1/
"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
mardi 27 décembre 2022
TOP 14 / FLOP 15 2022 (film / série)
lundi 26 décembre 2022
As Bestas. Prix du Public, Saint-Sebastien 2022
Sortie salles France: 20 Juillet 2022
Infiniment éprouvante de par la faculté innée des comédiens de se fondre dans le corps de leur personnage avec une vérité humaine sobrement expressive. Tant auprès des acteurs majeurs, espagnols et français, que des seconds-rôles (la méconnue Marie Colomb endossant la fille des Denis avec une expressivité fulminante bouleversante, au point de m'avoir soumis des larmes d'impuissance dans sa révolte externe). Outre la présence saillante du mastard Denis Ménochet (grand acteur ayant préalablement explosé dans l'ébouriffant Jusqu'à la Garde !) en agriculteur à la fois affirmée, flegme, posé puis peu à peu angoissé par la tournure davantage orageuse de ses rapports tendus avec ses ennemis, Marina Foïs va venir écraser l'écran de sa présence féminine autrefois discrète lors d'un second acte à la tension dramatique terriblement déstabilisante pour le spectateur redoutant l'issue tragique. Et ce en diluant un suspense éprouvant bâti sur une temporalité assez insupportable si bien que le cinéaste le manie avec un brio technique dénué d'effet de manche. Tout étant bâti sur cet insupportable épreuve de survie au moment de tenter de résoudre une énigme sordide. Magnifique portrait de femme digne à la colère toujours contenue, et ce en faisant preuve d'une patience et d'une résilience forçant le respect (combien d'entre nous auraient craqué ?), Marinois Foïs inquiète et émeut par cette posture taiseuse qui pourrait peut-être virer de ton selon l'évolution narrative en suspens.
Drame psychologique à la fois tendue et bouleversant au sein de thématiques imparties à la haine de l'étranger et à la lutte des classes, As Bestas demeure l'un des grands films de l'année 2022 sous l'impulsion d'un casting criant de vérité puisque nous délivrant leur colère et leur désespoir avec une intensité désespérée nullement démonstrative. Sorte de western rural d'une maturité à-propos alors que l'on aurait pu redouter un déchainement de violence en tenant en compte de ses références précitées, As Bestas milite pour la suggestion et le non-dit à travers l'humanisme contrarié, déchu, torturé de ses protagonistes pour mieux nous impliquer vers un final inconsolable.
*Bruno
mardi 20 décembre 2022
Les Banshees d'Inisherin. Meilleur Scénario / Meilleure Acteur (Colin Farrell), Mostra de Venise 2022.
Sortie salles France: 28 Décembre 2022
FILMOGRAPHIE: Martin McDonagh né le 26 mars 1970 à Camberwell (Londres), est un dramaturge et réalisateur britannique. 2006 : Six Shooter - court-métrage; 2008 : Bons baisers de Bruges (In Bruges) - Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario. 2012 : Sept psychopathes. 2017 : Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance. 2022 : Les Banshees d'Inisherin.
Folle histoire d'amitié jusqu'au-boutiste entre un vieux bourru et un célibataire naïf un tantinet étroit d'esprit résidant avec sa soeur et son âne (nain !), Les Banshees d'Inisherin est l'une des claques cinématographiques 2022 comme le soulignent ses 2 récompenses méritées à la Mostra de Venise. Tant et si bien que l'on sort de la projo promptement impassible de prime abord eu égard de la décharge émotionnelle subtilement amenée, éthérée, tout le long de l'intrigue sans se laisser morfondre par l'ombre d'une sinistrose ou d'un pathos malaisant tributaire de sentiments bon marché comme on a trop coutume d'en subir chez des réals opportunistes. Et puis voilà que le générique tombe le rideau alors que l'on subi brutalement ce clap de fin avec une amertume un peu plombante, notamment en s'efforçant quelques minutes d'anticiper la suite du récit que cette destinée parcimonieuse entre 2 meilleurs amis devenus depuis les pires ennemis. Car si on départ on était en droit de redouter une comédie dramatique surjouée et prévisible, le talent naturel des interprètes que forment prioritairement Colin Farrell et Brendan Gleeson (parce qu'il y a aussi des seconds-rôles absolument admirables, à l'instar de Barry Keoghan en simplet du village et de Kerry Condon en soeur mère-poule !) emportent tout sur leur passage, même si je reconnais que personnellement il m'a fallu un léger temps d'adaptation pour oublier que derrière le personnage de Pádraic Súilleabháin s'éclipse peu à peu l'illustre acteur Colin Farrell au fil d'une narration en suspens que l'on ne parvient pas à dompter.
