mardi 26 janvier 2016

BEASTS OF NO NATION

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site goldposter.com

de Cary Joji Fukunaga. 2015. U.S.A. 2h16. Avec Abraham Attah, Idris Elba, Emmanuel Nii Adom Quaye, Ama K. Abebrese, Richard Pepple, Francis Weddey, Opeyemi Fagbohungbe, Andrew Adote.

Sortie salles France: INEDIT. U.S: 16 Octobre 2015

FILMOGRAPHIECary Joji Fukunaga est un réalisateur américain, né le 10 juillet 1977 à Oakland en Californie. 2009: Sin Nombre. 2011: Jane Eyre. 2012: Sleepwalking in the Rift. 2015: Beasts of No Nation.


Inédit en salles en France et directement sorti en VOD, Beasts of no nation relate avec un réalisme documenté le conditionnement d'un enfant en machine à tuer au coeur d'une guerre civile Africaine. Enrôlé par un commandant drastique dirigeant de main de fer son armée rebelle, le jeune Agu s'embourbe rapidement dans un univers de violence barbare après avoir été séparé de sa mère puis témoin du massacre de sa famille. Par l'alibi de la vengeance, son leader en profite pour l'initier à l'apprentissage de l'autorité, du combat et des armes avant de le mettre à l'épreuve du rituel criminel. Cette innocence déflorée, Agu l'endure avec courage et détermination d'une vendetta avant de saisir la manoeuvre de son mentor, gourou sans vergogne exploitant son armée dans un but égotiste.


Âpre, ultra violent, malsain, nauséeux, Cary Joji Fukunaga n'y va pas par quatre chemin pour décrier l'animosité primitive d'une guerre civile parmi l'appui d'enfants martyrs aveuglés par la haine et le sang. Voyage au bout des ténèbres, odyssée funèbre d'où plane les effluves de macchabées fraîchement assassinés ou putréfiés par le soleil, Beasts of no nation nous retranscrit avec vigueur dramatique l'introspection meurtrie d'un enfant orphelin, témoin de massacres en règle sous l'allégeance d'un dictateur obnubilé par le pouvoir. Idris Elba endossant avec sobriété un rôle perfide où la manigance de ces stratégies bellicistes Spoiler ! finit mener sa troupe vers la déroute fin du Spoiler. Poignant et bouleversant pour la dérive sanguinaire de ces enfants endoctrinés à la déchéance criminelle, Beasts of no nation ne nous laisse peu de répit pour manifester de leur déliquescence morale à exterminer sans fléchir femmes et enfants parmi la complicité tantôt indulgente d'Agu. Par un vibrant monologue alternant ses sentiments d'espoir et de désespoir face à sa foi divine, Agu devient un adulte aguerri apte à discerner la monstruosité qui vient de naître en lui. Ce message d'espoir intenté à sa parcelle d'humanité tend à rassurer sur sa destinée galvaudée parmi son souvenir traumatique d'une guerre d'un autre âge. Outre l'esthétisme crépusculaire de ces affrontements chaotiques épargnés de vainqueurs, le film gagne en intensité sous l'impulsion équivoque du jeune Abraham Attah. Ce dernier se fondant dans la peau d'un soldat infantile derrière un regard impassible peu à peu rattrapé par le regain de conscience.


Dur et sans concession car d'un réalisme parfois éprouvant pour le cheminement criminel de cette génération sacrifiée, Beasts of no nation laisse un goût de souffre dans la bouche lorsqu'il fait écho aux exactions barbares du djihadisme terroriste (Boko Haram en tête !). Poignant et bouleversant parmi le témoignage de ces enfants de la honte, l'absurdité de la guerre nous est ici illustrée sous son aspect le plus sordide lorsque ces derniers sont prêts à payer de leur âme pour se soumettre à l'idéologie la plus extrémiste. Hanté par le score envoûtant de Dan Romer, il en émane un vibrant plaidoyer contre la haine infantile dont on ne sort pas indemne... 

B.M

Récompenses: Mostra de Venise 2015 : Prix Marcello-Mastroianni du meilleur espoir pour Abraham Attah.
National Board of Review Awards 2015 : Meilleur espoir pour Abraham Attah.

lundi 25 janvier 2016

UNE JOURNEE PARTICULIERE. César du Meilleur Film Etranger, 1978.

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"Una giornata particolare" d'Ettore Scola. 1977. Italie/Canada. 1h45. Avec Sophia Loren, Marcello Mastroianni, John Vernon, Françoise Berd, Vittorio Guerrieri, Alessandra Mussolin

Sortie salles France: 7 Septembre 1977. Italie: 12 Août 1977

FILMOGRAPHIE: Ettore Scola est un réalisateur et scénariste italien, né le 10 Mai 1931 à Trevico, province d'Avellino en Campanie.
1964: Parlons Femmes. 1965: Belfagor le Magnifique. 1968: Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? 1969: Le Commissaire Pepe. 1970: Drame de la Jalousie. 1972: La Plus belle soirée de ma vie. 1973: Voyage dans le Fiat-Nam. 1974: Nous nous sommes tant aimés. 1976: Affreux, sales et méchants. 1977: Bonsoir Mesdames et Messieurs. 1977: Une Journée Particulière. 1978: Les Nouveaux Monstres. 1980: La Terrasse. 1981: Passion d'Amour. 1982: La Nuit de Varennes. 1983: Le Bal. 1985: Macaroni. 1987: La Famille. 1988: Splendor. 1989: Quelle heure est-il ? 1990: Le Voyage du Capitaine Fracasse. 1993: Mario, Maria, Mario. 1995: Le Roman d'un jeune homme pauvre. 1998: Le Dîner. 2001: Concurrence Déloyale. 2003: Gente di Roma.


Drame psychologique prenant pour cadre le huis-clos d'un appartement autour des rapports indécis d'un couple en quête d'amour, une Journée particulière relate le destin infortuné de ses amants esseulés durant l'époque du fascisme Italien. Epouse et mère de 6 enfants résidant dans un vieil immeuble, Antonietta s'occupe de ses tâches ménagères quand bien même ces derniers et son mari se préparent à participer à la parade militaire au cours duquel Hitler est venu se déplacer à Rome afin de rencontrer Mussolini. Alors que son oiseau domestique vient de s'échapper de sa cage, elle aperçoit en face de son immeuble l'un de ses voisins à proximité de l'animal. Elle décide de frapper à sa porte pour lui invoquer de l'aide. C'est à ce moment aléatoire que les deux inconnus entament une sympathique conversation avant d'apprendre à se connaître et d'y délivrer leur orientation sexuelle.


