"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
jeudi 20 janvier 2022
L'Appel de la Chair / La notte che Evelyn uscì dalla tomba
mercredi 19 janvier 2022
Perversion Story / Una Sull'Altra / One on Top of the Other. "Version Intégrale".
Niveau cast, la ravissante Marisa Mell insuffle avec provocation une sensualité torride de par sa posture sexy et ses déhanchements charnels afin d'interpréter un double rôle de femme équivoque au charme reptilien. Un jeu en demi-teinte de vamp blonde dévergondée et de brune aigrie dénigrant davantage un époux à la fois absent et trompeur. Le français Jean Sorel lui dispute sobrement la vedette, et de manière antipathique, un mari infidèle affublé d'un regard renfrogné, alors qu'un piège est sur le point de se refermer sur ses frêles épaules. Et ce sans pouvoir bénéficier de l'aide potentielle de son frère cadet (excellemment campé par Alberto De Mendoza) exerçant jalousement ses activités médicales au sein du même cabinet.
Servie d'une musique jazzy de Riz Ortolani stylisant une ambiance policière mêlée de séduction et d'étrangeté, Perversion Story est à nouveau une réussite méconnue de la part de Lucio Fulci fignolant son énigme Hitchcockienne à l'aide d'une science du suspense en crescendo (l'ultime demi-heure jouant remarquablement avec nos nerfs avant son revirement final ébouriffant). Réalisé à l'aube d'une riche carrière, Perversion Story démontrait donc déjà le talent prometteur de Lucio Fulci exploitant ici intelligemment le thriller érotique avec une pointe de dérive macabre (le cadavre putrescent de Susan que l'on observe à 2 reprises sur le brancard, tout du moins dans sa version intégrale).
*Eric Binford
vendredi 14 janvier 2022
Les Granges Brûlées
Sortie salles France: 30 Mai 1973
FILMOGRAPHIE: Jean Chapot est un acteur, dialoguiste, compositeur, producteur, réalisateur, metteur en scène et scénariste français né le 15 novembre 1930 à Bois-Guillaume, en Seine-Maritime, et mort le 10 avril 1998 à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine. 1965 : Le Dernier Matin de Percy Shelley (CM). 1966 : La Voleuse. 1972 : Le Fusil à lunette (CM). 1973 : Les Granges Brûlées. 1982: Ce fut un bel été (TV Movie). 1982 Un fait d'hiver (TV Movie). 1981 Livingstone (TV Movie). 1994: Honorin et l'enfant prodigue (TV Movie). 1993 Polly West est de retour (TV Movie). 1992 Honorin et la Loreleï (TV Movie). 1991 Les mouettes (TV Movie). 1988 Le crépuscule des loups (TV Movie)
Leur confrontation étant bâtie sur une commune posture à la fois chafouine et suspicieuse depuis que le juge concentre son enquête sur cette famille Cateux à la suite du témoignage d'un des fils rentré aviné le soir du crime. Et bien que le récit linéaire, sciemment redondant, ne passionne guère, il demeure toutefois inopinément captivant (avec modestie cela dit) sous l'impulsion de ses acteurs issus de l'ancienne génération et de son réalisme réfrigérant au sein d'une nature enneigée superbement photogénique. L'époque vintage des Seventies auquel l'action se déroule demeurant également un atout de séduction à dépeindre scrupuleusement les us et coutumes de ces métayers artisanaux en proie à la contrainte et à la contrariété, aux doutes et aux complexes depuis que la police est aux aguets de leurs faits et gestes.
A découvrir donc ou à revoir, ne serait ce que pour les performances du duo susnommé aussi magnétique qu'équivoque à travers leurs jeux de regards hésitants Spoil ! percés finalement d'une certaine déférence eu égard de l'issue salvatrice du dénouement Fin du Spoil. Delon et Signoret hypnotisant comme de coutume l'écran à chacune de leur apparition inscrite dans la réserve en dépit de leur désir de s'apprécier timidement parlant. On peut enfin relever la partition musicale étonnamment dissonante signée Jean Michel Jarre pour sa première collaboration au cinéma alors que durant le tournage le réalisateur Jean Chapot et Alain Delon s'effritèrent à moult reprises si bien que ce dernier acheva les dernières séquences en s'imposant derrière la caméra.
