mardi 7 juillet 2020
Le Vampire de ces Dames
"Love at First Bite" de 1979. U.S.A. 1h36. Avec George Hamilton, Susan Saint James, Richard Benjamin, Dick Shaw, Sherman Hemsley, Art Johnson, Isabel Sanford.
Sortie salles France: ? U.S: 27 Avril 1979.
FILMOGRAPHIE: Stanley John Dragoti, dit Stan Dragoti, est un réalisateur et scénariste américain né le 4 octobre 1932 à New York et mort le 13 juillet 2018 à Los Angeles. 1972 : Billy le cave. 1976 : McCoy (série télévisée). 1979 : Le Vampire de ces dames. 1983 : Mister Mom. 1985 : L'Homme à la chaussure rouge. 1989 : Touche pas à ma fille. 1991 : L'Équipe des casse-gueule.
Sans jamais rivaliser avec les meilleures réussites du genre (Dr Jerry et Mr Love, Le Bal des Vampires, Frankenstein Junior et le plus récent Vampires en toute intimité), le Vampire de ces dames est une charmante et sympathique parodie, notamment auprès de ces attachants personnages se prêtant au jeu de la déconnade avec un humour bonnard. Tant auprès de George Hamilton en vampire dandy anachronique plutôt inoffensif, de l'envoûtante Susan Saint James (quelle sombre beauté spontanée !) en maîtresse caractérielle timidement influencée par l'amour éternel, de Richard Benjamin en Docteur revanchard endossant la double fonction de chasseur de vampire et d'amant éploré et de Arte Johnson en domestique badin au rictus démonial. Assurément le personnage le plus pittoresque de l'équipe à travers son naturel inné d'y pouffer de rire sous l'impulsion de ses répliques sardoniques.
Quant à l'intrigue éculée centrée sur notre triangle amoureux mais transplantée dans notre monde contemporain, elle se permet quelques libertés afin d'y injecter quelques touches d'originalité (le vampire doit ici mordre à 3 reprises sa proie pour qu'elle devienne immortelle et s'alloue de pouvoirs télékinésiques pour moderniser le mythe). Notamment auprès de la caractérisation borderline du petits fils de Van Helsing endossant le double rôle susnommé. Mais comme de coutume au sein du genre casse-gueule de la parodie parfois trop irrévérencieuse, tout n'est pas du meilleur goût, à l'instar du duel d'hypnose dans le restaurant d'une drôlerie plutôt lourdingue. Rien d'alarmiste pour autant si bien que l'on préserve fréquemment le sourire (et les rires) aux lèvres à travers sa pléthore de situations cocasses dénuées de prétention. Le méconnu Stan dragoti emballant donc efficacement son film de par son rythme fougueux (les acteurs s'en donnant à coeur joie sans se complaire dans l'outrance ou les effets de manche) et sa sincérité d'y traiter le mythe avec une bonne humeur et dérision tantôt romanesque (avec en filigrane une réflexion sur la peur de l'engagement). A revoir sans se prendre la tête.
*Bruno
lundi 6 juillet 2020
Je veux manger ton pancréas
"Kimi no suizō o tabetai" de Shō Tsukikawa. 2017. Japon. 1h50. Avec Shun Oguri, Keiko Kitagawa, Takumi Kitamura, Minami Hamabe.
Sortie salles France: ? Japon: 28 Juillet 2017
FILMOGRAPHIE: Shō Tsukikawa est un réalisateur et scénariste japonais. 2017: Je veux manger ton pancréas.
"Le plus grand échec est de ne pas avoir le courage d’oser."
Mélo existentiel d’une intensité à couper au rasoir, Je veux manger ton pancréas est un moment de cinéma épuré, touché par la grâce. La candeur d’un duo romantique s’y déploie à travers la maladie mortelle : Kyoko, condamnée, rencontre un lycéen introverti, paria asocial pointé du doigt par ses camarades. Poignant, bouleversant sans rien de programmé, le film s’érige en ode à l’amour le plus virginal et salvateur. Car au fil de leur relation, le jeune garçon apprend à s’affirmer, guidé par la tendresse lumineuse de Kyoko.
À travers les thèmes sombres de la maladie et du deuil, Shō Tsukikawa transfigure le portrait de ces deux êtres dissemblables. Kyoko, sémillante et spontanée, dévore la vie à pleines dents malgré l’épée de Damoclès suspendue au-dessus d’elle. Lui, solitaire taciturne, se replie sur son silence. Leur fragilité commune, mise à nu dans l’intimité de sentiments que le lycéen peine à exprimer, confère au film une universalité : l’amour comme apprentissage d’une complémentarité, un pacte de soutien face au deuil.
— le cinéphile du cœur noir
jeudi 2 juillet 2020
Le Jour de la fin des Temps / La Nuit des Extra-Terrestres
"The Day Time Ended" de John 'Bud' Cardos. 1980. U.S.A. 1h20. Avec Jim Davis, Christopher Mitchum, Dorothy Malone, Marcy Lafferty, Scott C. Kolden.
