né le 23 Août 1963 à Séoul. 1992: Moon is the Sun's Dream. 1997: 3 members. 2000: Joint Security Area. 2002: Sympathy for Mister Vengeance. 2003: Old Boy. 2005: Lady Vengeance. 2006: Je suis un Cyborg. 2009: Thirst. 2013: Stoker.
"J'entends ce que d'autres n'entendent pas. D'infimes choses que les gens ne voient pas normalement me sont visibles. Ces sens sont le fruit du désir de toute une vie. Le désir d'être sauvée. D'être accomplie. Comme la jupe a besoin du vent, je suis faite de choses qui sont aussi à d'autres. Je porte la ceinture de mon père sur le chemisier de ma mère... et les chaussures venant de mon oncle. Je suis ainsi. Toute comme la fleur ne choisit pas ses couleurs, on n'est pas responsable de ce qu'on devient. Une fois que l'on a compris ça on est libre. Devenir adulte, c'est devenir libre."
Thriller vénéneux chargé d'amertume, d'étrangeté indicible et de nonchalance, Stoker joue dans la cour des grands pour tenter de renouer avec l'esprit hitchcockien dans une mise en scène aussi stylisée qu'épurée. Si bien qu'à partir d'une intrigue sinueuse où nos protagonistes sont indirectement mêlés à un passé tragique, Park Chan-wook ausculte un portrait de famille meurtri par le deuil.
Le Pitch: A la suite de la mort de son père auquel elle fut très proche, la jeune India n'éprouve que peu d'empathie pour sa mère. Avec l'arrivée de son oncle qu'elle n'a jamais connu, une étrange relation va se nouer entre eux.
De façon circonspecte et avec l'alchimie d'un climat diaphane toujours plus baroque et étouffant, Stoker est conçu à la manière d'un puzzle où les thèmes de la suspicion, de la jalousie, de la rancoeur nous sont établis à travers l'introspection douloureuse d'une adolescente timorée. Park Chan-wook prenant son temps à broder son intrigue interlope en se focalisant essentiellement sur l'ambiguïté psychologique (lourde de sens) de ses personnages. C'est d'abord les rapports difficiles entre une veuve accablée et sa fille inconsolable qu'on nous présente studieusement à travers l'intimisme de leur foyer gothique. C'est ensuite avec l'arrivée fortuite d'un oncle distingué que le récit amorcera une ambivalence pour les relations charnelles qu'il va compromettre auprès de ces deux veuves contrariées. Ainsi, dans une mise en scène aussi raffinée qu'extrêmement inspirée auprès de son inventivité stylisée, Stoker nous dévoile au compte goutte le cheminement torturé de cette jeune fille introvertie, difficilement sociable envers la gente masculine de ses camarades de classe. On en dira pas plus afin de ne pas ébruiter le moindre indice de son canevas charpenté mais sachez que le réalisateur Park Chan-wook nous dresse ici le tableau peu reluisant d'un trio d'amants en perte de valeurs morales. L'impact émotionnel narratif et l'acuité qui en émane résidant non seulement dans la psychologie meurtrie de ses protagonistes mais aussi dans la confection (oh combien !) scrupuleuse d'un climat lestement poisseux en ascension. L'aura malsaine sous-jacente qui s'y dégage de manière exponentielle nous collant à la peau en s'infiltrant insidieusement en notre conscience à l'instar d'un poison létal. Sachant ici que les notions de bien et de mal n'ont plus d'éthique ! Si tous les interprètes attestent une conviction imperturbable dans leurs rôles respectifs (Nicole Kidman insuffle un naturel subtilement aigre dans sa douleur maternelle, Matthew Goode redouble d'ambiguïté dans son élégance longiligne particulièrement flegme), il faut surtout saluer le jeu équivoque de l'étrange Mia Wasikowska de par sa prestance versatile d'adolescente en perdition. Sa froideur innocente galvaudée de mauvaise influence puis la rancoeur ainsi que le charme de son visage opalin nous pénétrant l'esprit dans une confusion dérangée.
Magnifiquement photographié au sein des décors gothiques d'une demeure feutrée mais aussi à travers sa nature apaisante d'un onirisme solaire enchanteur, Stoker véhicule avec subtilité et élégance fastueuse une ambiance crépusculaire autour d'un trio maudit inconsolable. Park Chan-wook concluant avec une audace anticonformiste (pour ne pas dire jusqu'au-boutiste) un splendide épilogue (toujours aussi magnifiquement cadré en mode alambiqué) à la fois censé et terriblement crépusculaire.