*Eric Binford
Box-Office France: 991 624 entrées
jeudi 13 janvier 2022
The Lost Daughter. Prix du meilleur scénario: Mostra de Venise, 2021
mercredi 12 janvier 2022
Ballade Meurtrière / Coming Home in the Dark
mardi 11 janvier 2022
6 Minutes pour mourir / Fear Is the Key
Sortie salles France: 13 Février 1975. Angleterre: 26 Décembre 1972
lundi 10 janvier 2022
Le Secret de Roan Inish. Prix de la critique internationale : Gerardmer 1996
vendredi 7 janvier 2022
L'Assassin a réservé 9 Fauteuils / L'assassino ha riservato nove poltrone
Sortie salles Italie: 21Mai 1974. Inédit en salles en France.
FILMOGRAPHIE: Giuseppe Bennati, né le 4 janvier 1921 à Pitigliano dans la province de Grosseto et mort le 26 septembre 2006 à Milan, est un réalisateur et metteur en scène italien. 1952 : Il microfono è vostro. 1953 : Marco la Bagarre. 1954 : Opération de nuit. 1955 : Non scherzare con le donne. 1958 : La mina. 1958 : L'Ami du jaguar. 1960 : Les Fausses Ingénues. 1961 : Congo vivo. 1970 : Marcovaldo (it), adaptation pour la télévision de Marcovaldo d'Italo Calvino. 1974 : L'Assassin a réservé 9 fauteuils.
Quelle excellente surprise que ce Giallo inédit dans nos contrées que le Chat qui fume eut l'audacieuse idée d'exhumer de sa torpeur dans une copie HD irréprochable. Tant et si bien qu'en exploitant le mode du huis-clos gothique au sein d'un jeu du chat et de la souris entre victimes et tueurs, Giuseppe Bennati atmosphérise en diable sa scénographie flamboyante au sein d'un théâtre de tous les dangers. Les victimes communément félonnes, suspicieuses et épeurées se soumettant à un redoutable tueur masqué lors de l'anniversaire de Patrick Davenant les ayant invité pour des raisons plutôt équivoques. Visuellement sublime de par l'architecture baroque du théâtre médiéval où plane l'ombre du Fantôme de l'Opéra (le tueur est affublé d'une cape et d'un masque grotesque en accourant tous azimuts), on songe également à Bloody Bird auquel Michele Soavi s'est (fort) probablement inspiré tant les similitudes sont plutôt nombreuses. Tant auprès du cadre théâtral magnifiquement stylisé, de son schéma narratif itératif (mais jamais rébarbatif), des victimes chétives en perdition, de leur mort théâtrale substituée en mort réelle que de l'accoutrement du tueur passé maître dans l'art du camouflage en y piégeant ses proies avec un sadisme transalpin symptomatique.
Et ce sans que le réalisateur, peu habitué au genre (il s'agit de son unique incursion dans le giallo et l'horreur) ne cède à l'outrance si bien que le hors-champs s'infiltre de temps à autre. D'autre part, et selon mon jugement de valeur, la meilleure séquence de meurtre totalement suggérée (un poignard planté à 3 reprises dans le vagin d'une victime en catalepsie) demeure superbement impressionnante grâce à l'habileté du montage alternant violence rigoureuse des coups et visage exorbité de la victime, accompagné de bruitages intensifiant ainsi la mise à mort par son réalisme auditif. Et si le cheminement narratif s'avère somme toute simpliste, voir redondant (comptez un meurtre toutes les 15 minutes), la mise en scène très soignée de Giuseppe Bennati retient sans peine l'attention sous l'impulsion d'un cast à la fois crédible et modestement distingué. Tant auprès de la beauté des actrices italiennes communément névrosées (de véritables déesses raffinées), de la virilité des acteurs à la fois cyniques et interlopes que de son érotisme docile (une poignée de poitrines dénudés superbement filmées en intermittence et de langoureux baisers parfois mouillés) se disputant la mise entre saphisme, inceste (gros thème de l'intrigue !) et adultère.