Notamment faute de l'aspect baroque, parfois même (génialement) occulte de la tournure gravissime des évènements auprès de présages et châtiments à la fois incongrus, injustifiés, saugrenus. Louablement, le réalisateur anglais Martin McDonagh parvenant à nous immerger et nous dépayser (euphémisme tant on en prend plein les yeux sans ce fâcheux sentiment de nous en foutre plein la vue en mode ostentatoire) au sein d'une île de la côte ouest de l'Irlande que nos héros arpentent à travers leur solitude meurtrie. L'un, Colm, s'entêtant à se plonger dans le mutisme de la tranquillité alors que l'autre, Padraic, s'efforçant d'y percer les mobiles de cette soudaine rupture en daignant réparer les torts afin de pouvoir se réconcilier. Et il y a de quoi se retrouver décontenancé face à cette improbable séparation amicale où certains coups y sont permis de manière aussi ubuesque que dérangeante. Et ce sans sombrer dans le ridicule grâce à l'intelligence de sa mise en scène posée, discursive, et surtout à la caractérisation humaine des personnages souffrants de solitude, d'abandon et de peur de la mort au sein d'une île isolée de villageois clairsemés. Et si le cinéaste sublime ses attachants personnages au grand coeur (majeurs et secondaires) à travers sa scénographie naturellement onirique, il se permet en prime d'y faire coexister l'animal (chien, boeuf, âne, cheval) entre respect et amour que nos héros renfrognés hébergent depuis toujours par simple tendresse ou profonde affection (avec une séquence bouleversante auprès des défenseurs de la cause animale).
*Bruno
Récompenses:
Mostra de Venise 2022 :
Prix du meilleur scénario
Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine pour Colin Farrellf
lundi 19 décembre 2022
Contact Mortel / Warning Sign
Sortie salles France: 19 Juillet 1986. U.S: 23 Août 1985
FILMOGRAPHIE: Hal Barwood est un concepteur de jeux vidéo, scénariste, réalisateur et producteur américain né le 16 avril 1940 à Hanover. 1985: Contact Mortel (+ scéariste).
Hélas oubliée aujourd'hui, Contact Mortel est une très bonne série B horrifique des années 80 préfigurant le film d'infectés (même si l'Avion de l'Apocalypse était déjà passé par là). Avec ces aimables trognes de seconde zone (Sam Waterston, Kathleen Quinlan, Yaphet Kotto, Jeffrey DeMunn, Richard Dysart), le récit n'a pas de peine à nous attacher aux personnages parmi l'efficacité d'un script exploitant habilement les décors restreints d'un laboratoire biologique auquel un virus s'y est incidemment échappé. Alors qu'un organisme gouvernemental quadrille le labo afin d'éviter la populace d'approcher la zone infectée, un shérif et un virologue vont tenter par eux même d'endiguer le virus en s'infiltrant dans le huis-clos de tous les dangers. Les contaminés devenant des tueurs en puissance dans leur esprit soudainement dérangé. Jamais grand-guignol, et donc plutôt crédibles, ses scènes d'attaques et d'affrontement entre contaminés et survivants sont agréablement troussées quand bien même on s'intéresse notamment au sort précaire de Joanie Morse, une employée restée piégée à l'intérieur que sont époux (le shérif) tentera de sauver au moment d'expérimenter un vaccin. Baignant dans une photo saturée soignée, Contact Mortel a donc tout pour séduire l'amateur de série B solide sous l'impulsion de bruitages sonores renforçant l'aspect délétère de cette situation de survie en porte-à-faux, si bien que le suspense correctement troussé reste relativement intense jusqu'à la fin. A revoir.
vendredi 16 décembre 2022
Le Jour où la Terre prit feu / The Day the Earth Caught Fire. Prix BAFTA Meilleur Scénario.