Prenant pour thèmes le fascisme et l'homosexualité à l'aube de la seconde guerre mondiale, Une Journée particulière y dénonce l'intolérance, le machisme, la haine et la peur de la différence sous l'impulsion contrariée d'un couple en questionnement conjugal. Antonietta vouant un amour subitement fougueux pour son voisin, Gabriele, un homosexuel viré de son poste de présentateur radio depuis ses révélations sexuelles. Durant leurs rapports amicaux jalonnés d'intempéries, ces derniers ne vont pas tarder à se livrer des confidences intimes depuis leur condition soumise d'une existence conservatrice. Epaulé d'une photo sépia afin de renforcer le climat blafard du quartier précaire dans lequel ils évoluent parmi l'indiscrétion d'une commère fasciste, Une journée particulière insuffle une atmosphère versatile autour du couple inconciliable au rythme lassant d'une fanfare militaire perçue à travers la radio. Leur romance impossible et leurs pulsions de révolte provoquant une certaine ambiguïté chez la posture tourmentée de Gabriele, au moment où la conclusion glaçante nous révélera pour quel motif celui-ci s'était résigné Spoiler ! à ne pas perdurer leur relation sentimentale Fin du Spoiler. Si le monstre sacré Marcello Mastroianni délivre un jeu aussi dépouillé qu'intense dans son regard songeur et ses clameurs de victime molestée, Sophia Loren illumine l'écran par sa présence prude où la douceur sensuelle se chevauche parmi l'amertume du désarroi dans sa fonction d'épouse esseulée, faute du machisme d'un époux ingrat. Toute l'intensité du film reposant sur leurs rapports contradictoires, équivoques et désespérés autour d'un apprentissage amoureux.


D'un réalisme étouffant impulsé par le brio de sa mise en scène sans fard et d'une pudeur saisissante pour la prestance incandescente du couple Mastrioanni/Sophia Loren, Une journée particulière traduit une émotion finalement bouleversante pour mettre en exergue les états d'âme meurtris d'une romance impossible. Une oeuvre marquante d'un pessimisme sans échappatoire au moment où les mentalités fascistes se complaisent dans une parade musicale afin de glorifier l'obscurantisme. 

Dédicace à Rebecca Lord
B.M

Récompenses:
National Board of Review 1977 : prix du meilleur film étranger.
César du meilleur film étranger 1978.
David di Donatello 1978 :
David di Donatello du meilleur réalisateur à Ettore Scola,
David di Donatello de la meilleure actrice principale à Sophia Loren.
Globe d'or 1978 :
Globe d'or du meilleur film à Ettore Scola,
Globe d'or du meilleur acteur à Marcello Mastroianni,
Globe d'or de la meilleure actrice à Sophia Loren.
Golden Globes 1978 : Golden Globe du meilleur film en langue étrangère.
Ruban d'argent (Syndicat national des journalistes cinématographiques italiens) 1978 :
Ruban d'argent de la meilleure actrice à Sophia Loren,
Ruban d'argent du meilleur scénario à Maurizio Costanzo, Ruggero Maccari et Ettore Scola,
Ruban d'argent de la meilleure musique de film à Armando Trovajoli.
Mostra de Venise 2014 : « Venezia Classici » du meilleur film restauré pour Ettore Scola.

vendredi 22 janvier 2016

COURS, LOLA, COURS

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site traileraddict.com

"Lola rennt" de Tom Tykwer. 1998. Allemagne. 1h21. Avec Franka Potente, Moritz Bleibtreu, Herbert Knaup, Nina Petri, Armin Rohde, Joachim Król

Sortie salles France: 7 avril 1999. U.S: 18 juin 1999. Allemagne: 20 Août 1998.

FILMOGRAPHIE: Tom Tykwerest un réalisateur, scénariste, producteur et compositeur allemand, né le 23 mai 1965 à Wuppertal. 1994 : Maria la maléfique. 1997 : Les Rêveurs. 1998 : Cours, Lola, cours. 2000 : La Princesse et le Guerrier. 2002 : Heaven. 2006 : Le Parfum. 2009: L'Enquête. 2010 : Drei. 2012 : Cloud Atlas: coréalisateur, scénariste, producteur et compositeur. 2015 : A Hologram for the King.


"Nous ne cesserons pas notre exploration, et au terme de notre quête nous arriverons là d'où nous étions partis et nous connaîtrons ce lieu pour la première fois. Après le match, c'est avant le match !"

Véritable film culte au sens étymologique du terme, Cours, Lola, Cours est une petite production allemande carburant à l'adrénaline d'une course désespérée contre la montre. Alors que Manni devait remettre la somme de 100 000 Mark à un trafiquant de voiture, un clochard parvient à lui dérober au sein d'un compartiment ferroviaire. Appelée à la rescousse, son amie Lola s'efforce de dégoter la même cagnotte auprès de son père banquier en un temps record de 20 mns, auquel cas les supérieurs de Manni le liquideraient. Mais l'improvisation d'une série d'incidents majeurs vont inciter Lola à repenser sa situation alarmiste avec une persistance impavide. 


Scindé en trois parties afin de permettre à l'héroïne d'y renouveler sa destinée malchanceuse par des diverses stratégies financières, Tom Tykwer rivalise d'inventivité et de vigueur pour transfigurer une traque homérique aux pas cadencés d'une joggeuse sortie d'une bande dessinée. De par sa stature pétulante et son hurlement perçant, sa tenue vestimentaire criarde et sa chevelure rouge que la série TV Alias s'empressera plus tard de singer. Ultra jouissif dans sa forme débridée où la mise en scène stylisée multiplie les trouvailles surréalistes et décalées (notamment l'intrusion de séquences d'animation et de flashforwards assénés à la destinée de certains figurants), Cours-Lola, cours, ne cesse de renouveler l'action par le biais d'une succession de vicissitudes hasardeuses et de personnages extravagants inscrits dans l'entêtement. Eloge à la constance, au courage de vaincre l'échec et à l'aptitude à croire en son étoile, l'intrigue cultive habilement des réflexions philosophiques et spirituelles (la réincarnation) sous l'impulsion d'une héroïne en phase de questionnement existentiel (toutes les séquences intimistes érigées autour de la postérité de son couple). Véritable romance passionnelle où l'amour salvateur pourrait sauvegarder leur destin marginal, Cours, Lola, Cours traite surtout des conséquences dramatiques ou heureuses du choix de nos actes les plus anodins sur notre quotidienneté. Emprunt de lyrisme, d'humour décalé et d'émotion oppressante par l'entremise d'une course à pied émaillée de soubresauts, le film dégage une énergie survoltée au rythme d'une musique techno métronomique.


Ovni clipesque d'une compétition sur bitume découpée en 3 actes, Cours, Lola, Cours déborde de fougue et d'insolence à ironiser sur une situation alerte au fil d'une réflexion sur l'absurdité existentielle. Au delà de la maîtrise de sa mise en scène fulgurante, l'intrigue décomplexée est également transcendée par la révélation Franka Potente endossant avec une expression viscérale (cri strident à l'appui !), la fragilité d'une anti-héroïne motivée par la gagne et la force de ses sentiments. Un méga trip ultra efficace à dévorer sans modération !

