lundi 20 mai 2024

Le Cercle : The Ring 2

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Hideo Nakata. 2005. U.S.A/Japon. 1h50. Avec Naomi Watts, David Dorfman, Daveigh Chase, Simon Baker, Elizabeth Perkins, Gary Cole, Sissy Spacek.

Sortie salles France: 10 Décembre 2005. U.S: 18 Octobre 2005

FILMOGRAPHIE: Hideo Nakata est un réalisateur et un scénariste japonais né le 19 juillet 1961 à Okayama (Japon). 1996 : Le Spectre de l'actrice. 1998 : Joseph Losey: The Man with Four Names. 1998: Ring. 1998: Ring 2. 1999: Chaos. 1999 : Sleeping Bride. 2000: Sadistic and Masochistic. 2002: Dark Water. 2002: Last Scene. 2005: Le Cercle 2. 2007: Kaidan. 2008: L: Change the World. 2010: Chatroom. 2010 : Incite Mill (TV Show). 2013: The Complex. 2014: Monsterz. 2015: Ghost Theatre.

Le pitch: Six mois après les horribles événements de Seattle qu'ils fuièrent, Rachel Keller et son jeune fils Aidan se sont réfugiés à Astoria, dans l'Oregon. La journaliste espère oublier ses épreuves dans cette paisible bourgade côtière, mais de nouvelles menaces ne tardent pas à planer sur sa vie. Un crime énigmatique, commis à l'aide d'une cassette trop familière, donne l'alerte : l'esprit de Samara n'a pas renoncé à sa vengeance et Rachel devra enquêter sur le lointain passé de la fillette pour arrêter le cycle infernal de ses violences maléfiques...

Formidable séquelle réalisée par Hideo Nakata himself, le Cercle, the Ring 2 s'inscrit dans le cadre intelligent du drame psychologique au profit du genre horrifique relaté ici avec suffisamment d'efficacité, de suspense latent et de quelques effets frissonnants pour maintenir l'intérêt 1h49 durant (comptez 1h43 sans le générique de fin). Car entièrement bâti sur les solides épaules de Naomi Watts accompagnée du jeune David Dorfman tout à fait étonnant, notamment par son étrange regard plutôt mature, en bambin taciturne en proie à la possession de Samara, le Cercle 2 insuffle une émotion à la fois fragile et sensible auprès de son discours intime sur l'instinct maternel, le sens du sacrifice et l'amour inaltérable liant une mère et son fils. 

Hideo Nakata empruntant lors de la seconde partie la démarche de l'investigation autonome auprès de la mère s'efforçant d'y percer les origines de Samara afin de pouvoir sauver la vie de son fils davantage dans la tourmente depuis que Samara tente de le posséder par besoin maternel. Emaillé de séquences chocs inventives par l'entremise de l'élément naturel de l'eau (les séquences dans la baignoire, le puits), d'une cassette Vhs (superbe prologue) et de cerfs (une agression violente d'une grande intensité), le Cercle 2 ne manque donc pas non plus d'intensité horrifique et d'originalité pour nous projeter dans une dimension fantastique aussi fascinante qu'inquiétante. En tout état de cause on garde surtout en mémoire une fragile histoire d'amour entre une mère et son fils sévèrement malmenés par une entité vindicative qu'Hideo Nakata relate avec une fine attention afin de nous familiariser avec empathie auprès de ce duo monoparental transcendé par la dignité de l'amour et de l'instinct de confiance. 

*Bruno
3èx. Vost. 4K.
20.04.16
20.05.24.

jeudi 16 mai 2024

Adagio

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Stefano Sollima. 2023. Italie. 2h07. Avec Pierfrancesco Favino, Adriano Giannini, Gianmarco Franchini, Toni Servillo, Valerio Mastandrea, Francesco Di Leva.

Sortie salles: 14 Décembre 2023

FILMOGRAPHIEStefano Sollima, né le 4 mai 1966 à Rome, est un cinéaste et réalisateur italien. 2012 : A.C.A.B.: All Cops Are Bastards. 2015 : Suburra. 2018 : Sicario : La Guerre des cartels (Sicario: Day of the Soldado). 2021 : Sans aucun remords (Without Remorse). 2023 : Adagio. 

Maître du polar italien contemporain, Stefano Sollima ne déroge pas à la règle d'y transfigurer un nouveau morceau de cinéma à la fois substantiel et formel (quasiment chaque plan est soigneusement stylisé) comme on n'a plus coutume d'en voir de nos jours. L'histoire "contemplative" d'un jeune orphelin adopté par un père incapable de le choyer et qui, au fil d'un acte répréhensible est contraint de négocier une mission de filature avec la police au sein d'une boite de nuit. Or, se ravisant au moment d'y découvrir une caméra planqué au mur, Manuel demande l'aide de son père depuis qu'une police véreuse est à sa recherche pour l'occire. Splendide polar noir d'une dimension psychologique rigoureuse au fil d'un vénéneux récit impeccablement structuré, qui plus est prenant son temps pour y planter son univers mortifère (avec en filigrane un brasier métaphorique) et ses protagonistes auquel nous nous familiarisons auprès de leurs fêlures morales que Sollima délivre lestement au compte goutte, Adagio est une virée nocturne à la dramaturgie sobrement mise en place. 

Renforcé de la présence infaillible d'authentiques gueules d'acteurs (ici sclérosés) accompagné d'un jeune paumé écarquillé traqué tous azimuts, Adagio n'a aucune peine pour nous immerger dans leurs conflits parentaux (avec une habile inversion des rôles anti-manichéens) à travers les thématiques de la culpabilité, de la trahison, de la corruption puis enfin de la rédemption de dernier ressort. Les personnages pourchassés demeurant aussi bien fascinants qu'empathiques lorsque deux pères s'efforcent in extremis de se remettre en cause pour tenter de réparer leur déroute d'un passé déloyal. Ainsi, vouant un amour immodéré pour sa mise en scène scrupuleuse et pour ses comédiens habités par l'amertume et la hantise de la faucheuse, Stefano Sollima transcende son récit nécrosé avec une rigueur émotionnelle intelligemment dépouillée. Truffé de détails techniques et narratifs inventifs, baroques, alambiqués afin de nous maintenir captivé tout le long de ce chemin de croix fataliste, Adagio se décline sans prétention en moment de cinéma crépusculaire auprès de son intimité psychologique latente toute à la fois mélancolique, meurtrie, désoeuvrée, sentencieuse au sein d'une capitale acrimonieuse. 