Sortie salles France: 29 Mars 1963. Angleterre: 23 Novembre 1961
FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Val Guest de son vrai nom Valmond Guest est un scénariste, réalisateur et producteur britannique né le 11 décembre 1911 à Londres (Royaume-Uni) et décédé le 10 mai 2006 à Palm Springs (Californie). 1954 : La Revanche de Robin des Bois. 1955 : Le Démon de la danse. 1955 : Le Monstre. 1956 : It's A Wonderful World. 1957 : Scotland Yard appelle FBI. 1957 : La Marque. 1957 : Le Redoutable Homme des neiges. 1960 : Expresso Bongo. 1961 : Traitement de choc. 1961 : Le Jour où la Terre prit feu. 1967 : Casino Royale. 1970 : Toomorrow. 1970 : Quand les dinosaures dominaient le monde. 1982 : The Boys in Blue (en). 1984 : Mark of the Devil (en) (TV). 1984 : In Possession (TV). 1985 : Child's Play (TV).
En avouant honnêtement que je m'attendais à un tout autre film, Le Jour où la terre prit feu est une oeuvre d'anticipation surprenante eu égard de l'originalité de son pitch (la nutation de la terre vers le soleil suite à des essais nucléaires aux conséquences catastrophistes) et de son traitement docu-vérité plantant l'action au sein d'une succursale journalistique durant toute la narration en suspens. Impeccablement endossé par des acteurs méconnus chez nous et réalisé avec une rare intelligence dans son refus de la surenchère à sensation si bien que les séquences chocs pourtant impressionnantes demeurent à la fois concises, atmosphériques et très soignées de par leur aspect aussi bien cheap que réaliste; Le jour où le terre prit feu joue la carte de l'angoisse grandissante avec un art consommé de la suggestion. Tout le récit étant bâti sur une suite ininterrompue de dialogues ciselés que nos protagonistes expriment avec un flegme professionnel afin de mieux nous immerger dans leur contexte progressivement alerte.
Et c'est là que réside la grande réussite de ce divertissement inquiétant nous alertant de manière prophétique des dérives du réchauffement climatique et du péril atomique ici exploité de manière à la fois irresponsable et héroïque quant à son étonnant final régi en désespoir de cause. Outre le sentiment trouble de la véracité des faits exposés (un peu de la même manière studieuse que le classique La Chose d'un autre monde); Le jour où le terre prit feu se permet en intermittence, et de manière toujours concise, de mettre en exergue des images cauchemardesques de phénomènes climatiques démesurés avant de nous halluciner avec une séquence festive où des citadins avinés se livrent à la débauche au sein d'un Londres chaotique livré à l'anarchie, la folie, l'insouciance suicidaire. Un moment anthologique que l'on reluque entre angoisse, effroi et désabusement sous la formalité d'une photo scope monochrome de toute beauté (avec en guise de prologue et d'épilogue une variation de teintes sépia pour tenir lieu de l'état décharné de notre monde à l'agonie difficilement respirable). Val Guest poussant le bouchon du pessimisme de façon interrogative auprès d'une ultime image à l'issue de secours irrésolue.
*Bruno
Récompense: Prix de la BAFTA 1962, du meilleur scénario britannique, pour Wolf Mankowitz et Val Guest.
jeudi 15 décembre 2022
The Fabelmans. Prix du Public, Toronto, 2022.
