Sortie salles France: 13 Mars 1936. U.S: 7 mai 1934
Hormis son titre inapproprié, Le chat Noir dépeint la confrontation au sommet de deux personnages ambitieux: un architecte et un psychiatre notoire entachés d'un lourd passé conflictuelle. Or, le Dr. Vitus Werdegast (Bela Lugosi) est aujourd'hui décidé à se venger de son bourreau après avoir vécu 15 années de bagne. Pour cause, durant la guerre, l'architecte Hjalmar Poelzig (Boris Karloff) profita de sa longue absence pour se méprendre de son épouse ainsi que sa fille. Mais Vitus, rescapé de l'enfer d'une forteresse Russe a retrouvé ses traces depuis l'exil de son rival aux 4 coins du monde. Quand bien même un jeune couple égaré incidemment dans la demeure de Hjalmar se retrouve mêlé à leur discorde.
Ainsi donc, à travers l'affrontement cérébral entre nos stars de l'épouvante, Edgar Georg Ulmer nous livre un de ces glorieux classiques des années 30 à travers un récit implacablement structuré qui plus est renforcé d'une ambiance tantôt macabre, tantôt inquiétante, tantôt baroque. Car pour l'emploi de ce climat surréaliste fort particulier, nous sommes interpellés par la beauté et la modernité des décors architecturaux de la demeure exacerbés d'un éclairage expressionniste pour y parfaire des figures géométriques ainsi qu'un jeu d'ombres sournoises auprès de nos protagonistes obscurs qui entourent le couple égaré.
Quant aux couacs, au delà d'une unique scène humoristique entre deux policiers venus rendre visite dans la demeure et d'un détail narratif irrésolu (de quelle manière Hjalmar conserve inctact le corps de ses victimes embrigadées dans les cages de verre ?), Le Chat Noir est un passionnant jeu de pouvoir entre deux ennemis déterminés à ne point lâcher prise dans leur combat moral quelqu'en sera l'issue réservée. Et ce au nom de la fierté de l'arrivisme pour l'un et de la haine rancunière pour l'autre (au confins de la démence) quant au final horrifique particulièrement sadique.
D'autre part, en ce qui concerne son imagerie à la fois baroque et macabre (on reste pantois de trouble admiration pour la perversité invoquée aux cages de verres féminines !), on reste fasciné par son final haletant se clôturant sur une séance singulière de diabolique liturgie où le spectateur sera encore interloqué auprès de l'arrière plan d'un étrange décor gothique à l'art abstrait.
Passionnant dans ses caractérisations fébriles et étrangement magnétique pour la vigueur son noir et blanc évocateur, Le Chat Noir est surtout l'occasion de voir réunir à l'écran deux stars de l'épouvante rigoureusement impliqués, inspirés, habités par leur personnage occulte afin de nous susciter l'appréhension pour leur singulier règlement de compte aussi tortueux que tragique. Un classique effectivement immortel pour reprendre la tagline de son Dvd édité chez nous en version originale.
Côte émotive (sur 5): ☆☆☆☆☆