mercredi 20 octobre 2021

Titane. Palme d'Or, Cannes 2021

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Julia Ducournau. 2021. France/Belgique. 1h48. Avec Vincent Lindon, Agathe Rousselle, Garance Marillier, Laïs Salameh, Dominique Frot, Myriem Akheddiou, Bertrand Bonell.

Sortie salles France: 14 Juillet 2021. U.S: 1er Octobre 2021

FILMOGRAPHIE: Julia Ducournau est une réalisatrice et scénariste française née le 18 novembre 1983 à Paris. 2011 : Mange (téléfilm co-réalisé avec Virgile Bramly). 2016 : Grave. 2021: Titane. 

Révélé par l'oeuvre choc Grave et son Grand Prix (mérité) à Gérardmer, Julia Ducournau n'en finit plus de déranger les consciences avec sa nouvelle provocation, Titane, pour le coup couronné de la Palme d'Or à Cannes ! Ca-rré-ment ! Aussi improbable que cela puisse paraître comme ont pu le souligner le public de la croisette médusé par son contenu indocile. Une hérésie diront certains, une farce de mauvais goût vociférèrent d'autres ! A tort mais aussi à raison si bien que l'on se demande ce qui a bien pu passer par la tête des membres du jury d'ovationner une oeuvre trash aussi marginale, aussi décalée, aussi viscéralement malaisante, pour ne pas dire dérangeante ad nauseam (principalement pour la séquence finale anthologique relevant de l'impensable Spoil ! en mode Tetsuo si je puis dire Fin du Spoil). Car d'une rutilante beauté à travers sa photo clinquante, ses effets de style baroques et sa sensualité sulfureuse jonglant avec la bisexualité, Titane ne ressemble à rien de connu bien que certaines références au cinéma de Cronenberg et à Crash sont sciemment nécessaires par sa réalisatrice férue de passion  amoureuse pour le maître canadien adepte de la nouvelle chair. Parlons en de cette nouvelle chair qui semble prendre possession du corps de cette tueuse en série contrainte d'apprendre à aimer un père de substitution afin d'échapper à la police suite à ces homicides sanguins (violence crue à l'appui en mode Gaspard Noe).  

L'actrice Agathe Rousselle se vouant corps et âme à se tailler une carrure dégingandée de monstre transgenre afin de taire sa véritable identité souillée par le sang et la démission parentale. Portant le film à bout de bras, celle-ci parvient autant à nous enivrer qu'à nous déstabiliser dans sa psychopathie irrévocable à la suite du traumatisme accidentel de son enfance. Sa transformation corporelle donnant lieu à un climat de malaise à la fois sous-jacent puis tangible au fil de son évolution morale à changer d'identité pour l'amour du nouveau père. Constamment inquiétant, vénéneux, toujours imprévisible (d'où le plaisir constamment éprouvé au fil de l'intrigue reptilienne dont on ignore l'issue éventuelle de rédemption !), décalé et parfois déjanté, Titane tire parti de son pouvoir attractif de par la mise en scène infiniment inspirée de Julia Ducournau déclarant sa flamme au cinéma hétérodoxe conçu pour diviser le public. Vous voilà donc à nouveau prévenu après le controversé Grave que certains ont radicalement discrédité (ce qui ne risque pas de les réconcilier avec Titane). Car outre l'intensité expressive de son étonnant casting (notamment Vincent Lindon monopolisant l'écran en pompier toxico incapable d'assumer sa perte filiale - son meilleur rôle à l'écran -), Titane demeure aussi original que constamment inventif à nous servir sur un plateau faisandé une intrigue sinueuse faisant office d'expérimentation viscérale. La réalisatrice s'efforçant de troubler, déranger par le brio de sa mise en scène parfois frontale (sa violence incisive) ainsi que par les comportements physiques des 2 anti-héros du récit (Alexia / Vincent s'apprivoisant mutuellement) martyrisant leurs corps par les effets laxatifs de la drogue et du sexe. 

Plaidoyer pour le droit à la différence et à la liberté sexuelle (quelque soit notre orientation) dans une mise en forme sciemment marginale et burnée, Titane se décline en authentique oeuvre culte à travers sa capacité formelle et viscérale d'y transfigurer (le verbe est sciemment un peu fort !) un amour paternel désespéré où la tendresse humaniste ne peut se concevoir qu'à partir d'une nouvelle chair scarifiée de plaies inguérissables. Une oeuvre bâtarde au demeurant n'ayant jamais la prétention de divertir son public pour le caresser dans le sens du poil. Car comme avec l'éclatant Grave et sa satire du végétarisme, Titane ne cessera de diviser faute de sa subtile outrance aussi malaisante que fascinante. En tout état de cause, il s'agit selon moi d'une vraie proposition de cinéma biologique sortant des sentiers battus (au risque délibéré de me réitérer) si bien que l'on s'extrait de la séance, entre soulagement, catharsis, ivresse et interrogation de ce à quoi nous venons de vivre et de participer.  

P.S: Julia, si tu me lis demain (soyons un tantinet perché), je t'aime les yeux fermés 💗

Récompense: People's Choice Award du Festival de Toronto. 
Palme d'Or, Cannes 2021
- (En attendant son éventuelle récompense aux Oscars)

                                  Ce qu'en a conclu l'ensemble de la critique : 






mardi 19 octobre 2021

Le Fils de Frankenstein

                                                                      Photo empruntée sur Google 

"Son of Frankenstein" de Rowland V. Lee. 1939. U.S.A. 1h39. Avec Basil Rathbone, Boris Karloff, Bela Lugosi, Lionel Atwill, Josephine Hutchinson, Donnie Dunagan, Emma Dunn.

Sortie salles France: 29 Mars 1939

FILMOGRAPHIE PARTIELLERowland Vance Lee, né le 6 septembre 1891 à Findlay et mort le 21 décembre 1975 à Palm Desert (États-Unis), est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain. En tant qu'acteur, il est crédité sous le nom de Rowland Lee.1931 : The Guilty Generation. 1932 : That Night in London. 1933 : Révolte au zoo. 1933 : I Am Suzanne! 1934 : Le Comte de Monte-Cristo. 1934 : Gambling. 1935 : Cardinal Richelieu. 1935 : Les Trois Mousquetaires. 1936 : One Rainy Afternoon. 1937 : L'Étrange visiteur. 1937 : L'Or et la Chair. 1938 : Bonheur en location. 1938 : Service de Luxe. 1939 : Le Fils de Frankenstein. 1939 : Frères héroïques. 1939 : La Tour de Londres. 1940 : Le Fils de Monte-Cristo. 1942 : Powder Town. 1944 : The Bridge of San Luis Rey. 1945 : Le Capitaine Kidd. 