Sortie salles France: 22 Février 2023
FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis). 1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade. 1989: Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2011 : Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne. 2011 : Cheval de guerre. 2012 : Lincoln. 2015 : Le Pont des Espions. 2016 : Le Bon Gros Géant. 2017 : Pentagon Papers. 2018 : Ready Player One. 2021 : West Side Story. 2022 : The Fabelmans.
Quand bien même le jeune Sam (Steven donc) se découvre une passion pour le cinéma que Spielberg transcende en juxtaposant illusion et réalité avec un art consommé de la poésie émerveillée. Mais de par la gravité de son thème susnommé prenant le pas sur la passion du cinéma (en forme de mise en abyme), on peut de toute évidence avouer qu'il s'agit bien de son oeuvre la plus personnelle tant le cinéaste se livre corps et âme à nous délivrer ses états d'âme face à la pudeur d'une caméra mature esquissant ses profils torturés à l'aide d'une vérité humaine infiniment communicative. Comme s'il s'agissait de notre propre vécu familial et cette angoisse viscérale, cette hantise refoulée de perdre nos parents. Si bien que littéralement impliqués par la fragilité de leurs émotions (chez Spielberg, les protagonistes demeurent profondément humains par leur valeur morale), les larmes coulent parfois à travers ses déchirures de coeur contraintes de subir la séparation parentale. Les acteurs, magnifiques de pudeur, d'humilité, de sobriété par leurs expressivités fulminantes ou désespérées nous communiquant une moisson d'émotions à la fois troubles, dures, cruelles ou contrairement sages, rassurantes passées des prises de décision réfléchies. Alors qu'au sein de ce désordre conjugal où enfant et ado, en perte de repères, sont pris dans la tourmente de la peur d'être séparés, Sam s'efforcera néanmoins de poursuivre sa vocation cinématographique de par son amour inné pour l'illusion de la pellicule. Et ce en faisant déjà la part des choses entre mauvais et vrai cinéma lors de sa projo de Day Beach face à un public euphorique. Avec en filigrane un hommage tant émouvant à ces classiques immuables de papa que l'on se remémore avec une nostalgie gratifiante.
*Bruno
Bones and All. Lion d'Argent du Meilleur Réalisateur.
Sortie salles France: 23 Novembre 2022
FILMOGRAPHIE: Luca Guadagnino est un réalisateur scénariste et producteur italien, né le 10 août 1971 à Palerme en Sicile. 1999 : The Protagonists. 2001 : Sconvolto così. 2003 : Mundo civilizado (documentaire). 2004 : Cuoco contadino (documentaire). 2005 : Melissa P. 2009 : Amore. 2015 : A Bigger Splash. 2017 : Call Me by Your Name. 2018 : Suspiria. 2020 : Salvatore - Shoemaker of Dreams (documentaire). 2022 : Bones & All.
C'est très bon mais c'est très particulier aussi, si bien que ça ne plaira assurément pas à tous.
Dommage que l'on éprouve peu d'empathie pour la romance galvaudée de ce couple de serial-killer en perdition car il y a des scènes puissamment féroces et une ambiance d'étrangeté parfois terriblement fascinante et inhospitalière (notamment auprès de sa première demi-heure à la lisière d'un fantastique feutré, le moment que j'ai préféré).
On aurait peut-être aussi opté pour une narration plus riche et inventive et un rythme plus trépidant (2h11 c'est un peu too much pour ce que ça raconte) même si on reste assez captivé par ce road movie vitriolé traversé de séquences extrêmes insoutenables au point de détourner le regard auprès des plus fragiles (ce fut mon cas à 2 reprises). Et c'est franchement nauséeux à ce niveau émétique parce que c'est cru, sans concession, impitoyable, pour ne pas dire dégueulasse.
A découvrir, d'autant plus que l'interprétation fulgurante (même certains seconds-rôles très marquants !) reste la grande qualité de ce métrage personnel posant un regard attentif (sans aucun jugement) sur les marginaux et les laissés pour compte au sein d'une Amérique profonde sans repère. Et à ce niveau contemplatif, les décors naturels sont immersifs par leur atmosphère parcimonieuse.
