mercredi 9 octobre 2024

Le Chat Noir / The Black Cat

                                             
                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Edgar G. Ulmer. 1934. U.S.A. 1h05. Avec Karloff Boris, Lugosi Bela, Manners David, Bishop Julie, Brecher Egon.

Sortie salles France: 13 Mars 1936. U.S: 7 mai 1934

FILMO: Edgar Georg Ulmer est un réalisateur, scénariste, producteur et directeur de la photographie américain d'origine autrichienne (1904-1972) responsable de 49 longs-métrages !


Hormis son titre inapproprié, Le chat Noir dépeint la confrontation au sommet de deux personnages ambitieux: un architecte et un psychiatre notoire entachés d'un lourd passé conflictuelle. Or, le Dr. Vitus Werdegast (Bela Lugosi) est aujourd'hui décidé à se venger de son bourreau après avoir vécu 15 années de bagne. Pour cause, durant la guerre, l'architecte Hjalmar Poelzig (Boris Karloff) profita de sa longue absence pour se méprendre de son épouse ainsi que sa fille. Mais Vitus, rescapé de l'enfer d'une forteresse Russe a retrouvé ses traces depuis l'exil de son rival aux 4 coins du monde. Quand bien même un jeune couple égaré incidemment dans la demeure de Hjalmar se retrouve mêlé à leur discorde. 

Ainsi donc, à travers l'affrontement cérébral entre nos stars de l'épouvante, Edgar Georg Ulmer nous livre un de ces glorieux classiques des années 30 à travers un récit implacablement structuré qui plus est renforcé d'une ambiance tantôt macabre, tantôt inquiétante, tantôt baroque. Car pour l'emploi de ce climat surréaliste fort particulier, nous sommes interpellés par la beauté et la modernité des décors architecturaux de la demeure exacerbés d'un éclairage expressionniste pour y parfaire des figures géométriques ainsi qu'un jeu d'ombres sournoises auprès de nos protagonistes obscurs qui entourent le couple égaré.

Quant aux couacs, au delà d'une unique scène humoristique entre deux policiers venus rendre visite dans la demeure et d'un détail narratif irrésolu (de quelle manière Hjalmar conserve inctact le corps de ses victimes embrigadées dans les cages de verre ?), Le Chat Noir est un passionnant jeu de pouvoir entre deux ennemis déterminés à ne point lâcher prise dans leur combat moral quelqu'en sera l'issue réservée. Et ce au nom de la fierté de l'arrivisme pour l'un et de la haine rancunière pour l'autre (au confins de la démence) quant au final horrifique particulièrement sadique.


Boris Karloff est impressionnant dans son personnage patibulaire imbus, lestement indocile, voir aussi dédaigneux envers sa clientèle livrée à sa merci à l'aune de ses troubles expériences. Haute stature imposante, regard lourd, sombre présence physique dans un accoutrement vestimentaire mortifère, Boris Karloff s'approprie du cadre avec une discrétion expressive hypnotique ! Bela Lugosi, lui, est futilement hautain lors de ses réponses emphatiques, épris de mélancolie aussi et de gravité. Car atteint d'une profonde douleur dans l'âme et le coeur, l'acteur laisse transparaitre avec un naturel rigoureusement inquiétant (voir parfois même malaisant) sa détresse, son chagrin insurmontable quant à sa tragique découverte filiale. 

D'autre part, en ce qui concerne son imagerie à la fois baroque et macabre (on reste pantois de trouble admiration pour la perversité invoquée aux cages de verres féminines !), on reste fasciné par son final haletant se clôturant sur une séance singulière de diabolique liturgie où le spectateur sera encore interloqué auprès de l'arrière plan d'un étrange décor gothique à l'art abstrait.

Passionnant dans ses caractérisations fébriles et étrangement magnétique pour la vigueur son noir et blanc évocateur, Le Chat Noir est surtout l'occasion de voir réunir à l'écran deux stars de l'épouvante rigoureusement impliqués, inspirés, habités par leur personnage occulte afin de nous susciter l'appréhension pour leur singulier règlement de compte aussi tortueux que tragique. Un classique effectivement immortel pour reprendre la tagline de son Dvd édité chez nous en version originale. 


Côte émotive (sur 5): ☆☆☆☆☆ 
P.S: les étoiles évaluent le plaisir ressenti, rien à voir avec une quelconque note objective.

*Bruno
09.10.24. 2èx. Vost
16.08.10

mardi 8 octobre 2024

Salem's Lot

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com 

de Gary Dauberman. 2024. U.S.A. 1h54. Avec Lewis Pullman, Makenzie Leigh, Alfre Woodard, William Sadler, Bill Camp, Pilou Asbæk.

Diffusé sur Max le 03 Octobre 2024

FILMOGRAPHIE: Gary Dauberman est un scénariste et réalisateur américain. 2019 : Annabelle : La Maison du mal (Annabelle Comes Home). Prévu pour 2024 : Salem (Salem's Lot)

Je rejoins Stephen King puisqu'il s'agit d'une fort sympathique réactualisation du mythe du vampire au sein d'un huis clos rural aussi chaleureux qu'inquiétant eu égard de la venue d'un invité surprise hyper charismatique (et donc aussi fascinant que terrifiant pour son apparence spectrale renouant aux sources du mythe façon Nosferatu).

La réalisation est étonnamment soignée et bien cadrée, la photo est splendide, la reconstitution des Seventies idoine, le cadre rassurant est chaleureux alors qu'à d'autre moments le gothisme architectural y contraste dans une emprise ensorcelante. Il y a aussi des séquences oniriques de toute beauté qui accompagnent le récit sans fioriture (la poursuite nocturne dans les bois en ombres chinoises) alors que les personnages, que l'on croirait évacués d'une série B des années 80, sont attachants auprès de leur cohésion et leur héroïsme de dernier ressort. Sur ce point, il fallait d'ailleurs oser offrir le rôle majeur à un enfant afro volant presque la vedette à son homologue adulte. 