*Bruno

mercredi 15 mai 2024

Mary / Gifted. Prix du Public, Deauville 2018.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marc Webb. 2017. U.S.A. 1h41. Avec Chris Evans, Mckenna Grace, Jenny Slate, Octavia Spencer, Lindsay Duncan, John M. Jackson, Glenn Plummer.

Sorte salles France: 13 Septembre 2017. U.S: 7 avril 2017

FILMOGRAPHIEMarc Webb est un réalisateur américain né le 31 août 1974. 2009 : (500) jours ensemble. 2012 : The Amazing Spider-Man. 2014 : The Amazing Spider-Man : Le Destin d'un héros. 2017 : Mary. 2017 : Liaisons à New York. 2025 : Blanche-Neige. 


« Feel good movie » n'a aussi bien porté sa définition ! 
Il y a des films que l'on n'attend pas qui emportent tout au point d'y ressentir un gros vide durant le générique de fin. Mary fait parti de ce genre de surprise (hélas) passée inaperçue en dépit de son ovation du public au Festival de Deauville. Ne vous méprenez pas pour son affiche à l'apparence bankable et sirupeuse, il n'en n'est rien. Mary vibrant de réalisme, de vérité humaine (dans une juste mesiure) et d'émotions à la fois tendres, capiteuses, sémillantes, cruelles parfois sous l'impulsion d'un scénario trempé remarquablement écrit. Car outre le naturel inné de Mckenna Grace crevant l'écran dans sa posture mature de fillette précoce en voie de rébellion et ses seconds-rôles familiaux dénués d'effets de manche à travers leur autorité contradictoire, Mary doit beaucoup de sa rigueur émotive et de son intérêt cérébral de par l'intelligence de son scénario à la fois charpenté, retors, constructif, jamais outré quant à sa thématique préconisant la dignité humaine. 


Qui plus est traité avec autant de sobriété que d'intelligence pour ne point faire sombrer le navire vers la facilité des conventions, Mary en sort infiniment grandi à dépeindre des personnages très attachants ne versant jamais dans l'apitoiement, le pathos standard pour nous emporter dans leur tourmente lorsque la petite Mary, surdouée en mathématique, se retrouve ballotée entre la garde de sa grand-mère arriviste souhaitant la confiner dans les études supérieures en "rat de laboratoire" et son oncle délibéré à suivre les directives de sa soeur ayant sacrifié sa vie afin d'honorer les consignes de sa mère obsédée par l'ambition culturelle la plus élitiste. Passionnant et poignant, un tantinet anxiogène et intense puis enfin bouleversant et (potentiellement ?) libérateur à savoir qui emportera la mise auprès d'un enjeu humain militant pour le droit à la différence au sein d'une existence singulière que l'oncle s'efforce de normaliser tout en essayant de dégoter le juste discernement afin de conserver un mode de vie aussi équilibré que rationnel pour le sort précaire de sa nièce, Mary étonne, séduit, déconcerte, affole même dans un incroyable brio d'équilibriste. Marc Webb traitant avec une telle attention ses confrontations psychologiques avec autant de savoir-faire que de finesse d'esprit pour y relever des émotions épineuses évacuées de sentiments délétères de rancune, de vendetta, de rupture et de dramaturgie inutilement plombant. 


Laissez donc sa chance à Mary, tant pour le rapport à votre fibre intuitive qu'à votre sensibilité propre.  Magnifique perle d'émotions capiteuses à la fois naturelles, tendres, fructueuses, bienveillantes au sein d'une narration solide prônant les valeurs humaines, le respect d'autrui et l'érudition dans un contexte familial tragique pour autant dénué de sinistrose. Bien au contraire...

*Bruno
15.09.17
15.05.24

Récompenses: Festival du cinéma américain de Deauville 2017: Prix du public
2018: 49e cérémonie des NAACP Image Awards, Meilleure actrice: Octavia Spencer

lundi 13 mai 2024

In the Fade / Aus dem Nichts. Golden Globe Meilleur Film, 2018

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Fatih Akin. 2017. Allemagne/France. 1h46. Avec Diane Kruger, Numan Acar, Denis Moschitto, Johannes Krisch, Henning Peker, Hanna Hilsdorf

Sortie salles France: 17 Janvier 2018. Allemagne: 23 Novembre 2017

FILMOGRAPHIE: Fatih Akin (en turc : Fatih Akın) est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur allemand, né le 25 août 1973 à Hambourg, dans une famille d'immigrés turcs. 1998 : L'Engrenage. 2000 : Julie en juillet. 2001 : Denk ich an Deutschland - Wir haben vergessen zurückzukehren (documentaire). 2002 : Solino. 2004 : Head-On. 2005 : Crossing the Bridge - The Sound of Istanbul (documentaire). 2007 : De l'autre côté. 2009 : Soul Kitchen. 2012 : Polluting Paradise (documentaire). 2014 : The Cut. 2016 : Tschick. 2017 : In the Fade. 2019 : Golden Glove. 2022 : Rheingold. 

                                           

“La douleur, c'est le vide.”
D'une puissance émotionnelle rare, In the fade est un drame psychologique à la fois intense et bouleversant sous l'impulsion d'un magnifique portrait de femme meurtrie que campe de manière habitée Diane Kruger récompensée du Prix d'Interprétation Féminine à Cannes. Fatih Akin (issu d'une famille d'immigrés turcs) s'inspirant des attentats du groupuscule néo-nazi Nationalsozialistischer Untergrund  (NSU) (en français Parti national-socialiste souterrain) ayant sévi de 2000 à 2006. Pour rappel, ce dernier causa la mort de 9 immigrés turcs et grecs et d'une policière. Le film admirablement filmé se divisant en 3 parties chapitrées (la famille - la justice - la mer) aussi électrisantes que passionnantes pour traiter du douloureux problème du deuil insurmontable, des failles d'une justice arbitraire à travers le procès et enfin de l'auto-justice culminant vers un épilogue aussi surprenant que terriblement intense. 


