mardi 12 septembre 2023

La Main / Talk to me

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.plan-sequence.com

de Danny Philippou et Michael Philippou. 2022. Australie. 1h34. Avec Sophie Wilde, Alexandra Jensen, Joe Bird, Otis Dhanji, Miranda Otto

Sortie salles France: 26 Juillet 2023 (Int - 16 ans). États-Unis, Canada : 28 juillet 2023

FILMOGRAPHIE: Danny Philippou et Michael Philippou sont des réalisateurs australiens. 
2022: La Main.  


Peter Jackson a adoré La Main : "C'est le meilleur film d'horreur que j'ai pu voir depuis des années"

Et il a bien raison si bien que selon ma sensibilité de cinéphile acharné c'est un des films les plus flippants que j'ai pu voir sans soupçon d'hésitation. De par ces effets de peur que l'on redoute comme la peste, à l'instar d'une Regan impuissante possédée par le diable dans l'Exorciste, La Main entretient ce même sentiment d'inconfort tangible tout le long d'une intrigue à suspense aussi latent que diffus. C'est dire si cette oeuvre soigneusement emballée (avec des effets de caméra étourdissants d'inventivité - la scène du lit sans doute inspirée des Griffes de la Nuit -) m'a totalement envahi d'immersion afin de me faire pénétrer dès le prologue dans son cauchemar cérébral avec une puissance visuelle aussi ensorcelante que malaisante (comptez notamment 20/30 mns de spiritisme à marquer d'une pierre blanche comme le fut Le Cercle Infernal ou encore l'Enfant du Diable). Mais outre l'idée retorse de son concept 1000 fois vus ailleurs, La Main parvient donc à redorer le genre dans sa capacité innée à cultiver (ou plutôt sustenter) trouille et malaise de par la caractérisation psychologique d'une bande d'ados dénués de stéréotype avec leur physique standard anti tape à l'oeil. Mais surtout ils parviennent à être naturellement attachants par leur fragilité démunie, leur contrariété commune, leur fébrilité névrotique eu égard de leur expérience politiquement incorrecte avec les voix de l'au-delà les plus fétides et licencieuses. Nous sommes donc ici face à une horreur adulte (ultra) premier degré sous l'impulsion de personnages juvéniles jamais décervelés ou irritables dans leur esprit de provocation, de perte de repère, de quête d'amour et de rédemption. Et de les voir souffrir de cette manière aussi inlassable qu'inéquitable et fataliste, cela fait mal, psychologiquement très très mal. 


L'oeuvre d'une intensité rigoureuse sombre et désespérée se déclinant autant en filigrane en émouvant drame psychologique sur l'incapacité à assumer le deuil maternel du point de vue de la fille tiraillée par ses démons internes, en interrogation spirituelle, identitaire et de culpabilité. A savoir si sa mère s'est sciemment donnée la mort pour des motifs obscurs. Mais revenons à nouveau au côté fictionnel de son histoire occulte au point d'omettre que nous ne sommes après tout qu'au cinéma. Le réalisme de leur quotidien ombrageux demeurant si étrangement expressif, plus vrai que nature si j'ose dire qu'on oublie fissa que tout ceci n'est qu'un habile divertissement factice pour provoquer l'émoi en continu. Les Frères Danny Philippou et Michael Philippou, youtubeurs à leurs heures perdues (on croit rêver quand même !), nous concoctant avec un art consommé de la peur diffuse une référence de l'horreur contemporaine sous couvert d'une génération Z asservie par leur smartphone, le narcissisme et les réseaux sociaux. Redoutablement efficace par son savoir-faire, sa maîtrise technique et le jeu dépouillé des comédiens habités par l'anxiété, la peur, le désarroi, la Main s'érige en cauchemar en porte-à-faux lorsque Mia tente de s'extraire des griffes du Mal au gré d'hallucinations morbides terriblement épeurantes au point de ne plus pouvoir distinguer la réalité de ses visions surnaturelles. Sans compter cette cruauté graphique mais aussi morale dénuée de concession, certaines séquences d'ultra violence gorasse demeurant éprouvantes pour le public sensible immergé dans cette hantise démoniale d'un nouveau genre où la possession des corps aura un impact foudroyant pour leur âme faute de la suprématie d'un Mal nécrosé. 


Il y a les films d'horreur, et il y a les films qui font peur en dépoussiérant le genre de leur cendre.
Epreuve de force à la fois terrifiante, bouleversante et malaisante sans jamais pouvoir cligner de l'oeil tant le métrage possède une aura magnétique échappant à notre contrôle de cinéphile aguerri, la Main est l'un des rares films de flippe (la vraie donc) à susciter la frousse avec autant de brio (c'est une 1ère oeuvre !), d'intelligence (son intensité dramatique radicale en est même parfois poignante, émouvante) que d'alchimie roublarde au point de vivre une expérience horrifique prise sur le vif. Quant à ceux (spectateurs, initiés compris) qui hélas n'auront pas adhéré au concept, je les plains car ils ne sauront jamais ce qu'ils ont perdu. La motivation majeure du cinéma d'horreur étant avant tout de tenter de nous effrayer avec le plus de réalisme possible, la gageure incroyablement réussie pour les néophytes Danny Philippou et Michael Philippou dont j'attends de pied ferme leur prochain délire sépulcral. 

*Bruno

Ci-joint la critique de Jean-Marc Micciche:

Séance découverte avec le gros choc La main...Bien parti aux cotés de Demeter pour être le meilleur film fantastique de l'année. Partant de la mode d'un I Concept (on organise des soirées à se faire peur à travers l'utilisation d'une main pour entrer en contact avec le royaume des morts), le film déploie tout son potentiel horrifique en créant une ambiance où le chaos peut surgir à chaque instant...rarement la frontière qui sépare le monde des morts et celui des vivants n'as été aussi palpable. Mais là où les auteurs font encore plus fort, c'est que les auteurs réussissent à dévier l'horror movie pour ados super efficace pour travailler d'autres vertiges de l'angoisse, plus douloureux, plus intime, plus macabre. La main fait partie de ses rares films où le spectateur est confronté à l'inéluctable. A l'instart du Simetière de Mary Lambert, les personnages agissent pour se faire du bien car la douleur d'une perte est trop lourde à porté et c'est cette obsession qui confine à la folie qui conduit les perso à leurs pertes...De ce fait, de la simple série b horrifique et commercial, le film devient un drame poétique et macabre qui indéniablement marque le spectateur pas forcement préparé à une telle expérience dans l’indicible horreur...Une futur classique à ne pas douter !!! 10/10

vendredi 8 septembre 2023

Daybreakers

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael et Peter Spierig. 2009. U.S.A/Australie. 1h38. Avec Ethan Hawke, Sam Neill, Willem Dafoe, Claudia Karvan, Vince Colosimo, Michael Dorman.