C'est donc bien rodé, jamais ennuyeux, aussi mystérieux que palpitant, inventif qui plus est (les croix qui s'illuminent, les yeux qui blanchissent, les vampires éjectés par l'arrière au contact de la croix, le final dans le drive-in avec l'écran de cinéma, la scénographie onirico-féerique des enfants vampires) alors que son épilogue expéditif ne s'attarde pas sur le combat final entre vampire et survivant. Et puis enfin on peut relever l'audace du réalisateur d'y sacrifier quelques victimes de façon cruellement imprévisible pour s'extirper des clichés et en renforçant les situations de danger distillées au fil narratif sans vaine digression (on va droit à l'essentiel).

Une bonne série B horrifique donc, modeste, émotive, sans prétention, comme il en pullulait lors des années 80.

*Bruno
vost

lundi 7 octobre 2024

Louise (Take 2)

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Siegfried. 1998. France. 1h44. Avec Élodie Bouchez, Roschdy Zem, Gérald Thomassin, Antoine du Merle, Bruce Myers, Naguime Bendidi 

Sortie salles France: 20 Janvier 1999.

FILMOGRAPHIE: Siegfried, ou Sig, noms se scène de Siegfried Debrebant, est un réalisateur de cinéma et compositeur de musiques de films français, né le 23 janvier 1973 à Paris et mort en octobre 2024. 1998 : Louise (take 2). 2003 : Sansa. 2008 : Kinogamma - Part 1: East. 2008 : Kinogamma - Part 2: Far East. 2011 : Kids Stories. 2017 : Riga (Take 1). 

Notice: Quelques heures plus tôt avant d'écrire cette chronique, j'ai appris la mort de son réalisateur Siegfried décédé le Samedi 5 Octobre 2024.

“Cinéaste aux semelles de vent, Mozart de la caméra, musicien hors pair et le plus marginal de tous les marginaux que j'ai pu connaître. Le monde des films non formatés disparait avec lui. ” Stéphane Sorlat 

Triste sort que de condamner un grand film à l'oubli le plus arbitraire, Louise (take 2) reste l'une des oeuvres les plus marquantes des années 90 avec son binôme La Vie rêvée des Anges. Illuminé des présences d'Elodie Bouchez (l'innocence instinctive qu'elle nous retransmet bouleverse nos émotions dans sa posture d'écorchée vive) et de Roschdy Zem (subtilement poignant en clochard avenant) accompagnés d'un Gavroche des temps modernes, Antoine du Merle (chapeau l'artiste pour ton naturel à la fois insouciant, décomplexé, provocateur !), Louise (take 2) est une oeuvre quasi expérimentale dépeignant sous le pilier du docu-fiction l'équipée de jeunes SDF délinquants dans les métros et bas-fonds parisiens. Hyper attachant sous l'impulsion d'acteurs vivants plus qu'ils ne jouent leur fonction de laissés-pour-compte en perdition, Louise (take 2) nous plonge dans leur descente aux enfers avec une puissance dramatique assez singulière eu égard de la maîtrise de la réalisation ultra efficace. 

Tant auprès des évidentes improvisations auprès des répliques et situations criantes de vérité, de sa figuration marginale (pour ne pas dire fracassée) jouant leur propre rôle, de l'utilisation de la musique parfois agressive ou jazzy renforçant son aspect documenté pris sur le vif, que des moments de joie et de tendresse que l'on perçoit avec une trouble empathie proche de l'ivresse. A l'instar de cette hallucinante poursuite à pied dans le métro puis dans les rues que Siegfried filme à l'arraché avec un brio personnel. Vortex d'émotions fortes dans un climat électrisant aussi glauque que parfois sordide, Louise (take 2) est transcendé de son acuité humaniste auprès de ces marginaux juvéniles livrés à eux même mais d'un courage, d'une audace et d'une dignité à couper au rasoir pour déjouer leur misère dans leur condition d'exclus que les corps policiers, psychiatriques, sanitaires et sociaux (la Ddass) sont incapable d'endiguer faute de leur absence d'empathie dénuée de pitié et d'indulgence dans leur refus d'être à l'écoute de l'autre. Une oeuvre puissante donc assez dure, violente (dans les dialogues et certains comportements délinquants) et cauchemardesque, mais si tendre et euphorisante car loin de se confiner dans la désillusion de la sinistrose de par la rédemption de l'amour autant parentale que conjugale que les acteurs expriment avec une sensibilité écorchée vive. Indispensable. 


*Bruno
07.10.24. 3èX

Récompense: Prix Michel d'Ornano à Deauville.

jeudi 3 octobre 2024

Naïs

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Raymond Leboursier et Marcel Pagnol. 1945. France. 1h58. Avec Fernandel, Jacqueline Bouvier, Raymond Pellegrin, Henri Poupon, Germaine Kerjean, Henri Arius.

Sortie salles France: 22 Novembre 1945

FILMOGRAPHIE: Marcel Pagnol est un écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français, né le 28 février 1895 à Aubagne (Bouches-du-Rhône), et mort à Paris le 18 avril 1974 (à 79 ans). 1933 : Le Gendre de Monsieur Poirier. 1933 : Jofroi. 1935 : Merlusse. 1935 : Cigalon. 1936 : Topaze. 1936 : César. 1937 : Regain. 1938 : Le Schpountz. 1938 : La Femme du boulanger. 1940 : La Fille du puisatier. 1945 : Naïs. 1948 : La Belle Meunière. 1951 : Topaze. 1952 : Manon des sources. 1952 : Ugolin. 1954 : Les Lettres de mon moulin. 1967 : Le Curé de Cucugnan (téléfilm).