Et comme le souligne sa tagline, c'est effectivement un métrage qui laisse des traces dans la rétine et l'encéphale que l'on adhère ou pas.
*Bruno
Récompenses:
Mostra de Venise 2022 :
Lion d'argent du meilleur réalisateur
Prix Marcello-Mastroianni du meilleur espoir pour Taylor Russell
mercredi 7 décembre 2022
Reflets dans un oeil d'or / Reflections in a Golden Eye
Sortie salles France: 21 Décembre 1967 (Int - 13 ans). U.S: 13 Octobre 1967
FILMOGRAPHIE: John Huston est un réalisateur et acteur américain, né le 5 août 1906 à Nevada, dans le Missouri, et mort le 28 août 1987 à Middletown, dans le Rhode Island aux États-Unis.1941 : Le Faucon maltais. 1942 : L'amour n'est pas en jeu. 1942 : Griffes jaunes. 1943 : Report from the Aleutians. 1945 : La Bataille de San Pietro. 1948 : Le Trésor de la Sierra Madre. 1948 : La Folle Enquête. 1948 : Key Largo. 1949 : Les Insurgés. 1950 : Quand la ville dort. 1951 : La Charge victorieuse. 1951 : African Queen. 1952 : Moulin Rouge. 1953 : Plus fort que le diable. 1956 : Moby Dick. 1957 : Dieu seul le sait. 1958 : Le Barbare et la Geisha. 1958 : Les Racines du ciel. 1960 : Le Vent de la plaine. 1961 : Les Désaxés. 1962 : Freud, passions secrètes. 1963 : Le Dernier de la liste. 1964 : La Nuit de l'iguane. 1966 : La Bible. 1967 : Casino Royale. 1967 : Reflets dans un œil d'or. 1969 : Davey des grands chemins. 1969 : Promenade avec l'amour et la mort. 1970 : La Lettre du Kremlin. 1971 : Les Complices de la dernière chance. 1972 : La Dernière Chance. 1972 : Juge et Hors-la-loi. 1973 : Le Piège. 1975 : L'Homme qui voulut être roi. 1976 : Independence. 1979 : Avec les compliments de Charlie. 1979 : Le Malin. 1980 : Phobia. 1981 : À nous la victoire. 1982 : Annie. 1984 : Au-dessous du volcan. 1985 : L'Honneur des Prizzi. 1987 : Gens de Dublin.
A Bertrand Tavernier et Rui Nogueira qui, dans un entretien de 1970 lui demandaient quel était son film préféré, John Huston répondait: "En premier lieu je crois que je mettrais Reflets dans un Oeil d'or. C'est un film que j'aime dans sa totalité".
Psychologiquement pesant, éprouvant, voir étouffant, de par son climat malsain où folie et perversité se télescopent dans des directions imprévisibles davantage lourdes de conséquences, Reflets dans un oeil d'or bouscule les habitudes du spectateur après de sa thématique de l'échec amoureux tout en jouant avec nos nerfs sous l'impulsion d'un réalisme d'étrangeté de plus en plus prégnant par son escalade sentimentale infructueuse. Perturbant par sa dramaturgie à la fois dépressive et psychotique, Reflets dans un Oeil d'or est probablement l'une des oeuvres acrimonieuses les plus inquiétantes des années 60 (annonçant fatalement l'authenticité crue des Seventies).
Pour public averti.
jeudi 1 décembre 2022
Jennifer's Body
Sortie salles France: 21 Octobre 2009
FILMOGRAPHIE: Karyn K. Kusama, née le 21 mars 1968 à Brooklyn, est une scénariste et réalisatrice américaine pour le cinéma et la télévision. 2000 : Girlfight. 2005 : Æon Flux. 2007 : The L Word (série télévisée) épisode 4-10 Little Boy Blue. 2009 : Jennifer's Body. 2015 : The Invitation. 2017 : XX pour le segment Her Only Living Son. 2018 : Destroyer.