Pur film d'ambiance se permettant audacieusement d'y conjuguer horreur, giallo, érotisme, épouvante et fantastique quant au surprenant dénouement multipliant les rebondissements imprévisibles, l'Assassin a réservé 9 fauteuils (quel titre suprême ! ) demeure un divertissement épuré auprès de sa facture vintage étonnamment moderne. Tant et si bien qu'un demi-siècle plus tard, ce rutilant giallo (le rouge est magnifiquement mis en valeur à travers le velours des tissus, des fibres et du sang tacheté) resplendit de 1000 feux de par sa copie HD à la fois granuleuse et immaculée. A découvrir impérativement donc pour les afficionados d'horreur fastueuse.
mercredi 5 janvier 2022
On continue à l'appeler Trinita / ...continuavano a chiamarlo Trinità
Sortie salles France: 15 Mars 1972. Italie: 21 Octobre 1971. U.S: 20 Juillet 1972
FILMOGRAPHIE: Enzo Barboni (E.B. Clucher) est un directeur de la photographie et réalisateur italien né le 10 juillet 1922 à Rome et mort le 23 mars 2002. 1970 : Ciak Mull. 1970 : On l'appelle Trinita. 1971 : On continue à l'appeler Trinita. 1972 : Et maintenant, on l'appelle El Magnifico. 1973 : Les Anges mangent aussi des fayots. 1974 : Même les anges tirent à droite. 1976 : Deux super flics. 1982 : Ciao nemico. 1983 : Quand faut y aller, faut y aller. 1984 : Attention les dégâts. 1987 : Renegade. 1991 : Ange ou Démon. 1995 : Trinità & Bambino... e adesso tocca a noi.
On prend les mêmes et on recommence 1 an à peine après le succès du 1er volet signé du même réalisateur transalpin, Enzo Barboni. Et en dépit d'une intrigue quasi inexistante émaillée qui plus est de quelques longueurs (surtout la version intégrale de 2h02 alors que l'on aurait très bien pu la raccourcir de 30 bonnes minutes), On continue à l'appeler Trinita reprend à peu près les mêmes ingrédients que son prédécesseur avec plus ou moins d'efficacité. Car aussi lourdingue, bas de plafond, trivial, pour ne pas dire débile à travers ses gags adipeux à la limite du surréalisme (la 1ère heure, la plus drôle, est à ce titre inmanquable !), On continue à l'appeler Trinita parvient à distraire et faire rire de par la complémentarité impayable du duo infaillible Bud Spencer / Terence Hill (ils étaient nés pour jouer "ensemble" les gosses mal élevés) endossant les bandits au grand coeur avec une désinhibition frétillante. Et ce en culminant vers une mémorable baston finale (comptez 10 bonnes minutes de chorégraphie pittoresque digne d'un Laurel et Hardy contemporain) que nos lurons encaissent dans leur soutane monacale !
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com
"Lo chiamavano Trinità..." de Enzo Barboni. 1970. Italie. 1h50. Avec Terence Hill, Bud Spencer, Farley Granger, Dan Sturkie, Gisela Hahn.
Sortie salles France: 21 Juillet 1971. Italie: 22 Décembre 1970. U.S: 4 Novembre 1971
FILMOGRAPHIE: Enzo Barboni (E.B. Clucher) est un directeur de la photographie et réalisateur italien né le 10 juillet 1922 à Rome et mort le 23 mars 2002. 1970 : Ciak Mull. 1970 : On l'appelle Trinita. 1971 : On continue à l'appeler Trinita. 1972 : Et maintenant, on l'appelle El Magnifico. 1973 : Les Anges mangent aussi des fayots. 1974 : Même les anges tirent à droite. 1976 : Deux super flics. 1982 : Ciao nemico. 1983 : Quand faut y aller, faut y aller. 1984 : Attention les dégâts. 1987 : Renegade. 1991 : Ange ou Démon. 1995 : Trinità & Bambino... e adesso tocca a noi.
"Venez mes frères ! - Qui c'est qui lui a dit qu'on était frères ?"
Gros succès international si bien qu'une suite fut rapidement mise en chantier par Enzo Barboni himself, On l'appelle Trinita est sans doute l'une des meilleures comédies du duo impayable Bud Spencer / Terence Hill. Et si le pitch, à la fois classique et folichon, ne brille pas par son originalité, (se faisant passer pour des shérifs au sein d'une petite ville, 2 frères que tout oppose vont prêter main forte à une communauté mormone molestée par des brigands mexicains ainsi qu'un major cupide), le climat aussi bien burlesque que rocambolesque que parviennent à générer les "Laurel et Hardy" (du western parodique) pallie ces carences de par leur tranquillité sereine fraîchement irrésistible.