Quand un bossu en mal d'amour s'éprend de la belle paysanne Naïs avant de se raviser depuis le retour de Frédéric Rostand qu'elle ne peut s'empêcher d'aimer éperdument, cela donne un bien étrange drame romantico-criminel teinté de comédie de marivaudage que les dialogues fleuris de Marcel Pagnol transfigurent à travers sa poésie naturaliste où dévouement et abnégation demeurent les maîtres mots auprès d'un pygmalion à la fois cocasse, attachant et émouvant que Fernandel monopolise dans une discrète tendresse. 

Surprenant, personnel et déconcertant, notamment auprès de la caractérisation anti-manichéenne des personnages de Toine, le bossu, de Frédéric et du père de Naïs, ce très beau mélo provincial ne cible guère un public familial dans son refus de fioriture et de facilité. Faute de la complexité de ses personnages discutables (avec notamment un discours sensiblement frondeur sur le machisme et le patriarcat), de la pudeur de son émotion somme toute contenue et d'un climat champêtre doucereusement expressif dans sa facture monochrome d'après-guerre.

A redécouvrir avec une attention aussi exigeante qu'avertie.

*Bruno
2èx

mercredi 2 octobre 2024

Strange Darling

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de  JT Mollner. 2024. U.S.A. 1h37. Avec Willa Fitzgerald, Kyle Gallner, Barbara Hershey, Ed Begley Jr.

Sortie salles France: ?. U.S: 23 Août 2024.

FILMOGRAPHIE: JT Mollner est un réalisateur , producteur de films , scénariste , entrepreneur et ancien acteur américain. 2016: Outlaws and Angels. 2024: Strange Darling. 

                                                                                                                                                                       
Coup de 💓 2024 ! Quand on oublie que l'on est au cinéma tant on est pris par la chimère ! 

Warning ! Afin de préserver tout effet de surprise, il est formellement déconseillé de regarder la bande-annonce et de lire le pitch. 

Folie A2 !
Sachez simplement qu'il s'agit d'une longue traque entre un serial-killer et sa victime 1h31 durant sous l'impulsion d'un mémorable duo que vous n'êtes pas prêts d'oublier. 
Et donc, afin de ne pas divulguer tous spoilers et twist à la renverse qui irriguent l'intrigue scindée en 7 chapitres (en comptant l'épilogue d'une inattendue rupture de ton confinant au sublime), sachez que le réalisateur néophyte JT Mollner (il s'agit de son second long après un essai standard passé inaperçu) s'y entend à point nommé pour faire voler en éclat tous les codes du thriller horrifique afin de mieux nous (dés)orienter vers des chemins de traverse vitriolés. Et cela fonctionne "davantage" à plein régime au fil d'une évolution narrative éclatée où la chronologie temporelle y est sciemment anarchisée. 
Ainsi donc, le premier quart d'heure a beau nous faire craindre la redite d'une situation convenue, Strange Darling ne fait que tabler sur le simulacre d'une confrontation psychologique au diapason, de manière à mieux nous piéger sur ce que nous étions entrain de voir plus tôt sans trop d'implication motivante. 


Alors que la séquence prochaine viendra remettre en question ce à quoi nous étions entrain d'assister en tant que témoin d'une drague improvisée. Et c'est tout le génie de cette vrombissante série B surfant sur un certain pilier Tarantinesque à travers sa violence tranchée, ses éclairs d'humour sardonique, ses répliques chiadées, sa chronologie désorganisée qu'il est impossible d'anticiper, que de compter sur son intrigue sournoise, réglée comme une horloge, afin de bousculer nos attentes de spectateur exigeant avec un art consommé de la roublardise. Le tout enrobé d'une photo saturée éclatante et d'un score romantique élaborés pour y séduire notre émotivité en dépit de l'immoralité du concept où les valeurs du Bien et du Mal s'y confondent dans un esprit sarcastique tout à la fois semi-parodique, semi-tragique, voir même semi-bouleversant (bordel ce final intime mélomane dénuée de paroles !). Tant et si bien que l'épilogue anthologique continuera sans doute d'hanter vos nuits (et/ou vos songes) avec l'étrange amertume d'avoir assisté à un OFNI faussement décalé, ludique, décomplexé. 


La Crise et la Lueur. 
Si après ça vous n'avez pas pigé que Strange Darling est une des meilleures cuvées de l'année 2024 en prime d'être inéluctablement culte de par ses audaces formelles/narratives qu'un jeu d'acteurs survitaminé (à marquer d'une pierre blanche j'vous dit, surtout auprès de ..... !!!) vient scander lors d'une confrontation singulière iconique, pour ne pas dire bipolaire, vous n'avez plus qu'à vous jeter par la fenêtre.  

*Bruno

mardi 1 octobre 2024

Les 7 Mercenaires / The Magnificent Seven

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Sturges. 1960. U.S.A. 2h08. Avec Yul Brynner, Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, Robert Vaughn, Brad Dexter, Horst Buchholz, Eli Wallach, Jorge Martínez Hoyos, Vladimir Sokoloff, Rosenda Monteros, Rico Alaniz. 

Sortie salles France: 1er Février 1961. U.S: 23 Octobre 1960

FILMOGRAPHIE: John Sturges est un réalisateur et producteur de films américain né le 3 janvier 1910 à Oak Park (Illinois) et mort le 18 août 1992 à San Luis Obispo (Californie).1948 : Le Signe du Bélier. 1949 : Les Aventuriers du désert. 1950 : La Capture. 1950 : Le Mystère de la plage perdue. 1950 : Right cross. 1950 : The Magnificent Yankee. 1951 : Kind Lady. 1951 : Le peuple accuse O'Hara. 1951 : It's a Big Country. 1953 : Fort Bravo. 1953 : La Plage déserte. 1954 : Un homme est passé. 1955 : Duel d'espions. 1955 : La Vénus des mers chaudes. 1956 : Coup de fouet en retour. 1957 : Règlements de comptes à OK Corral. 1958 : Le Trésor du pendu. 1958 : Le Vieil Homme et la mer. 1959 : La Proie des Vautours. 1958 : Le Dernier Train de Gun Hill. 1960 : Les Sept Mercenaires. 1961 : Par l'amour possédé. 1962 : Citoyen de nulle part. 1962 : Les Trois Sergents. 1963 : La Grande Évasion. 1965 : Station 3 : Ultra Secret. 1965 : Sur la piste de la grande caravane. 1967 : Sept secondes en enfer. 1968 : Destination Zebra, station polaire. 1969 : Les Naufragés de l'espace. 1972 : Joe Kidd. 1973 : Chino. 1974 : Un silencieux au bout du canon. 1976 : L'aigle s'est envolé.