Ultime épisode de la trilogie Frankenstein immortalisée par Boris Karloff, le Fils de Frankenstein fleure bon l'épouvante vintage sous la houlette de Universal (Monsters). Car bien que l'acteur regrette d'avoir participé à ce 3è opus, le Fils de Frankenstein est une splendide réactualisation du mythe de par sa fulgurance formelle (noir et blanc expressionniste, décors baroques au sein du vaste château, cadrages alambiqués, éclairages contrastés) et l'efficacité d'une intrigue mettant en exergue les exactions perfides de l'assistant Igor magnifiquement incarné par Bela Lugosi. Probablement un de ses meilleurs rôles tant l'acteur se délecte à se tailler une carrure démanchée, faute de son cou brisée par la pendaison, qui plus est saturé d'un regard sournois transpirant le vice à travers son rictus édenté. Ce dernier jouant une fonction faussement paternelle auprès du monstre afin de se venger des responsables de sa pendaison auquel il réchappa in extremis. 

Dans celui du baron Wolf (loup y est tu ?), fils de Henry Frankenstein, Basil Rathbone excelle également à se compromettre à la complicité d'une résurrection depuis que le monstre est plongé dans un coma. Son amitié équivoque avec le policier Krogh (excellement incarné par Lionel Atwill avec son bras amovible plus vrai que nature !) nous caractérisant peu à peu un homme plutôt lâche et impuissant à loser lui ébruiter la vérité en dépit des morts qui s'accumulent au village maudit de nouveau hanté par la présence du monstre. Et bien que cet opus ne soit pas réalisé par l'illustre James WhaleRowland V. Lee s'en sort haut la main à honorer dignement la franchise, notamment en y respectant le choix de Karloff à renouer avec la pantomime (à contrario du précédant volet donc) afin de rendre encore plus fascinant le monstre à nouveau victime de l'arrogance de l'homme ici voué à se venger. Le monstre répétant à son tour la même démarche punitive (tel père, tel fils !) à un moment propice de l'intrigue, de manière habile à relancer l'action vers un axe autrement dramatique.  

Aussi fascinant pour ses décors baroques vus nulle part ailleurs que passionnant pour la caractérisation consciencieuse de ses personnages jouant à nouveau les apprentis sorciers sous la mainmise d'un odieux forgeron que Lugosi immortalise au point d'y voler presque la vedette du monstre, le Fils de Frankenstein, s'il n'atteint pas la dimension poétique de ses prédécesseurs, demeure un classique incontournable de la Universal de par son authenticité monochrome infiniment minutieuse. Un fascinant spectacle donc remarquablement mené sans temps morts. 

*Eric Binford
2èx

lundi 18 octobre 2021

Les Grands Fonds

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The deep" de Peter Yates. 1977. U.S.A. 2h04. Avec Robert Shaw, Jacqueline Bisset, Nick Nolte, Louis Gossett Jr., Eli Wallach, Dick Anthony Williams. 

Sortie salles France: 21 Septembre 1971. U.S: 17 Juin 1977

FILMOGRAPHIE: Peter Yates, né le 24 juillet 1929 à Aldershot et mort le 9 janvier 2011 à Londres1, est un réalisateur britannique. 1964 : One Way Pendulum. 1967 : Trois milliards d'un coup. 1968 : Bullitt. 1969 : John et Mary. 1971 : La Guerre de Murphy. 1972 : Les Quatre Malfrats. 1973 : Les Copains d'Eddie Coyle. 1974 : Ma femme est dingue. 1976 : Ambulances tous risques. 1977 : Les Grands Fonds. 1979 : La Bande des quatre. 1981 : L'Œil du témoin. 1983 : L'Habilleur. 1984 : Krull. 1985 : Eleni. 1987 : Suspect dangereux. 1988 : Une femme en péril. 1989 : Délit d'innocence. 1992 : Year of the Comet. 1995 : Un ménage explosif.


Film oublié, voir même mésestimé, peut-être parce qu'il s'agit de l'adaptation d'un roman de Peter Benchley et que 2 ans plus tôt Les Dents de la Mer emporta tous les suffrages en révolutionnant le Blockbuster horrifique; Les Grands Fonds demeure toutefois un formidable film d'aventures comme on en fait plus de nos jours (numérisés). Car l'intrigue a beau se réduire à la simplicité pour son schéma convenu, la mise en scène solide de Peter Yates (Bullitt, excusez du peu), le jeu résolument impliqué de son prestigieux cast (Jacqueline Bisset, Robert Shaw et Nick Nolte se partagent la vedette à parts égales en aventuriers en herbe) et son climat sous marin quelque peu envoûtant insufflent un rythme nerveux aussi captivant que tendu quant aux effets de suspense dramatiques. 


Mais si les Grands Fonds demeure aussi plaisant que charmant à travers son cadre exotique magnifié d'un scope et d'une photo saturée, il le doit notamment à la dextérité de Peter Yates à travers son art d'y conter son histoire de manière à la fois limpide et charpentée. Car en tablant sur l'enjeu d'une improbable chasse au trésor des flots bleus que se disputent bons et méchants, Peter Yates cultive tout le long du récit un réalisme quasi documenté à travers la beauté des fonds marins et de ces poissons parfois hostiles qui environnent l'épave (réservant par ailleurs quelques méchantes déconvenues !) et auprès de sa violence oppressante ne lésinant pas sur une certaine cruauté. Nombre de rebondissements et de corps à corps musclés demeurant fort convaincants parmi l'implication des comédiens se combattant physiquement avec une scrupuleuse intensité (dans la mesure où l'on s'inquiète pour leur sort, même auprès des seconds-rôles, tout en souffrant moralement pour leur blessure invoquée sans concession par des antagonistes sournois). 


Divertissement d'aventure artisanal, tant auprès du savoir-faire de sa mise en scène consciencieuse, de l'aplomb des comédiens que de sa scénographie maritime à la fois inquiétante et fascinante (les moults déconvenues que nos protagonistes endurent avec sobre héroïsme), les Grands Fonds ne se laisse jamais influencer par l'ennui au fil de sa fascinante intrigue fertile en détails historiques afin d'y crédibiliser l'origine du trésor convoitée par d'audacieux baroudeurs. Très agréable et dépaysant en diable. 

*Eric Binford
2èx

mercredi 13 octobre 2021

La Compagnie des Loups / The Compagny of Wolves. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 1985.

                                         
                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Neil Jordan. 1984. Angleterre. 1h35. Avec Sarah Patterson, Angela Lansbury, David Warner, Tusse Silberg, Micha Bergese, Graham Crowden, Kathryn Pogson.