Fatih Akin
faisant monter la pression avec une acuité émotionnelle aussi éprouvante que la première partie en berne avec souci de réalisme naturaliste. Mais outre l'aspect tout à la fois hypnotique et immersif de sa mise en scène vériste remarquablement charpentée et plutôt prude on retient indubitablement la prestation transie de larmes de l'époustouflante Diane Kruger endossant une mère de famille littéralement brisée par sa douleur morale et la soif de justice. Et rien que pour sa présence innée d'une finesse de jeu au cordeau, In the Fade est à ne pas rater en prime de nous bâtir un grand film engagé dénonçant avec beaucoup d'humanité (torturée), de lucidité et de brutalité les exactions du terrorisme imparti ici au racisme. 

*Bruno


Récompenses:
Festival de Cannes 2017 : Prix d'interprétation féminine pour Diane Kruger
Golden Globes 2018 : Golden Globe du meilleur film en langue étrangère
68e cérémonie du Deutscher Filmpreis : Meilleur scénario.

vendredi 10 mai 2024

Zombie / Dawn of the Dead

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de George A. Romero. 1978. U.S.A/Italie. 1h59 (version Européenne). Avec David Emge, Ken Foree, Scott H. Reiniger, Gaylen Ross, David Crawford

Sortie salles France: 11 Mai 1983 (Int - 18 ans). U.S: 2 Septembre 1979 (classé X)

FILMOGRAPHIE: Georges Andrew Romero est un réalisateur, scénariste, acteur, auteur américain, né le 4 Février 1940 à New-York. 1968: La Nuit des Morts-vivants. 1971: There's Always Vanilla. 1972: Season of the Witch. 1973: The Crazies. 1977: Martin. 1978: Zombie. 1981: Knightriders. 1982: Creepshow. 1985: Le Jour des Morts-vivants. 1988: Incidents de parcours. 1990: Deux Yeux Maléfiques. 1992: La Part des Ténèbres. 2000: Bruiser. 2005: Land of the Dead. 2008: Diary of the Dead. 2009: Survival of the Dead. 

 
"Romero dévore l’Amérique"
Mastodonte inégalé du film de morts-vivants contemporain, Zombie traumatisa de bonheur toute une génération 80, emportée par son déchaînement d'action non-stop, son ultra-violence documentaire et ses séquences de flippe qui irriguent le récit sans modération. Le tout baigne dans une patine réaliste, symptomatique des Seventies, que Romero et son complice Argento (pour la version européenne) transcendent, portés par un montage véloce, étourdissant d’intensité. Par instants, on ne sait littéralement plus où donner de la tête.

Et pour les critiques snobinards qui théorisent, post-facto, une satire de la société de consommation – à l’origine, comme pour La Nuit des Morts-Vivants, Romero n’a jamais cherché à s’éclipser derrière un discours politique. Car Zombie, avant tout, c’est un monument d’actionneur bourrin, d’une efficacité maximaliste. Et même après cinquante visions, cinquante ans plus tard, il reste fun, rageur et jubilatoire, de la première à la dernière bobine. Deux heures aussi lessivantes que capiteuses. Il faut le vivre pour mesurer l’impact qu’il continue d’exercer sur notre émotivité, avec une énergie (auto)destructrice.

Romero, en maître d’orchestre instinctif, nous immerge dans un hypermarché devenu forteresse assiégée, aux côtés d’un quatuor de survivants (trois hommes, une femme) venus s’y confiner, tentant de préserver un présent déjà rongé par le chaos. À ce titre, les séquences intimistes et mélancoliques, où affleurent leurs états d’âme sentencieux, demeurent d’une éloquence contenue, empreinte d’une pudeur contrariée.

Les zombies, grimés de fards bleuâtres aux maquillages modestes, n’en restent pas moins fascinants, inquiétants, hypnotiques. Leur démarche, génialement lymphatique – véritable chorégraphie commune –, couplée à leurs regards hagards, dénués d’expression, produit un effet immédiat : on y croit à fond, sans poser de questions. Leur menace est crédible. D’autant plus que les survivants, stoïques mais fragiles, sont rongés de l’intérieur. Ils contemplent, en direct, la déliquescence morale du monde. Folie, jouissance sadique, pensées suicidaires : l’humain s’effondre, contaminé de l’intérieur.

Le centre commercial, filmé sous toutes les coutures, devient un terrain de jeu paranoïaque. Romero en explore chaque recoin avec une inventivité débridée, notamment lors de séquences de défense aux stratégies aussi absurdes que brillamment percutantes.

Et que dire de cette pléthore d’effets sanglants, à n’en plus finir – aussi émétiques que jubilatoires ? Romero et Tom Savini s’en donnent à cœur joie dans la chair éclatée, les membres arrachés, les corps démembrés, les têtes explosées ou décapitées, avec un réalisme d’une crudité implacable. Car si Zombie dérange autant, c’est aussi par sa vérité nue : le portrait sans fard d’un égoïsme primaire, d’un instinct de possession féroce chez ces survivants repliés sur leur gâteau bientôt convoité par une horde de Hell’s Angels.

D’une ultra-violence à la fois cartoonesque et viscéralement éprouvante, Zombie parvient à être fun tout en restant profondément dérangeant, inquiétant, malaisant. Il déprime. Il secoue. Il exorcise. Ses actions sont animées par la folie, le goût du sang, le plaisir de tout foutre en l’air. Jusqu’à un final terriblement nihiliste.