Car outre la complémentarité très attachante de ces derniers s'en donnant à coeur joie dans leur dissension fraternelle et postures héroïques inébranlables (Hill jouant le frère "pot de colle" féru de la gâchette, Spencer l'aîné bourru résolument indépendant), l'inventivité des bastons à la fois ludiques et très spectaculaires (Spencer, passé maître dans l'art de foutre des baffes et gros poings sur la tête de ses adversaires) et les gags bonnards qu'ils enchaînent par provocation nous irradie d'un sourire aux lèvres permanent. A l'instar d'un bambin de 5 ans fasciné par la magie de l'écran et du jeu malicieux de ses héros à peine dérivés d'une bande-dessinée (Hill et Spencer sont d'autant plus charismatiques dans leur stature flegme de cow-boy mal rasés). Bien évidemment, l'humour pittoresque qui se dégage de leur orgueil et arrogance à se gausser de leurs rivaux ne fait nullement preuve de subtilité. Mais pour autant, et par la magie de l'entreprise latine résolument artisanale (le film adopte d'ailleurs une vraie facture de western poussiéreux en format cinémascope), on s'enjaille couramment et on rit de bon coeur grâce à leur esprit de dérision aussi bon enfant qu'assumé.
Western parodique familial qui allait enflammer la carrière du duo légendaire Bud Spencer/Terence Hill (tout en décontraction inégalée !), On l'appelle Trinita constitue une cure de bonheur anti-dépressive pour le public de 7 à 77 ans. D'une sincérité et d'une générosité encore plus touchantes aujourd'hui (du moins auprès de la génération 80 !), ce pur divertissement Bis parvient à rajeunir le genre spaghetti sous l'impulsion de la chanson entêtante de Franco Micalizzi se prêtant harmonieusement à l'ambiance aussi chaleureuse. Simplement magique !
Box Office France: 2 624 948 Entrées !
samedi 1 janvier 2022
Risky Business
Sortie salles France: 21 Mars 1984. U.S: 5 Août 1983.
FILMOGRAPHIE: Paul Brickman est un réalisateur américain né le 23 avril 1949 à Chicago (Illinois, États-Unis). 1983 : Risky Business. 1990 : Les Hommes de ma vie (Men Don't Leave).
38 ans il m'aura fallu pour me jeter à l'eau afin de m'y risquer à Risky Business, faute de mes à priori pour le jeune acteur bellâtre Tom Cruise (alors à ses tous débuts) et d'une affiche clinquante le mettant en valeur probablement pour rameuter un public ado friand de rom com mainstream. Passé l'expérience cinégénique instaurée au coeur des années 80, quelle fut ma surprise que de savourer une comédie romantique acidulée aussi intelligente qu'anti nunuche. Avec en arrière plan un pied de nez au politiquement correct de la bourgeoisie parentale la plus drastique et tatillon jusqu'au ridicule. L'anti Teen movie par excellence estampillé ados acnéens, tant et si bien que cette satire du capitalisme (en mode véreux) demeure un excellent divertissement à la fois drôle, enjoué, sexy et fréquemment envoûtant. Ensorcelant à ma grande surprise de par le brio instrumental de Tangerine Dream (mon groupe attitré tous genres confondus) et de quelques tubes rocks immuables que le réalisateur exploite au service des sentiments épanouis ou fougueux des personnages. Des envolées oniriques d'une beauté lascive, notamment auprès d'un érotisme torride magnifiquement stylisé.
La trame demeurant assez folingue lorsque le jeune étudiant cossu Joel Goodson se laisse embarquer dans la transaction d'une maison close au sein de son propre cocon familial (les parents étant en villégiature) après y avoir rencontré une call-girl. Et ce à la suite d'un concours de circonstances malchanceuses que le cinéaste méconnu Paul Brickman structure habilement afin de nous surprendre jusqu'au générique de fin. Ainsi, à travers le charme, l'exubérance et l'humour de ces acteurs n'en faisant jamais trop (exit l'esprit potache du traditionnel teen movie trivial), Risky Business séduit constamment sous l'impulsion du couple incandescent Tom Cruise (étonnamment spontané en séducteur de fortune !) / Rebecca De Morney (super sexy en prostituée décomplexée ayant le sens des affaires). Un couple hybride à la fois indécis et conquis dans leur évolution sentimentale où l'argent s'octroie toutefois un rôle primordial auprès de leur éventuelle destinée conjugale. Mais outre le talent de ce casting néophyte entouré de seconds-rôles loin de s'occulter, on peut compter sur le talent si peu reconnu du réalisateur Paul Brickman (sa filmo ne contient d'ailleurs que 2 longs métrages) traitant son récit au gré d'une mise en scène (atmosphérique) aussi bien solide qu'inventive. Tant et si bien que l'on pourrait prêter une allusion au cinéma sensible de John Hughes à travers son intégrité de rendre hommage à l'adolescence lycéenne en faisant preuve de tendresse, de fragilité, de maladresse au sein d'une initiation à la maturité.