Sortie salles France: 10 Juin 1981. U.S: Novembre 1980.
FILMOGRAPHIE: John 'Bud' Cardos est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 20 Décembre 1929 à Saint Louis, Missouri. 1970: The red, white, and black. 1971: Drag Racer. 1971: The Female Bunch (non crédité). 1977: L'Horrible Invasion. 1979: The Dark. 1979: Le Jour de la fin des temps. 1984: Mutant. 1988: Act of Piracy. 1988: Skeleton Coast. 1988: Les Bannis de Gor.
Réalisé par John Bud Cardos, un habitué des séries B au rabais à qui l'on doit The Dark, le sympatoche Mutant et surtout l'Horrible Invasion (de loin sa meilleure - et authentique - réussite), le Jour de la fin des temps est une sorte de croisement bisseux de Rencontres du 3è type lorsqu'une famille de fermiers demeurent les témoins de présences extra-terrestres lors d'une nuit spatio-temporelle. Les OVNIS parvenant par instants à brouiller la notion du temps sans que l'on ne sache pour quelle raison équitable. Confinés dans leur demeure en plein désert, ils vont avoir affaire à une multitude d'évènements paranormaux à base de bulles de lumières, de monument triangulaires d'un vert fluorescent (faisant disparaître et réapparaître n'importe quelle présence humaine ou animale), de mini créatures et de monstres gargantuesques filmés en stop motion. De par son ambiance westernienne confinée en plein désert solaire et grâce à l'attachante galerie de persos gogos aux réactions tantôt atones, tantôt hébétées; Le Jour de la fin des Temps prête inévitablement à sourire à travers sa pléthore de séquences facétieuses où des extra-terrestres de toutes formes n'auront de cesse de les harceler tous azimuts.
Et si on peut déplorer la redondance des situations d'harcèlement et d'agressions finalement infructueuses, John Bud Cardos parvient in extremis à relancer modestement l'action grâce à la disparité des OVNIS s'en donnant à coeur joie dans les effets de surprise et ballets féeriques. A l'instar donc de Rencontres du 3è type lorsque des centaines de bulles, de rayons gammas et d'étoiles filantes y forment des esquisses dans l'air et le ciel afin d'ébranler nos personnages en proie à la stupeur (contractée). Tout cela demeure donc gentillet, simplet, gratuit et inoffensif à travers son ambiance bonnard de science-fiction conjuguée au merveilleux et au fantastique, quand bien même les FX artisanaux s'avèrent assez bien fichus dans l'ensemble. Le point le plus fructueux étant les fascinants déplacements des monstres filmés en stop motion que l'on croirait extraits d'un film de Ray Harryhausen si bien que l'on a droit à un moment à un houleux corps à corps, aussi mineure soit leur chorégraphie épique.
Sans laisser de souvenir impérissable, le Jour de la fin des temps se décline donc en sympathique curiosité fantasque sous l'impulsion d'aimables trognes du samedi soir parfois issues de la série TV (Jim Davis en tête, l'inoubliable Josh Ewing de Dallas). Quand au final salvateur à la fois féerique et déconcertant, on accepte pour autant le non-sens du twist fantasmagorique de par sa scénographie aussi flamboyante que dépaysante. N'oubliez donc pas de déposer votre cerveau au vestiaire avant de goûter cette friandise acidulée au charme (agréablement) désuet, tant il n'y a pas grand chose à saisir.
*Bruno
mardi 30 juin 2020
Marathon Killer
"Courage" de Robert L. Rosen. 1984. U.S.A. 1h30. Avec Ronny Cox, Art Hindle, M. Emmet Walsh, Tim Maier, Lois Chiles.
Sortie salles France: ?. U.S: 16 Novembre 1984
FILMOGRAPHIE: Robert L. Rosen est un réalisateur, acteur et producteur américain né le 7 Janvier 1937 à Palm Springs, Californie. 1984: Marathon Killer.
Inédit en salles chez nous mais édité en Vhs, Marathon Killer ne manqua pas d'interpeller le videophile des années 80 attisé par sa jaquette prometteuse suggérant un film d'horreur plutôt réaliste. Tout du moins chez les friands de série B d'exploitation surfant sur la vague du survival brut de décoffrage, ou plus précisément de la chasse à l'homme initiée par un certain Zaroff. En ce sens que l'intrigue assez originale va nous dépeindre l'épreuve de force d'un trio de marathoniens pris à parti avec une unité militaire partie en mission de survie en plein désert du Nouveau Mexique. Spoil ! Or, après qu'ils eurent accidentellement tués l'un des joggeurs lors d'une violente rixe, ils se décident à les traquer pour les tuer sous l'impulsion de leur leader mégalo. Fin du Spoil. Réalisé par le néophyte Robert L. Rosen si bien qu'il s'agit de son unique métrage, Marathon Killer demeure un sympathique survival aussi perfectible et maladroit soit-il. Car si la gestion d'acteurs laisse à désirer (principalement auprès des militaires en herbe parfois peu convaincants dans leur posture patibulaire et leurs actions infructueuses) et que le montage demeure tantôt anarchique, Marathon Killer gagne en efficacité oppressante à travers sa pléthore de poursuites endiablées que nos survivants ne cessent d'arpenter pour leur enjeu de survie.