Chef-d'oeuvre absolu d'une classe impériale, les 7 Mercenaires prouve à quel point le cinéma d'antan (ou de papa comme on dit en langage courant) pouvait dégager une alchimie prédominante auprès d'une oeuvre aussi bien sincère et (si) attentionnée qu'ambitieuse et riche d'émotions à travers son récit initiatique culminant au baroud d'honneur (on peut d'ailleurs prêter une certaine allusion à l'autre chef-d'oeuvre la Horde Sauvage de Peckinpah à travers ses thématiques du temps qui passe, de la vieillesse et du devoir de sacrifice). Et ce en dépit de l'inspiration de John Sturges à imiter les 7 Samouraïs dans une personnalité propre. Si bien qu'Akira Kurosawa lui offrit un nihontô (arme blanche du Japon) tant il fut satisfait du résultat ricain. Mais outre le plaisir ludique d'y suivre une intrigue latente prenant largement son temps à développer son récit et ses personnages en proie aux fêlures morales, remises en question et doute, les 7 Mercenaires étincelle de mille feux grâce à son cast légendaire. 


Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, Robert Vaughn, Brad Dexter, Horst Buchholz, Eli Wallach se disputant la vedette dans leur charisme iconique sous l'impulsion d'un Yul Brynner encore plus saillant à travers son charisme viril, sa force tranquille et rassurante, son flegme imperturbable, sa loyauté, son héroïsme studieux. Ainsi donc, magnifiquement mis en scène au sein d'un cadre sépia en format scope, les 7 Mercenaires confine à la grâce et au lyrisme, à l'expectative du suspense le plus jouissif (quelle mise en attente auprès des 2 conflits belliqueux !), aux gunfight chorégraphiés et au souffle épique d'une grande aventure militant pour le sens de l'amitié et la fraternité, le sens du sacrifice et la peur de la mort au profit d'une éloge à la famille, à l'amour et à la responsabilité paternelle. Le tout soutenu du score plein d'entrain d'Elmer Bernstein dans toutes les écoutilles. Inaltérable, pour ne pas dire imputrescible, notamment auprès de son raffinement visuel, les 7 Mercenaires prouve que le temps n'a aucune emprise sur les chefs-d'oeuvre à part entière destinés à perdurer à travers son acuité de fascination intergénérationnelle.  


*Bruno
2èx. Vostf. 4K

Budget : 2 000 000 $
Lieux du tournage: entièrement au Mexique.

vendredi 20 septembre 2024

La Montagne du Dieu Cannibale / La montagna del dio cannibale

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant à Mauvaisgenres

de Sergio Martino. 1978. Italie. 1h42. Avec Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli, Antonio Marsina, Franco Fantasia, Lanfranco Spinola, Carlo Longhi.

Sortie salles France: 12 Juillet 1978. Italie: 10 Août 1978

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


Quel bonheur de renouer avec un film d'aventures pour adultes en tenant compte qui plus est de son potentiel qualitatif n'ayant pas pris une ride ! 
Car si on déplore malheureusement ses abjectes snufs animaliers (imposés par les distributeurs) que l'on élude grâce à l'avance rapide de notre télécommande (à quand une version censurée obstruant toutes ses séquences animalières littéralement à vomir ?), la Montagne du Dieu cannibale est probablement l'une des meilleures réalisations de Sergio Martino (L'Étrange Vice de madame Wardh, Torso, la Queue du Scorpion, le Continent des Hommes poissons, 2019 après la chute de New-York, Atomic Cyborg). Un habile faiseur conjuguant le film de jungle, façon Tarzan, avec le film de cannibale (pour son final horrifiant émaillé de dégueulasseries) ayant inondé nos écrans entre la fin des années 70 et l'orée des années 80. Et donc, on pourrait presque parler de modèle d'efficacité à travers ce récit d'aventure prévisible pour autant semé d'évènements impromptus, incidents, agressions animales et rencontres tribales afin de relancer l'action disséminée à juste dose. Une histoire simple parfaitement structurée, d'autant mieux subordonnée aux réactions des personnages conflictuels nous dévoilant au compte goutte leur passé (parfois torturé). Sans compter un rebondissement plutôt bien amené en reconsidérant la moralité d'un personnage. Notre groupe d'aventuriers étant parti à la recherche d'un époux disparu en plein enfer vert. Et puis quel casting ! Stacy Keach, Ursula Andress (carrément nue par moments jusqu'à son apparence finale particulièrement iconique !) s'entourant de seconds-rôles aussi sobrement expressifs, une fois n'est pas coutume, Claudio Cassinelli en tête en mercenaire écolo contrairement bienveillant. Si bien que l'on est loin des charismes bovins que nos chères séries Z transalpines ont souvent recruté sans se soucier de leur éventuel talent (oral/gestuel). 