Sortie salles France: 3 Mars 2010. U.S: 8 Janvier 2010

FILMOGRAPHIEMichael Spierig et Peter Spierig, nés le 29 avril 1976 à Buchholz (Allemagne), sont des réalisateurs, scénaristes et producteurs australiens. 2000 : The Big Picture (court métrage). 2003 : Undead. 2009 : Daybreakers. 2014 : Prédestination. 2017 : Jigsaw (seulement réalisateurs). 2018 : La Malédiction Winchester. 


Excellente surprise, pour ne pas dire perle de série B injustement oubliée comme tant d'autres au sein de chaque époque, Daybreakers (d)étonne par sa faculté à nous immerger sans ambages dans un univers irréel plus vrai que nature. Tant et si bien que le récit constamment inventif, passionnant, grave, inquiétant (des vampires tentent de trouver un substitut sanguin au sein d'un monde chaotique où le sang des humains est en voie de disparition puisqu'il ne reste que 5% de la population mondiale) nous fait rapidement omettre que nous sommes au cinéma. L'oeuvre pour autant modeste et assez sobre (avant son final gorissime en roue libre) parvenant à nous proposer le plus honnêtement possible (en dépit de quelques CGI grossiers alors que d'autres font leur effet de réalisme) une expérience horrifique redoutablement atmosphérique sous l'impulsion d'une poignée de personnages jouant les résistants avec une foi inébranlable. 


Tant auprès du profil passionnant de notre héros solidaire qu'endosse Ethan Hawke engagé dans une morale légitime eu égard de sa condition vampire en quête de rédemption, de foi en l'avenir de l'humanité, de Willem Dafoe et Claudia Karvan en duo de survivants de dernier ressort inscrits dans une bravoure charismatique que n'aurait renié John Carpenter ou encore de l'apparition surprise Sam Neil en vampire dictateur impassible dénué de vergogne à s'entêter d'y préserver son trône en dépit de précaires lueurs d'espoir à sustenter son ethnie moribonde. Tout cela baignant dans une atmosphère crépusculaire à la fois high-tech (les métropoles urbaines futuristes particulièrement stylisées) et baroque (sa nature aride en perdition et sinistrée avec en sus de magnifiques couchés de soleil chargés d'éclairages obscurs) au service d'une mise en scène stylisée ne laissant rien au hasard puisque soucieuse du détail pour mieux authentifier son univers atypique redoutablement envoûtant. Daybreakers redorant le blason du spectacle à l'ancienne en considérant notamment le spectateur en tant qu'adulte tant la caractérisation des personnages humanistes ainsi que la structure narrative (même si simpliste) se soldent d'une efficacité métronome au fil de surprises improvisées. Leur sort précaire étant évalué au gré d'une densité psychologique à la fois dramatique, un poil désespérée mais aussi optimiste auprès du parti-pris de nos réalisateurs jonglant avec une étonnante fluidité entre science-fiction, horreur, fantastique, action.


Les Survivants. 
Formidable divertissement horrifique à la fois intelligible, personnel si j'ose dire, presque poignant et discursif (avec sa métaphore sur la famine et son discours existentiel sur la difficulté à renouer avec ses sentiments au sein d'une apocalypse bactérienne), Daybreakers est à redécouvrir d'urgence pour qui raffole de films d'ambiance à l'ancienne héritées du cinéma de Carpenter. On n'en demandait pas tant avec pareil projet (faussement) commercial alors que le ridicule aurait pu facilement s'imposer avec sujet aussi casse-gueule qu'audacieux.

*Bruno
2èx

jeudi 7 septembre 2023

L'île aux Pirates / Cutthroat Island

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Renny Harlin. 1995. France/U.S.A./Allemagne/Italie. 2h04. Avec Geena Davis, Matthew Modine, Frank Langella, Maury Chaykin, Patrick Malahide, Stan Shaw, Rex Linn, Paul Dillon.

Sortie salles France: 14 Février 1996. U.S: 22 Décembre 1995

FILMOGRAPHIE: Renny Harlin est un réalisateur et producteur américain d'origine finlandaise, né le 15 Mars 1959 à Riihimäki (Finlande). 1986: Born American. 1988: Prison. 1988: Le Cauchemar de Freddy. 1990: 58 Minutes pour vivre. 1990: The Adventures of Ford Fairlane. 1993: Cliffhanger. 1995: L'île aux Pirates. 1996: Au revoir à jamais. 1999: Peur Bleue. 2001: Driven. 2004: Profession Profiler. 2004: L'Exorciste, au commencement. 2006: Le Pacte du Sang. 2008: Cleaner. 2009: 12 Rounds. 2011: Etat de Guerre. 2013: Dvatlov Pass Incident. 2014: La Légende d'Hercule.2015 : La Filature. 2018 : Legend of the Ancient Sword 2019 : Funeral Killers. 2021 : Braquage en or. 2021 : Class Reunion 3. Prévu pour 2023 : The Bricklayer et The Strangers. Prochainement : The Refuge.

Plus grand four commercial de tous les temps (98 000 000 vs 10 000 000 dollars de recette), l'île aux Pirates est ce que l'on peut considérer un projet maudit tant le film cumula les vicissitudes au fil de son tournage houleux auquel plusieurs comédiens se désistèrent in extremis (Michael Douglas en tête de peloton) ou refusèrent d'y participer (la liste est longue à l'instar de Tom Cruise, Keanu Reeves, Russell Crowe). Sans compter les dépassements budgétaires qui couta la faillite de la société Carolco Pictures. Or, déployant une générosité aussi habile que philanthrope, Renny Harlin accomplit avec l'île aux Pirates du grand spectacle familial comme on en voit trop peu de nos jours. Une sorte de "néo Dernière Séance" rajeunie par la modernité d'effets-spéciaux artisanaux optimaux puisque aussi bluffants que décapants. Tant et si bien qu'à mes yeux, il demeure supérieur à la saga Pirates des Caraïbes de par son rythme fertile beaucoup mieux géré, son absence de prétention, son action débridée en roue libre aussi époustouflante encore de nos jours (avec d'insensées séquences d'explosion !), ses attachants acteurs aux trognes de seconde zone semblables à du ciné Bis fastueux, qui plus est bondissant au sein de décors naturels aussi éblouissants que la taille outre-mesure de leurs navires grandeur nature. 