Qui plus est, nous sommes surpris de constater à travers son concept d'exploitation alimentaire la densité humaine qui se dégage des états d'âme de nos héros réfractaires de prime abord à tuer leur prochain afin de pouvoir rester en vie. Mais s'efforçant solidairement de survivre pour accéder à la ligne d'arrivée, entre désespoir désenchanté et pugnacité rebelle, ils vont donc apprendre à s'affirmer en faisant preuve de perspicacité, d'héroïsme et de bravoure audacieuse. C'est donc une initiation à l'auto-justice que nous suggère Robert L. Rosen à travers leur inévitable légitime défense de dernier ressort. Ainsi, en suivant scrupuleusement leur marathon chaotique sous un écrasant soleil, on reste notamment surpris de l'intensité dramatique de certains rebondissements d'une cruauté aride (tant auprès de la 1ère partie que de l'épilogue salvateur). On peut toutefois regretter le manque de réalisme de certains corps à corps, sachant notamment que nos héros parviennent un peu trop facilement à exterminer leurs assaillants. C'est un tantinet dommageable pour autant pardonnable tant on s'identifie pleinement à leur humanisme fébrile puisque se résignant à rester en vie avec une hargne indéfectible. On peut enfin saluer l'attrait quelque peu envoûtant de sa partition au synthé quasi omniprésente durant tout le parcours du combattant si bien que Marathon Killer ne manque pas de charme atmosphérique à travers sa scénographie aussi vaste et dépaysante qu'inhospitalière.
A découvrir avec réel intérêt donc car cette série B injustement sombrée dans l'oubli mériterait à être plus connue.
*Bruno
2èx
lundi 29 juin 2020
M.A.L
"Deep Star Six" de Sean S. Cunningham. 1989. U.S.A. 1h39. Avec Greg Evigan, Nancy Everhard, Cindy Pickett, Miguel Ferrer
Sortie salles France: 31 Mai 1989
FILMOGRAPHIE: Sean Sexton Cunningham est un réalisateur, producteur et scénariste américain. Né en 1941 à New York. 1970 : Art of Marriage. 1971 : L'Amour à deux. 1973 : Case of the Full Moon Murders. 1978 : Manny's Orphans. 1978 : Here Come the Tigers. 1980 : Vendredi 13. 1982 : A Stranger Is Watching. 1983 : La fièvre du printemps. 1985 : Représailles. 1989 : MAL : Mutant aquatique en liberté. 2001 : XCU: Extreme Close Up. 2002 : Invasion finale (TV). 2006 : Trapped Ashes.
Sorti la même année que son cousin Leviathan, M.A.L est un ersatz mineur d'Alien et d'Abyss que Sean S. Cunningham exploite avec une relative efficacité. Car si on déplore son manque d'action et d'angoisse oppressante au sein de ce huis-clos maritime (attendez 1 bonne heure pour voir apparaître le monstre), l'intrigue cousue de fil blanc demeure un agréable divertissement à travers ses moult clichés éculés et ses personnages stéréotypés. Mention spéciale à Miguel Ferrer en trouillard empoté en proie à une psychose dégénérative. D'ailleurs, afin de relancer l'action vers une direction davantage en porte-à-faux, Sean S. Cunningham compte sur l'hypocrisie de celui-ci multipliant les bourdes et les coups bas pour s'en sortir vivant. Ainsi, si on anticipe fréquemment les incidents techniques de l'équipage et les altercations du monstre (pas trop mal fichu en dépit de son absence de vélocité) au sein d'une plateforme nucléaire, l'aspect semi-parodique de certaines situations retient l'attention d'un oeil amusé. Tant auprès de nos attachants personnages d'une vaillance héroïque souvent suicidaire que du charme innocent de la réalisation singeant ces classiques précités avec un modeste savoir-faire. Un sympathique divertissement donc, aussi dispensable soit-il, à privilégier à la génération 80, même si on est en droit d'y préférer le beaucoup plus fun et palpitant, Leviathan.
Ci-joint la chronique de Leviathan: http://brunomatei.blogspot.com/2019/03/leviathan-prix-des-effets-speciaux.html
*Bruno
3èx
vendredi 26 juin 2020
Le Monstre qui vient de l'Espace / The Incredible Melting Man
de William Sachs. 1977. U.S.A. 1h26. Avec Alex Rebar, Burr DeBenning, Myron Healey, Michael Alldredge, Ann Sweeny, Lisle Wilson, Jonathan Demme.