Car il faut bien l'avouer, on ne s'ennuie jamais dans ce périple exotique faisant la part belle à une imagerie naturelle absolument dépaysante tant on a l'impression de voyager à l'étranger de l'intérieur notre salon sous l'impulsion de la mélodie tranquille du duo Guido De Angelis / Maurizio De Angelis dans toutes les oreilles. Sergio Martino exploitant à merveille sa végétation sauvage ramifiée (tournée au Sri Lanka et en Malaisie ! Carrément oui), notamment auprès de cascades sauvages que nos héros arpentent la mâchoire crispée (avec un p'tit soupçon de Délivrance, notamment pour la lâcheté d'un protagoniste). Et puis que dire de ce final en apothéose, une ultime demi-heure bifurquant vers le pur trip horrifique proprement dégueulbif si bien qu'il fut d'ailleurs estampillé Outre-manche "Video Nasty". A savoir le film de cannibales viscéral avec ce que cela sous-entend de séquences répulsives, à l'instar d'une émasculation filmée en plan serré, de perforations corporelles, d'un corps éventré pour être libéré de ses entrailles que les cannibales mastiquent goulument ou encore de ce déjeuner insensé à base de reptiles faisandés que ceux-ci dévorent tel des affamés. Et puis il y a cette séquence insensée absolument terrifiante de réalisme lorsqu'un immense Boa s'en prend à Ursula Andress pour l'entourer de sa queue afin de mieux l'étouffer. Quand bien même ses partenaires tentent fébrilement de la délivrer de ses entraves avec stoïcité désespérée. Une séquence hallucinée magnifiquement mise en scène surfant avec le Mondo que Roar ou encore le démentiel les Bêtes féroces attaquent exploiteront à nouveau plus tard à l'écran. 


Les Risques de l'Aventure. 
Un excellent film d'aventures horrifiques donc, à réserver évidemment aux initiés pour son aura malsaine infréquentable, notamment auprès de l'horreur pure instaurée lors de sa dernière partie aussi haletante que génialement répugnante. Quant aux snufs-animaliers, il serait préférable à l'avenir que le spectateur ait le choix d'opter pour une version expurgée. C'en est même un cri d'alarme que je lance désespérément auprès de nos éditeurs attitrés.

*Bruno
2èx. Vostrf

vendredi 13 septembre 2024

Roar

                                                 
                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Noel Marshall. 1981. 1h35. Avec Tippi Hedren, Noel Marshall, Rick Glassey, Melanie Griffith, Jerry Marshall, John Marshall 

Sortie salles France: 29 Août 1984. Australie: 30 Octobre 1981

FILMOGRAPHIENoel Marshall, né le 18 avril 1931 à Chicago, Illinois, mort le 27 juin 2010 à Santa Monica, Californie, est un producteur américain. 

"Le film le plus dangereux de l'histoire du cinéma" dixit sa tagline. Et on peut affirmer que Roar n'a point usurpé sa réputation de métrage complètement cintré eu égard des 70 incidents qui eurent lieux sur le tournage s'étalant sur une durée de onze années si bien que l'actrice Tippi Hedren se cassa la jambe, Mélanie Griffith subit une chirurgie réparatrice, le chef-op Jan De Bont fut scalpé pour subir ensuite 120 points de suture alors que son réalisateur Noel Marshall attrapa la gangrène après voir été mordu par un lion. Des fauves (tigres, lion, guépards) et éléphants réunis par centaines pour l'occasion d'un tournage de tous les dangers (pour ne pas dire inconsidéré) lorsque l'on tient également compte qu'ils n'étaient qu'apprivoisés à défaut d'être dressés faute d'absence de dompteur que Tippi Hedren et son époux réalisateur et producteur Noel Marshal remplacèrent de par l'amour porté pour eux. Ainsi donc, dénué de scénario (une famille rend visite à leur père réfugié dans un ranch en Afrique), Roar se décline en documentaire animalier sur la cohabitation entre l'homme et l'animal au sein d'un récit d'aventures totalement débridé. Avec toutefois, en filigrane, un louable réquisitoire contre le braconnage alors que certains animaux furent hélas sacrifiés au moment du tournage lors d'un incendie (en dépit de la contradiction de son carton d'avertissement au moment du générique).

Noel Marshal cumulant sans interruption aucune les séquences de confrontations et d'agressions entre nos héros et les fauves au sein d'un ranch exigu puis dans la nature environnante magnifiquement photographiée. Et si une inévitable redondance s'y fait fatalement ressentir durant ce périple exotique, les folles séquences d'agressions sont si insensées et impactantes, si couillues et incongrues que l'on reste rivé au siège les yeux écarquillés. Au point de perdre pied avec notre réalité de spectateur confortablement assis sur son fauteuil. Noel Marshal relançant louablement l'action cintrée pour éviter la lassitude en oscillant les décors (domestiques / naturels) et les véhicules (jeep, moto, barque) que nos héros arpentent avec une appréhension (parfois paranoïde) non simulée. Bref, certain(e)s semblent même au bord de la panique face à l'omniprésence inhospitalière de ces monstres à poil ! Car il faut les voir accourir tous azimuts la mine contractée (pour ne pas dire grimaçante !) au sein de leur huis-clos délabré puis en externe (dans la jungle mais aussi sur l'eau) en s'efforçant de se fondre dans leur corps martyrisé avec un réalisme fébrile infiniment communicatif. Et c'est ce qui fait l'intérêt constant de cette improbable aventure confondant réalité et fiction depuis l'influence du mondo initié par les frères Jacopetti d'aligner en métronome des séquences anthologiques à deux doigts de sombrer dans l'incident du direct eu égard des risques disproportionnés entamés sur le tournage comme nul métrage n'osa l'envisager. 

Et si cette expérience cinématographique d'un budget de 17 millions de dollars se solda par un échec commercial retentissant (il n'en rapporta que 2), le bouche-à-oreille ahurissant qui se propagea au fil des décennies voua Roar à l'aura de culte. Tant il laisse en mémoire des séquences estomaquantes vues nulle part ailleurs faute de l'inexpérience d'une équipe transie d'irresponsabilité. En 7 mots: il faut le voir pour le croire. 

*Bruno

Ci-joint Roar en video: https://www.facebook.com/1616051879/videos/1975820812839673/

mardi 10 septembre 2024

Les 3 Fantastiques

                                           
                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michaël Dichter. 2024. France. 1h36. Avec Diego Murgia, Emmanuelle Bercot, Raphael Quenard, Jean Devie, Benjamin Tellier, Maxime Bailleul.