 
"Zombie : l’apocalypse en boucle"
Chef-d’œuvre inextinguible d’horreur souveraine, au cœur d’une action dégénérée que nul cinéaste n’a su égaler, Zombie irradie une folie furibarde, une énergie primitive, malsaine, belliqueuse, mais étrangement fascinante. Il désarme. Il bouleverse. Par sa dérision sardonique, sa cruauté authentique (insalubre), il révèle que le pire ennemi de l’homme… c’est encore l’homme.

Un des plus grands films de l’histoire, porté par l’inoubliable partition électrisante des Goblin, qui scelle son impact émotif d’une manière dévastatrice. Un cinéma d’audace, de rage politique malgré lui, aujourd’hui tristement disparu.

*Bruno

Nope. Saturn Awards 2022 : meilleur film de science-fiction

 
                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jordan Peele. 2020. U.S.A. 2h11. Avec Daniel Kaluuya, Keke Palmer, Steven Yeun, Brandon Perea, Michael Wincott, Wrenn Schmidt, Keith David.

Sortie salles France: 10 Août 2022. U.S: 22 Juillet 2022 (Int - 17 ans non accompagnés)

FILMOGRAPHIE: Jordan Haworth Peele, né le 21 février 1979 à New York, est un acteur, humoriste, réalisateur, scénariste et producteur américain. 2017: Get Out. 2019 : Us. 2022 : Nope. 

Revoyure d'un vrai grand film, l'un des métrages les plus originaux et poétiques de ces 10 dernières années que je ne parviens pas à pleinement apprivoiser lors des 45 ultimes minutes. 

Probablement la meilleure oeuvre de son auteur, la plus mature et maîtrisée (et Dieu sait si je vénère Get Out que je préfère).

Box Office France: 518 100 entrées

mercredi 8 mai 2024

Godzilla Minus One. Oscar des meilleurs effets visuels

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Takashi Yamazaki. 2023. Japon. 2h05. Avec Ryūnosuke Kamiki, Minami Hamabe, Yuki Yamada, Munetaka Aoki, Hidetaka Yoshioka, Sakura Andō, Kuranosuke Sasaki

Sortie salles France: 7 Décembre 2023 puis 17 Janvier 2024

FILMOGRAPHIETakashi Yamazaki est un réalisateur, scénariste et superviseur des effets spéciaux japonais né le 12 juin 1964 à Matsumoto dans la préfecture de Nagano. 2000 : Juvenile. 2002 : Returner. 2005 : Always : Crépuscule sur la troisième rue. 2007 : Always zoku sanchōme no yūhi. 2010 : Ballad: Na mo naki koi no uta. 2010 : Space Battleship. 2011 : Friends: Mononoke-shima no naki. 2012 : Always sanchōme no yūhi '64. 2013 : Kamikaze, le dernier assaut. 2014 : Doraemon et moi. 2014 : Kiseijū. 2015 : Kiseijū kanketsu-hen. 2016 : Kaizoku to yobareta otoko. 2017 : Destiny: The Tale of Kamakura. 2019 : The Great War of Archimedes. 2019 : Dragon Quest: Your Story. 2019 : Lupin III: The First. 2020 : Doraemon et moi 2. 2023 : Godzilla Minus One. 

                                         

Pourquoi Godzilla Minus One fascine autant à travers sa sidérante beauté formelle ranimant notre instinct infantile, entre réalisme étourdissant et part de rêve éveillé ? Parce que Takashi Yamazaki est issu de l'ancienne école du grand spectacle artisanal conçu avec humilité, foi en son projet et sincérité indéfectible pour nous offrir une improbable aventure 1000 fois vue à l'écran mais ici réinventée à travers l'art du storytelling que n'aurait renié Spielberg lors de ses prémices. Ainsi, en rendant un vibrant hommage au premier Godzilla immortalisé par Ishirō Honda et son inévitable métaphore sur le trauma de la guerre nucléaire, Takashi Yamazaki s'approprie des effets numériques mainstream pour les transcender avec un art consommé du détail morphologique. La créature à écaille étant filmée sous toutes les angles et coutures les plus adroites et inventives si bien que face à nos yeux ébaubis on reste à la fois émerveillé, impressionné, troublé même par sa puissance de feu destructrice. 


Tant auprès de ses destructions de masse urbaine que de ses explosions de fureur sur mer imparties aux batailles navales que moult bateaux et avion de combat tentent de déjouer sous la mainmise d'un kamikaze couard en quête de rédemption. Godzilla Minus One n'omettant jamais la part d'humanisme à la fois torturée, tourmentée, affligée de ses protagonistes tentant de s'extraire de leur apocalypse urbain avec un courage aussi bien suicidaire que burnée. Les séquences d'actions magistralement mise en exergue demeurant jamais gratuites, pompeuses ou risibles si bien qu'elles dépendent des actions téméraires des personnages et du monstre à écaille quasi indestructible. Probablement le Godzilla le plus robuste, furibond (euphémisme) et impressionnant jamais retranscrit sur pellicule tant Takashi Yamazaki voue un véritable amour pour celui-ci avec une ambition infiniment consciencieuse eu égard du sens du détail imparti à son design parfois même bleuté. Or, durant tout ce cheminement belliqueux, un homme en perdition morale tentera de s'extraire de ses affres (principalement celle de la peur de trépasser pour le sens du sacrifice) après s'être laissé guidé par ses bas instincts craintifs. 


"C'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes"
.
Blockbuster pétri d'humilité, de fragilité et d'émotions (souvent) dépouillées à imprimer sur pellicule un spectacle d'apocalypse ne débordant jamais du cadre, Godzilla Minus One est un miracle inespéré au sein du cinéma de papa en berne des années durant. Un divertissement tous publics aussi mature que généreux d'y interposer le bras de fer entre combattants de la seconde guerre et monstre reptilien à taille disproportionnée. Et bon Dieu que cela nous manquait d'assister en direct aux exactions d'un monstre de fer aussi cruel que photogénique auprès de sa beauté sépulcrale sans égale. Son minuscule regard démonial transperçant l'écran avec une fulgurance expressive infernale. 