Sortie salles France: 18 Mars 1981. U.S: 9 Décembre 1977
FILMOGRAPHIE: William Sachs est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 16 Octobre 1942 à New-York. 1971: South of Hell Mountain. 1974: There is no 13. 1976: Secrets of the Gods (documentaire). 1977: Le Monstre qui vient de l'espace. 1978: The Force Beyond (documentaire). 1979: Van Nuys Blvd. 1980: Galaxina. 1985: Hot Chili. 1991: The Last Hour. 1992: Judgement. 2002: Spooky House.
Responsable du sympathique space-opéra (pour rire) Galaxina, Le Monstre qui vient de l’espace doit une partie de sa réputation culte à l’attrait grand-guignolesque de sa rutilante jaquette, que nombre de cinéphiles se sont empressés de louer au vidéoclub du coin. En prime, pour rameuter le chaland et flatter l’instinct racoleur, la mention "interdit aux moins de 18 ans" fut apposée en bas de l’affiche ! Une aberration aussi lucrative que mensongère, tant le réalisateur abuse du hors-champ pour suggérer les effets gores escomptés.
Le pitch : à la suite d’une expédition spatiale près de Saturne, l’unique survivant, Steve West, revient parmi les siens dans un état de putréfaction avancée. Fortement irradié et mutilé, il est soigné dans le centre hospitalier du médecin Ted Nelson. À son réveil, Steve découvre son visage bandé. Pris de panique, il arrache les pansements et se retrouve face à son faciès tuméfié, truffé de pustules suppurantes. En désespoir de cause, il s’évade de l’hôpital… et sème derrière lui une vague de crimes sauvages, comme un cri de rage désincarné.
Observer les exactions erratiques d’un monstre à tête de rhubarbe déambulant dans la campagne ou rôdant autour de paisibles demeures s’avère délicieusement facétieux, tant l’aspect involontairement parodique de sa mise en scène — aussi bricolée qu’attentionnée — amuse plus qu’il ne terrifie. À cela s’ajoute la cocasserie permanente de dialogues crétins, l’apparence putrescente de la créature se liquéfiant à chaque pas, et une galerie de personnages tous plus empotés ou inconséquents les uns que les autres : le couple en ébat, le trio d’enfants fumeurs, le médecin et le général castrateur, les beaux-parents retraités, ou encore le photographe lubrique et son modèle concupiscent !
Et ce, malgré un cheminement narratif redondant, sans surprise, dont on aurait pu retrancher un bon quart d’heure. Mais grâce à l’aspect auto-parodique des situations de stress, aux suspense languissants et aux altercations horrifiques en carton-pâte, Le Monstre qui vient de l’espace divertit modestement, sans jamais trop se prendre au sérieux. Le final, campant l’ultime course de la créature — à tête de pizza fondue — dans un entrepôt industriel, n’est pas avare de fantaisies, alimenté par des flics décervelés à la gâchette facile.
Il faut également saluer les maquillages artisanaux, bien cracras, de Rick Baker, qui préfigurent les outrances cartoonesques de Street Trash ou du Toxic Avenger, tant cette créature irradiée, impressionnante autant que grotesque, suinte une horreur gluante et faussement terrifiante. Avec une naïveté attendrissante, le réalisateur tente même un regain d’empathie via un humanisme bancal — et pourtant touchant. Réduit à l’état de charpie, le monstre agonise sous nos yeux… et l’on ne peut s’empêcher d’en éprouver une forme de perplexité. D’autant qu’il vient de sauver le médecin d’une mort certaine, comme une ultime rédemption teintée d’amitié. La disparition brutale de ce dernier, probable relan de dramaturgie forcée, achève de troubler la tonalité d’un récit brinquebalant.
Les ruptures de ton donnent parfois le tournis : entre humour et horreur, on tangue, on vacille, mais avec une maladresse si sincère qu’elle en devient presque émouvante. L’exemple le plus flagrant de ce comique assumé ? Ce couple de retraités conviés à souper chez leur fille, s’aventurant sur une route bucolique patibulaire… pour aller chaparder des citrons !
Tout à fait fréquentable pour les nostalgiques de l’époque, Le Monstre qui vient de l’espace demeure un plaisir innocent et gentiment crétin, dans son hommage ubuesque aux films de monstres des années 50. Il en conserve, en filigrane, la peur sourde des effets dévastateurs de la radioactivité sur l’homme — fruit pourri de ses conquêtes stellaires trop orgueilleuses (!?).
*Bruno
26.06.20. 4èx
03.08.13. 93 v
jeudi 25 juin 2020
Cul et Chemise
"Io sto con gli ippopotami" de d'Italo Zingarelli. 1979. Italie. 1h48. Avec Terence Hill, Bud Spencer, Joe Bugner, May Dlamini, Dawn Jürgens, Malcolm Kirk.