B.M
22.01.16 (4èx)
26.08.01

Récompenses: Prix du film allemand 1999 : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur second rôle féminin pour Nina Petri, meilleur second rôle masculin pour Herbert Knaup, prix du public pour le film de l'année et pour Franka Potente en tant que meilleure actrice.


jeudi 21 janvier 2016

Prison

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

de Renny Harlin. 1987. U.S.A. 1h42. Avec Viggo Mortensen, Chelsea Field, Lane Smith, Lincoln Kilpatrick, Tom Everett, Tom Lister, Jr. , Kane Hodder.

Sortie salles France, uniquement à Avoriaz: Janvier 1988. U.S: 8 Décembre 1987

FILMOGRAPHIE: Renny Harlin (Renny Lauri Mauritz Harjola), est un réalisateur et producteur américain d'origine finlandaise, né le 15 mars 1959 à Riihimäki (Finlande).
1986 : Born American. 1987 : Prison. 1988 : Le Cauchemar de Freddy). 1990 : 58 Minutes pour vivre (Die Hard 2). 1990 : The Adventures of Ford Fairlane. 1993 : Cliffhanger. 1995 : L'Île aux pirates. 1996 : Au revoir à jamais. 1999 : Peur Bleue. 2001 : Driven. 2004 : Profession profiler. 2004 : L'Exorciste, au commencement. 2006 : Le Pacte du sang. 2008 : Cleaner. 2009 : 12 Rounds. 2011 : Etat de guerre. 2013 : Dyatlov Pass Incident. 2014 : La Légende d'Hercule. 2015 : Skiptrace.


Classique des années 80, Prison est l'initiateur d'un concept original que d'autres réalisateurs s'empresseront d'exploiter (à l'instar de Wes Craven pour Shocker, James Isaac avec House 3): celui des exactions revanchardes d'un détenu d'outre-tombe, faute d'avoir été autrefois injustement condamné à la chaise électrique. En l'occurence, alors que des prisonniers sont transférés dans une ancienne prison en témoignant des consignes totalitaires de leur directeur, d'étranges phénomènes meurtriers vont intenter à leur détention. Si bien que tapi derrière les cloisons des cellules, le fantôme d'un ancien détenu serait à l'origine de ses massacres en règle. Série B photogénique par sa facture formellement gothique exploitant efficacement un scénario linéaire autour d'un huis-clos rubigineux, Prison génère un plaisir ludique au rythme percutant de séquences chocs aussi inventives que spectaculaires. On peut d'ailleurs louablement saluer le travail artisanal des maquilleurs tant le réalisme imparti aux mises à mort fascine encore aujourd'hui le spectateur ébranlé par des visions de cauchemar inscrits dans la cruauté corporelle (pour ne pas dire SM !). Servi d'une attachante distribution de seconds-couteaux issus du ciné de genre, l'intrigue exploite quelques clichés du drame carcéral (la posture outrée du directeur abusif, les châtiments punitifs conférés à ses prisonniers quand bien même ces derniers finissent par nous traduire une certaine sympathie depuis leur fonction soumise) sans que le spectateur n'éprouve toutefois le sentiment de déjà vu. 


Une gageure engendrée par l'aura diffuse du climat oppressant en interne d'une prison décatie (en rappellant aussi que pour les besoins du tournage l'utilisation d'un authentique pénitencier laissé à l'abandon fut aimablement autorisé pour tenir lieu de réalisme 4 mois durant !) et par l'attachante stature de certains marginaux comme le souligne le détenu Crésus lié à un passé hélas galvaudé. Principalement le porte parole de la troupe, Burke (que le néophyte Viggo Mortensen endosse avec un charme preux), redoublant d'audace et bravoure à tenter d'extirper de la mort quelques codétenus. Secondé d'un antagoniste sournois avide de mégalomanie, l'excellent Lane Smith se prête au cabotinage avec une rigoureuse autorité derrière son regard impassible quasi métallique. Quant à la présence de l'entité spectrale, Renny Harlin cultive à tous prix la suggestion par le biais d'une lumière azuré aveuglante (à l'instar de La Forteresse Noire !) tout en parvenant à distiller un suspense anxiogène au fil de ses exactions macabres. Enfin, on peut aussi rappeler qu'au niveau des figurants, une dizaine de véritables détenus furent recrutés pour l'occasion cinématographique alors que certains géoliers en faction étaient réellement armés durant tout le tournage afin d'éviter le moindre incident ! Qui plus est, un autre détenu (jugé pour meurtre à la suite d'une bagarre dans un bar) tient d'ailleurs un véritable rôle narratif dans celui du mastard autoritaire proposant un compromis avec Bruke (Vigo Mortensen) à la suite de son héroïsme de dernier ressort.


Psycho-killer surnaturel façonné à l'instar d'un train-fantôme pénitentiaire dénué de surenchère (en dépit du final explosif efficacement géré), Prison cultive une irrépressible fascination pour son climat feutré de claustration et sa variante de séquences-chocs aussi sanguines qu'homériques. Nanti d'un rythme sans faille culminant vers une ultime demi-heure haletante, Prison transfigure la série B à l'ancienne parmi l'originalité de son concept horrifique, et ce, en dépit d'une structure narrative convenue. Un régal d'efficacité au demeurant pour un amour de série B rétro. 

*Bruno
5èx. 28.02.24. Vostfr

mardi 19 janvier 2016

TRULY MADLY DEEPLY. Prix de la Critique, Avoriaz 92.

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinema.jeuxactu.com

de Anthony Minghella. 1991. Angleterre. 1h47. Avec Juliet Stevenson, Alan Rickman, Bill Paterson, Michael Maloney, Jenny Howe, Carolyn Choa, Christopher Rozycki.

Sortie salles France: 8 Avril 1992

FILMOGRAPHIEAnthony Minghella est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur britannique, né le 6 janvier 1954 sur l’île de Wight, décédé le 18 mars 2008.
1991: Truly, Madly, Deeply. 1993 : Mr. Wonderful. 1996 : Le Patient anglais. 1999 : Le Talentueux M. Ripley. 2003 : Retour à Cold Mountain. 2005 : Par effraction.


Célébré à Avoriaz par 2 récompenses (Prix de la Critique, Prix d'Interprétation Féminine), Truly, Madly, Deeply aura marqué une génération de spectateurs et vidéophiles en prime de son succès critique. Comédie romantique impartie à une ghost story naturaliste, cette première oeuvre d'un réalisateur néophyte distille un humanisme prude pour l'idylle amoureuse compromise entre une veuve et son mari défunt. Depuis la mort subite de son époux, Nina ne parvient pas à faire le deuil dans son inconsolable chagrin. Mais un soir, son amant réapparaît sous les traits d'un revenant afin d'apaiser sa souffrance morale. Au fil des jours, et depuis l'arrivée d'autres compagnons fantômes, une lassitude s'interpose entre eux.