Et ce avec comme parti-pris couillu d'imposer en tête d'affiche héroïque la propre femme du réalisateur, Geena Davis étonnamment à l'aise car si impliquée en pirate intrépide en ascension starisée depuis les succès de Thelma et Louise, la Mouche  et Beetlejuice. Et si l'intrigue reste effectivement simpliste, discutable et prévisible lors de ces rivalités éculées en quête de trésor, il ne faut toutefois pas omettre qu'Harlin a humblement décidé de rendre hommage aux films de pirates des années 50 en tablant avant tout sur la bonhomie fringante des personnages cumulant les actions pyrotechniques sans jamais nous lasser de leurs improbables bravoures. Car l'action a beau parfois paraître outrée, bordélique (pour autant toujours fluide !) et certains acteurs cabotiner (principalement Frank Langella, surtout vers le règlement de compte final au coeur des 2 bateaux) on croit à ce que l'on voit avec nos yeux de bambin jouasse. Harlin abusant notamment constamment d'effets de ralentis afin de mieux apprécier l'aventure incessamment épique, bonnard, amiteuse, frétillante. 

Série B de luxe débordante de sympathie, de générosité, de clins d'oeil amusés et de complicité badine auprès d'un spectateur enchanté par ses réminiscences infantiles, l'île aux Pirates est un bijou du genre incompris même si aujourd'hui certains initiés lui vouent un véritable culte avec tendresse indéfectible. En tout état de cause, à reconsidérer urgemment et à redécouvrir dans une exceptionnelle qualité 4K entièrement remasterisée. 

*Bruno
2èx

mercredi 6 septembre 2023

She's so lovely. Prix d'interprétation masculine pour Sean Penn, Cannes 1997

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site intemporel.com

de Nick Cassavetes. 1997. U.S.A. 1h36. Avec Sean Penn, Robin Wright, John Travolta, Harry Dean Stanton, James Gandolfini, Susan Traylor, Debi Mazar.

Sortie salles France: 20 Août 1997

FILMOGRAPHIENick Cassavetes né le 21 mai 1959 à New York est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain.1996 : Décroche les étoiles (Unhook the Stars). 1997 : She's So Lovely. 2002 : John Q. 2004 : N'oublie jamais (The Notebook). 2006 : Alpha Dog. 2009 : Ma vie pour la tienne. 2012 : Yellow. 2014 : Triple alliance (The Other Woman). 2023: God Is A Bullet. 

L'amour fou d'écorchés vifs inséparables sous l'oeil à la fois studieux et perfectible de Nick Cassavetes.

Romcom singulière dynamitant les codes du genre de par les actions impromptues et la posture indulgente, lunaire, borderline, psychotique des personnages emportés par l'ivresse d'un amour tempétueux (euphémisme !), She's so lovely transpire l'amour du cinéma sous la houlette de Nick Cassavetes se prêtant une seconde fois au 7è art, entre maniérisme, sincérité puis ambition payante dans la finalité. Car si on peut parfois un tantinet déplorer le cabotinage de l'excellente Robin Wright en bad girl paumée accompagnée d'un Sean Penn aussi juste que parfois outré dans celui de l'amant ingérable, la seconde partie de cette furieuse romance bipolaire (là encore euphémisme) gagne en densité et intensité dramatique lors des retrouvailles inespérées à la vibrante émotion. Et ce sans émotion programmée si bien que les larmes coulent naturellement au fil des expressivités dépouillées de nos protagonistes d'une fragilité à fleur de peau. Avec, cerise sur la gâteau, l'intervention infaillible de John Travolta en noble époux bafoué par la félonie. 

Celui-ci demeurant d'une justesse imparable à travers ses émotions à la fois contenues et torturées puis expansives eu égard de la tournure fébrile de ce trio conjugal se déchirant corps et âme l'amour d'une femme de nouveau en perdition morale. Mais outre le plaisir de retrouver dans ce même métrage ces illustres acteurs de l'ancienne école entourés d'autres seconds-rôles aussi attachants qu'épatants (Dolly, l'une des filles matures d'Eddie dont j'ignore le patronyme, Harry Dean Stanton en faire-valoir bienveillant, James Gandolfini en voisin de palier ordurier, Burt Young et Talia Shire en frère et soeurs comme extirpés de Rocky ! Et enfin Gena Rowlands en dirigeante psychiatrique - clin d'oeil ironique à Une Femme sous Influence -), on est d'autant plus surpris du côté décalé, pittoresque des situations débridées que Nick Cassavetes s'amuse à inclure au travers de sa narration borderline souvent imprévisible. Si bien que She's so lovely parvient fort efficacement; non sans une certaine habileté mêlée de petites maladresses, à amuser et à  attendrir parmi la gravité d'une folle histoire d'amour finissant par nous bouleverser par son parti-pris moral irréversible. 


Quand on aime, on aime toujours trop.
Tout cela convergeant à une étrange comédie romantique imprégnée de drôlerie, de violence, de tendresse et de tristesse sous le pilier d'une narration éclatée davantage convaincante lors de sa seconde partie autrement plus mature, maîtrisée mais aussi folingue. A revoir donc car cette pépite maudite vouant une réelle affectation pour les marginaux à la dérive ne méritait nullement de sombrer dans l'oubli en dépit de ses anicroches précitées. 

*Bruno
2èx

Récompenses

Prix d'interprétation masculine pour Sean Penn  

Grand prix de la commission supérieure technique pour Thierry Arbogast, lors du Festival de Cannes 1997.

lundi 4 septembre 2023

Paranormal Activity. Prix du Meilleur Film d'Horreur/Thriller, 2010 : Teen Choice Awards.

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Oren Peli. 2009. U.S.A. 1h25. Avec Katie Featherston, Micah Sloat, Mark Fredrichs, Amber Armstrong 

Sortie salles France: 2 Décembre 2009. U.S: 16 Octobre 2009

FILMOGRAPHIEOren Peli (en hébreu אורן פלי), né le 21 janvier 1970, est un réalisateur, scénariste et producteur israélien connu pour le film américain Paranormal Activity sorti en 2009. 2007 : Paranormal Activity. 2015 : Area 51. 