Considéré comme culte depuis, Risky Business est un excellent divertissement prouvant par l'occasion qu'auprès de ses 38 ans d'âge il reste étonnamment frais, expressif, fougueux, fringant et surtout attrayant par son érotisme classieux. Une comédie romantique anti sirupeuse car possédant une réelle personnalité à donner chair à son univers érotisant à l'aide d'une émotion capiteuse insoupçonnée. Une vraie bonne surprise pour ma part et les talents confirmés du couple susnommé déjà en ascension fulgurante. Avec un gros coup de coeur pour Tangerine Dream !
The Card Counter
Sortie salles France: 29 Décembre 2021
FILMOGRAPHIE: Paul Schrader est un scénariste et réalisateur américain né le 22 juillet 1946 à Grand Rapids (Michigan).1978 : Blue Collar (également scénariste). 1979 : Hardcore (également scénariste). 1980 : American Gigolo (également scénariste). 1982 : La Féline (Cat People). 1985 : Mishima (Mishima: A Life in Four Chapters) (également scénariste). 1987 : Light of Day (également scénariste). 1988 : Patty Hearst. 1990 : Étrange Séduction (The Comfort of Strangers). 1992 : Light Sleeper (également scénariste). 1995 : Chasseur de sorcières (Witch Hunt) (téléfilm). 1997 : Touch (également scénariste). 1997 : Affliction (également scénariste). 1999 : Les Amants éternels (Forever Mine) (également scénariste). 2002 : Auto Focus. 2005 : Dominion: Prequel to the Exorcist. 2007 : The Walker (également scénariste). 2008 : Adam Resurrected. 2013 : The Canyons. 2014 : La Sentinelle (Dying of the Light) (également scénariste). 2016 : Dog Eat Dog (également scénariste). 2017 : Sur le chemin de la rédemption (First Reformed) (également scénariste). 2021 : The Card Counter.
Ainsi, à travers cette sombre trame savamment planifiée au sein d'un cheminement interrogatif aussi imprévisible que sinueux, Paul Scharder, résolument amoureux de tout ce qu'il filme, entre pudeur et sobriété, nous transfigure deux profils psychologiques meurtris par l'injustice, la solitude, l'échec et la mort. La vigueur émotionnelle du vénéneux récit qui se trame sous nos yeux émanant principalement de l'ambivalence de l'anti-héros William Tell qu'Oscar Isaac immortalise de sa présence quasi fantomatique en vindicateur de dernier ressort aussi angélique de démonial. Paul Schrader se chargeant de dresser son (fragile) portrait plein de discrétion et de non-dit sous l'impulsion du jeune apprenti Cirk avide d'auto-justice (superbement campé par Tye Sheridan à travers ses expressions sciemment moins affirmées par son immaturité). Quand bien même La Linda, financière afro ricaine, accepte d'entrainer quotidiennement William dans les compétitions de poker après l'avoir influencé. Et si le récit latent, tout à la fois simple, millimétré et complexe, ne cesse de nous interroger sur les véritables motivations des protagonistes, c'est pour mieux nous happer dans les méandres Spoil ! d'une inopinée vengeance funèbre lors d'une ultime demi-heure à la fois sinistrée et désespérée dans sa tension infernale Fin du Spoil. Et ce sans céder à une violence graphique largement suggérée par l'intelligence d'une mise en scène hyper scrupuleuse habitée par une forme de grâce. Si bien que l'on peut également prétendre que l'ombre de Taxi Driver plane sur les épaules de cet ex militaire traumatisé par ses propres exactions criminelles après avoir essuyé l'autorité d'un colonel sans vergogne. Son évolution morale étant orchestrée par une partition musicale lancinante insufflant au climat anxiogène du récit une puissance formelle ensorcelante. On peut donc évoquer le pur film d'ambiance au sein d'une photo limpide soumise à l'étrangeté des silences pesants et des regards impassibles.