Sortie salles France: 5 Décembre 1979
FILMOGRAPHIE: Italo Zingarelli est un producteur et réalisateur italien de cinéma, né le 15 janvier 1930 à Lugo di Vicenza en Vénétie, décédé le 29 avril 2000 à Rome. 1969 : Cinq hommes armés. 1970 : Une prostituée au service du public et en règle avec la loi. 1979 : Cul et chemise.
Qu'il est bon de revisionner cette comédie familiale sous l'impulsion du duo fripon Terence Hill / Bud Spencer. Les "Laurel et Hardy" contemporains de souche italienne. Car l'intrigue dégingandée a beau raser les murs (quoique son message écolo en faveur de la cause animale ne passe pas inaperçu), Terence Hill et son acolyte Bud Spencer sauvent le film de la vacuité de par leur fringance endiablée d'y compiler une moisson de baffes et coups de poing toutes les 10 minutes. Tant et si bien qu'il s'avère impossible de s'ennuyer au sein de ce fracas d'actions en règle même si la plupart des situations risibles, pour ne pas dire ridicules ou surréalistes (la scène du repas, celle du tribunal ou encore du casino) ne font guère preuve de vraisemblance. Et c'est tant mieux car il se dégage de ce joyeux bordel zédifiant une liberté de ton désinvolte qu'on ne retrouve guère aujourd'hui sur nos écrans formatés adeptes de l'ultra conservatisme.
Ainsi donc, on a également beau étriller le classicisme de sa réalisation anodine (Italo Zingarelli possède d'ailleurs à son actif 3 uniques longs-métrages), le spectacle dépaysant (une scénographie Africaine peuplée de figurants accorts et d'animaux sauvages) vaut son pesant de péripéties burlesques de par ses bastonnades inventives que Hill et Spencer transcendent avec une spontanéité galvanisante. Anti-dépresseur par excellence donc, Cul et Chemise demeure un excellent divertissement puisant son charme dans sa simplicité bonnard que le duo cultive avec un naturel décomplexé. Con comme la lune certes à travers ses récurrents règlements de compte entre bons et méchants (quelles gueules cartoonesques !), mais débordant d'inventivité, de bonne humeur et de gags si outranciers qu'on cède à l'hilarité, Cul et Chemise n'a pas pris une ride de par son inépuisable ressort comique en roue libre.
*Bruno
2èx
mercredi 24 juin 2020
La Petite soeur du Diable
"Suor Omicidi / Killer Nun" de Giulio Berruti. 1978. Italie. 1h29. Avec Joe Dallensendro, Anita Ekberg, Alida Valli.
Sortie salles Italie: 10 Mai 1979. France: ?.
FILMOGRAPHIE: Giulio Berruti est un réalisateur et scénariste Italien né le 28 Avril 1937. 1976: Noi siam come le lucciole. 1979: La Petite soeur du Diable.
Que voici un Nunsploitation bougrement attachant à travers son cocktail vitriolé de saphisme, de nécrophilie, de luxure et d'homicides parfois incongrues. A l'instar de ses aiguilles filmées en gros plan transperçants à divers endroits du visage une victime sclérosée ! D'ailleurs, l'Angleterre rigoriste s'avéra si offensée que le film figura dans la liste de leurs "Video Nasties" ! Mais au-delà de son concept d'exploitation dosant efficacement fesses et gores auprès d'un institut psychiatrique en rut; La Petite soeur du Diable s'avère beaucoup plus intéressant qu'il ne le laisse paraître de par son intrigue sinueuse insufflant un suspense perméable jusqu'à l'épilogue révélateur aussi fortuit que dérangeant. Le récit émaillé de situations tordues s'adonnant au thriller horrifique à travers son énigme d'y démasquer le véritable assassin. Quand bien même le cinéaste, seulement responsable de deux longs-métrages (quel dommage au vu de son savoir-faire horrifique !), nous eut averti d'un message liminaire afin de prétendre que son récit fut inspiré d'une histoire vraie. Etonnamment bien joué pour une prod indépendante aussi low-cost, tant auprès des rôles majeurs que secondaires (notamment cette figuration inquiétante de patients revanchards que n'aurait renié Francis Leroy à travers sa Nuit de la Mort), la Petite soeur du diable est également scandé du charisme démonial de la troublante Anita Ekberg sous l'impulsion de son regard azur à la fois perçant et souffreteux.