"Réaliser un film qui symbolise la tendance du cinéma de genre de la génération actuelle, tout comme on a dit qu'après la scène de la douche de Psychose, on ne pourrait plus jamais prendre de douche, ou qu'après Les Dents de la mer ou Open Water : En eaux profondes, on ne pourrait plus nager dans la mer, ou encore qu'après Le Projet Blair Witch on ne pourrait plus camper dans les bois. Je me suis dit qu'on ne pouvait plus dormir dans sa propre maison. Par conséquent, si j'arrive à faire en sorte que les gens aient peur de se retrouver chez eux, j'aurai réussi mon coup. Je veux infiltrer les thèmes horreur/fantastique au sein de chaque foyer et par conséquent développer une paranoïa à l'image de l'actrice principale." Oren Peli 


Film américain le plus rentable de tous les temps (15 000 dollars vs 193 356 000 dollars), Paranormal Activity fut l'objet de toutes les critiques et surtout de toutes les railleries (principalement sur les réseaux sociaux) depuis sa sortie. Alors qu'à mes yeux, et à la revoyure ce soir, il s'agit d'un des films les plus terrifiants auquel j'ai assistés au sein de mon cocon douillet. J'insiste sur ce dernier point car le film me semble à mes yeux encore plus flippant qu'en interne d'une salle de cinéma par l'effet d'immersion qu'il produit dans ce lieu clos domestique que nous partagions en commun avec le couple. Si bien que j'ai dû rapidement rallumer les lumières sitôt le (bref) générique clôt avec la sensation aussi désagréable que fascinante d'avoir passé un éprouvant moment jusqu'à la rédemption du générique. C'est dire à quel point ce Found Footage d'une redoutable efficacité exploite la thématique de la demeure hantée avec autant d'efficacité que les frères Sanchez pour Le Projet Blair WitchOren Peli jouant habilement la carte de la suggestion et du suspense lattent par le biais de petits touches surnaturelles que l'on observe avec une dérangeante appréhension lorsque l'époux ne cesse de filmer (caméra fixe ou parfois à l'épaule) à travers son esprit rationnel (tout l'inverse de son épouse indirectement responsable des phénomènes occultes). 


La tension sous-jacente puis davantage tangible montant en crescendo au fil d'épisodes toujours plus violents, malsains eu égard de la menace invisible probablement démoniale qui n'en n'est pas à son 1er coup d'essai apprendra t'on lors d'un article que le couple démuni fouilla sur le net. D'ailleurs il faut impérativement louer le jeu naturel, pour ne pas dire authentique, des 2 acteurs jouant le couple tourmenté avec une spontanéité familière afin de mieux nous immerger dans leur désarroi quotidien. Mais outre son final épeurant auquel Spielberg en personne a bien eu du mal à se remettre, Paranormal Activity ne cesse donc de susciter terreur et angoisse rigoureusement malaisante au sein d'une chambre feutrée la plupart du temps filmée en vision nocturne. Chaque séquence cadrée de manière fixe imposant de prime abord une mise en attente de l'effet choc escompté avant de nous tétaniser avec un évènement surnaturel subitement mobile. L'hyper réalisme de son format documenté exacerbant à point nommé les effets de terreur disséminés à juste dose au fil d'une caractérisation psychologique au bord de la crise conjugale. Quand bien même l'idée retorse de cette relation étroite, cette complicité involontaire qu'endossent la victime et l'entité afin de ne pas quitter la demeure et un alibi factuel afin de crédibiliser l'entêtement du couple à rester malgré tout dans leur foyer toujours plus objet à crises surnaturelles.  


"Ce que Spielberg a fait avec la plage, Oren Peli veut le faire dans votre chambre. Rien n'est plus efficace que la peur la plus lointaine, celle qui fait regarder sous son lit avant de se coucher."

Angoissant, malaisant et terrorisant au sens stricte à maintes reprises dans son désir d'y exploiter une peur primale liée à notre enfance, Paranormal Activity restera à mes yeux l'une des expériences les plus effrayantes que j'ai vécues à l'écran au grand dam des goguenards impassibles réfractaires au concept (souvent controversé, discrédité) du Found Footage

*Bruno
2èx

Nombre d'entrées en France : 1 105 953


Spielberg terrorisé. 
Steven Spielberg a dû arrêter de regarder le film à mi-parcours chez lui, car il était trop effrayé de le regarder la nuit. La dernière fois que ça lui était arrivé c'était pour l'Exorciste. Il l'a terminé le lendemain à la lumière du jour et l'a adoré. Après l'avoir visionné, il aurait trouvé la porte de sa chambre mystérieusement verrouillée de l'intérieur, au point de devoir faire appel à un serrurier. Peu après, il aurait refusé de garder la copie à son domicile et l'aurait rapporté chez DreamWorks dans un sac poubelle. C'est enfin lui qui aurait suggéré au réalisateur le final de la version définitive, ainsi que quelques coupes. 

Ci-joint la chronique de critiqueuniverse[CRITIQUE] Paranormal Activity – Films sur Critique Universe

vendredi 1 septembre 2023

Le Bal de l'Horreur / Prom Night

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site homepopcorn.fr
 
de Paul Lynch. 1980. Canada. 1h34. Avec Jamie Lee Curtis, Casey Stevens, Michael Tough, Leslie Nielsen, Anne-Marie Martin, Joy Thompson, George Touliatos.

Sortie salles France: 19 Décembre 1980. Canada: 12 Septembre 1980

FILMOGRAPHIEPaul Lynch est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né 11 juin 1946 à Liverpool (Royaume-Uni). 1973 : The Hard Part Begins. 1978 : Blood & Guts. 1980 : Le Bal de l'horreur. 1981 : Darkroom (série TV). 1982 : Humongous. 1983 : Cross Country. 1985 : Clair de lune (série TV). 1985 : Ray Bradbury présente (série TV). 1986 : Flying. 1986 : Blindside. 1986 : Mania (TV). 1986 : Bullies. 1987 : Really Weird Tales (TV). 1987 : La Belle et la Bête  (série TV). 1987 : Flic à tout faire (série TV). 1987 : L'Enfer du devoir (série TV). 1988 : Maigret (TV). 1988 : Going to the Chapel. 1989 : She Knows Too Much (TV). 1989 : Murder by Night (TV). 1989 : Double Your Pleasure (TV). 1990 : Top Cops (série TV). 1991 : La Malédiction de Collinwood (série TV). 1991 : Beauté fatale (TV). 1993 : Spenser: Ceremony (TV). 1993 : Kung Fu, la légende continue (série tv). 1994 : Intervention immédiate. 1994 : Liberty Street (série TV). 1995 : Xena, la guerrière (série TV). 1996 : Mike Land, détective (série TV). 1996 : Viper (série TV). 1997 : No Contest II. 1999 : More to Love. 1999 : Le Manoir enchanté (TV). 2000 : Frayeur à domicile. 2004 : The Keeper. 