Film d'auteur inscrit dans la pureté des sentiments, Truly, Madly, Deeply emprunte le conte moderne pour aborder le thème de la perte de l'être cher du point de vue d'une tragédie inéquitable. Sobrement réalisé parmi le parti-pris de ne jamais se soustraire au pathos, l'intrigue se focalise sur les rapports intimistes du couple en étreinte parmi l'intrusion cocasse de fantômes amicaux venus s'installer dans leur appartement afin de flâner devant la TV à dévorer des classiques en VHS. De par ses moments intenses de tendresse et ses situations pittoresques conçues sur la fantaisie de spectres impertinents émane un climat fantasmagorique inscrit dans un réalisme prégnant. A l'instar de la luminosité de sa photographie limpide et surtout du jeu spontané des comédiens exprimant leur tendresse commune avec une sensibilité tantôt bouleversante. Outre la présence à contre-emploi du regretté Alan Rickman en fantôme flegmatique délibéré à soutenir sa bien aimée pour l'inciter à renouer avec le bonheur, le film est transcendé par la prestance viscérale de Juliet Stevenson exprimant de manière éperdue des sentiments de fragilité, de crainte mais aussi de persévérance à s'efforcer de transgresser son insurmontable fardeau.


Hymne à la vie dans sa faculté à refonder un bonheur perdu, réflexion spirituelle sur l'au-delà, témoignage émouvant et plein de poésie sur le souvenir et la condition altruiste de nos défunts, Truly, Madly, Deeply délivre un message plein d'optimisme quant à la reconstruction sociale de l'héroïne convaincue que l'amour reste inaltérable avec l'appui d'un ange philanthrope inscrit dans la tolérance. Une oeuvre fastueuse particulièrement subtile dans son refus de fioriture, à redécouvrir avec beaucoup d'émotion sachant qu'Alan Rickman s'est aujourd'hui véritablement fondu dans la peau de son personnage mystique ! 

Dédicace à Nadine Izquierdo

Récompenses: Prix de la Critique, Prix d'Interprétation Féminine (Juliet Stevenson) à Avoriaz, 1992




lundi 18 janvier 2016

DHEEPAN

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Jacques Audiard. 2015. France. 1h58. Avec Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers, Marc Zinga, Tarik Lamli

Sortie salles France: 26 Août 2015

FILMOGRAPHIE: Jacques Audiard est un réalisateur, scénariste et monteur français, né le 30 Avril 1952 à Paris. 1994: Regarde les Hommes tomber. 1996: Un héros très discret. 2001: Sur mes lèvres. 2005: De battre mon coeur s'est arrêté. 2009: Un Prophète. 2012: De Rouille et d'Os. 2015: Dheepan.


Auréolé de la Palme d'Or en 2015, le nouveau film évènement de Jacques Audiard aborde le choc culturel et la violence urbaine sous le témoignage d'un trio de migrants issus du Sri Lanka. Fuyant la guerre civile de leur pays, Dheepan parvient à rejoindre la France avec l'appui d'une fille et d'une jeune femme dont il ignore leur identité (stratagème planifié à l'aide de faux papiers afin de franchir la douane). Logés à l'enseigne d'un quartier défavorisé où la violence urbaine est quotidienne, ils vont tenter de survivre pour s'y faire une place. Fort d'une mise en scène extrêmement appliquée et d'une habile construction narrative suggérant l'approche d'un danger, Dheepan parvient à nous immerger dans le désarroi de cette famille indienne au sein de leur intimité. Débarqués à l'improviste dans cette nouvelle terre d'accueil que symbolise la France, nos trois migrants vont tenter de s'adapter à leur situation précaire depuis les trafics de drogue perpétrés sous leur nez par des délinquants sans vergogne.


Pourvu d'un réalisme scrupuleux, que ce soit pour les séquences d'action percutantes prises sur le vif que de la caractérisation humaine des comédiens méconnus (le couple Antonythasan Jesuthasan / Kalieaswari Srinivasan entremêle pudeur et colère avec une intensité viscérale), Dheepan nous fait donc partager leur quotidienneté sous l'amertume contrariée d'un avenir aussi incertain. Sans effet de misérabilisme et de sinistrose, Jacques Audiard parvient à magnifier leur portrait moral avec souci de vérité d'ausculter leurs sentiments internes fondés sur le dépit, l'angoisse et la révolte. Dressant un tableau terrifiant sur la violence urbaine des ghettos défavorisés au sein de l'hexagone, l'intrigue établit un parallèle sur la situation autrefois vécue par le peuple Tamoul depuis leur traumatisme de la guerre. Constat amère d'une France gangrenée par le chômage et la violence, Jacques Audiard dénonce le laxisme de nos politiques à faire fi des quartiers défavorisés transformés ici en zone de non-droit. Récit initiatique pour une délicate insertion sociale et les rapports amicaux en ascension du couple de migrants, Dheepan nous alerte sur les conséquences de la violence urbaine lorsqu'un ancien belligérant se retrouve confronté à reprendre les armes afin de prémunir son foyer.


Mis en scène avec une virtuosité sans fard et superbement incarné par des comédiens d'une bouleversante humilité, Dheepan aborde l'apprentissage de l'amour, le machisme, l'émancipation féminine et la rébellion sous l'impulsion désoeuvrée d'une guerre urbaine juvénile. Un grand film plein de dignité pour la condition humaine des migrants autant qu'un cri d'alarme sur la situation inquiétante d'une France gangrenée par la violence des cités. 

B.M. 

vendredi 15 janvier 2016

HOSTEL

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

d'Eli Roth. 2006. U.S.A. 1h33. Jay Hernández, Derek Richardson, Eythor Gudjonsson, Barbara Nedeljakova, Jana Kaderabkova, Jan Vlasák, Jennifer Lim.

Sortie salles France: 1er Mars 2006 (mention: Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement : "De nombreuses images, d'une grande violence, peuvent impressionner les spectateurs".
Sortie U.S: 6 Janvier 2006.

FILMOGRAPHIE: Eli Roth est un réalisateur américain, né le 18 Avril 1972 à Boston.
2002: Cabin Fever. 2006: Hostel. 2007: Thanksgiving (faux trailer). 2007: Hostel 2. 2009: Nation's Pride - Stolz der Nation (trailer). 2013: The Green Inferno. 2015: Knock Knock.


Deux ans après le phénomène Saw, le débutant Eli Roth exploite à son tour le filon du Tortur'Porn remis au goût du jour pour le public ado en quête de sensations hardcores. Devenu comme son homologue un petit film culte auprès de la génération 2000, Hostel emprunte la démarche du film d'exploitation ayant préalablement sévi sur les écrans, particulièrement durant l'époque florissante des Seventies. A travers le thème du trafic d'humains négocié dans les pays les plus défavorisés, Eli Roth s'épanche sur les bas instincts de rupins étrangers partis se réunir en Slovaquie afin de combler leur appétence morbide. Trois jeunes étudiants américains décident de faire escale à Prague depuis l'adresse d'un bordel tenu secret. Ayant sympathisé avec des call-girls au sein de leur auberge, deux d'entre eux disparaissent après avoir flirté dans une boite. Paxton décide de partir à leur recherche... Serie B horrifique inscrite dans une violence graphique parfois éprouvante, Eli Roth n'y va pas avec le dos de la cuillère pour dépeindre avec réalisme rugueux les divers supplices de victimes torturées pour le compte de bourreaux pathologiques.