Sortie salles France: 23 Janvier 1985. U.S: 19 Avril 1985. Angleterre: 21 Septembre 1984

FILMOGRAPHIENeil Jordan est un réalisateur, producteur, scénariste et écrivain irlandais, né le 25 Février 1950 à Sligo. 1982: Angel. 1984: La Compagnie des Loups. 1986: Mona Lisa. 1988: High Spirits. 1989: Nous ne sommes pas des Anges. 1991: L'Etrangère. 1992: The Crying Game. 1994: Entretien avec un Vampire. 1996: Michael Collins. 1997: The Butcher Boy. 1999: Prémonitions. 1999: La Fin d'une Liaison. 2002: L'Homme de la Riviera. 2005: Breakfast on Pluto. 2007: A vif. 2009: Ondine. 2012: Byzantium


Adaptation cinématographique du fameux conte de Perraultla Compagnie du loup empreinte la légende du Petit Chaperon Rouge dans une texture horrifico-hermétique. Si bien qu'à travers les songes d'une jeune adolescente en émoi sexuel, Neil Jordan nous confine dans un univers particulièrement baroque où la féerie côtoie l'étrangeté la plus indicible. Entièrement tourné en studio afin d'accentuer le côté fantasmatique des "rêves" de l'héroïne, le film baigne dans un esthétisme onirique lestement envoûtant parmi son village médiéval implanté au coeur d'une forêt auquel les animaux font office d'effigie. En l'occurrence, il n'y a pas vraiment de structure narrative mais plutôt un assemblage d'historiettes fondées sur la crainte du loup. Une manière d'interpeller l'éveil à la séduction d'une adolescente surprise par sa croissance physique et intellectuelle (notamment son attirance/répulsion pour le passage à l'âge adulte). Le loup étant ici une métaphore afin de mettre en exergue le côté prédateur de l'homme lorsqu'il s'agit d'un dangereux séducteur prêt à commettre ses méfaits sexuels sur une jeune pubère. Ainsi, à travers cette analogie, on peut d'ailleurs y déceler une mise en garde de la pédophilie (et des pervers paraphiles) si bien qu'ici l'adulte est pleinement conscient d'y courtiser une adolescente candide. 


Imprégné d'images picturales où les animaux et la nature y communient, et émaillé de symboles métaphoriques, la Compagnie des Loups transcende l'excursion baroque d'une jeune fille prête à aborder le grand méchant loup. Dans un climat diaphane à l'aura impénétrable, Neil Jordan réussit à transfigurer le conte de fée en cauchemar psychanalytique pour les rapports de couple (les thèmes de l'adultère, de la phallocratie et du flirt dominent leur comportement). A l'instar du jeu de séduction qu'entretiennent l'homme et la femme, leur attirance charnelle étant extériorisée par la pulsion sexuelle. Quand bien même notre petit chaperon maquillé de rouge à lèvres finira par se laisser influencer par l'apparence sournoise du loup. Pour les brèves séquences de transformation, si les FX peuvent aujourd'hui paraître un brin datés lors de certains plans, il ne manque pas d'originalité dans leur conception afin de se distinguer de ses homologues ayant préalablement accompli le miracle technique (l'inévitable diptyque: Hurlementsle Loup-garou de Londres). Enfin, on peut saluer la présence charismatique des comédiens (les rôles impartis à la grand-mère et au chaperon rouge semblent s'être littéralement évacués du conte de Charles Perrault !), des personnages iconiques se combinant parfaitement avec l'environnement dépeint.


Abstrait et opaque en bousculant intelligemment nos habitudes puis davantage envoûtant et majestueux lors d'un long final confinant au sublime, La Compagnie des Loups demeure la caractérisation idéale du cinéma fantastique d'auteur tentant de proposer au public un spectacle atypique, voir difficile d'accès en y réfutant les conventions et la trivialité du divertissement standard. Ainsi, à l'instar du célèbre livre de Charles Perrault, La Compagnie des Loups est un chef-d'oeuvre destiné à la pérennité, à revisionner plusieurs fois pour mieux l'apprivoiser, notamment pour en savourer toute sa substance dangereusement lascive.  

*Eric Binford
17.01.14. 306 v
13.10.21. 4èx
20.09.24. 5èx. Vostfr.

RécompensesPrix Spécial du Jury à Avoriaz, 1985
Grand Prix, Prix de la Critique, Prix des Effets-spéciaux, Sitges 1984
Prix du meilleur filmmeilleurs effets spéciaux (Christopher Tucker) et prix de la critique internationale au Festival du film de Catalogne, 1984.
Mention Spéciale au Fantafestival, 1985
Prix du meilleur filmprix du juryprix de la critique et prix des meilleurs effets spéciaux au Festival de Fantasporto, 1985.

mardi 12 octobre 2021

Sanglante Paranoïa / Brain dead

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Adam Simon. 1990. U.S.A. 1h24. Avec Bill Pullman, Bill Paxton, Bud Cort, Nicholas Pryor, Patricia Charbonneau, George Kennedy 

Sortie salles France: 27 Janvier 1993 (Janvier 90 à Avoriaz). U.S: 19 Janvier 1990

FILMOGRAPHIEAdam Simon, né le 6 février 1962 à Chicago, dans l'Illinois (États-Unis), est un scénariste et réalisateur américain. 1990 : Sanglante Paranoïa. 1992 : Body Chemistry II: The Voice of a Stranger. 1993 : Carnosaur. 


Série B native de 1990 mais sortie chez nous 3 ans plus tard; Sanglante Paranoïa est un sympathique divertissement horrifique surfant sur le concept paranoïde de l'éprouvant l'Echelle de Jacob. Interprété par Bill Pullman et Bill Paxton dans des rôles inévitablement équivoques, le récit, redondant mais pour autant efficace, relate la schizophrénie galopante d'un éminent neurochirurgien, Rex Martin, décidé à opérer John Halsey, brillant mathématicien devenu paranoïaque à la suite du massacre de sa famille. Alors que l'opération demeure un succès (le sujet semble retrouver la raison); Rex Martin perd peu à peu la boule à la suite d'hallucinations sanglantes. 


Ainsi, en suivant le délire psychotique de celui-ci lourdement éprouvé par sa nouvelle identité (tout l'entourage le prend pour John Halsey !), le spectateur ne parvient plus comme lui à distinguer la réalité des hallucinations récursives à travers des séquences ubuesques dénuées de raison. D'où l'intérêt expérimental du métrage à nous semer (parfois très efficacement) doute, confusion et malaise psychologique. Et bien que la réalisation manque clairement de maîtrise et que le scénario joue un peu trop avec l'inexpliqué comme le surligne sa conclusion ambivalente (à moult niveaux de lecture), Sanglante Paranoïa parvient parfois à terrifier (cérébralement parlant), avec parfois un goût prononcé pour l'onirisme formel (les papillons s'extirpant du crane). Inquiétant, perfide et débridé, Sanglante Paranoïa exploite donc assez efficacement une horreur cérébrale insécure dans un format de série B à la fois modeste et bricolée. A découvrir avec curiosité en y retenant surtout une effrayante lobotomie séculaire filmée en noir et blanc documenté. Malaise garanti !  

*Eric Binford.
2èx

mercredi 6 octobre 2021

Old

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de M. Night Shyamalan. 2021. U.S.A. 1h48. Avec Gael García Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell, Alex Wolff, Thomasin McKenzie, Abbey Lee Kershaw. 