Sortie salles France: 15 Mai 2024

FILMOGRAPHIE: Michaël Dichter est réalisateur et acteur. 2021: Boys Feels: I Love Trouble. 2023: Les 3 Fantastiques. 


Avant toute chose, attention à la confusion de son affiche particulièrement fallacieuse suggérant un teen movie à la fois désinhibé et frétillant alors que nous avions affaire à la gravité du drame social sur la perte de l'innocence bifurquant à mi-parcours vers le thriller à rebondissements dépendant de l'intrigue. Si bien que les 3 fantastiques (titre nullement gratuit puisque justifié auprès des ambitions des personnages) pourrait déconcerter les non avertis comme je le fus malgré moi. Première réalisation de Michael Dichter entouré du second-rôle Raphael Quenard (révélé dans le splendide Chien de la Casse), les 3 Fantastiques parvient à nous immerger dans les tourments en perdition de trois adolescents campés par de jeunes comédiens amateurs épatants de naturel, d'implication autonome auprès de leur évolution morale déclinante. Particulièrement Diego Murgia endossant le rôle de Max avec une innocence expressive à la fois empathique, pure, poignante, car sévèrement contrariée eu égard de sa condition désoeuvrée à tenter de sauver son grand frère tout juste libéré de prison. 


Il faut dire que le scénario qui se ramifie autour des agissements du trio amical surprend fréquemment quant aux circonstances d'actes frauduleux perpétrés pour le compte d'un enjeu humain désespéré. Celui de tenter de sauver une âme perdue en lui évitant à nouveau la case prison quitte à se brûler soi-même les ailes de l'illégalité auprès du sens du sacrifice fraternel. Ainsi, les 3 Fantastiques adopte une tournure dramatique davantage anxiogène, cruelle, sans échappatoire, notamment en abordant en filigrane l'épineux problème du harcèlement scolaire que l'un d'eux subit particulièrement du fait de sa fragilité timorée. Or, ce qui interpelle lors de leurs actions davantage irresponsables émane de leurs implications personnelles à tenter de s'extraire de l'infortune avec un héroïsme solidaire à la fois suicidaire, hésitant et désemparé. Le réalisateur prenant soin de ne pas prendre de sentiers balisés pour mieux nous surprendre lors d'improvisations détonantes. A l'instar de certaines répliques tellement drôles et naturelles (j'évoque la première partie autrement légère du récit) qu'elles semblent impromptues au moment du tournage (on sait d'ailleurs que Raphael Quenard est un poète qualifié pour son amour immodéré des mots d'esprit).


Le grand frère.
Nanti d'une fragilité sensible jamais démonstrative pour tenir lieu d'une crise sociale au sein de la cellule familiale (le rôle de la mère à la fois mutique et dépressive en est éloquent), les 3 Fantastiques touche au coeur et à la raison avec une amertume déconfite eu égard de la dramaturgie galopante qui se dessine autour des personnages meurtris rongés par le sentiment d'injustice, la peur de l'échec, l'absence d'estime de soi, notamment faute du tableau dérisoire imparti à la démission (mono)parentale. Une première oeuvre fort réussie donc qui sonne juste et frappe fort quant aux valeurs de l'amitié et de la famille (au passage superbe rôle sentencieux pour Emmanuelle Bercot) volant ici en éclat à la suite de revirements moraux irréversibles. Avec une judicieuse maîtrise de sa formidable BO, de sa réalisation attentive et de sa photo plutôt bien éclairée que l'on n'a point coutume de rencontrer dans le paysage du cinéma français indépendant en l'occurrence stylisé.  

*Bruno

Eclosion / They nest. Prix du public lors du festival Fantastic'Arts 2001.

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de Ellory Elkayem. 2000. U.S.A. 1h30. Avec Thomas Calabro, Dean Stockwell, John Savage, Kristen Dalton, Tom McBeath, Mark Schooley 

Sortie salles U.S: 25 juillet 2000. Sortie video France: 18 avril 2001 

FILMOGRAPHIEEllory Elkayem est un réalisateur néo-zélandais né le 12 août 1970 à Christchurch. Without a Paddle: Nature's Calling. 2009. Return of the Living Dead: Rave to the Grave (2005). Return of the Living Dead: Necropolis (2005). Arac Attack, les monstres à huit pattes (2002). Éclosion (2000). 

Gentiment sympa et agréable à suivre, principalement grâce à l'attachement des personnages plutôt convaincants, Eclosion est toutefois carrément gâché par ses effets-spéciaux numérisés absolument déplorables pour nous convaincre de l'invasion de ses blattes indignes d'un mauvais dessin animé. Alors qu'à d'autres moments certains effets spéciaux mécaniques parviennent à provoquer l'effroi escompté à travers des visions morbides, sanglantes, mutantes autrement viscérales.

Prix du public lors du festival Fantastic'Arts 2001.

*Bruno
2èx

lundi 9 septembre 2024

City of Darkness

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com


de Soi Cheang Pou-soi. 2024. Hong-Kong. 2h05. Avec Louis Koo, Sammo Hung, Richie Jen, Raymond Lam, Terrance Lau, Philip Ng 

Sortie salles France: 14 Août 2024

FILMOGRAPHIE: Soi Cheang Pou-soi (chinois simplifié : 鄭保瑞 ; pinyin : Cheang Pou-soi), né le 11 juillet 1972 à Macao, est un réalisateur hongkongais. 2000 : Diamond Hill. 2001 : Horror Hotline... Big Head Monster. 2002 : New Blood. 2003 : The Death Curse. 2004 : Love Battlefield. 2004 : Hidden Heroes. 2005 : Home Sweet Home. 2006 : Dog Bite Dog. 2007 : Coq de combat. 2009 : Accident. 2012 : Motorway. 2014 : The Monkey King. 2015 : SPL 2 : A Time for Consequences. 2016 : The Monkey King. 2018 : The Monkey King 3. 2021 : Limbo. 


Top 2024.