*Bruno

lundi 6 mai 2024

The Inglourious Basterds

                                              Photo empruntée sur Google, incombant au site Imdb.com

de Quentin Tarantino. 2009. U.S.A/Allemagne. 2h33. Avec Brad Pitt, Mélanie Laurent, Christoph Waltz, Eli Roth, Michael Fassbender, Diane Kruger, Daniel Brühl, Til Schweiger, August Diehl, Gedeon Burkhard, B. J. Novak, Omar Doom, Sylvester Groth, Julie Dreyfus, Jacky Ido, Mike Myers, Rod Taylor, Martin Wuttke.

Sortie salles France: 19 Août 2009 (Int - 12 ans). U.S: 21 Août 2009 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIE: Quentin Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee, aux États-Unis. Reservoir Dogs (1992). Pulp Fiction (1994). Jackie Brown (1997). Kill Bill: Vol. 1 (2003). Kill Bill: Vol. 2 (2004). Boulevard de la mort (2007). Inglourious Basterds (2009). Django Unchained (2012). Les Huit Salopards (2015). Once Upon a Time... in Hollywood.

Un chef-d'oeuvre, peux pas dire mieux. 

Jubilatoire de A à Z. 

Drôle, dur, cruel, violent, gore, beau, élégant, poétique, tragique, bouleversant aussi auprès de son romantisme mélancolique. 

Dans un rôle sciemment outrancier, Brad Pitt crève l'écran dans sa fonction semi-parodique de lieutenant juif américain foncièrement pédant, alors qu'Eli Roth, on ne peut plus à l'aise, est habité d'une douce démence décalée en chasseur de scalp, dit "l'ours juif".

Mais je garde surtout en mémoire 2 superbes portraits de femmes à la fois déchues et combattives qu'endossent les vamps Mélanie Laurent et Diane Kruger. Quand bien même Christoph Waltz ensorcelle son entourage étranger en chasseur de juif couard inspirant autant la fausse sympathie qu'une terreur sourde.  

Avec en guise de cerise discursive un discours fortuit sur le pouvoir des images (et les conséquences dramatiques que cela peut entraîner) par l'entremise de la mise en abyme, et sur le langage des mots dépendant de notre dialecte. 

C'est d'ailleurs à voir obligatoirement en VO pour mieux cerner les dissensions psychologiques que se disputent chaque camp à travers leur nationalité distincte. 

Quant à la BO, hyper nostalgique et exaltante, elle colle aux images avec une grâce sensorielle, comme le souligne constamment (euphémisme) la mise en scène ultra inspirée d'un Tarantino à nouveau à l'apogée de la perfection.

On n'a qu'une envie quand on s'extrait hélas du film: le revoir, encore et encore pour s'enivrer et ne plus en sortir. 

Et dire qu'il dure à peine 2h33 !

Récompenses
Festival de Cannes Prix d'interprétation masculine Christoph Waltz
Satellite Awards Meilleur acteur dans un second rôle Christoph Waltz
2010
Oscars du cinéma Meilleur acteur dans un second rôle Christoph Waltz
Golden Globes Meilleur acteur dans un second rôle Christoph Waltz
BAFTA Awards Meilleur acteur dans un second rôle Christoph Waltz
Screen Actors Guild Awards Meilleur acteur dans un second rôle Christoph Waltz
Meilleure distribution 
Saturn Awards Meilleur film d'action, d'aventures ou thriller 
Critics Choice Awards Meilleur scénario original Quentin Tarantino
Meilleur acteur dans un second rôle Christoph Waltz
Meilleure distribution 
Empire Awards Meilleur acteur Christoph Waltz
Prix David di Donatello Meilleur film étranger 
Goldene Kamera Meilleure actrice internationale  Diane Kruger
Prix Sant Jordi du cinéma Meilleur film étranger 

mercredi 1 mai 2024

Cherry Falls. Prix du Meilleur Réalisateur, Catalogne 2000

                                              
                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Geoffrey Wright. 1999. U.S.A. 1h31. avec Brittany Murphy, Jay Mohr, Michael Biehn, Jesse Bradford, Candy Clark, Amanda Anka 

Sortie directement en dvd: Mai 1999. Diffusion TV U.S: 20 Octobre 2000

FILMOGRAPHIE: Geoffrey Wright, né en 1959, est un réalisateur et scénariste australien1992 : Romper Stomper, en tant que réalisateur et scénariste. 1994 : Metal Skin (en), en tant que réalisateur et scénariste. 2000 : Cherry Falls, en tant que réalisateur. 2006 : Macbeth. 


"Baisse ton froc ou t'es mort !"
Quel plaisir, quel bonheur immodéré de revoir une modeste série B passée inaperçue à l'époque (même si vantée chez la revue Mad Movies lors de son exploitation Dvd) pour tenir compte aujourd'hui de son potentiel qualitatif quelques décennies plus tard (25 ans à l'heure où j'écris cet article). Car à contre-emploi des psycho-killers standard truffés de clichés et de trivialité (les suites de Vendredi 13, d'Halloween et consorts), Cherry Falls prend le contre-pied des codes du genres afin de les inverser. Si bien qu'en l'occurrence, le mystérieux tueur "travelo" ne s'en prend qu'aux vierges avec autant de douce dérision que de premier degré. Les personnages d'ados en rut et rebelles demeurant ici nullement décervelés si bien que l'on s'attache à eux avec une véritable implication psychologique eu égard de la solidité de l'intrigue à la fois cruelle, détonante, politiquement incorrecte, sexiste. Notamment si on se réfère au profil attentionné de l'héroïne Jody Marken plutôt complexée à passer à l'acte sexuel avec son partenaire toujours plus frustré, faute d'un entourage familial dysfonctionnel. 