Sortie salles France: 21 Juillet 2021. U.S: 23 Juillet 2021

FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry. 1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit. 2017: Split. 2019: Glass. 2021: Old. 

Cette peur viscérale de la vieillesse. 
Ce n'est un secret pour personne, M. Night Shyamalan est capable du meilleur comme du pire, et ce de façon métronome depuis la genèse de sa carrière. Ainsi, à chaque nouveau projet qui se profile, on reste dans l'espoir de retrouver le talent de cet habile artisan voué corps et âme à sa passion pour le genre Fantastique. Et je peux présumer qu'avec Old, Shyamalan nous réconcilie à nouveau avec lui tant cet épisode grandeur nature de la 4è Dimension nous captive et nous met mal à l'aise sans se laisser dériver vers un goût d'inachevé. Aussi standard soit son schéma narratif adepte de rebondissements horrifiques en pagaille. Car tout est dans l'art et la manière d'y maîtriser son histoire en progression dramatique spécialement malsaine. A l'instar de son twist final aussi crédible qu'intelligent y dénonçant Spoil !!! les dérives de la recherche médicale à force de vouloir nous empêcher de mourir Fin du Spoil. Un thème plus qu'actuel faisant inévitablement écho à la pandémie mondiale de la Covid tout en égratignant en filigrane notre société formaliste adepte de chirurgie esthétique afin d'éclipser notre peur innée de la vieillesse. Recrutant un casting hétéroclite d'acteurs aussi inquiétants que convaincants (certains visages hagards ou patibulaires font froid dans le dos à travers des plans serrés fondés sur leur incompréhension), Old parvient furtivement à insuffler un sentiment d'angoisse paranoïde qui ira crescendo au fil des incidents cauchemardesques que subira un groupe de touristes confinés sur une plage. 


Photo scope et décors splendides; la scénographie tropicale nous offre un contraste saisissant auprès de ses protagonistes en proie à un commun désarroi davantage dépressif. Dans la mesure où ceux-ci subiront un nombre incalculable d'incidents cauchemardesques à travers leur déliquescence à la fois corporelle et cérébrale. Ces derniers souffrant de maladie plus ou moins grave, raison pour laquelle ils s'exilèrent au sein de cette cure thermale faisant office de complexe touristique pour familles bourgeoises. Epreuve insurmontable de survie au sein de ce no man's land mutique terriblement hostile (si je me réfère aux immenses rochers qui entourent la berge), Old cultive un sentiment d'insécurité permanant de par son rythme effréné d'y cumuler l'horreur des situations improbables avec une intensité dramatique infaillible. Car paranoïaque en diable, nos protagonistes toujours plus esseulés ne devront compter que sur leur indépendance pour tenter de rester en vie au sein de ce décor paradisiaque redoutablement insidieux. Tant et si bien que l'empathie éprouvée pour eux demeure toujours prégnante, même auprès des personnages superficiels les plus antipathiques (la blondasse fluette aux yeux bleus obsédée par son enveloppe corporelle faisant office d'anguille écervelée). 


Un Eté d'Enfer
C'est donc en observant la psychologie à la fois torturée et désoeuvrée des personnages que l'appréhension du danger invisible fleurit le mieux sous la houlette d'un Shyamalan plutôt mesquin à molester ses protagonistes sans faire preuve de concession. Autant dire que le cauchemar estival à la fois viscéral, dérangeant et cérébral fonctionne à plein régime pour qui raffole de pitch génialement dingo. Pas un grand film, certes, mais un excellent divertissement horrifique poétiquement morbide que Shyamalan adopte au 1er degré, avec en sus une maîtrise technique parfois singulière (certains mouvements de caméra hyper véloces m'ont paru inédit dans le paysage cinématographique). 

*Eric Binford.  

mardi 5 octobre 2021

Horror Hospital / La Griffe de Frankenstein

                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site mattmulcahey.files.wordpress.com

"Computer Killer" de Anthony Balch. 1973. Angleterre. 1h30. Avec Michael Gough, Robin Askwith, Ellen Pollock, Skip Martin, Vanessa Shaw, Dennis Price.

Sortie salles France: 7 Avril 1976. U.S: Avril 1975

FILMOGRAPHIE: Anthony Balch est un réalisateur anglais né le 10 Septembre 1937 à Londres, décédé en Avril 1980. 1963: William Buys a Parrot. Towers Open Fire. 1966: The Cut Ups. 1970: Secret of sex. 1972: Bill and Tony. 1973: Horror Hospital


Un bijou d'horreur british, authentique perle culte issue du Bis marginal. 
Ultime métrage du réalisateur méconnu Anthony BalchHorror Hospital (ou La Griffe de Frankenstein) est une version réactualisée du fameux mythe de Frankenstein avec un accent prononcé pour le délire assumé. Si bien que cette farce grotesque toujours plus aberrante par son intrigue désincarnée entretient la réjouissance à travers sa galerie de personnages excentriques et ses idées grand-guignolesques jubilatoires. 

Le pitchEn guise de cure de repos, un chanteur de rock rejoint la ferme de santé du Docteur Storm dans une contrée anglaise. Durant son trajet ferroviaire, il fait la connaissance de Judy, une jeune blonde convoquée par sa tante, l'épouse du chirurgien utopiste. Or, cet hôpital reculé est en fait un laboratoire d'expériences insensées pratiquées sur des individus lobotomisés !


Petit succès des années 80 lors de sa sortie Vhs, les rats des vidéo-clubs ne manquèrent pas d'évoquer lors de discussions fougueuses son fameux prologue inconcevable. Jugez en ! 
A l'intérieur d'une limousine noire, deux individus patibulaires installés à l'arrière attendent patiemment l'arrivée de deux fuyards à proximité d'une forêt ! Les proies étant rapidement localisées, la voiture s'engage furtivement pour les traquer, quand bien même l'adjoint de petite taille s'engage à actionner le levier d'un boitier afin d'extraire du côté droit du véhicule une longue lame acérée pour décapiter les deux malheureux. En guise de trophées, les têtes retombant pile-poil dans un panier disposé sous la lame d'acier. Une situation totalement aberrante mais oh combien ludique et tout de même efficacement montée de par son effet de surprise grand-guignolesque. 


