Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ecranlarge.com
de Lucio Fulci. 1966. Italie. 1h32. Avec Franco Nero, George Hilton, John M. Douglas, Nino Castelnuovo, Tom Felleghy, Rina Franchetti.
Sortie salles France: 27 Juillet 1967. Italie: 10 Août 1966
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1978: Selle d'Argent. 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantômes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.
"La Colombe et le carnage".
1966 marque un tournant dans la carrière de
Lucio Fulci. Après une série de comédies, le maestro s’aventure sur les terres arides du western avec
Le Temps du massacre, s’inspirant de
Sergio Leone, deux ans après la sortie de
Pour une poignée de dollars. Un western italien — « spaghetti » reste un terme trivial, aujourd’hui obsolète — d’une âpreté rare pour l’époque, au point que l’on demeure encore saisi par la cruauté horrifique de son prologue : un homme traqué, dévoré vivant par une meute de chiens, sous les regards voyeurs de témoins dont certains éclairs de perversion ne trompent pas. Et puis vient cette anthologie du lynchage au fouet, scène sadique dont
Nino Castelnuovo s’empare avec une intensité dérangeante, son visage baigné de haine, de jouissance trouble, de lassitude fiévreuse. L’acteur se fait inquiétant, presque spectral, à la frontière d’une douce démence. Sa présence magnétique densifie l’atmosphère équivoque de ce western franc-tireur, revendiqué comme tel.
Franco Nero lui partage dignement la vedette, ses yeux azur brûlant d’intensité en héros malgré lui, redresseur de torts impliqué dans une sombre affaire familiale. L’intrigue, solidement charpentée, avance dans un suspense constant, rythmée de rebondissements inattendus qui nourrissent l’aura de souffre entourant les protagonistes, pris dans un engrenage de règlements de compte punitifs et oppressants. Jusqu’à ce massacre final, explosif, où l’action débridée — presque ininterrompue — ravira les amateurs de chorégraphies violentes, crues, décomplexées.
Au-delà de sa dramaturgie escarpée, Fulci stupéfie par la richesse visuelle de sa mise en scène : cadres soignés, photo scope baroque, antagonistes vêtus de blanc, vallées rocailleuses aux reflets nacrés… Il transfigure le classicisme du western dans un modernisme inattendu, une mélancolie diffuse émergeant peu à peu de cet amas de cadavres exécutés pour des enjeux terroristes, comme une brume de deuil sur le désert.
"Litanie pour un Fouet".
Flamboyant, dans une certaine mesure, par son onirisme baroque — ce plan final, magnifique : une colombe tachetée de sang fend le ciel, impose sa liberté — Le Temps du massacre s’élève dignement au rang de classique du western italien. Fulci y affirme déjà son goût pour une violence sadienne, viscéralement narrative, militante parfois, en faveur de l’honneur, de la justice, des valeurs familiales. Et ses personnages, tous, se débattent, rebelles et hargneux, dans un monde trop sale pour être sauvé.
*Bruno
3èx