"Lorsque tu changes ta façon de voir les choses, les choses que tu regardes changent"
Car je n'aurai pas misé un clopet. Et pourtant il m'eut fallu 3 visionnages pour virer ma cuti et enfin l'apprécier (à sa juste valeur ?). Quand bien même, si j'en crois le site Wikipedia, Le Bal de l'Horreur  jouit d'une réputation de film culte (!?) en prime d'un succès commercial important (15 millions de dollars Outre-Atlantique, film d'horreur le plus rémunérateur au Canada en 1980) et de critiques élogieuses (voir fin d'article). Quant à ma vision subjective, j'avoue sans ambages que j'ai pris un réel plaisir hier soir à la revoyure à ma grande surprise. Tant et si bien que ce psycho-killer pour autant mineur (n'abusons pas non plus) demeure avant tout un "vrai" film d'ambiance comme on en voit plus actuellement (ou alors si peu, euphémisme). Car marchant sur les platebandes de Halloween  (notamment avec ce fou échappé d'un asile afin de brouiller les pistes pour l'identité du tueur, la bourgade si tranquille et accueillante avec ses jeunes ados insouciants) et de Carrie (la panique finale au sein du bal, le méchant lycéen revanchard épaulé de sa potiche en lieu et place de Travolta / Nancy Allen), le Bal de l'horreur demeure aussi charmant que plaisant sous le pivot d'une Jamie Lee Curtis aussi magnétique que sexy. Et ce en dépit de sa faible caractérisation psychologique que Paul Lynch (à qui l'on doit aussi le fort sympathique Humoungous tourné 2 ans plus tard) évite de s'attarder comme la plupart des protagonistes batifolant sans complexe aux jeux de drague et du sexe. Celui-ci misant surtout sur l'ambiance anxiogène d'un suspense éthéré (avec une belle photo et ses néons de discothèque) en dépit d'une dernière partie autrement plus haletante, horrifique auprès des exactions meurtrières à la hache (sans verser dans le gore outrancier). On peut aussi relever l'aspect inquiétant de son prologue et cette complicité meurtrière de bambins ayant provoqué la mort accidentelle d'une de leurs camarades si bien que l'épilogue révélateur nous suscite une certaine empathie quant à l'identité du tueur traumatisé par ce cruel évènement. 


D'ailleurs, ce dernier adopte un accoutrement vestimentaire idoine (il est vêtu tout de noir avec son masque et ses gants de soie), pour ne pas dire charismatique à mes yeux, de par sa posture crépusculaire assez saillante et quelque peu singulière au sein du psycho-killer. Qui plus est, la dernière demi-heure ne manque ni d'angoisse plus persuasive, ni de suspense autrement tangible, voir même d'un sentiment de terreur lorsque celui-ci pourchasse ses victimes féminines à travers les corridors du lycées et autres classes plus étroites. Il y a d'ailleurs une séquence apparentée à Maniac de Lustig (remember la  poursuite anthologique du métro), toutes proportions gardées, lorsque la victime s'efforce de fuir le tueur en se confinant dans plusieurs pièces du lycées dans une posture davantage terrifiée, à bout de souffle presque. D'autre part, la confrontation finale entre survivants et tueur est notamment une séquence (étonnamment) débridée vue nulle part ailleurs, et ce sans sombrer dans le ridicule comme par miracle si j'ose dire. Quant aux scènes de danse estampillées "disco", elles sont franchement jubilatoires pour qui apprécie le style musical influencé de la Fièvre du Samedi soir en vogue (1977). La chorégraphie entrainante entre Jamie Lee Curtis et son partenaire ne sombrant là non plus jamais dans le ridicule à tenter d'émuler Travolta et sa muse. Une séquence génialement naturelle, décomplexée que je peux revoir à l'infini sans me lasser. Quant au générique final il est magnifié d'une mélodie élégiaque dont j'ignore le patronyme de la chanteuse si bien que l'on reste rivé au siège jusqu'au fondu au noir non sans une certaine tendresse d'avoir participé à cette ambiance Eightie assez expressive pour emporter l'adhésion. 


Réalisé avec une attachante maladresse et servi par des dialogues et des interprètes aussi perfectibles, le Bal de l'horreur cultive justement un charme nostalgique par ses défauts rétros à daigner concurrencer les classiques de l'époque avec une touchante sincérité. A réserver toutefois exclusivement à la génération 80 afin de se replonger dans cette univers (gentiment) envoûtant dénué de prétention par son innocence crédule. Et puis quelle magnifique affiche.

P.S: à privilégier la VO (en 5.1)

*Bruno
3èx

INFOS WIKIPEDIA sur la notoriété du film que j'ai toujours ignoré:

Prom Night en version originale anglaise a été tourné à Toronto, Ontario, Canada, à la fin de 1979 avec un budget de 1,5 million de dollars. Distribué par Astral Films au Canada et AVCO Embassy Pictures aux États-Unis, le film est sorti le 18 juillet 1980 dans certaines salles de cinéma et a été un succès financier immédiat. La plate-forme de sortie en salles du film a été étendue aux grandes villes américaines telles que Los Angeles et New York en août, où le film a de nouveau rencontré des recettes élevées au box-office. À l'époque, le film était la sortie la plus réussie financièrement d'AVCO Embassy, battant des records du week-end à Los Angeles, Philadelphie et en Nouvelle-Angleterre.

À la fin de la sortie en salles du film, Prom Night avait rapporté 15 millions de dollars aux États-Unis et était le film d'horreur le plus rémunérateur au Canada en 1980. La réaction critique du film était variée et rejetée pour les représentations du film de la violence contre les jeunes femmes, tandis que d'autres louant alternativement Prom Night pour le contenu violent plus discret du film. Il a reçu des éloges de la critique, remportant des nominations aux prix Génie pour le montage et aussi pour la performance principale de Jamie Lee Curtis. Une coupe alternative du film a été diffusée sur les chaînes de télévisions américaines et canadiennes en 1981.

Dans les années qui ont suivi, Prom Night a acquis un culte substantiel pour le contenu d'horreur du film et aussi pour l'album de la bande originale du film (qui a été publié par RCA Records au Japon en 1980). Certains spécialistes du cinéma ont cité Prom Night comme l'un des films de slasher les plus influents de l'époque. Plusieurs sociétés ont sorti le film en vidéo et il est également sorti sur DVD par Anchor Bay Entertainment en 1998. Une édition Blu-ray remasterisée du film a été publiée par Synapse Films en 2014 puis par Rimini Editions en 2019 dans l'Hexagone.

mercredi 30 août 2023

Le Dernier voyage du Demeter / The Last Voyage of the Demeter

                                            
                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de André Øvredal. 2023. U.S.A. 1h58. Avec Corey Hawkins Aisling Franciosi Liam Cunningham, David Dastmalchian, Javier Botet, Woody Norman, Jon Jon Briones. 

Sortie salles France: 23 Août 2023

FILMOGRAPHIE: André Øvredal est un scénariste, producteur et réalisateur norvégien né en 1973. 2000: Future Murder. 2004: Bushmann. 2010: The Troll Hunter. 2016 : The Jane Doe Identity (The Autopsy of Jane Doe). 2019 : Scary Stories (Scary Stories to Tell in the Dark). 2020 : Mortal (Torden). 2023 : The Last Voyage of the Demeter. 