Quant aux péripéties prochaines, elles s'avèrent du même acabit puisque regorgeant de séquences impayables toutes aussi risibles ou pétulantes, c'est selon. A savoir qu'un couple abordé plus tôt dans un train sera pris au piège dans le manoir du Dr Storm à travers un odieux trafic d'humains. Pour preuve, ce médecin utopiste (notre vétéran Michael Gough, toujours aussi charismatique dans sa sinistre physionomie patibulaire) souhaite dominer le monde en lobotomisant des badauds par greffe de cerveau, et ce pour les rendre insensibles à la douleur. Ces automates téléguidés d'une machine révolutionnaire étant réduits à l'état végétatif, à l'instar de zombies aphones déambulant dans les locaux sous l'allégeance du Dr Storm. Ainsi, nos deux héros déconcertés vont non seulement fréquenter ces trognes délavées mais aussi des geôliers pugnaces en combinaison de cuir affublés de casque de moto, un assistant nabot versatile, une tante sournoise et enfin un incroyable monstre de foire, concurrent défaillant du Dr Phibes ou peut-être encore du Monstre qui vient de l'espace ! La posture ballot de nos deux protagonistes insufflant de manière permanente la cocasserie à force de s'interroger sur les agissements suspicieux du personnel cynique et d'évènements inquiétants s'y déroulant de façon ostentatoire. Surtout qu'un troisième luron tout aussi gogo égayera notamment l'horreur surréaliste en s'introduisant dans l'établissement pour tenter d'extraire nos deux héros (et sa p'tite amie Emilie) des griffes de Storm.


Les insatisfaites poupées atones du Dr Storm !
Par conséquent, à travers l'aspect irrésistiblement pittoresque de l'entreprise médicale occupée par des fêlés du bulbe et des psychopathes anachroniques, Horror Hospital se permet d'y insuffler une ambiance assez glauque par moments de par son sentiment d'insécurité ombrageux comme le soulignent ces draps imbibés de sang d'un plumard vide que les héros reluquent naïvement. On reste donc constamment surpris durant tout le récit du ton cintré de l'entreprise émanant du parti-pris sarcastique du cinéaste puisque délibéré à décomplexer une épouvante vintage en y instillant du gore faisandé aimablement grotesque. En l'occurrence, Horror Hospital demeure encore plus fun par son climat déjanté si bien que les vidéophiles des eighties éprouveront plus de plaisir masochiste face à ce jubilatoire jeu de massacre aussi étrange que génialement capillotracté.

*Eric Binford
05.10.21. 3èx
04.04.12. 250 v

vendredi 1 octobre 2021

Une Nuit trop noire / "One dark night"

                                                
                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site cult-trash-in-french-dvd-composite.blogspot.com

de Tom Mcloughlin. 1983. U.S.A. 1h29. Avec Meg Tilly, Melissa Newman, Adam West, Robin Evans, Kevin Peter Hal, Leslie Speights, Donald Hotton, Elizabeth Daily.

Sortie salles France: 1982, au Rex de Paris. U.S: 25 Février 1983

FILMOGRAPHIE: Tom Mcloughlin est un scénariste et réalisateur américain né en 1950. 1983: One Dark Night, 1986: Jason le mort-vivant, 1987: Date with an angel, 1991: Sometimes they come back, 1992: Something to live for: the alison gertz story, 1999: Anya's Bell, 2001: The Unsaid, 2002: Murder in Greenwich, 2003: D.C. Sniper: 23 Days of fear, 2004: She's too young, 2005: Odd Girl Out, Cyber Seduction: His secret life, 2006: Not like everyone else, 2007: The Staircase Murders, 2008: Fab Five: The Texas Cheerleader Scandal.

                                      

Une perle du macabre, ce pur film d’ambiance old school qui ferait pâlir de jalousie le moindre produit d’horreur mainstream s’efforçant d’insuffler une once d’aura funèbre.
Connu des amateurs grâce à Jason le mort-vivant (Vendredi 13 VI), Tom McLoughlin fit ses armes trois ans plus tôt avec Une Nuit trop noire, réalisé en 1983. Série B sans prétention, au scénario linéaire, dont la réussite jaillit d’une atmosphère horrifique rétro — introuvable de nos jours — soutenue par des FX supervisés par Tom Burman et, à plus petite échelle, par une photo saturée qui envoûte sans relâche.

Le pitch : dans un mausolée, un trio d’étudiantes joue un sale tour à l’une de leurs rivales, l’enfermant pour la nuit dans ce caveau attenant au cimetière. Or, dans ce tombeau vient d’être inhumé un étrange professeur aux dons télékinésiques, peut-être responsable de la mort d’adolescents découverts dans son ancien appartement. Bientôt, ce vampire mental libère ses forces surnaturelles, prêt à annihiler ses hôtes venus troubler le repos des morts.

Production modeste ficelée avec trois bouts de ficelle — hormis des FX artisanaux soignés pour un final paroxystique ! — Une Nuit trop noire entame sa première partie sous le signe d’une vengeance de petites frappes : des adolescentes rancunières, jalouses, qui briment leur proie. Pendant ce temps, la fille du défunt s’instruit sur les agissements funèbres de ce père capable d’aspirer l’énergie vitale par pur ressort psychique. Et cette mise en place, d’apparence convenue, bascule vite vers le clou de l’intrigue : l’épreuve cauchemardesque, au cœur d’un mausolée rongé par une force démoniaque.

 
Julie — interprétée avec sobriété par la novice et charmante Meg Tilly, surtout face à ses partenaires potiches qu’on rêve de gifler — doit tenir toute une nuit dans cet antre morbide, armée pour seul réconfort d’une lampe de poche et d’un duvet. Cette torture mentale, commanditée par les trois harpies, lui est infligée pour avoir osé flirter avec l’un de leurs ex. En mal de reconnaissance, ces rebelles de pacotille pénètrent finalement dans la crypte pour effrayer leur captive par des farces macabres. Sans temps mort — malgré une mise en place sans soubresauts —, le film exploite à merveille les corridors funèbres de la morgue, et distille une ambiance ombreuse, étouffante, sublimée par une partition lancinante qui étreint tout le récit et s’insinue dans les nerfs de Julie. Jusqu’à une dernière partie haletante, affolante, où surgit une armée de cadavres exsangues à l’aura pestilentielle, déversant une atmosphère mortifère sur ces pauvres mortelles désemparées.

Outre cette ambiance poisseuse, saluons l’efficacité des effets spéciaux : maquillages putrides, chairs dégoulinantes, anatomies décharnées, tout renforce le réalisme d’un cauchemar impossible à juguler pour les fuyardes paniquées. Des macchabées si fétides qu’on les croirait exhumés d’une production des années 70, tant leur pourriture semble documentaire.


« Une Nuit trop noire : mausolée des rancunes, crypte des morts-vivants » 
En dépit d’une intrigue minimaliste — jamais ennuyeuse — qui ose réinventer le vampirisme (mental, ici !), de quelques incohérences (l’héroïne, trop facilement brisée par les brimades, sans jamais percer à jour la présence pataude de ses bourreaux) et de personnages stéréotypés qu’on adore haïr, Une Nuit trop noire reste une perle pour amateurs de nuits glacées et de zombies suintants. Une immersion nécrophage à savourer dans le noir, à l’abri du souffle fétide de ses morts insomniaques.

*Eric Binford                
01/10/21. 6èx
03.10.18. (171)
10.05.11.  (310 v) 

jeudi 30 septembre 2021

Fenêtre sur Cour

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Rear Window" d'Alfred Hitchcock. 1954. U.S.A. 1h52. Avec James Stewart, Grace Kelly, Wendell Corey, Thelma Ritter, Raymond Burr, Judith Evelyn, Ross Bagdasarian Sr., Georgine Darcy 

Sortie salles France: 25 Avril 1955 (ou 14 Septembre 1955). U.S: 1er Août 1954

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.