Dans la mesure où celle-ci parvient à nous susciter un soupçon d'empathie dans sa fonction miséreuse de nonne aussi névrosée que dépressive de par son accoutumance à la morphine depuis une opération du cerveau. En proie à la perte identitaire et à une solitude davantage contraignante, Soeur Gertrude finit donc par s'adonner à l'émancipation sexuelle. Tant auprès de la proposition saphique d'une nouvelle soeur juvénile que d'un quidam aguiché par ses formes plantureuses à base de jarretelles. Les séquences d'étreintes et de déshabillage (à forte poitrine) parvenant la plupart du temps à éluder la gratuité de par le portrait torturé de cette carmélite sexuellement refoulée mais aujourd'hui encline à mettre en exergue ses fantasmes en lieu et place de désarroi moral. Il faut dire que tout l'institut (patients / médecins) la soupçonnent d'un oeil médisant depuis une série de meurtres inexpliqués. Au-delà de cette surprenante ambiance malsaine au sein d'une hiérarchie religieuse où la plupart de la clientèle pâtie d'un désoeuvrement à la fois sexuel et sentimental, La Petite soeur du Diable fascine irrémédiablement de par son esthétisme nacré où le macabre se conjugue avec l'érotisme le plus scabreux ou effronté !
Une vraie perle horrifique typiquement latine à découvrir d'urgence pour les amateurs de curiosité déviante à la psychologie (étonnamment) étoffée si bien que La Petite soeur du Diable se libère sans rougir du produit (faussement) alimentaire.
*Bruno
mardi 23 juin 2020
Snake Eyes
"Dangerous Game" d'Abel Ferrara. 1993. U.S.A. 1h49. Avec Harvey Keitel, Madonna, James Russo, Victor Argo, Nancy Ferrara.
Sortie salles France: 13 Octobre 1993. U.S: 19 Novembre 1993
FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.
"Je ne connais pas d'autre événement qui cause autant de douleur et de destruction, et qui est aussi peu compréhensible, que la fin de l'amour."
Film choc s'il en est, Snake Eyes constitue une expérience de cinéma à rude épreuve si bien que la frontière entre fiction et réalité demeure toujours plus exigue de par son extrême réalisme d'une intensité dramatique à couper au rasoir. Et ce quitte à bousculer les repères du spectateur littéralement troublé par l'improvisation des acteurs se livrant à une déchéance psychologique d'une violence capiteuse. Car à travers l'immersion d'un tournage chaotique illustrant la confrontation morale entre un couple en perdition (l'amant désire poursuivre ses excès tous azimuts alors que sa compagne en voie de sagesse spirituelle souhaite s'en libérer), Abel Ferrara exploite la mise en abyme afin d'exorciser la propre situation véreuse d'un metteur en scène hanté de culpabilité. Ou tout du moins le résigner par le truchement de ce reflet de miroir à avouer enfin sa responsabilité et ses fautes à son épouse dénuée de suspicion à son égard. Celui-ci cumulant depuis son mariage sexe, drogue et alcool qu'il côtoie lors des tournages ou lors des soirées mondaines. Dirigé de main de maître par un Abel Ferrara toujours aussi torturé par le remord et la quête de rédemption à travers l'image divine, Snake Eyes nous laisse en état de malaise prégnant sitôt le générique bouclé.
Tant et si bien que les acteurs résolument habités par leur rôle schizo nous transmettent leurs émotions névralgiques avec une vérité (ac)crue de par la volonté psycho-rigide de Ferrara de les pousser dans leurs derniers retranchements, au risque de flirter avec la démence. Si bien que l'on peut d'ailleurs craindre le pire quant à l'ambiguïté de l'épilogue suggérant une mort en direct, via le snuf-movie, quand bien même nous venions d'assister à une oeuvre indépendante à la fois personnelle et confidentielle ! C'est donc un tableau dérisoire des coulisses du cinéma que nous assène sans concession Abel Ferrara, son envers du décor vitriolé à travers cette faune d'acteurs corrompus par leur confort et la célébrité, quitte à se laisser dériver à une descente aux enfers irréversible. Quand bien mêmes les cinéastes en quête insatiable de perfectionnisme et de soif de réalisme exploitent leurs acteurs avec soupçon de sado-masochisme. Outre l'époustouflant jeu viscéral de James Russo en amant borderline à la cime de la démence, et la force (faussement) tranquille d'Harvey Keitel en cinéaste notoire en proie à l'opprobre, on reste sidéré par l'authenticité névrosée de Madonna en victime soumise accablée de fragilité et de rébellion auprès de ses deux partenaires livrés à un machisme aussi perfide que couard. Chacun d'eux s'échangeant sans se l'avouer le corps de l'actrice dans une volonté vulgairement lubrique !
Estomaquant de vérisme ardu à point tel de confondre la technicité du reportage, Snake Eyes se décline donc en cinéma vérité brut de décoffrage de par son extrême animosité morale. Tant et si bien qu'il reste réservé à un public averti du fait de l'extrême violence des rapports conjugaux emportés dans une spirale de réprimandes dénuées d'échappatoire. Extrêmement noir, dérangeant et éprouvant, un tableau terrifiant, asphyxiant, méphitique sur l'envers du cinéma glamour dénué d'union maritale.