Un modèle du film d'action hyperbolique qui accorde autant d'atouts aux fulgurances vertigineuses qu'au traitement des personnages anti-manichéens. 

Avec ses airs de fin du monde, les décors délabrés de la citadelle font office de second-rôle stylisé en exploitant notamment à merveille ses corridors et chambres tentaculaires que les adversaires arpentent avec un héroïsme stoïque suicidaire. 

En ce qui concerne son imagerie belliqueuse, tout est évidemment outré, improbable, comme le souligne d'ailleurs son final irrationnel avec ce méchant littéralement increvable. Mais c'est tellement hyper réaliste, surtout chorégraphié avec une fluidité hors pairs, que l'on adhère sans réserve à ses prouesses martiales issues d'un autre temps. 

Celle aussi d'un cinéma à l'ancienne, l'action se situant justement dans les années 80, avec ce que cela sous-entend comme parti-pris émotif pour mieux s'attacher aux personnages compromis aux enjeux compétitifs. Mélancolie, sensibilité, rancune et tendresse se télescopant auprès des valeurs de la fidélité et de l'amitié gangrenées par une vendetta de longue haleine.


*Bruno

samedi 7 septembre 2024

Underwater

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de William Eubank. 2020. U.S.A. 1h35. Avec Kristen Stewart, Vincent Cassel, T. J. Miller, Jessica Henwick, Mamoudou Athie, John Gallagher Jr.

Sortie salles France: 8 Janvier 2020

FILMOGRAPHIEWilliam Eubank est un réalisateur, scénariste et directeur de la photographie américain né le 15 novembre 1982 à Holyoke dans le Massachusetts. 2011 : Space Time : L'ultime Odyssée (Love) (également scénariste). 2014 : The Signal (également scénariste). 2020 : Underwater. 2021 : Paranormal Activity : Next of Kin. 2024 : Land of Bad. 

Il m'aura fallu 3 visionnages pour l'apprécier à sa juste valeur et ce fut un réel bonheur. 

Je remercie aussi ceux qui m'y ont incité d'y refaire un tour (youtube entre autre). 

Une valeur de modeste série B tirant parti de son charme et de son intensité auprès de sa forme flamboyante soucieuse du moindre détail technique afin de mieux nous immerger dans une station sous-marine sujette aux catastrophes les plus préjudiciables. 

C'est donc spectaculaire, intense et claustro en diable sans que les effets numériques n'y viennent décrédibiliser l'action en pagaille soumise à un équipage en instance de survie. 

Outre la présence inattendue de Vincent Cassel assez convenable en capitaine autoritaire dénué d'orgueil, j'ai beaucoup apprécié la présence sensuelle de Kristen Stewart d'autant plus anti-potiche car imposant sobrement une fonction héroïque digne de mérite et d'humanisme quant à la dramaturgie de son final aussi couillu que libérateur. 

Et si le scénario étique, quasi inexistant, est largement compensé par son expérience visuelle résolument fascinante (notamment auprès des apparitions monstrueuses toute à fait réalistes dont une dantesque), il y émane fructueusement en filigrane un discours écolo sur le sort de nos océans que l'homme cupide exploite de manière irresponsable. 

Un très bon spectacle du Samedi soir donc parvenant même à distiller un charme innocent dans son format de série B fastueuse.

P.S: A titre subsidiaire son budget s'évaluant entre 50 et 65 millions de dollars, il en remporte 40 pour devenir un échec. 

Box Office France: 319 390 entrées

*Bruno
3èx. Vostfr. 4K

vendredi 6 septembre 2024

Atomik Circus, le retour de James Bataille

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Didier Poiraud et Thierry Poiraud. 2004. France. 1h31. Avec Vanessa Paradis, Jean-Pierre Marielle, Benoît Poelvoorde, Jason Flemyng, Venantino Venantini, Vincent Tavier, Bouli Lanners, Jacky Lambert.

Sortie salles France: 21 Juillet 2004

FILMOGRAPHIE: Didier Poiraud est un réalisateur et scénariste français. Thierry Poiraud est un réalisateur et scénariste français né à Nantes. 2004 : Atomik Circus, le retour de James Bataille. 2014 : Goal of the dead. 2015 : Don't Grow Up. 2017 : Zone blanche (téléfilm), co-réalisé avec Julien Despaux. 2022 : Infiniti

Première réalisation des Frères Poiraud, Atomik Circus, le retour de James Bataille (quel titre prometteur à l'esprit BD) est une tentative jubilatoire d'y proposer un divertissement politiquement incorrect dans le paysage stérile du cinéma français. Et ce même si le mauvais goût parfois sardonique pourra probablement faire grincer des dents auprès des non initiés (les maltraitances du chien mélomane par son maître arriéré bien que l'animal n'est heureusement qu'un effet spécial mécanique afin de désamorcer la torture intolérable au profit du rire). Série B incroyablement jouasse, pour ne pas dire antidépressive par excellence, menée tambour battant autour de situations tantôt polissonnes (les avances de Poelvoorde auprès de son assistante durant leur périple routier et de Vanessa Paradis en chanteuse underground), tantôt macabres (le redneck erratique vivant reclus avec sa mère empaillée), l'intrigue simpliste mais quasi irracontable (en gros des extra-terrestres envahissent une paisible bourgade forestière quand bien même James Bataille s'évade de prison pour retrouver sa dulcinée) n'est qu'un prétexte d'aligner à rythme sans faille moult situations incongrues sous l'impulsion de personnages lunaires évacués d'une dimension parallèle. Tant l'ambiance insolite, à la lisière d'un onirisme fantastico-écolo se prête naturellement à l'évolution des personnages vivant en communauté au sein de cet havre tranquille bientôt malmené d'une présence meurtrière sans pitié ! Autant dire que les têtes tranchées vont tomber à renfort d'FX réalistes aussi spectaculaires que formellement stylisés. Du vrai plaisir régressif. 