"Quand on se sent voyeur c'est qu'on n'est pas assez proche des gens."
Modèle de mise en scène à travers un concept narratif follement original et inventif ne recourant qu'à très peu d'actions, Fenêtre sur Cour est un régal d'intelligence aux moult niveaux de lecture. Mise en abyme auprès du pouvoir du cinéma (James Stewart se confond en cinéaste novice à imprimer de son regard des tranches de vie clippesques au sein d'une quotidienneté domestique), réflexion sur les rapports délicats du couple, la peur de l'engagement mais aussi de la solitude. Mais surtout méditation sur le voyeurisme auquel nous dépendions tous, comme le souligne notre passion immodérée pour le 7 art d'y reluquer confortablement sans bouger de notre siège moults images extravagantes, Fenêtre sur Cour doit être enseigné dans toutes les écoles spécialisées tant Hitchcock, en pleine possession de ses moyens techniques (on ne compte plus les plans-séquences géométriques d'y contempler la banalité quotidienne de résidents d'un immeuble) redouble de dextérité et de créativité à travers une intrigue criminelle inusitée. Car il fallait oser façonner huis-clos aussi laconique avec, comme personnage principal, un héros grabataire cloué sur son fauteuil et tuant son ennui à épier ses voisins en compagnie quelque peu houleuse de sa compagne et de sa domestique. Or, en tant que maître incorruptible du suspense, Hitchcock leur confie sur un plateau d'argent un argument criminel redoutablement jouissif. Dans la mesure où ceux-ci vont rapidement se substituer en enquêteurs en herbe à tenter de démasquer, sans quasiment bouger de leur bercail, leur voisin probablement coupable du meurtre de son épouse aujourd'hui disparue. 

Emaillé de détails troubles et inquiétants que ces derniers reluquent à l'aide d'une jumelle et d'un téléobjectif qu'ils se relayent de temps à autre, Fenêtre sur Cour demeure un jubilatoire jeu du chat et de la souris par appartements interposés. L'entièreté du récit s'évertuant à confiner nos héros dans leur appartement restreint puisque observant méticuleusement, et dans la pénombre pour ne point être démasqués, faits et gestes des voisins et du présumé coupable avec une audace toujours plus illégale. A l'instar du stratagème badin de Grace Kelly (d'une douceur d'esprit pour autant lascive et raffinée) décidant finalement de pénétrer par effraction dans l'appartement du potentiel assassin. Quand bien même James Stewart (d'une sobriété placide en posture fureteuse et contrariée) et Thelma Ritter (en domestique sclérosée prônant le bon sens auprès de son employeur, célibataire endurci difficile à persuader) observent la situation avec une appréhension davantage ingérable. Alfred Hitchcock redoublant par ailleurs de perversité lorsque l'une des voisines de l'immeuble est sur le point de s'empoisonner au moment même où Grace Kelly demeure en très fâcheuse posture avec le propriétaire suspicieux de l'appartement. Ainsi, se pose donc la question cruciale ! Qui doivent-ils sauver ? Et donc, à travers leurs attitudes fureteuses et affrontements contradictoires à culpabiliser ou non ce mystérieux voisin de manière toujours plus affirmative, Hitchcock nous démontre à quel point l'accoutumance irrépressible du voyeurisme puisse parfois prêter à confusion à partir de préjugés. Même si en l'occurrence nos protagonistes s'avèrent sur la voie de la vérité de par leur intelligence d'esprit à cumuler de nombreux indices probants.  

Modèle de rigueur dans son suspens ciselé (en dépit de quelques longueurs lors de sa mise en place) n'omettant jamais l'humour auprès des aimables apartés des comédiens à la complicité vivace, Fenêtre sur Cour ne cesse de nous ébranler la vue et l'esprit à travers cette insensée mise en abyme  qu'Hitchcock transfigure pour mieux nous opposer aux bas instincts du "spectacle" visuel. Celui de notre appétence voyeuriste que chacun de nous reluque dans une discrétion à peine assumée.  

*Eric Binford
3èx

Récompense: Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario en 1955 pour John Michael Hayes

La Momie

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site sallesobscures2.over-blog.fr

"The Mummy" de Stephen Sommers. 1999. U.S.A. 2h04. Avec Brendan Fraser, Rachel Weisz, John Hannah, Arnold Vosloo, Kevin J. O'Connor, Jonathan Hyde, 

Sortie salles France: 21 Juillet 1999 

FILMOGRAPHIEStephen Sommers (né le 20 mars 1962) est réalisateur, producteur et scénariste américain. 1989: Catch Me If You Can. 1993: Les Aventures de Huckleberry Finn. 1994: Le Livre de la Jungle. 1998: Un Cri dans l'Océan. 1999: La Momie. 2001: Le Retour de la Momie. 2004: Van Helsing. 2009: G.I. Joe : Le Réveil du Cobra. 2013: Odd Thomas. 


Les aventuriers de la Momie Perdue n'a rien à envier aux cinémas de quartier révolus. 
Jouissive récréation du Samedi soir beaucoup plus inspirée par la saga d'Indiana Jones que de la Momie d'Universal immortalisée par Karloff, La Momie ne nous laisse nul répit 2h04 durant. Puisque délibéré à contenter un public familial à travers son savant dosage de romance, d'actions, d'aventures, d'humour et d'horreur (docile), La Momie transpire la série B de luxe sous l'impulsion de l'orchestration effrénée de Jerry Goldsmith et de personnages extravagants jouant les drilles avec une mine frétillante. Tant auprès de ceux tributaires de leur périple héroïque (Brendan Fraser en aventurier de seconde zone, regard assuré / mâchoire serrée en mode semi-parodique, Rachel Weisz en bibliothécaire gentiment godiche) que des secondes têtes (John Hannah endossant le frère de la bibliothécaire dans une carrure fluette aussi empotée qu'étourdie, Arnold Vosloo se fondant dans le corps mastard de la momie avec une sobriété patibulaire où perce la dérision tacite, et enfin Kevin J. O'Connor endossant le félon récidiviste dans une expression chafouine gentiment détestable). 