Si la première partie éculée n'échappe pas aux inévitables conventions, l'efficacité de la réalisation et le soin imparti à la caractérisation des personnages (que ce soit nos fêtards juvéniles ou nos nymphettes aguicheuses) permettent de nous attacher à leur virée nocturne faite de sexe et de défonce. Outre l'érotisme stylisé des étreintes torrides, le cinéaste s'efforce par petites touches de distiller un climat d'angoisse sous-jacent au fil des disparitions inexpliquées des enlèvements. L'anxiété montant d'un cran lorsque le dernier survivant, Paxton, commence à percuter les tenants et aboutissants des catins compromises à une sombre association. Par le principe haletant du survival, la seconde partie redouble de rigueur horrifique lorsque ce dernier va se retrouver piégé à l'intérieur d'une usine désaffectée reconvertie en chambre des horreurs. Fignolant le cadre insalubre de cet entrepôt rubigineux avec un certain stylisme (notamment la tenue fétichiste des tortionnaires rehaussée d'un charisme patibulaire), Hostel nous emmène droit en enfer lorsque les victimes moribondes sont soumises aux divers instruments de torture. Non exempt d'un humour très noir, notamment au niveau des réparties de criminels excités à l'idée de passer à l'acte, la verdeur qui émane de certaines séquences chocs (particulièrement l'énucléation) provoque dégoût, malaise et sentiment d'inconfort lorsque la victime, embrigadée, enchaînée et en proie à la nausée, se retrouve impuissante à endurer les sévices corporels. Le mode claustro du huis-clos permettant notamment au spectateur de se confiner dans cet univers olfactif transpirant la rouille, le sang, le vomi et la sueur. Pour culminer la tension et la dramaturgie de la survie, la dernière partie allouée à la condition esseulée de deux rescapés nous engage vers une traque homérique parmi l'appui d'enfants délinquants livrés à eux mêmes. Au passage, Eli Roth en profite pour décrier la posture primitive de cette marginalité infantile quand bien même la corruption policière et la prostitution sont également mêlées au trafic d'êtres humains depuis la décrépitude de leur état.


Efficace et tendu, éprouvant et parfois choquant pour quelques effets gores démonstratifs, Hostel adopte le principe du divertissement horrifique par l'exploitation du Tortur'porn. Il en émane un petit moment de frousse à la fascination malsaine assez dérangeante, de par son contexte social où la bourgeoisie arbitraire est capable d'enfreindre sa morale pour assouvir ses fantasmes les plus déviants.  

La Chronique de Hostel 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/09/hostel-chapitre-2-hostel-part-2.html

B.M

jeudi 14 janvier 2016

La Place Sanglante (Uncut Version)

     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Blood Beach" de Jeffrey Bloom. 1980. U.S.A. 1h31. Avec David huffman, Marianna Hill, Burt Young, John Saxon, Darrell Fetty.

Sortie salles France: 29 Juillet 1981

FILMOGRAPHIE: Jeffrey Bloom est un scénariste, réalisateur et producteur américain, né le 4 Avril 1945. 1975: Dogpound Shuffle. 1977: The Stick Up. 1980: La plage sanglante. 1984 Jalousies (télé-film). 1985: L'étoile inconnue (TV). 1986: Le droit au meurtre (TV). 1987: Juarez (TV). 1987: Flowers in the Attic


Cette fois-ci, le danger ne vient pas de la mer ! 
Série B horrifique symptomatique des années 80 surfant sur la vague du "monstre aquatique" initié par les Dents de la Mer, La Plage Sanglante fait office d'ersatz amusé de par sa réalisation apathique et ces personnages niais dénués de psychologie. Les comédiens s'efforçant d'exprimer leur effroi ou leur désarroi face à la menace indicible avec une inexpressivité limite impayable. Le pitchDans une station balnéaire californienne, de jeunes vacanciers disparaissent mystérieusement sans laisser de traces. (Le spectateur assistant avec stupeur amusée à leur ensevelissement par une menace invisible tapie sous le sable). Dépêchés sur les lieux, la police et le chef de la brigade portuaire enquêtent sans parvenir à élucider cette vague morbide. Alors que les morts s'accumulent en intermittence et que les fouilles infructueuses piétinent, le spectateur contemple le suspense au second degré. Produit d'exploitation fallacieux si au premier coup d'oeil on se laisse aguicher par la fulgurance formelle de son affiche, La Plage Sanglante fait office de nanar bonnard au fil d'une intrigue atone incapable de progresser mais rehaussée d'un casting étonnamment attachant (le garde côte roucoulant avec sa compagne 1h30 durant tout en tentant vainement d'éclaircir l'enquête). 


La narration se condensant aux investigations policières rébarbatives et à l'éveil romanesque du couple d'amants (susnommé) au rythme de victimes absorbées par le sable. Si l'idée horrifique s'avère originale et alimente au départ une certaine curiosité quant à sa description spectaculaire et l'envie de démasquer l'identité du meurtrier et son éventuel mobile, la manière puérile dont Jeffrey Bloom exploite indéfiniment ces situations anxiogènes fait chavirer le navire vers la gaudriole. Et pour amuser la galerie, on peut également compter sur nos vénérables seconds rôles John Saxon et Burt Young s'opposant gentiment avec bonhomie, le caractère risible (et involontairement drôle) de leurs dialogues les contraignant à la caricature pittoresque. Incapable d'insuffler un suspense à travers une intrigue à bout de souffle, la Plage Sanglante demeure pourtant miraculeusement plaisant pour qui affectionne le ciné Bis (pour rire), et ce jusqu'au dénouement grotesque où l'apparition protéiforme du monstre nous plonge à nouveau dans une stupeur amusée. Cerise sur la gâteau, on peut également relever la partition métronomique de son score ombrageux limite auto-parodique à daigner provoquer une angoisse sous-jacente lorsque la présence hostile est sur le point d'alpaguer sa nouvelle proie.


Entre ces situations involontairement cocasses ou hilarantes (notamment grâce à la présence bourrue de Burt Young en flic génialement gouailleur) et ces quelques effets gores TRES timorés (en précisant qu'il s'agit ici de la version Uncut inédite en France !), La Plage Sanglante tente d'y façonner une intrigue scolaire plaisamment ubuesque. En mode bisseux, le divertissement ultra modeste parvient donc à séduire l'afficionados du genre de par le charme de ces interprètes assez attachants et son atmosphère horrifique (photo sépia à l'appui) symptomatique d'une époque révolue. 

*Bruno
05.10.20.
4èx

mercredi 13 janvier 2016

Electric Dreams. Prix du Public, Antenne d'Or A2, Avoriaz 85.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Steve Baron. 1984. U.S.A/Angleterre. 1h32. Avec Lenny Von Dohlen, Virginia Madsen, Bud Cort, Maxwell Caulfield, Wendy Miller, Don Fellows, Alan Polonski.