Les Frères Poiraud bougrement inspirés par leur vilain petit canard misant avant tout sur l'extravagance de ces personnages déjantés s'en donnant à coeur joie dans les postures saugrenues, et sur la photogénie herbeuse de cet environnement bucolique (on se croirait pour un peu en Louisiane) au grand dam du scénario somme toute modeste. Ainsi, on prend énormément de plaisir d'y côtoyer d'illustres seconds-rôles parmi lesquels s'y bousculent la présence amiteuse de Jean-Pierre Mariel en tenancier bourru (qui remplaça Jean Yanne suite à son décès prématuré), la participation machiste de Benoit Poelvoorde en imprésario égrillard pétri d'orgueil et le charme ultra sexy (mais nullement provocant) d'une délicieuse  Vanessa Paradis aussi sémillante que lascive en chanteuse en herbe d'un naturel inné tant elle prend plaisir à participer à l'aventure en faisant fi de la caméra. Si bien qu'elle crève l'écran en espérant la retrouver dans la prochaine action prédisposée aux rebondissements davantage inquiétants, pour ne pas dire alarmistes. Ce qui nous amène à son final vrillé aussi fun que cocasse de par son invention visuelle homérique (le carnage festif d'un assaut extra-terrestre au sein d'un bar en plein concert), à l'instar de ce gore festoyant éclaboussant les personnages tous azimuts. Quand bien même sa conclusion déroutante, sciemment nonsensique nous émerveille la vue auprès d'un décorum baroque probablement influencé de la Planète des Singes, toutes proportions gardées, avec toutefois une vision personnelle agréablement contradictoire.

Ofni musical télescopant les genres disparates avec une bonne humeur à la fois exaltante et gentiment décomplexée, Atomik Circus provoque un bonheur si galvanisant auprès de l'attachement de ces personnages bonnards se combinant à l'intrigue entre fraîcheur et insolence (qui frétille) eu égard de l'empreinte qu'ils laissent dans notre coeur parmi ce plaisir incontrôlé d'y répéter leur délire singulier en rembobinant la pellicule. A revoir d'urgence donc sans modération aucune, même si de toute évidence le spectacle éclaté ne pourrait convenir à toute la populace. 

*Bruno
3èx. 05.09.2024.
28.03.17

mercredi 4 septembre 2024

Magdalena l'exorcisée / Le cadeau du diable / Beyond the Darkness / Magdalena, Possessed by the Devil

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Walter Boos. 1974. Allemagne de l'Ouest. 1h22. Avec Dagmar Hedrich, Werner Bruhns, Rudolf Schündler, Elisabeth Volkmann...

Sortie salles France: 3 Septembre 1975 (Int - 18 ans). Allemagne: 22 Mai 1974

FILMOGRAPHIE: Walter Boos est né le 22 novembre 1928. Il était assistant réalisateur et monteur.. Il est mort le 22 novembre 1996. 1980: Suédoises dans l'île aux mille plaisirs, Collégiennes expertes (1980), Jeux d'amour à Alicante (1979); Die Schulmädchen vom Treffpunkt Zoo (1979), L'auberge des petites polissonnes (1978); Schulmädchen-Report 12. Teil - Wenn das die Mammi wüßte (1978); Schulmädchen-Report 10. Teil - Irgendwann fängt jede an (1976), Les collégiennes en folie (1975), Die Rache der Ostfriesen (1974), Dagmar Hedrich in Magdalena la Sexorcisée (1974), Charlys Nichten (1974); Slips en vadrouille (1973), Der Ostfriesen-Report (1973), Les contes galants du trou de la serrure (1973), Les voluptueuses (1973), Chaleurs profondes (1973), Les indécentes (1973), Les Savoureuses (1972), Bons baisers de Munich (1972), Pour vivre heureuses, vivons couchées (1972), Les provocatrices ou le sexe à l'école (1972).


Produit par l'Allemagne, cet ersatz de l'Exorciste sorti la même année est une semi-parodie involontaire à voir goulument pour tous les amateurs de comédie horrifique putassière beaucoup plus impayables qu'un Scary Movie irrespectueux du genre. Truffé de séquences érotiques où l'héroïne s'exhibe à tout va dans des postures obscènes involontairement hilarantes (certaines séquences anthologiques dépassant l'entendement !), Magdalena l'exorcisée doit beaucoup à la prestance de Dagmar Hedrich littéralement décomplexée car effrontée à endosser une possédée viciée affichant par la même occasion une aversion pour les mâles érotomanes. Regorgeant d'incohérences, notamment faute d'un montage elliptique se fichant éperdument de la psychologie perplexe des protagonistes (l'amant de la possédée totalement à côté de la plaque de témoigner sans broncher d'un cil des agissements menaçants de celle-ci à son égard éberlué !), Magdalena se clôture qui plus est de manière sciemment bâclée en illustrant une séquence horrifique aussi réaliste que surprenante. 

                                        

Et ce même si les fervents défenseurs de la cause animale risquent de se scandaliser d'avoir sacrifier gratuitement face écran un reptile écrasé par le pied d'un des protagonistes lorsque notre possédée semble se libérer de la mainmise du diable. Mais l'aspect constamment ludique (à 1 ou 2 redondances près) de cette improbable ersatz germanique de l'Exorciste émane également de la conviction des comédiens prenant leur rôle tant au sérieux qu'ils demeurent pour la plupart convaincants, à contre emploi de n'importe quelle série Z transalpine (en écartant toutefois la perle du genre l'Antéchrist de Martino) au jeu souvent risible, amateur, maladroit, inexpressif. Or, ici la plupart des interprètes se fondent dans le corps de leur personnage gogo avec une fraîcheur spontanée inédite pour le genre bisseux quant aux séries Z les plus alimentaires. A découvrir donc parmi la curiosité d'un oeil jouasse aussi voyeur que badin. Il faut le voir pour le croire.


Remerciement chaleureux à Patrick Fredj Haouzi

*Bruno
vf.