Il m'aura suffit d'écouter les allégations optimistes d'une youtubeuse (reluquée en guise d'ennui, j'avoue) et d'y lire quelques articles US aussi convaincus issus du site Wikipedia (voir en fin de chronique) pour me laisser à nouveau tenter par la déception (ou plutôt le déceptif = trompeur) Jennifer's Body que tout le monde, ou presque, bouda lors de sa sortie, faute à une promotion biaisée uniquement bâtie sur le sex-appeal de la star bankable, Megan Fox. Ainsi donc, à la revoyure, et sans me laisser influencer par une démotivation défaitiste, quelle fut ma "réelle" surprise de me (re)plonger dans ce teen movie horrifique beaucoup plus profond, humain, intelligent et original qu'il n'y parait. Sans compter le talent commun de ces comédiens qui existent par eux mêmes sans se laisser piéger par l'ombre du stéréotype. Si bien que sous couvert de divertissement faussement consensuel (suffit de repérer une quantité de dialogues plutôt crus en prime d'être ciselés, inventifs, sarcastiques), la réalisatrice Karyn K. Kusama nous façonne les fascinants portraits de 2 lycéennes antinomiques en voie de rébellion contre la gente masculine. L'une étant une pétasse vaniteuse et superficielle, faute de son apparence élégamment torride, allumeuse n'ayant d'autre but que de plaire à tous prix au plus grand nombre. L'autre sa meilleure amie autrement réservée et timorée mais éprise de fascination pour celle que tous les garçons s'arrachent en guise de coucherie d'un soir au moment de découvrir la sexualité avec son petit ami. Esthétiquement soigné, pour ne pas dire alambiqué, à chaque plan, avec son lot de séquences étonnamment oniriques (on est parfois à la lisière du conte et de la féerie macabre), Jennifer's Body n'a aucune peine pour nous conter avec autant de sincérité que d'amour et d'attention un récit horrifique à suspense ponctué de séquences chocs redoutablement efficaces.
Tant auprès de la qualité numérique de ses FX saillants que de son gore à la fois baroque, érotisant et décomplexé (tout du moins dans la version Uncut rallongée de 5 minutes). Mais outre sa structure narrative soigneusement planifiée auquel nous nous immergeons facilement de par l'identification des personnages, on se passionne donc pour ses attachants profils de lycéennes torturées et revanchardes partagées entre malaise existentiel et peur de la sexualité (les thèmes du harcèlement sexuel et du viol adoptant aujourd'hui un écho beaucoup plus amer par son actualité contemporaine faisant écho au mouvement Me Too) en dépit de leur langage grossier à se prétendre autrement provocatrices aux yeux des mâles. Le récit accordant autant d'intérêt à la conversion de Megan Fox en succube punitive que de passion pour la fragilité attendrie de la modeste Anita (Amanda Seyfried) en proie à une remise en question finale inopinément subversive, pour ne pas dire immorale. Megan Fox demeurant sobrement convaincante en démone de l'enfer lestement habitée par ses pulsions sexuelles dévastatrices alors qu'au préalable elle cultiva un flegme autrement séducteur pour réconforter ses proies et les dévorer. En tout état de cause, l'actrice se fond personnellement dans l'auto-dérision avec un franc naturel parfois même troublant ou autrement fulgurant, notamment auprès de séquences de lévitation magnifiquement réalistes pour nous plonger dans son introspection sataniste métaphorique. Quand bien même Amanda Seyfried fait preuve de recul et de maturité pour sa sagesse humaniste au moment de se laisser vaincre par sa curiosité, sa remise en question morale, ses interrogations à reconsidérer sa meilleure amie de par son humanisme à la fois fébrile, contrariée eu égard de son témoignage prescient d'assister aux éléments dévastateurs d'un surnaturel épuré.