Sortie salles France: 17 Avril 1985

FILMOGRAPHIE: Steve Barron est un réalisateur et producteur irlandais, né le 4 mai 1956 (59 ans) à Dublin (Irlande). 1984 : Electric Dreams. 1990 : Les Tortues ninja. 1992: ZZ Top : Greatest Hits (vidéo). 1993: Bowie : The Video Collection (vidéo). 1993 : Coneheads. 1996 : Pinocchio. 1998 : Merlin (TV). 2000 : Les Mille et Une Nuits (Arabian Nights) (TV). 2000 : L'Étrange histoire d'Hubert (Rat). 2001 : Mike Bassett: England Manager. 2003 : DreamKeeper (feuilleton TV). 2006 : Chocking Man. 2011 : Apocalypse 2.0 (Delete) (TV). 2012 : L'Île au trésor (Treasure Island) (TV).


Un miracle de romantisme fringant à la sauce informatique.
Film culte de la génération 80, Electric Dreams emprunte la comédie romantique sous couvert d'un argument débridé d'anticipation. A savoir, l'ordinateur domestique doué de vie et de sentiments après avoir été incidemment irrigué de champagne par son propriétaire. Ce pitch d'une naïveté fantaisiste, pour ne pas dire ridicule, est transcendé par le talent perfectionniste d'un surdoué issu du video-clip, Steve Barron. Sa réalisation hyper inventive insufflant une fraîcheur galvanisante auprès de la relation singulière du triangle amoureux impliqué dans des péripéties pittoresques. Car au moment d'installer son équipement informatique, Miles Hardings tombe sous le charme de sa voisine de palier, Madeline, violoncelliste de renom. Fasciné par ses compositions qu'elle répète au sein de son intimité, l'ordinateur s'initie également à la mélodie pour les mémoriser au moment de s'éprendre d'amour pour elle. Régissant tous les appareils domestiques de l'appartement de son propriétaire, l'ordinateur s'insinue dans leur vie privée avec une jalousie toujours plus envahissante.


Nanti d'une bande-son envoûtante de Giorgio Moroder et des tubes entraînants de Culture Club, P.P. Arnold, Jeff Lynne, Helen Terry et Heaven 17, Electric Dreams distille une incroyable bonne humeur fringante au rythme enivrant d'une fougue romantique. Steve Barron combinant avec beaucoup efficacité  et d'inspiration de mini-clips musicaux parmi le témoignage saugrenu d'un ordinateur en quête d'amitié et d'amour. Conte de fée moderne gorgé de bons sentiments pour son éloge à l'amour et à la tendresse, le cinéaste renouvelle le contexte éculé par l'entremise de cet ordinateur avide d'autonomie et de chaleur humaine auprès du corps charnel. Mais l'aspect si attachant de cette tendre comédie émane également du caractère effronté de ce dernier rivalisant d'espiègleries et de roguerie à importuner son adversaire avant de s'initier communément à l'amour des sentiments. Au-delà de l'aspect délirant de cette situation improbable où l'amour ne cesse de chavirer les coeurs, Electric Dreams est illuminé par le couple d'amants en ascension sentimentale. A travers son personnage d'architecte rivalisant de bévues et de naïveté à courtiser sa muse et à enquiquiner son entourage, Lenny Von Dohlen (sosie de Thierry Lhermitte !) insuffle une bonhomie candide irrésistiblement attachante. Secondé par la sensuelle Virginia Madsen, cette dernière diffuse une fraîcheur sémillante avec une légèreté d'humeur attendrissante.


Conte de fée romantique alimenté par la flamme de l'émoi amoureux, Electric Dreams préserve une fraîcheur intarissable au rythme d'une BO aussi galante que pétulante. En dépit de son cachet un peu désuet (essentiellement pour la morphologie académique de l'ordinateur), cette série B décomplexée parvient même à culminer une émotion poignante pour la destinée infortunée d'Edgar, machine électronique férue d'amour corporel. Techniquement inventif, notamment auprès de l'ultra dynamisme du montage inspiré du video-clip, il y découle un vrai bijou de charme et de tendresse parmi la légèreté d'humour et de poésie candide (les ordinateurs rêvent-ils de moutons électriques ?) que les nostalgiques reverront avec beaucoup d'émotions. 

* Bruno
12.06.23. 5èx. Vostfr

Récompenses: Prix du Public, Antenne d'Or A2 au Festival du film fantastique d'Avoriaz, 1985.

mardi 12 janvier 2016

FRISSONS D'OUTRE-TOMBE

                                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Arte.tv

"From beyond the grave" de Kevin Connor. 1973. 1h37. Angleterre. Avec Ian Bannen, Ian Carmichael, Peter Cushing, Ian Ogilvy, Angela Pleasance, Diana Dors, Donald Pleasence, Nyree Dawn Porter, David Warner.

Sortie salles France: Mars 1974. Angleterre: 23 février 1974

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Kevin Connor est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né en 1937 à Londres (Royaume-Uni). 1973: Frissons d'outre-tombe. 1975: Le 6è Continent. 1976: Trial by combat. 1976: Centre Terre, septième continent. 1977: Le Continent Oublié. 1978: Les 7 cités d'Atlantis. 1979: Le Trésor de la Montagne Sacrée. 1980: Nuits de Cauchemar. 1982: La Maison des Spectres.


En plein essor du film à sketchs inauguré par la célèbre firme Amicus depuis le Train des Epouvantes, Frissons d'outre-tombe renoue avec la qualité d'Histoires d'Outre-tombe réalisé 2 ans au préalable. Kevin Konnor, habile faiseur de séries B à qui l'on doit le bijou d'humour macabre, Nuits de Cauchemar, ainsi qu'une pléthore de fantaisies mythologiques (Le 6è Continent, Centre Terre, septième continent, Le Continent Oublié, Les 7 cités d'Atlantis, Le Trésor de la Montagne Sacrée), nous concocte avec soin quatre sketchs relativement surprenants ou tout du moins ludiques dans son lot de circonstances débridées auquel des protagonistes chapardeurs vont s'y retrouver mêlés. Un miroir, une médaille, une tabatière et une porte vont servir d'éléments perturbateurs avec l'au-delà depuis que des clients se sont empressés de les négocier auprès d'un vieil antiquaire (Peter Cushing se prêtant au jeu du vendeur sénile avec une ironie insidieuse). Servi par une pléiade d'acteurs notoires et de seconds couteaux bien connus des amateurs du genre (Donald Pleasance, David Warner, Ian Carmichael, Peter Cushing, Ian Ogilvy, Angela Pleasance, Diana Dors, Nyree Dawn Porter), Frissons d'outre-tombe tire parti de son capital sympathie grâce à la modeste élaboration de sa réalisation où rien n'a été laissée au hasard.