En dépit d'une mise en place laborieuse durant 30 bonnes minutes conventionnelles par son vain suspense, Le Dernier voyage du Demeter est un excellent exercice de style tirant parti de sa fascination morbide en la présence d'une des plus belles créatures du cinéma selon mon jugement de valeur. Carrément oui j'ose le dire. Si bien qu'ici on songe clairement à Max Schreck immortalisé dans Nosferatu de Murnau tant le réalisateur s'en inspire clairement pour sa morphologie à la fois décharnée, pernicieuse, fétide, cadavérique, avec en prime une vélocité carnassière sans égale. La plupart des séquences horrifiques demeurant aussi impressionnantes que magnifiques afin de nous marteler les mirettes. Tant auprès de sa cruauté requise (n'importe qui sans exception peut trépasser à tous moments) que du savoir-faire technique des effets numériques auquel on se laisse facilement berner notamment grâce à sa réalisation scrupuleuse puisque fignolant au possible, qui plus est auprès d'éclairages souvent nocturnes, les attaques agressives redoutablement cinglantes. 

 
 
Pour autant, le Dernier voyage de Demeter est hélas loin de rivaliser avec les chefs-d'oeuvre du genre de par son intensité pas si épeurante que cela par moments tout comme la frayeur escomptée assez timorée selon ma propre sensibilité. Or, formellement splendide et fascinant de nous projeter en pleine mer sur un bateau agité par la tempête, la pluie diluvienne et les mises à mort, plusieurs séquences d'une poésie épurée nous laisse pantois d'admiration tant le cinéaste semble amoureux de sa scénographie maritime parmi la présence d'une créature sournoise constamment tapie dans l'ombre mais prête à tous moments à passer à l'exaction pour se nourrir de sang humain comme le veut la tradition vampirique. Une excellente série B donc, sans doute perfectible, et auquel il manque un jeu ne sais quoi pour nous combler, notamment faute d'une narration éculée pour autant assez efficace afin que l'ennui ne pointe le bout de son nez. A découvrir surtout pour le charisme de sa créature démoniale supra convaincante et la facture assez atmosphérique de son huis-clos maritime qui plus est transfiguré d'une photo bleutée envoûtante. Quant aux acteurs communément sentencieux et contrariés, ils parviennent sobrement à exprimer leur appréhension du trépas avec assez de charisme pour s'inquiéter de leur sort inévitablement précaire. Et puis d'offrir le rôle du héros à un noir me semble à propos en dépit des réfractaires vociférant à tout va au wokisme standard.

*Bruno

mardi 29 août 2023

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée / Indiana Jones and the Dial of Destiny

                                               
                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de James Mangold. 2023. U.S.A. 2h34. Avec Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen, John Rhys-Davies, Thomas Kretschmann, Boyd Holbrook, Shaunette Renée Wilson, Toby Jones, Antonio Banderas

Sortie salles France: 28 Juin 2023. U.S: 30 Juin 2023

FILMOGRAPHIE: James Mangold est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né le 16 décembre 1963 à New York, dans l'État de New York, aux États-Unis. 1995 : Heavy. 1997 : Copland. 1999 : Une vie volée. 2001 : Kate et Léopold. 2003 : Identity. 2005 : Walk the Line. 2007 : 3 h 10 pour Yuma. 2010 : Night and Day. 2013 : Wolverine : Le Combat de l'immortel. 2017 : Logan. 2019 : Le Mans 66. 2023: Indiana Jones et le Cadran de la Destinée. 

Enorme surprise que ce 5è opus des aventures d'Indy ayant marqué de son empreinte la génération 80 si bien qu'Indiana Jones et le Cadran de la Destinée est un miracle inespéré alors que je redoutais que le ridicule aurait pointé le bout de son nez en la présence sclérosée d'Harrison Ford du haut de ses 81 printemps. Que nenni, et même si bien évidemment il ne possède plus le même panache de ses glorieux exploits juvéniles (loin de là !), Harrison Ford parvient à rendre toujours aussi attachant, attractif, charismatique son héros notoire avec une ferme persuasion tant l'acteur s'investit corps et âme une ultime fois dans la peau de notre archéologue bondissant. Mais outre sa présence physique étonnamment solide pour un âge aussi handicapant, on est également surpris de la qualité des FX numériques lorsque le prologue nous le présente sous un âge contrairement fringant. Et même si on peut regretter quelques plans imberbes où l'on discerne la supercherie artificielle (lorsque par exemple il court sur le toit du train ou lorsqu'il chevauche à cheval lors des moments les plus couillus), on fonce tête baissée dans l'aventure sous l'impulsion d'un récit redoutablement efficace. Un schéma évidemment connu puisque reprenant les ingrédients de la trilogie initiale que les fans ne manqueront pas non plus de se remémorer à travers de nombreux clins d'oeil JAMAIS grossiers. Ainsi, profondément respectueux du matériau d'origine, pour ne pas dire amoureux de la franchise de Spielberg, James Mangold parvient à mon sens à réconcilier ancienne et nouvelle génération auprès de son rythme infernal auquel l'action résolument homérique nous coiffe au poteau avec un art consommé d'une maestria chorégraphiée.

Et ce sans JAMAIS verser dans une quelconque gratuité outrancière tant et si bien que l'action dégénérée reste au service du récit que nos personnages fringants et bondissants maintiennent avec une vélocité somme toute naturelle. On peut d'ailleurs oh combien saluer la présence sobrement affirmée de Phoebe Waller-Bridge, LA révélation du film tant l'actrice gentiment arrogante, cupide, dégage une force d'expression magnétique auprès de son oncle Indy participant communément à l'aventure avec une soif de conquête au trésor. Ce qui nous entrainera vers une conclusion hallucinée (pour ne pas trop spoiler) avec le sourire de gosse qui va avec, des étoiles pleins les mirettes. Quant à la dernière séquence toute en intimité j'ai personnellement fondu aux larmes par la brutalité de son effet de surprise que personne n'aura pu anticiper. Une séquence que je considère personnellement anthologique tant je n'ai pu maitriser mes sentiments fougueux face à pareille ................ Enfin, le jeune acteur Ethann Isidore n'est pas en reste pour se prêter au jeu du faire-valoir en ado fripon et débrouillard jamais chieur ou irritable puisque suscitant bien au contraire une présence plutôt posée en aventurier en herbe aussi investi que les adultes dans cette quette au trésor dépaysante nous menant aux 4 coins du monde. Seul petit reproche niveau acting, Mads Mikkelsen a perdu de sa force expressive en méchant nazi étonnamment discret à croire par moment qu'il ne se sent pas très à l'aise dans sa fonction sciemment caricaturale. Quand bien même Antonio Banderas passe en un coup de vent lors d'un périple en batelier de vieille connaissance.