Box-Office France: 320 961 entrées
lundi 28 novembre 2022
L'Homme qui tua Liberty Valance / The Man Who Shot Liberty Valance
Sortie salles France: 3 Octobre 1962
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Ford, (John Martin Feeney), est un réalisateur et producteur américain, né le 1er février 1894 à Cape Elizabeth près de Portland (Maine) et mort le 31 août 1973 à Palm Desert (Californie). 1928 : Napoleon's Barber. 1932 : Tête brûlée. 1934 : La Patrouille perdue. 1939 : La Chevauchée fantastique. 1939 : Sur la piste des Mohawks. 1940 : Les Raisins de la colère. 1941 : Qu'elle était verte ma vallée. 1942 : La Bataille de Midway. 1946 : La Poursuite infernale. 1948 : Le Massacre de Fort Apache. 1949 : La Charge héroïque. 1950 : Le Convoi des braves. 1950 : Rio Grande. 1952 : L'Homme tranquille. 1953 : Mogambo. 1955 : Ce n'est qu'un au revoir. 1956 : La Prisonnière du désert. 1960 : Le Sergent noir. 1960 : Alamo, réalisateur de la 2e équipe. 1962 : L'Homme qui tua Liberty Valance. 1962 : La Conquête de l'Ouest. 1963 : La Taverne de l'Irlandais. 1964 : Les Cheyennes. 1976 : Chesty: A Tribute to a Legend (documentaire).
Considéré comme l'un des plus grands westerns de l'histoire du cinéma et selon certains critiques comme le meilleur film de Ford, l'Homme qui tua Liberty Valance n'a pas usurpé sa place au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américain instaurée depuis 2007. Car découvrir pour la première fois ce grand moment de cinéma demeure émotionnellement capiteux, voir même éprouvant (notamment auprès de la brutalité de sa grande violence qu'exerce un Lee Marvin félin injecté de fiel et d'orgueil dans sa posture décomplexée d'omnipotence) eu égard de l'intensité dramatique qui se dégage des tourments des personnages en proie à une réflexion sur l'auto-justice (que tout un chacun peut un jour perpétrer lors d'un concours de circonstances irréversibles) après avoir flirté la valeur pédagogue. James Stewart incarnant avec une classe réservée l'honnête sénateur Stoddard désireux d'éduquer les habitants de la ville de Shinbone dans leur condition à la fois analphabète, inculte et alcoolique.
Mais après avoir été grièvement blessé par le bandit Liberty Valance lors d'un hold-up, Stoddard demeure le bouc émissaire au moment de s'installer comme cuisinier dans un restaurant et d'y faire la connaissance de Tom Doniphon (John Wayne, impérial de charisme viril dans sa force tranquille et de sureté avant de se laisser submerger par le dépit amoureux) et sa compagne Haillie (Vera Miles résolument radieuse de posture affirmée, divine de volonté et de dignité auprès de ses valeurs morales inscrites dans la rectitude, si douce et tendre lorsqu'elle admire un étranger destiné à révolutionner les mentalités). Ainsi, à travers la caractérisation littéralement hypnotique de ses personnages s'efforçant de rétablir l'ordre et la justice dans une ville livrée à l'anarchie, la médiocrité et l'ignorance dans leur condition soumise, on reste constamment tétanisé de fascination empathique, portée par la puissance du récit vindicatif où la notion de héros est ici galvaudée, biaisée par un retournement de situation bicéphale (en évitant de trop en dévoiler). John Ford, épaulé de sa mise en scène à la fois chiadée, monochrome (noir et blanc immaculé qui plus est 4K !), ultra pointilleuse (les préparatifs des repas dans la cuisine détonnent par son réalisme surmené !), cultivant un climat mélancolique au coeur de cette ville fantôme apprenant peu à peu les valeurs essentielles de la démocratie et du droit de vote dans une société en mutabilité tour à tour technologique et cérébrale.
*Bruno
Ci-joint l'analyse passionnante de Jean-Baptiste Thoret.