Que ce soit au niveau de l'efficacité des intrigues aussi amusantes qu'intrigantes dans leur invention machiavélique, de la caractérisation mesquine des personnages n'hésitant pas à frauder la mise de l'objet convoité, que de l'ambiance tout à fait envoûtante que Kevin Konnor fignole parfois par le biais d'éclairages saturés (la dernière anthologie renouant avec l'aspect gothique d'un Bava). Outre les composantes traditionnelles du film à sketchs (dérision, épouvante et suspense), la chute sardonique reste à nouveau tributaire d'ultime estocade pour la victime sévèrement châtiée, quand bien même l'une d'elle bénéficiera d'une faveur d'indulgence. Grâce à la volonté intègre de son auteur à tenter d'émuler son homologue notoire (Histoire d'outre-tombe), Frissons d'outre-tombe attise un pouvoir de séduction émanant d'une ambiance mortuaire délicieusement archaïque. Principalement le premier et le dernier sketch où des revenants tentent de s'extraire d'outre-tombe par le biais d'un miroir ou d'une porte en tourmentant l'esprit de leurs propriétaires. L'humour noir ne cessant de ricocher au fil du comportement versatile des ces derniers attirés dans un univers fantasmagorique sensiblement démoniaque. Prenant pour thème le vaudou par le biais d'une médaille militaire, le second segment ne manque pas non plus de fantaisies et de rebondissements quant à la destinée infortunée du mari préalablement molesté par une épouse abusive. Si le troisième sketch (la tabatière) manque un peu de densité et de surprises par son cheminement prévisible, l'humour cocasse acheminé autour d'un exorcisme et de l'entité indicible permet de transcender ses carences avec un soupçon de méchanceté sarcastique (sa chute espiègle).


Nanti de sketchs (futilement) inégaux mais toujours amusants, insolents et irrésistiblement ensorcelants (j'insiste sur l'ambiance spectrale qui irrigue de son empreinte chaque récit !), Frissons d'Outre-tombe honore le genre d'épouvante sans esprit de prétention et avec l'aimable autorité de comédiens en posture indélicate (mention spéciale au sourire livide de l'étonnamment trouble Angela Pleasance dans le 3è segment). Un petit fleuron d'épouvante archaïque à redécouvrir car d'une fraîcheur insoupçonnée !  

B.M.
2èx

vendredi 8 janvier 2016

THE BEAST (Le Traitement)

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Franceinter.fr

"De Behandeling" de Hans Herbots. 2014. Belgique. 2h07. Avec Geert Van Rampelberg, Ina Geerts, Johan Van Assche, Laura Verlinden, Roel Swanenberg

Sortie salles France: 30 Décembre 2015. Belgique: 29 Janvier 2014

FILMOGRAPHIE: Hans Herbots est un réalisateur et scénariste néerlandais, né le 13 Mai 1970 à Antwerp. 2001: Vallen. 2004: 10 jaar leuven kort. 2005 Verlengd weekend. 2006: Tempête en haute mer. 2010: Bo. 2014: The Beast



D'après le roman The Treatment de Mo Hayder, The Beast relate l'enquête ardue d'un inspecteur de police délibéré à retrouver un assassin pédophile au coeur d'une bourgade rurale de la Belgique. Déjà traumatisé par la disparition de son frère alors qu'il était âgé de 8 ans, Nick Cafmeyer poursuit cette investigation avec acharnement dans sa soif de justice et le désir inespéré de retrouver le kidnappeur de son frangin. Véritable descente aux enfers dans les tréfonds de la bassesse humaine, The Beast constitue un électrochoc émotionnel, de par son réalisme glauque à la limite du soutenable et la caractérisation insalubre de marginaux particulièrement cyniques.


Prenant pour thème la pédophilie dans sa figuration la plus licencieuse, Hans Herbots n'y va pas avec le dos de la cuillère pour nous plonger dans un univers mortifère aussi asphyxiant que déprimant. Alternant l'enquête policière émaillée d'indices au compte goutte puis la quête pour la survie d'une famille en instance de claustration, The Beast éprouve et dérange de manière hypnotique. De par sa structure narrative vénéneuse, ses l'éclairages blafards d'une photo opaque, la maîtrise personnelle de sa mise en scène et l'interprétation névralgique de Geert Van Rampelberg, littéralement habité par ses pulsions de haine et de révolte. Le spectateur se retrouvant, comme le héros, immerger dans un dédale cafardeux depuis sa fréquentation avec des suspects équivoques et ses effractions commises dans des bâtiments décrépits. En dépit d'une intrigue parfois confuse où certains évènements majeurs s'enchaînent (à mon sens) un peu trop rapidement, le suspense exponentiel qui irrigue les pores du scénario nous agrippe la gorge, quand bien même le héros est à deux doigts de démasquer l'identité meurtrière. La dernière partie, crapuleuse et effleurant parfois la complaisance putanesque, s'avérant d'une intensité terriblement dérangeante pour la fonction démunie des victimes et la posture erratique d'un(e) criminel(le) au mobile bien spécifique. Une manière couillue d'invoquer une certaine singularité à ces exactions où la pédophilie est une fois de plus compromise au réseau.


Véritable chemin de croix à perdre haleine que le héros parcourt avec une rage désespérée, The Beast transcende le thriller poisseux avec vigueur et âpre réalisme dans son souci scrupuleux de cristalliser une atmosphère anxiogène épouvantablement immersive. Par sa puissance de suggestion épargnant l'intolérable, le réalisateur parvient toutefois à provoquer un malaise nauséeux par l'appui de bouts de photographie et d'images VHS, tandis que son point d'orgue traumatique fait preuve de violence graphique dans les corps à corps de survie. Pour parachever, on peut également prôner la sobriété des comédiens méconnus (du moins dans l'hexagone) éludant toute forme de misérabilisme ou de pathos, particulièrement le jeu viscéralement tempétueux de Geert Van Rampelberg. A réserver néanmoins à un public averti en raison de la facture douloureuse de son thème scabreux et la verdeur de son climat malsain en roue libre où nos nerfs sont à deux doigts de chavirer !

Dédicace à Jen Winter
B.M.



jeudi 7 janvier 2016

JEEPERS CREEPERS

                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

de Victor Salva. 2001. U.S.A. 1h30. Avec Gina Philips, Justin Long, Patricia Belcher, Eileen Brennan, Brandon Smith, Jeffrey William Evans.

Sortie salles France: 3 juillet 2002. U.S: 31 Août 2001

FILMOGRAPHIE: Victor Salva est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 29 Mars 1958 à Martinez. 1989: Clownhouse. 1995: Powder. 1999: Rites of Passage. 2001: Jeepers Creepers. 2003: Jeepers Creepers 2. 2006: Peaceful Warrior. 2012: Rosewood Lane.