Ainsi, tous ces personnages bonnards se prêtent aimablement à l'aventure trépidante (parfois traversée de souffle-épique comme le souligne son incroyable séquence d'ouverture digne d'une offensive chevaleresque de Lauwrence d'Arabie !) avec un goût du risque, de l'audace, de la bévue et de la compétition eu égard des rivalités entre clans se disputant le trésor (pour la mise du livre des morts et  du livre d'or !) lors d'une inimitié cocasse. Stephen Sommers parvenant en toute efficacité à relancer l'action et le récit dans de multiples directions exotiques ou caverneuses, notamment par l'entremise des Medjaÿ, descendants des gardes des pharaons uniquement préoccupés à préserver la nécropole maudite que se disputent les 2 clans adverses. Magnifiés de somptueux décors égyptiens, tant naturels que domestiques, faisant office de seconds-rôles parmi l'appui d'effets numériques tantôt crédibles, tantôt perfectibles, La Momie est toutefois un ravissement formel rehaussé qui plus est d'une photo sépia subtilement nuancée (tout du moins en version 4K plus jaunâtre, moins rutilante qu'en format Dvd). Et si certains CGI s'avèrent complètement foirés (les scarabées pénétrant sous la peau des victimes sans aucun réalisme), d'autres parviennent in extremis à fasciner (la régénération corporelle de la Momie passant de squelette à différents stades de métamorphoses afin de reconstituer son corps de chair et de sang qu'il sustente grâce à ses proies). 

Spectacle exhaustif d'actions et d'aventures familiales sous le pilier d'un humour bonnard à la fois attachant et rafraîchissant, la Momie rend hommage à Universal (en toute modestie), à Ray Harryhausen (son final belliqueux qu'amorce une armée de squelettes fusant tous azimuts autour de nos héros haletés) et surtout Indiana Jones à travers une pléthore de savoureux clins d'oeil jamais vulgaires ou contrefaits. Stephen Sommers vouant plutôt une prédilection amoureuse au cinéma de quartier avec l'appui d'un budget autrement substantiel. D'ailleurs, le public avide de manège à sensations ne s'y trompera pas, la Momie se hissant 6è au Box-Office français avec 3 millions d'entrées, sans compter ses 416 millions de dollars de recettes cultivées à travers le monde. 

 *Eric Binford
3èx

Récompenses:

1999 Écran d'or Prix de l'Écran d'or -

Prix Bogey d'or

Prix international de la critique de musique de film

2000 Académie des films de science-fiction, fantastique et d'horreur - Saturn Awards Saturn Award du meilleur maquillage Nick Dudman et Aileen Seaton

Prix BMI du cinéma et de la télévision Prix BMI de la meilleure musique de film Jerry Goldsmith

mardi 28 septembre 2021

Humongous (la Malédiction de l'île aux chiens)

                                                      
                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au s ite Imdb.com

de Paul Lynch. Canada. 1982. 1h35. Avec Janet Julian, David Wallace, John Wildman, Janit Baldwin, Joy Boushel, Layne Coleman.

Sortie US : 11 Juin 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVEPaul Lynch est un réalisateur, scénariste et producteur britannique de films et séries TV, né en 1946 à Liverpool (Royaume-Uni). 1973 : The Hard Part Begins, 1978 : Blood & Guts, 1980 : Le Bal de l'horreur (Prom Night), 1982 : La Malédiction de l'île aux chiens (Humongous), 1983 : Cross Country, 1986: Blindside, 1997 : No Contest II, 1999 : More to Love, 2004: The Keeper.

Série B d’exploitation surfant sur les succès d’Anthropophagous et, à moindre échelle, de La Tour du Diable, Humongous fut, dans les années 80, un hit de vidéo-club que certains spectateurs n’hésitèrent pas à ériger en œuvre culte, aussi mineur soit son contenu linéaire. Exhumé de l’oubli grâce à l’éditeur français Uncut Movies, le voilà enfin disponible en DVD, plus de trente ans après sa sortie ! Une aubaine que les nostalgiques s’empresseront d’acquérir dans une copie plutôt correcte, et l’occasion pour la jeune génération de jauger sa petite renommée.

Reprenant le même pitch que l’œuvre scandaleuse de Joe D’Amato (une poignée de vacanciers échoués sur une île livrés à un tueur cannibale), Humongous lorgne davantage du côté de Survivance et de Vendredi 13, pour ce cadre forestier infesté d’un fou auquel une bande de gamins va évidemment tenter d’échapper, l’enjeu n’étant rien moins que leur survie. Si l’argument fut maintes fois rebattu et que les clichés usuels — personnages cabotins en tête — ne plaident guère en sa faveur, Humongous s’en tire par l’éclat d’une ambiance envoûtante, laissant traîner un suspense latent. Car jouant sur l’attente de la menace invisible et sur l’éclair fulgurant des estocades, Paul Lynch distille avec minutie une angoisse sourde, retardant l’apparition (hideuse) du monstre.

 
Une manière subtile de ménager le mystère, de titiller la peur par l’ouïe : les hurlements de chiens filtrant des sous-bois, la respiration rauque (vue subjective oblige) épousant chaque geste, chaque tremblement des vacanciers. Mais le clou de l’effroi, le cœur palpitant du film, pulse dans la découverte d’une demeure familiale aux secrets fangeux. On y revient, au prologue d’une cruauté glaçante : un homme ivre viole une amie avant d’être déchiqueté par une meute de chiens. Sans conteste le moment le plus violent, le plus scabreux, rendu insoutenable par le vérisme abrupt de sa dramaturgie. Par touches, par un journal intime froissé, par de vieilles photos jaunies, Paul Lynch crédibilise la souillure familiale, viol et homicide en germe du mal.

Si certains comédiens, à la banalité de leur physique, s’avèrent superficiels en victimes expiatoires, ils parviennent malgré tout à captiver, à susciter un élan de compassion par leur vaillance, leur obstination à franchir l’antre maudit, leur solidarité fragile face à une menace tapie. Mention à Janet Julian, héroïne inattendue, qui distille un charisme sombre dans sa peur, et quelques audaces salvatrices face à l’ogre sylvestre.

 
"Échos de chiens et soupirs de sang".
Modestement efficace, parfois angoissant, souvent brutal, et haletant dans ses ultimes convulsions (les meurtres claquent et le final, cliché ou pas, mord jusqu’au bout), Humongous se hisse surtout par l’étoffe de son atmosphère mortifère, chose rare aujourd’hui : musicalité au synthé, photogénie blafarde, tension rampante. Un petit survival horrifique, scandé par un score dissonant, à savourer encore, nostalgiques en tête : Humongous tient la route, immerge sans relâche dans son sous-bois obscur, et surprend par quelques cadrages alambiqués, formels jusqu’à l’inattendu.

Salutation à Uncut Movies (http://www.uncutmovies.fr/)

*Eric Binford
05.08.14. 158 v
26.09.21. 3èx

lundi 27 septembre 2021

Zombie Holocaust / La Terreur des Zombies

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marino Girolami. 1979. Italie. 1h24. Avec Ian McCulloch, Alexandra Cole, Sherry Buchanan, Peter O'Neal, Donald O'Brien 

Sortie salles France: 22 Avril 1981. Italie: Décembre 1979

FILMOGRAPHIE: Marino Girolami (aussi connu sous les pseudonymes de Franco Martinelli, Frank Martin, Jean Bastide, Fred Wilson ou Bernado Rossi) est un réalisateur italien né le 1er février 1914 à Rome et mort à Naples le 20 février 1994. Il est le père d’Ennio Girolami et Enzo G. Castellari et a pour frère l’acteur Romolo Guerrieri. 1951 : Milano miliardaria. 1951 : Il mago per forza. 1951 : Terre de violence (Amore e sangue). 1951 : Quelles drôles de nuits (Era lui... sì! sì!). 1975 : Rome violente. 1976 : Opération jaguar. 1979 : La Terreur des zombies.  