*Bruno
4èx
vendredi 19 juin 2020
Live Like a Cop, Die Like a Man
"Uomini si nasce poliziotti si muore" de Ruggero Deodato. 1976. Italie. 1h38. Avec Marc Porel, Ray Lovelock, Adolfo Celi, Franco Citti, Silvia Dionisio, Marino Masé, Renato Salvatori, Sofia Dionisio.
Sortie salles France: ?. Italie: 11 Mars 1976
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Ruggero Deodato est un réalisateur italien, né le 7 Mai 1939.
1976: Live Like a Cop, Die Like a Man. 1977: Le Dernier monde Cannibale. 1979: SOS Concorde. 1980: Cannibal Holocaust. 1980: La Maison au fond du parc. 1983: Les Prédateurs du Futur. 1985: Amazonia, la jungle blanche. 1987: Les Barbarians. 1987: Body Count. 1988: Le Tueur de la pleine lune. 1993: The Washing Machine.
Précédé d'une réputation de polar ultra violent, Live Like a Cop, Die Like a Man accuse hélas le poids des années de par son réalisme peu convaincant auprès de scènes chocs volontairement outrées. Notamment auprès de la couleur terne ou autrement saturée du sang ne trouvant jamais la juste colorimétrie pour mieux offenser le spectateur. C'est fort dommageable sachant que Ruggero Deodato pousse souvent le bouchon assez loin dans son refus de concession réfractaire au hors-champ comme on en a coutume d'en voir dans le genre policier standard. Qui plus est, l'intrigue timidement efficace ne passionne guère en dépit de la posture décomplexée du duo de flics réacs s'autorisant tout et n'importe quoi à alpaguer leurs malfrats de la façon la plus cynique et sournoise. A l'instar de leur partie de jambes en l'air perpétrée avec la soeur d'un dangereux criminel. Pour autant, de par son ambiance bizarroïde dénuée de moralité et le punch de certaines scènes d'actions (notamment cette étonnante course-poursuite urbaine filmée sans autorisation lors du préambule), Live Like a Cop, Die Like a Man divertira les amateurs de poliziotteschi sous l'impulsion du duo Marc Porel / Ray Lovelock parfaitement à l'aise dans leur complémentarité fougueuse dénuée de scrupule. Ainsi, à travers son cocktail sarcastique de violence en roue libre y émane une série B politiquement incorrecte infaisable de nos jours.
*Bruno
Synopsis: En ces années de plomb, la vie suit son cours normal à Rome. Un vol à la tire dégénère et une femme, coincée par la lanière de son sac, est trainée sur plusieurs mètres jusqu’à ce que sa tête croise malencontreusement un lampadaire. Cinq frangins essayent de dévaliser un fourgon blindé. Une honnête citoyenne est prise en otage chez elle par trois cinglés… La routine. Pour essayer malgré tout d’y remédier, la police s’est dotée d’une “force spéciale” aux méthodes radicales. Au départ composée de trois hommes, cette unité se réduit bientôt à un binôme : les inséparables Fred et Tony (Marc Porel et Ray Lovelock). Le responsable de cette réduction d’effectif n’est autre que le parrain Roberto “Bibi” Pasqualini (Renato Silvestri), tête de turc de la force spéciale.
jeudi 18 juin 2020
Black Snake Moan
de Craig Brewer. 2006. U.S.A. 1h55. Avec Samuel L. Jackson, Christina Ricci, Justin Timberlake, S. Epatha Merkerson, John Cothran Jr., David Banner.
Sortie salles France: 30 Mai 2007. U.S: 9 Décembre 2006
FILMOGRAPHIE: Craig Brewer est un réalisateur et scénariste américain, né le 6 décembre 1971 en Virginie. 2000 : The Poor and Hungry. 2005 : Hustle et Flow. 2007 : Black Snake Moan. 2011 : Footloose. 2019 : Dolemite Is My Name. 2020 : Coming 2 America.
Émaillé de tubes blues entraînants - le concert au pub dégage une énergie galvanisante, jusqu’à faire onduler une foule en transe - Black Snake Moan est illuminé par le duo improbable Samuel L. Jackson (père de substitution attentionné) et Christina Ricci (Betty Boop au sex-appeal brûlant, sans artifice). Ensemble, ils crèvent littéralement l’écran, leur complémentarité vibrant au rythme de la sagesse, de la modération et du self-control. Et si la première partie, décomplexée, traite la nymphomanie avec provocation et réalisme cru, Brewer affine ensuite le portrait humain de cette esclave féminine, lestée d’un passé traumatique écrasant. L’intrigue gagne alors en densité psychologique, au moment même où le jeune Ronnie refait surface après son service militaire. On découvre aussi la sobriété étonnamment juste de Justin Timberlake, en amant en herbe pris entre réserve, indécision et timidité, dissimulées derrière le masque d’un faux rebelle en quête de force d’esprit. Brewer y esquisse un nouveau portrait d’amant torturé, en marche vers la rédemption amoureuse.