Portrait type de la série B horrifique du samedi soir, Jeepers Creepers constitue un pur hommage aux Boogeymans des années 80. Un hymne au cinéma d'antan, celui des bandes récréatives conçues pour divertir et frissonner un public prioritairement juvénile, et non un vulgaire épigone surfant sur l'exploitation. En villégiature, un frère et une soeur empruntent la nationale pour rejoindre leurs parents à bord d'une Plymouth. Sur la route, ils sont importunés par un mystérieux camionneur particulièrement erratique. Après avoir réussi à le semer, ils retrouvent ses traces à proximité d'une chapelle. C'est à ce moment précis que le frère aperçoit l'agresseur enfourner un corps à l'embouchure d'une grotte. Ensemble, ils décident de s'y aventurer afin de sauver un éventuel rescapé. Entre Duel et Les Griffes de la Nuit, et à moindre échelle Terreur extra-terrestre (pour la séquence du couple débarquant à l'improviste au sein du "Diner" parmi une clientèle peu accueillante !), Victor Salva se réapproprie des codes du genre avec une dérision factuelle. Fignolant le cadre bucolique d'une petite contrée ricaine, les décors minimalistes et la photo ocre s'harmonisent à merveille pour parfaire une atmosphère horrifique irrésistiblement envoûtante.


Véritable film d'ambiance si j'ose dire, Jeepers Creepers est entièrement voué à l'amour du genre d'épouvante dans un contexte contemporain et parmi la cohésion attachante de deux ados en marasme. Ne cessant de jongler avec les clichés et une certaine auto-parodie pour les réparties sarcastiques, le cinéaste parvient à en tirer une efficacité optimale sous couvert de vicissitudes que nos héros arpentent afin de fuir une créature humaine en mutation. La grande réussite du film résidant notamment dans la nouvelle confection iconique de ce monstre hybride affublé d'un costume de cow-boy (chapeau à l'appui !) et féru de chair humaine afin de se régénérer. Créatif car délibéré à sacraliser un nouvel archétype du genre à l'aura mortifère, Victor Salva remodèle sa légende urbaine de manière ultra charismatique. En prime, par le principe d'un rituel savamment planifié et au rythme d'un tube des années 60, ce "Jeepers Creepers" doit s'extraire de sa tanière tous les 23 Printemps pour se nourrir de chair durant 23 jours. En supplément, et pour ajouter une facture inédite à son tempérament mutique, ce dernier est contraint de renifler sa victime afin de sélectionner la personne la plus odorante ! (prioritairement les jeunes mâles). Parsemé d'action, de revirements et d'idées délirantes, notamment par le biais de personnages interlopes (la médium, la rombière et ses nombreux chats), Victor Salva parvient à renouveler le concept de la traque nocturne avec un brio technique avisé (à l'instar de cette caméra ne cessant de voguer d'une voiture à une autre afin de discerner les conversations des divers conducteurs !).


Hommage respectueux aux B movies des années 80, Jeepers Creepers honore le genre horrifique, de par sa puissance visuelle et le rythme effréné d'une traque rocambolesque jamais à court de carburant. Angoissant (les deux poursuites automobiles, l'expectative de l'offensive au sein du commissariat), malsain (la facture morbide du prologue confiné dans le sous-sol, son final nihiliste), fascinant (la configuration bigarrée de la créature), délirant mais aussi sardonique comme le souligne l'incroyable cruauté de l'épilogue, Jeepers Creepers peut aujourd'hui accéder à la notoriété de Classique dans une facture vintage jubilatoire. 

B.M.
3èx

La Chronique de Jeepers Creepers 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/08/jeepers-creepers-2-jeepers-creepers-2.html

mercredi 6 janvier 2016

SHREW'S NEST / MUSARANAS

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site trendsetter.blogs.elle.es

"Musarañas/Sangre de mi sangre" de Juanfer Andrés et Esteban Roel. 2014. Espagne. 1h32. Avec Macarena Gómez, Nadia de Santiago, Hugo Silva, Luis Tosar , Gracia Olayo , Lucía González, Carolina Bang, Tomás del Estal

Sortie salles Espagne: 25 Décembre 2014

FILMOGRAPHIE: Juanfer Andrés est un réalisateur espagnol. Esteban Roel est un cinéaste et acteur espagnol. 2014: Musaranas/Sangre de mi sangre 


Thriller psychologique aux confins de l'horreur, Musaranas porte la signature du duo ibérique Juanfer Andrés/Esteban Roel. Et on peut avouer que pour un premier essai, ces débutants parviennent haut la main à tailler sur mesure un suspense machiavélique autour des rapports dysfonctionnels entre deux soeurs cohabitant dans le même appartement. Alors qu'un homme grièvement blessé leur invoque secours au seuil de leur porte, Montse, l'aînée, choisit in extremis de lui prêter main forte. Rapidement avertie, la cadette, Nina, s'éprend d'affection pour l'inconnu mais se voit contrainte de lui rendre visite en cachette depuis l'autorité castratrice de sa frangine. Au fil de leur romance rendue secrète, le sort du blessé s'avère précaire sachant qu'aucun médecin n'est convoqué pour lui soigner sa jambe, quand bien même ses proches commencent à s'inquiéter de sa disparition.


Abordant les thèmes de la psychose, du conservatisme et de l'agoraphobie, nos cinéastes dressent avec efficacité le portrait névralgique d'une catholique terriblement aigrie à l'idée d'entretenir une relation amoureuse avec un mâle depuis son repli mental. Profondément vouée à l'amour divin, cette dernière entretient des rapports fanatiques au point d'inculquer à sa soeur une éducation de fer où la romance masculine n'a pas lieu d'être. Livrées à elles mêmes depuis la disparition de leurs parents, ces dernières cultivent des sentiments intenses de rancune et de jalousie névrosées qui ira crescendo au fil de leur discorde en chute libre. C'est ce que nous proposera vulgairement la seconde partie aussi débridée qu'éprouvante dans son lot percutant de revirements sanglants après nous avoir instruit du passé galvaudé de Montse. Bien que l'intrigue parfois prévisible cède aux situations éculées (on songe également à Misery mais aussi au chef-d'oeuvre Les Proies pour les rapports de soumission établis entre la victime alitée et la mégère), la manière habile dont les cinéastes nous informe des réminiscences des deux soeurs permet à l'action de mieux rebondir jusqu'au dénouement inopinément poignant. A titre annexe, le soin formel accordé à la photo et aux somptueux décors du huis-clos rétro permettent de nous immerger dans cette intimité familiale sous l'impulsion de comédiens alertes. Particulièrement Macarena Gómez (Dagon, Les Sorcières de Zugarramurdi) endossant avec une locution viscérale une mégère abusive accablée par le deuil et Spoil ! l'inceste. Sa posture malingre hantée par le démon paternel contrastant avec l'ébène de sa tenue vestimentaire. Fin du Spoil.


Efficace, captivant et haletant pour le portrait schizophrène qu'il expose adroitement et la tournure délirante des affrontements violents du second acte, Musaranas exploite les codes du thriller parmi l'atout d'une psychologie fouillée. Outre sa facture ludique constamment stimulante, cette série B est également rehaussée de l'interprétation hystérique de Macarena Gomez, de par l'intensité de son regard désaxé ! 

Dédicace à Karine.
B.M.