Vous l'aurez compris, le VRAI retour d'Indy est cette fois-ci bien ancré dans notre réalité de cinéphile aguerri grâce aux talents mutuels de toute l'équipe (acteurs/technichiens/réal) d'une sincérité irréprochable à tenter de renouer avec l'aventure des premiers émois. Et cela fait un bien fou de se retrouver face à un spectacle à l'ancienne n'omettant jamais d'y affilier "à juste dose" humour, tendresse, action, émotions avec un souffle épique et romanesque parfois même bouleversant. Et pour clôturer ma dithyrambe, Indiana Jones et le cadran de la destinée est selon mon jugement de valeur du niveau de la trilogie de Spielberg. Et s'il ne l'atteint peut-être pas (diront les plus exigeants) il l'effleure à de nombreux égards. Et puis rien que pour l'émotion à la fois tendre et nostalgique ressentie pour l'acteur Harrison Ford, nullement ridicule ici, le spectacle à couper le souffle nous restera gravé comme un désarmant cadeau d'adieu.

P.S: n'ayez crainte de sa durée excessive, le temps n'existe plus.

*Bruno

lundi 28 août 2023

Le Sang du Châtiment / Rampage. Montage de 1992.

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site  Imdb.com
 
de William Friedkin. 1987. U.S.A. 1h31 (montage de 92). Avec Michael Biehn, Alex McArthur, Nicholas Campbell, Deborah Van Valkenburg, John Harkins, Art LaFleur, Billy Green Bush.

Sortie salles France: 23 Novembre 1988. U.S: 30 Octobre 1992

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés à la cérémonie des Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe. 2023: The Caine Mutiny Court-Martial.
 

Dressant le glaçant portrait d'un tueur en série (Alex McArthur sidérant de flegme et de force tranquille derrière son sourire désarmant de naturel !) dans une facture documentée criante de vérité, le Sang du Châtiment est une oeuvre à la fois malsaine et malaisante nous questionnant sur la polémique de la peine de mort. Conjuguant suspense à l'ambiance un tantinet horrifique, drame psychologique pour l'attention accordée à la fragilité des victimes survivantes et à la remise en doute du procureur puis film de procès, le Sang du Châtiment demeure suffisamment passionnant, dense, sciemment ambigu à savoir si un tueur sadique est potentiellement fou ou sain d'esprit après avoir commis l'innommable. Sachant que s'il plaide la folie il pourrait un jour retrouver sa liberté après avoir purgé quelques années en centre psychiatrique. Et si le film laisse des traces dans l'encéphale c'est également grâce à son ambiance lourde, oppressante, déstabilisante, comme habitée par le Mal si j'ose dire et irriguant tout le récit parmi l'extrême maîtrise de la réalisation de Friedkin entièrement voué à ses personnages se remettant mutuellement en cause sur les valeurs du Bien et du Mal. Le score quasi dépressif d'Ennio Morricone renforçant ce sentiment insécure que l'on perçoit à travers son aura implicite de désespoir existentiel. Un film choc donc dont on ne sort pas indemne passée son amère conclusion dénuée d'illusion.

Ci-joint ma chronique de 2011
 
Définition: La peine de mort ou peine capitale est une peine prévue par la loi consistant à exécuter une personne ayant été reconnue coupable d'une faute qualifiée de « crime capital ». La sentence est prononcée par l'institution judiciaire à l'issue d'un procès.
La peine de mort aux États-Unis est appliquée au niveau fédéral et dans trente-cinq États fédérés sur cinquante que comptent le pays. Aujourd'hui, les États-Unis font partie du cercle restreint des démocraties libérales qui appliquent la peine de mort.
La peine de mort est diversement considérée selon les époques et les régions géographiques. A l'origine, peine très fortement développée à travers le monde, elle a été déconsidérée à l'époque des Lumières. Fortement en recul dans la deuxième moitié du XXe siècle, elle est actuellement dans une situation incertaine.


Deux ans après Police Fédérale, Los Angeles, polar high-tech transcendant la ville californienne pour jonglant sans cesse autour des valeurs du Mien et du Mal, le pourfendeur William Friedkin lance un nouveau pavé dans la mare avec Le Sang du Châtiment. Un pamphlet à double tranchant sur l'épineux débat de la peine de morte suggéré chez un accusé capable de commettre les plus abominables des crimes au nom de la folie ou de sa raison. Au hasard d'une demeure familiale, un inconnu accoutré de lunette noire et d'une veste rouge sonne à la porte et tire sans sommation sur sa logeuse âgée. A l'intérieur de la maison, il continue son massacre en mutilant les parents de la propriétaire. Un peu plus tard, il continue sa virée meurtrière en assassinant une mère de famille retrouvée découpée en morceau et de son fils mystérieusement disparu. Appréhendé par les forces de l'ordre, le tortionnaire semble totalement dénué d'un quelconque remord et possède même un mobile sur ses exactions sanguinaires.


Oeuvre maudite sujette à dérangeante controverse et devenue depuis introuvable en support numérique, Le Sang des Châtiments est le genre de métrage antipathique que l'on n'ose à peine aborder, faute de son sujet scabreux beaucoup trop complexe et abstrait mais si essentiel et capital. D'après le roman "Rampage" de William P. Wood, (ancien avocat de la défense et co-scénariste du film), le Sang du châtiment s'inspire en partie d'un fait divers réel vis à vis du "Vampire de Sacramento". Un tueur en série américain, de son vrai nom, Richard Case, ayant sévit durant les années 70 pour se repaître du sang de ses victimes. Dans un climat glaçant et malsain renforcé d'une photographie blafarde et d'un score musical aigri, le prologue de cette éprouvante descente aux enfers tétanise d'effroi le spectateur avec l'estocade d'un inconnu agressant de manière aléatoire d'innocentes victimes confortablement installées dans leur cocon familial. Sans jamais verser dans une quelconque débauche outrancière, le caractère ultra réaliste des meurtres abjectes mis en exergue dans une âpre verdeur nous terrifie. Car elle touche de plein fouet l'image chétive du citoyen lambda paisiblement réuni dans sa demeure alors qu'un étranger d'apparence docile décide de faire brutalement irruption pour faire voler en éclat leur existence épanouie. Après un second massacre perpétré auprès d'une famille sans histoires, la narration entre de plein gré dans le vif du sujet en appréhendant furtivement le tueur qui n'oppose aucune résistance face aux forces de l'ordre. S'ensuit une expertise médicale et psychiatrique avant que l'accusé ne se retrouve assigné derrière les barreaux devant un tribunal mené par un procureur pro-peine de mort. En effet, il faut rappeler que ce jeune avocat est douloureusement affecté par la perte chère de sa fille décédée 6 mois auparavant d'une brutale pneumonie. Ce lourd sentiment intrinsèque d'injustice va inévitablement l'influencer à condamner sévèrement son accusé en prouvant qu'il était sain d'esprit au moment de ces exactions. Mais le tueur prénommé Charlie Reece aura su démontrer aux experts en psychiatrie que ses ambitions meurtrières étaient pleinement justifiées par son besoin vital de se repaître du sang de ses victimes afin de purifier son enveloppe corporelle avilie. Paradoxalement, la rupture conjugale inopinée de l'épouse de l'avocat va le remettre finalement en question, à savoir s'il faut véritablement envoyer l'accusé à la chambre à gaz. Mais un revirement fortuit va empêcher la décision capitale à trancher si oui on non, ce tueur atypique méritait la peine de mort.