Brittany Murphy
 (hélas décédée à 32 ans dans des circonstances non élucidées) endossant avec assez de beauté trouble, de force émotionnelle une ado introvertie à la fois vénéneuse, fragile, ténébreuse, tourmentée faute d'un passé éhonté que je me tairai de vous dévoiler. Tous les autres acteurs (notamment Michael Biehn en shérif à l'autorité parentale équivoque) et seconds-rôles (Candy Clarke en maman poule sentencieuse) demeurant crédibles à travers leur humanisme spontané dénué d'effets de manche (ou si peu pour les plus grandes gueules juvéniles). Qui plus est, avec sa réalisation perfectible pour autant inspirée, détaillée, formellement inventive également; Geoffrey Wright (auteur de Romper Stomper) parvient à provoquer une certaine fascination auprès du tueur déguisé en femme alors qu'à deux/trois occasions l'effet de flippe porte ses fruits lorsque celui-ci traque ses victimes avec une férocité assez épeurante. On se réjouit aussi de l'incroyable orgie sexuelle finale commanditée par tous les lycéens de Cherry Falls (ville de Virginie) afin d'échapper aux exactions du tueur tributaire de son passé traumatique. Sur ce point, là encore l'intrigue marque des points tant les tenants et aboutissants crapuleux ne nous laisse guère dans l'indifférence de par son réalisme abrupt imparti au flash-back intolérable. Quand bien même l'explosion de violence finale étonnamment décomplexée ravira les amateurs de gore sous l'impulsion d'un rythme incisif aussi furibond qu'haletant. 


Que dire de plus si ce n'est que Cherry Falls est finalement une fort sympathique surprise (hélas occultée de tous) aussi retorse qu'intelligente afin d'élever le sous-genre vers une maturité trop rare pour ne pas le souligner. Une oeuvre maudite au demeurant à revoir sans réserve pour l'amateur éclairé mais aussi pour le public novice tant il inspire une touchante sincérité. 

P.S: A découvrir impérativement en VO, VF exécrable. 

*Bruno
2èx. Vost

vendredi 26 avril 2024

Black Flies / Asphalt City

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jean-Stéphane Sauvaire. 2024. U.S.A. 2h05. Avec Sean Penn, Tye Sheridan, Gbenga Akinnagbe, Raquel Nave, Katherine Waterston, Michael Pitt, Mike Tyson.

Sortie salles France: 3 Avril 2024. Cannes: 18 Mai 2023. U.S: 29 Mars 2024

FILMOGRAPHIE: Jean-Stéphane Sauvaire est un réalisateur, producteur et scénariste français né le 31 décembre 1968 à Paris. 2003 : Carlitos Medellin (documentaire). 2008 : Johnny Mad Dog. 2012 : Punk (téléfilm). 2017 : Une prière avant l'aube (A Prayer Before Dawn). 2023 : Black Flies (Asphalt City). 

"Seul contre tous".

Film choc s'il en est jusqu'à l'asphyxie auprès de son ambiance crépusculaire à mi chemin entre la dépression et la folie (psychotique ou suicidaire selon les témoignages ciblés), Black Flies est une expérience urbaine dont il est impossible de sortir indemne auprès du public sensible immergé dans une descente aux enfers médicale 2h05 durant. C'est dire si ce voyage au bout de la nuit demeure aussi éprouvant que fébrile lorsque Jean-Stéphane Sauvaire se fixe comme ambition, notamment formelle jusqu'au vertige des sens, de nous faire retranscrire les états d'âme d'un duo d'ambulanciers au bord du burn-out. A ce titre, on ne peut que s'incliner sur les prestances écorchées vives de Sean Penn (dans un second-rôle autoritaire littéralement strié) et de Ty Sheridan en ambulancier en herbe sur la corde raide insufflant durant leur parcours chaotique une dimension humaine à la fois fourbue, nonchalante, dégingandée eu égard de leurs vicissitudes qu'ils arpentent auprès d'une faune urbaine ponctuée de marginaux, laissés pour compte, époux abusifs, toxicomanes, alcoolos au sein d'un New-York dégénératif. On connait la chansonnette, mais on marche à fond auprès de cette réalisation pragmatique dont le climat hautement cafardeux, trouble, anxiogène nous contamine davantage au sein d'un récit sans concession. Cependant, tout n'est pas noir, et en évitant de spoiler, j'évoque cet indice afin d'y taire les préjugés. 


Or, cette scénographie davantage sinistrosée demeure admirablement dépeinte par un cinéaste scrupuleux s'efforçant d'y esquisser sans fard aucun une peinture aride, insalubre, névrosée d'une métropole irascible inévitablement nécrosée par la déchéance morale (tout a une influence sur tout et tout le monde affecte tout le monde). Ce qui fatalement déteint sur les esprits névrosés de nos urgentistes esseulés incapables de se raccrocher à leur déroute conjugale ou à un quelconque pivot moral auprès de leur hiérarchie militarisée (avec une surprenant apparition de Mike Tyson en dirigeant psychorigide). Le profil bourru de Cross (Ty Sheridan) perdant peu à peu son innocence, son sang froid, ses maigres espoirs au fil de ses dérives mentales dénuées de lueur, notamment en se référant à un évènement majeur narratif qui intentera à son éventuelle responsabilité et à la culpabilité de son partenaire plongé dans un tunnel sans fin. Vertigineux au possible jusqu'au malaise viscéral ad nauseam, si bien que certaines séquences réalistes provoquent autant la gêne que le dégoût, Black Flies ne nous lâche pas d'une semelle, à l'instar d'un viol mental sans jamais nous demander pardon. Pour autant dénué de racolage à mon sens objectif auprès de séquences extrêmes sensorielles, Black Flies a surtout comme ambition de nous caractériser l'évolution en perdition de ce duo de paumés s'efforçant de sauver les âmes perdues, égarées (et damnées) à bord de leur véhicule dans un enfer terrestre déshumanisant. Immersif au possible jusqu'en apesanteur à travers son maelstrom de tourments moraux difficilement gérables, Black Flies se décline en concentré de malaise imparable auprès de ses émotions torturées à l'aura licencieuse.  

Un constat pessimiste sur nos sociétés contemporaines aliénées, à réserver à un public averti. 

