Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Steven Spielberg. 2022. U.S.A. 2h31. Avec Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Seth Rogen, Paul Dano, Julia Butters, Sam Rechner, Gabriel Bateman, Chloe East, Oakes Fegley.
Sortie salles France: 22 Février 2023
FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis). 1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade. 1989: Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2011 : Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne. 2011 : Cheval de guerre. 2012 : Lincoln. 2015 : Le Pont des Espions. 2016 : Le Bon Gros Géant. 2017 : Pentagon Papers. 2018 : Ready Player One. 2021 : West Side Story. 2022 : The Fabelmans.
"Les films sont des rêves mon chéri que tu n'oublies jamais. J'te promets que quand ce s'ra terminé tu auras un grand sourire sur ton visage !".
Récit autobiographique décrivant 2h30 durant la jeunesse de Steven Spielberg (ici également co-scénariste parmi Tony Kushner) quand bien même lorsque le fondu au noir final apparait, on se surprend déjà de voir défiler le générique sous un score tranquille, The Fabelmans touche en plein coeur le spectateur et le cinéphile (main dans la main, une fois n'est pas coutume) de par son intensité émotionnelle à la fois éprouvante, capiteuse, gracieuse. Tant et si bien que passé maître dans l'art d'y conter l'histoire, d'y autopsier ses persos dans une vibrante humanité et d'y styliser ses images pléthoriques (ou poétiques, c'est selon) au gré d'une sensibilité innée que l'on valide sans se poser de question, Steven Spielberg nous bouleverse à nouveau dans l'intime lorsqu'il aborde la douloureuse thématique du divorce qu'il vécut lors de son adolescence des années 50 à 1960. Or, si nous avions déjà eu un aperçu lors des projos d'E.T et d'A.I, ici il se dévoile à nu avec une rigoureuse franchise de par son souci documenté d'y dépeindre la quotidienneté bouleversée de ses personnages tributaires de l'éclatement de la cellule familiale. En particulier les enfants, quoique le point de vue des parents demeurent également digne d'intérêt.
Quand bien même le jeune Sam (Steven donc) se découvre une passion pour le cinéma que Spielberg transcende en juxtaposant illusion et réalité avec un art consommé de la poésie émerveillée. Mais de par la gravité de son thème susnommé prenant le pas sur la passion du cinéma (en forme de mise en abyme), on peut de toute évidence avouer qu'il s'agit bien de son oeuvre la plus personnelle tant le cinéaste se livre corps et âme à nous délivrer ses états d'âme face à la pudeur d'une caméra mature esquissant ses profils torturés à l'aide d'une vérité humaine infiniment communicative. Comme s'il s'agissait de notre propre vécu familial et cette angoisse viscérale, cette hantise refoulée de perdre nos parents. Si bien que littéralement impliqués par la fragilité de leurs émotions (chez Spielberg, les protagonistes demeurent profondément humains par leur valeur morale), les larmes coulent parfois à travers ses déchirures de coeur contraintes de subir la séparation parentale. Les acteurs, magnifiques de pudeur, d'humilité, de sobriété par leurs expressivités fulminantes ou désespérées nous communiquant une moisson d'émotions à la fois troubles, dures, cruelles ou contrairement sages, rassurantes passées des prises de décision réfléchies. Alors qu'au sein de ce désordre conjugal où enfant et ado, en perte de repères, sont pris dans la tourmente de la peur d'être séparés, Sam s'efforcera néanmoins de poursuivre sa vocation cinématographique de par son amour inné pour l'illusion de la pellicule. Et ce en faisant déjà la part des choses entre mauvais et vrai cinéma lors de sa projo de Day Beach face à un public euphorique. Avec en filigrane un hommage tant émouvant à ces classiques immuables de papa que l'on se remémore avec une nostalgie gratifiante.
“Le cinéma est un mélange parfait de vérité et de spectacle.”
Bouleversant à plus d'un titre (pour ne pas dire déchirant parfois) à travers la profondeur des personnages fouillés dans l'intimité d'une quotidienneté familiale aussi aimante et colérique qu'extravagante (surtout la mère lunaire) et sémillante, The Fabelmans est une nouvelle étoile stellaire que Spielberg fait vibrer et briller sous l'oeil scrupuleux de sa caméra prodige. L'oeuvre extrêmement personnelle, onirique, foisonnante, dépressive, demeurant autant un drame familial charpenté, humble et documenté, qu'un hymne à la chimère du 7è art le plus libérateur, éclaté (telle une bulle de champagne), vertigineux. Un nouveau chef-d'oeuvre au demeurant que l'on a déjà envie de redécouvrir sitôt le générique clos puisque si attristé de quitter ce portrait de famille tout à la fois écorché, digne et ambitieux.
*Bruno