Le pitch : un célèbre écrivain, réputé pour ses écrits horrifiques, est hanté par un cauchemar récurrent où les héros de son dernier roman viennent le tourmenter lors de ses nuits agitées. Un jour, alors qu’il reçoit des convives dans sa demeure, ses créatures de fiction prennent chair pour confronter l’assemblée à une série d’épreuves létales.
Curiosité interlope autant que fascinante, malgré une seconde partie plus relâchée, Seizure s’aventure sur le terrain du trip expérimental, abstrait et foutraque, au gré de situations aussi débridées que lunaires. Un trio démoniaque au look improbable – un géant mutique, un nabot sardonique surnommé « l’Araignée » et une vamp indomptable personnifiée par une reine noire – sème la zizanie parmi les invités du romancier. Ces figures malfaisantes soumettent les convives à des épreuves physiques et morales pour jauger leur capacité à affronter la mort.
Par son montage anarchique, presque épileptique, Seizure désoriente, brouille les repères. Peut-être pour mieux refléter l'angoisse diffuse de la finitude, ou le délire obsessionnel d’un écrivain enfermé dans sa propre fiction.
Oliver Stone sème le doute avec malice : dès les premières minutes, une info glissée à la radio annonce l’évasion de trois dangereux individus d’un asile psychiatrique. Détail anodin ? Ou clef de lecture ? Le film vacille entre réalité et cauchemar, les épreuves infernales semblant plutôt convoquer des figures maléfiques surgies d’ailleurs. Bordélique en diable, à travers ses multiples péripéties horrifiques, parfois baignées d’une étrangeté glaçante, Seizure intrigue autant qu’il déboussole, surtout dans sa seconde moitié trop bavarde, embourbée dans des explications d’inspiration moyenâgeuse.
Pourtant, la direction d’acteurs, étonnamment solide pour une première œuvre, mérite d’être saluée. Notamment celle du nain Hervé Villechaize (L’Île fantastique), franchement inquiétant, malaisant, sardonique, distillant ses provocations avec un goût pervers pour la cruauté. Mais c’est surtout la présence magnétique de Martine Beswick, l’une des reines noires de l’horreur, qui électrise le film. Vamp opaque, vaniteuse et intraitable, silhouette longiligne, regard impassible, elle pousse la malveillance jusqu’à sacrifier l’innocence infantile sans l’ombre d’un frisson.