Croisement improbable de Cannibal Holocaust et l'Enfer des Zombies (dont il reprend même quelques décors et acteurs), Zombie Holocaust est une série Z transalpine qui vaut essentiellement pour ses scènes gores assez réussies et crapoteuses. Dommage que le récit ridicule, ses dialogues risibles, la posture contractée des acteurs de seconde zone et les zombies peu convaincants finissent (très) rapidement par plomber toute ambition ludique. 

*Eric Binford
2èx

mercredi 22 septembre 2021

Serpico

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sidney Lumet. 1973. U.S.A/Italie. 2h10. Avec Al Pacino, John Randolph, Jack Kehoe, Biff McGuire, Barbara Eda-Young, Cornelia Sharpe, Tony Roberts, Allan Rich. 

Sortie salles France: 22 Mai 1974. U.S: 5 Décembre 1973

FILMOGRAPHIE: Sidney Lumet est un réalisateur américain, né le 25 Juin 1924 à Philadelphie, décédé le 9 avril 2011 à New-York. 1957: 12 Hommes en colère. 1958: Les Feux du Théâtre. 1959: Une Espèce de Garce. 1959: l'Homme à la peau de serpent. 1961: Vu du pont. 1962: Long voyage vers la nuit. 1964: Le Prêteur sur gages. 1964: Point Limite. 1965: La Colline des Hommes perdus. 1966: Le Groupe. 1966: MI5 demande protection. 1968: Bye bye Braverman. 1968: La Mouette. 1969: Le Rendez-vous. 1970: Last of the mobile hot shots. 1970: King: A filmed record... Montgomery to Memphis. 1971: Le Dossier Anderson. 1972: The Offence. 1972: Les Yeux de Satan. 1973: Serpico. 1974: Lovin' Molly. 1974: Le Crime de l'Orient Express. 1975: Un Après-midi de chien. 1976: Network, main basse sur la TV. 1977: Equus. 1978: The Wiz. 1980: Just tell me what you want. 1981: Le Prince de New-York. 1982: Piège Mortel. 1982: Le Verdict. 1983: Daniel. 1984: A la recherche de Garbo. 1986: Les Coulisses du Pouvoir. 1986: Le Lendemain du Crime. 1988: A bout de course. 1989: Family Business. 1990: Contre Enquête. 1992: Une Etrangère parmi nous. 1993: l'Avocat du Diable. 1997: Dans l'ombre de Manhattan. 1997: Critical Care. 1999: Gloria. 2006: Jugez moi coupable. 2007: 7h58 ce samedi-là.

"Ma présence ici aujourd'hui me donne l'espoir qu'à l'avenir les membres de la police n'éprouveront plus les déception et les angoisses que j'ai subi par la faute de mes supérieurs parce que j'essayais de dénoncer la corruption. Ils m'ont fait sentir que je les chargeais d'une tâche dont ils ne voulaient à aucun prix. Ce qui importe c'est de mettre un terme à cette ambiance et à cet état d'esprit, il faut qu'un policier honnête puisse agir sans avoir peur du ridicule ou des représailles de ces collègues. La corruption de la police ne peut exister que si elle est tolérée par les plus hautes autorités. Votre devoir le plus important c'est de redonner confiance à tous, c'est de convaincre le personnel de la police que de grands changements interviendront. C'est pour assurer cette garantie que la création d'un comité permanent et indépendant enquêtant sur la corruption comme l'a fait cette commission est essentielle." Serpico. 

Une date dans l'histoire du cinéma policier symptomatique du cinéma vérité des Seventies sous l'impulsion d'un Pacino aussi fébrile que vulnérable. 

Sortir à nouveau de la projo de Serpico après une dizaine d'années d'abstinence prouve à quel point le cinéma des années 70 demeure un vivier inépuisable de classiques inoxydables eu égard de la puissance émotionnelle qui s'y dégage sans fioritures. Mais pas que, car son réalisme documenté, sa violence âpre ne sont pas en reste lorsqu'il s'agit d'y pratiquer un cinéma engagé auprès du profil stoïque d'un représentant de l'ordre à la fois burné, dubitatif et anticonformiste. Ainsi donc, en s'inspirant de l'histoire vraie du jeune recrue Serpico délibéré 11 années durant à tenter de percer au grand jour la corruption policière au sein de son propre commissariat, l'immense Sidney Lumet déploie son talent de conteur et de metteur en scène studieux au gré d'une intensité dramatique lestement exposée. Pour ce faire, on peut évidemment compter sur la présence (déjà) iconique d'Al Pacino tout en sobriété pour se fondre dans le corps d'un policier néophyte réfutant les conventions à travers sa tenue vestimentaire baba cool, longs cheveux bruns et barbe en sus afin de se démarquer de ses confrères et ainsi mieux alpaguer la faune urbaine. 


Omniprésent à l'écran, Al Pacino dégage une force d'expression à la fois irascible, langoureuse et soucieuse de par son parcours de longue haleine à dénoncer le corps policier complice de corruption, entre violences policières, pots de vin, abus de pouvoir, racket, malversations (et non assistance à personne en danger). L'intérêt de l'intrigue soigneusement charpentée dépeignant l'acharnement de ce jeune flic seul contre tous, qui plus est exploité par quelques bienfaiteurs sournois, se démenant à ébruiter la vérité au grand dam de sa liaison conjugale en perdition. Sidney Lumet accordant notamment beaucoup d'intérêt (tout du moins à un moment propice du récit) à radiographier la dépression morale de Serpico peu à l'écoute de l'être aimé, car peu enclin à considérer son épouse en détresse affective. Celui-ci demeurant hélas tiraillé par sa résilience, ses risques suicidaires et ses efforts disproportionnés à tenter de réunir des mains secourables dans sa prise de position contestataire à dénoncer ses pairs au mépris de sa hiérarchie davantage hostile. Le film débutant par l'agression probablement mortelle de Serpico, Sidney Lumet instaurant durant tout le récit un suspense dramatique tacite quant au sort précaire de celui-ci. Quand bien même nous nous interrogions autant sur les conditions qui ont pu engendrer son agression et quels en étaient les complices osant commanditer pareil guet-apens ?

Puissant réquisitoire contre toute forme de corruption policière, Serpico est un grand moment de cinéma à la fois humaniste et engagé à travers l'inoubliable profil de ce jeune flic vaillant (quelle leçon de courage !) sacrifiant sa vie (professionnelle et conjugale) au profit de sa droiture d'esprit. Inoubliable. 

*Eric Binford. 
3èx