*Bruno

jeudi 25 avril 2024

Vermines. César du Meilleur Premier film, 2024.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Sébastien Vaniček. 2023. France. 1h45. Avec Théo Christine, Sofia Lesaffre, Jérôme Niel, Lisa Nyarko, Finnegan Oldfield, Marie-Philomène Nga.

Sortie salles France: 27 Décembre 2023

FILMOGRAPHIESébastien Vaniček est un réalisateur et scénariste français. 
2023: Vermines. 


Chapeau l'artiste ! Si bien que pour une première réalisation (auréolée du Meilleur Premier Film aux Césars 2024) on peut évoquer le coup de maître (ou presque pour les plus exigeants) de la part du néophyte Sébastien Vanicek respectant à la lettre le genre horrifique avec un art consommé de la prouesse technique. Tant auprès de sa réalisation étonnamment fluide multipliant cadrages inventifs et alambiqués, travellings circulaires, que de ses effets-spéciaux, probablement mécaniques ET numériques, d'un réalisme à couper au rasoir. Tant et si bien qu'à travers la simplicité de son pitch adepte du huis-clos domestique (ici un immeuble abrité par de jeunes banlieusards en cohésion), le cinéaste terriblement inspiré multiplie à rythme métronome les séquences affolantes d'affront, de stress, d'oppression puis de confrontations musclées avec les forces de l'ordre (pour son final autrement explosif) avec une efficacité dégénérée. Et si les acteurs non professionnels, et donc perfectibles, manquent parfois de véracité expressive auprès de leur diction rarement théâtrale, ils n'en demeurent pas moins attachants, impliqués, spontanés, pugnaces, fragiles notamment, auprès de leur parcours de survie toujours plus contraignant eu égard de l'invasion exponentielle de ses araignées issues du désert nord-africain. 


Sébastien Vanicek
usant de subterfuges, de machiavélisme en roue libre afin de nous foutre la pétoche quant aux apparitions furtives des araignées se faufilant tous azimuts (sous-sols, façades, greniers, couvertures, cartons) au point de nous susciter une appréhension franchement répulsive lorsque celles-ci se jettent sur leur proies avec une vélocité épeurante. On sort donc de la projo aussi comblé que rassasié d'avoir assisté à un affrontement aussi épique que stoïque (euphémisme tant nos jeunes héros décuplent les prises de risques afin de rester en vie) sous l'impulsion d'une caractérisation psychologique jamais abrutissante. Voire parfois même quelque peu décalée, puisque le cinéaste se permet en outre d'y injecter quelques saillies d'humour assez percutantes tout en maintenant au possible une tension parfois intolérable; notamment auprès du sort précaire de certains protagonistes que l'on hésite pas à sacrifier. On peut enfin remarquer en filigrane sociétale le sempiternel discours (louablement concis) sur la fracture indéfectible qui oppose flics et jeunes de quartier s'affrontant mutuellement sans pouvoir trouver un terrain d'entente de par leur condition d'exclusion souvent impartie à la peur (et la haine) de l'étranger. Avec en prime une certaine émotion lorsque les survivants prennent conscience de leur traversée de l'horreur avec une mélancolie amère auprès du sort imparti à leur cocon urbain. Ce final est à ce titre aussi beau que poétique, notamment auprès de cette ultime image aussi noble que saillante car militant pour le respect de la nature et de l'animal qui y cohabite, aussi dérisoire soit son enveloppe corporelle.


Faut-il enfin préciser que pour un film français tout juste novice, Vermines demeure l'un des plus nobles représentants du genre ? Un des plus effrayants films d'arachnide jamais tournés à trôner auprès du maître étalon l'Horrible Invasion de John Bud Cardos. Un authentique film d'horreur conçu à l'artisanal au sein d'un cadre esthétique contemporain aussi convaincant qu'actuel. 

*Bruno

Récompenses:
César 20246 :

Meilleurs effets visuels

Meilleur premier film

mercredi 24 avril 2024

The Sadness / Kū bēi / La Tristesse. Prix du Public: Grimmfest 2021.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Rob Jabbaz. 2021. Taiwan. 1h39. Avec Berant Zhu, Regina Lei, Ying-Ru Chen, Tzu-Chiang Wang

Sortie salles France: 6 Juillet 2022 (- 16 ans avec Avertissement). Taïwan: 22 Janvier 2021

FILMOGRAPHIE: Rob Jabbaz est un réalisateur et scénariste taïwanais. 2021: The Sadness. 


Mea-culpa.
Précédé d'une réputation sulfureuse alors que 2 récompenses lui furent décernées lors de sa sortie, The Sadness est un bon gros délire cartoonesque aussi méchamment pervers qu'inquiétant. Notamment sous l'impulsion de (la discrétion de) son score monocorde parvenant à distiller une ambiance mortifère quelque peu envoûtante auprès de la tentative de survie d'un jeune couple en perdition malencontreusement séparé depuis l'aube matinale d'une contamination nationale. Pur divertissement gorasse déversant des hectolitres de sang (coagulé svp !) à l'écran avec une outrance improbable afin d'éluder l'insoutenable, tout du moins pour la plupart des nombreuses séquences chocs d'une inventivité en roue libre, The Sadness est d'autant plus sobrement intense et plutôt bien maîtrisé (pour une première réal qui plus est) pour ne jamais relâcher l'intérêt en dépit d'un récit convenu. A l'instar du classique blafard de Cronenberg, Rage auquel il entretient quelques points communs. 


On peut également compter sur l'implication mesurée des comédiens (méconnus chez nous) pour provoquer l'empathie (le duo d'amants maudits que l'on observe en alternance chacun de leur côté autonome) ou au contraire l'appréhension lorsque chacun des contaminés est confronté à une incontrôlable folie meurtrière à la fois redoutablement sadique et débauchée. Le réalisateur, aussi provocateur et burné soit-il, ne cédant toutefois jamais à l'itération rébarbative du gore échevelé introduit en intermittence. On notera par ailleurs qu'outre l'évidente métaphore impartie à la paranoïa de la Covid (alors que le film fut réalisé avant la pandémie), l'esprit individualiste prime, même auprès de nos héros en perte de vitesse s'efforçant de s'extirper de l'enfer avec un égoïsme parfois opportuniste (comme le souligne la jeune héroïne dérobant un portable à l'infirmier tout aussi lâche qu'elle quelques instants plus tôt lors d'une escapade dans les sous-sols hospitaliers). Le taïwanais Rob Jabbaz poursuivant non stop son parti-pris escarpé quant à l'amertume de sa conclusion défaitiste instillant avec sobriété payante un climat de désespoir perméable. 