Mis en scène de manière brute et traversé par la hantise d'images cauchemardesques titillant l'esprit du spectateur, Le Sang du châtiment est un terrifiant constat sur le délicat parti-pris d'envoyer ou réfuter au bûcher un tortionnaire responsable d'ignobles crimes perpétrés envers des quidams. Si le film dérange aussi viscéralement, nous place dans un sentiment déstabilisant d'inconfort et ne nous laisse pas indemne à la fin de la projo, c'est dans notre éthique déterminante à approuver ou non la peine de mort chez le prévenu condamné. Si cet homme considéré comme dérangé mental par nos psychiatres notoires est apte à être soigné dans un institut spécialisé durant un laps de temps indéterminé pour peut-être un jour prochain retrouver sa liberté alors que ses victimes immolées auront péri dans d'abominables souffrances. Se pose évidemment la question toute aussi rigoureuse de la récidive si ce tueur lavé de ses pêchers décide en dernier recours à renouer avec l'homicide. Dans le rôle impassible implicitement cynique du tueur au visage angélique, Alex McArthur est proprement sidérant de froideur, d'ambiguïté et de flegme monolithique. Il peut même concourir aux portraits des plus terrifiants serial-killers au cinéma.


Imprégné d'une ambiance malsaine infectant la pellicule de Friedkin dans son portrait établi envers un tueur en série équivoque glaçant de naturel, Le Sang du Châtiment est une oeuvre choc dont il est difficile d'en sortir indemne. La force de son brûlot pro-peine de mort (pour finalement se reconvertir en désespoir de cause) n'apportant aucune solution rédemptrice afin de laisser au spectateur sa théorie en suspens. En résulte un psycho drame d'une horreur moite et sufficante dans sa quête de nous interroger sur l'enjeu humain d'un abominable meurtrier victime de son existence anonyme.

 
*Bruno
3èx 
 


 

jeudi 24 août 2023

Blade

                                      
                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de Stephen Norrington. 1998. U.S.A. 2h00. Avec Wesley Snipes, Stephen Dorff, Kris Kristofferson, N'Bushe Wright, Donal Logue, Udo Kier, Traci Lords, Sanaa Lathan, Arly Jover, Matt Schulze.

Sortie salles France: 18 novembre 1998 (int - 12 ans). U.S: 21 Août 1998

FILMOGRAPHIE: Stephen Norrington, né en 1964 à Londres, est un acteur, scénariste, réalisateur et spécialiste des effets spéciaux. 1994 : Death Machine. 1998 : Blade. 2001 : The Last Minute. 2003 : La Ligue des gentlemen extraordinaires. 

Considéré aujourd'hui comme culte, Blade n'a pas volé sa réputation d'actionner horrifique optimal tant Stephen Norrington s'efforce de soigner sa série B fastueuse sous le pilier de Wesley Snipes habité par son personnage infortuné. Tant et si bien qu'il s'agit sans conteste du rôle de sa vie tant il s'investit corps et âme avec un charisme crépusculaire aussi distingué que monolithique. Ainsi, à la revoyure 25 ans plus tard; et pour la 4è fois, je reste stupéfiais par la réjouissance des séquences d'action chorégraphiées avec un art consommé du montage ultra dynamique. Si bien que la pyrotechnie (tant auprès des corps à corps que des gunfights) s'avère toujours lisible pour le plaisir du spectateur fasciné par les talents (super)héroïques de notre vampire high-tech. Car outre la simplicité de son scénario à la fois parfaitement charpenté, efficace, inventif, surprenant parfois même, Blade demeure plus subtil, consistant qu'il n'y parait si on y gratte son vernis. Tant auprès des rapports de Blade avec sa mère (chut pour ne pas spoiler !), de sa relation vénéneuse (beaucoup plus étroite qu'elle n'y parait) avec Frost que de son profil sobrement torturé puisque partagé entre la plus-value de sa malédiction afin de mieux combattre le Mal sur le point de parfaire leur prophétie (celle de redonner vie au Dieu des vampires) et son désir irrépressible de redevenir humain avec l'appui du docteur Karen Jenson avec qui il entame une relation fraternelle au grand dam de la romance escomptée à notre surprise. 

Si bien que Blade carbure à l'adrénaline d'une violence décomplexée ne laissant que peu de places aux sentiments. Même la mort d'un des personnages est brièvement dépeinte avec une surprenante froideur, ce qui n'est guère péjoratif car le film se distingue par sa facture badass tout en y instillant un climat fascinatoire d'une modernité gothique. A l'instar de sa splendide photo chrome désaturée, nuancée parfois de couleurs saillantes afin d'afficher une facture formelle aussi personnelle que contemporaine. Et si on peut sans conteste déplorer aujourd'hui la médiocrité de certains FX en CGI (l'aspect cartoon fait tâche), l'action demeure si jouissive, exubérante et surtout homérique pour pardonner assez facilement ses artifices sous l'impulsion d'une musique techno évidemment punchy. D'ailleurs son prologue anthologique confiné dans une boite de nuit ensanglantée est resté dans toutes les mémoires des fans, tant auprès de son effet de surprise que pour l'attrait fulgurant de son horreur redoutablement épique, débridée, décomplexée. On peut enfin saluer les aimables présences de nos vétérans Udo Kier et Kris Kristofferson dans des seconds-rôles assez denses et expressifs, ce qui renforce la carrure élitiste de ce métrage unissant ancienne et nouvelle génération avec une expansivité toute à la fois provocatrice (les vampires juvéniles) et responsable (d'autres vampires ascendants puis nos héros redresseurs de tort).

Gros film d'action mené sans temps morts alors qu'il affiche une durée substantielle de 2h00, Blade dégage une énergie et une insolence contagieuses sans jamais se vautrer dans la facilité de règlements de compte itératifs eu égard de l'habileté de son pitch faisant notamment honneur à ses personnages clinquants. Quant à Wesley Snipes, il vampirise l'écran en mastard ténébreux quasi indestructible si bien que jamais plus il ne retrouvera cette aura ensorcelante lors de ses futurs projets mainstream.
 
*Bruno
4èx

Ci-joint la chronique de Blade 2http://brunomatei.blogspot.fr/2012/10/blade-2.html