Une belle découverte donc assez prometteuse, impressionnante et captivante pour contenter les afficionados d'un gore extrême pour autant décomplexé, folingue et débridé. Le réalisateur insistant à fond sur les litres de sang s'échappant des corps (troués, dilacérés, explosés, grignotés ou entaillés) à grandes giclées souvent disproportionnées.

*Bruno

Récompenses
FanTasia 2021 : meilleur film pour Rob Jabbaz

Grimmfest 2021 : prix du public

jeudi 18 avril 2024

Eclair de Lune / Moonstruck. Oscar 88 Meilleure Actrice: Cher.

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ebay.com

de Norman Jewison. 1987. U.S.A. 1h42. Avec Cher, Nicolas Cage, Vincent Gardenia, Olympia Dukakis, Danny Aiello, Julie Bovasso, John Mahoney 

Sortie salles France: 6 Avril 1988. U.S: 18 Décembre 1987

FILMOGRAPHIE: Norman Jewison est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste canadien, né le 21 Juillet 1926 à Toronto (Canada). 1962: Des ennuis à la pelle. 1963: Le Piment de la vie. 1964: Ne m'envoyez pas de fleurs. 1965: The Art of love. 1965: Le Kid de Cincinnati. 1966: Les Russes Arrivent. 1967: Dans la chaleur de la nuit. 1968: l'Affaire Thomas Crown. 1969: Gaily, gaily. 1971: Un violon sur le toit. 1973: Jésus Christ superstar. 1975: Rollerball. 1978: F.I.S.T. 1979: Justice pour tous. 1982: Best Friends. 1984: A Soldier Story. 1985: Agnès de Dieu. 1987: Eclair de lune. 1989: Un Héros comme tant d'autres. 1991: Larry le liquidateur. 1994: Only you. 1996: Bogus. 1999: Hurricane Carter. 2003: Crime contre l'humanité.

Il y a des films comme ça que l'on découvre au hasard d'une location Vhs lorsque l'on fut ado et qui nous marqua au point de nous laisser une empreinte dans un p'tit coin de notre coeur. Eclair de Lune en fit donc parti pour mon jugement de valeur. Et le revoir une seconde fois 37 ans plus tard suscite un enthousiasme nostalgique mêlé d'une touche d'appréhension quant à son contenu véritablement qualitatif. A savoir si j'allais retrouver mes émotions d'un passé insouciant depuis mon adolescence à la fois candide et néophyte. Romcom réalisée par l'éminent Norman Jewison (qu'on ne présente plus), Eclair de Lune a ranimé ma flamme amoureuse en dépit d'une mise en place un tantinet laborieuse de l'intrigue et de ces personnages peu à peu attachants. Si bien que passées les 35/40 minutes de métrage pour autant solidement mises en scène au sein d'une scénographie urbaine aussi chaleureuse que réconfortante, Eclair de Lune prend son envol pour structurer un charme aussi pur que dépouillé eu égard de l'intelligence du cinéaste à ne point s'égarer dans la facilité des bons sentiments mielleux. 

Bien au contraire, Eclair de Lune demeurant si touchant, si émouvant, si pur, si intègre et lucide pour nous évoquer la complexité de l'amour (en étroite relation avec la peur de la mort apprendrons nous !) à travers l'infidélité conjugale de protagonistes familiaux qu'on ne peut que se réjouir du résultat attendrissant inscrit dans une modeste mesure. Norman Jewison tablant beaucoup sur l'humour des dialogues ciselés et des situations folingues pour nous enivrer sous l'impulsion d'une pléthore de comédiens absolument délicieux de spontanéité. Je ne vais pas tous les citer par manque de temps, et c'est bien dommage car par ex Olympia Dukakis (Oscar du Meilleur Second-Rôle) m'a tant ému en sexagénaire trompée (et de manière totalement fortuite !). Mais on ne peut que s'incliner du talent subtilement sémillant de Cher accompagnée de Nicolas Cage (à son âge juvénile) formant un duo d'amants impromptus davantage fusionnels dans leur désir d'y bafouer les règles de la bienséance au moment de céder à leur passion des sentiments. A eux deux ils portent l'intrigue sur leurs épaules, entre fraîcheur et naturel sans fard pour mieux nous immerger dans leur liaison houleuse à deux doigts de s'éteindre, ou, au contraire, de s'émanciper vers des horizons prospères. 

Alla famiglia. Santé !
Comédie romantique candide élégamment mise en scène parmi l'autorité d'un solide artisan ayant surfé sur tous les genres souvent pour le meilleur, Eclair de Lune est un divertissement (hélas) oublié truffé de qualités quand il s'adresse au coeur et à la raison dans sa méditation de l'amour impossible à anticiper. Tous les comédiens, sans exception aucune, demeurant toujours plus séduisants, passionnants, émouvants dans leur fragilité torturée à se remettre en question pour l'enjeu de rédemption. Une oeuvre aussi fragile que solaire qui donne envie d'aimer, de croire en son destin sans l'ombre de la suffisance (bien au contraire tant les personnages, tous âges confondus, restent des enfants incomplets). 


Récompenses

3 Oscars :

Meilleure actrice pour Cher

Meilleur second rôle pour Olympia Dukakis

Meilleur scénario pour John Patrick Shanley

American Comedy Award

Ours d'argent du meilleur réalisateur à la Berlinale pour Norman Jewison

2 Golden Globes :

Meilleure actrice dans une comédie (Cher)

Meilleur second rôle féminin (Olympia Dukakis)

1989 :

ASCAP Award pour le Top Box Office Films