Le message de Black Snake Moan reste avant tout un poème mélomane sur l’amour le plus candide, à travers un trio impromptu meurtri par l’infortune, l’infidélité et la démission parentale - notamment dans ces échanges déchirants entre mère et fille, où la confidence devient arme tranchante.
"Cette lumière que j’ai en moi, je vais la laisser briller."
Un chant d’amour incandescent, à graver dans la pierre de l’histoire du cinéma indépendant. À ne pas manquer, ne serait-ce que pour réparer l’injustice de son échec commercial.
— le cinéphile du cœur noir
2èx
mercredi 17 juin 2020
Bluebird
"A Bluebird in My Heart" de Jérémie Guez. 2018. Belgique/france. 1h29. Avec Roland Møller, Lola Le Lann, Veerle Baetens, Lubna Azabal
Sortie France, Vod: 16 Juin 2020. Festival de Sundance: 10 Mars 2018
FILMOGRAPHIE: Jérémie Guez est un écrivain auteur de romans policiers, scénariste et réalisateur français, né le 17 mai 1988. 2018 : Bluebird. 2020 : The Sound of Philadelphia.
"L'amour paternel est peut-être le sentiment le plus élevé du don."
Production Franco-belge réalisée par le néophyte Jérémie Guez, Bluebird rend hommage au polar du samedi soir sous couvert d'une série B aussi efficace que charmante. Si bien que l'on a beau connaître l'intrigue par coeur à travers ses clichés éculés, Jérémie Guez parvient à les transcender de par la sincérité indéfectible de ces attachants personnages et d'une mise en scène carrée dénuée de fioriture. Chaque plan faisant preuve d'un esthétisme cinégénique à travers un tableau urbain aussi flegme et restreint qu'inscrit dans la réserve. Car au-delà de quelques rares scènes d'action militants pour la vendetta, Bluebird bénéficie d'une atmosphère langoureuse agréablement perméable. Ces séquences intimistes inscrites dans la banalité d'un quotidien morose insufflant un doucereux climat feutré sous l'impulsion d'une mélodie aussi discrète qu'envoûtante. Le réalisateur prend donc son temps à nous dépeindre son univers blafard auquel y évolue une poignée de protagonistes à l'humanisme torturé.
Tant auprès de la mère escomptant scrupuleusement ses prochaines retrouvailles avec son époux taulard, de sa fille paumée fragilisée par l'absence paternelle, que de l'étranger (Danny) en semi-liberté qu'elles accueillent en guise de travail au noir avant de s'unifier. Et bien que l'on se surprenne de la dramaturgie cinglante de l'épicentre narratif (pourquoi tant de haine nonsensique ?), Bluebird continue de captiver de par les agissements en porte-à-faux du taulard au grand coeur que Roland Møller campe avec un charisme viril grisonnant. Celui-ci suscitant des expressions de pudeur et de modestie d'être aimablement accueilli par une famille démunie escomptant la rédemption. Outre la sobriété placide de l'actrice Veerle Baetens lui partageant la vedette entre soupçon de méfiance puis de clémence, on reste impressionné par le naturel spontané de l'étonnante Lola Le Lann en junkie fantasque en quête désespérée d'amour et de tendresse. Ainsi, à travers ses nouveaux rapports avec Danny en père de substitution, on ne peut s'empêcher de songer à Léon de Luc Besson à travers leur chaude complicité amicale de se prémunir contre un danger davantage létal.
Pour l'amour d'un père déchu.
Perfectible assurément (n'oublions pas qu'il s'agit d'un 1er métrage) et parfois un tantinet moins convaincant lors des règlements de compte aussi concis que timorés, Bluebird gagne néanmoins le coeur du spectateur à travers l'humanisme chétif de ces marginaux au grand coeur évoluant dans un cadre urbain imprégné d'onirisme désenchanté. Une imagerie harmonieuse assortie d'une partition délicatement capiteuse. Ainsi, et sous sa discrète allure de conte existentiel, l'émotion des personnages perce jusqu'au bouleversant point d'orgue d'une limpide retrouvaille aussi fortuite qu'escomptée.
mardi 16 juin 2020
Waves
de Trey Edward Shults. 2020. U.S.A. 2h16. Avec Kelvin Harrison Jr., Lucas Hedges, Taylor Russell, Alexa Demie, Sterling K. Brown.
Sortie salles France: 29 Janvier 2020. U.S: 17 Janvier 2020
FILMOGRAPHIE: Trey Edward Shults, plus connu sous le nom de Trey Shults, est un réalisateur, scénariste et producteur américain né en 1988 à Houston, aux États-Unis. 2016 : Krisha. 2017 : It Comes at Night. 2019 : Waves.
"Demander pardon n'est pas adressée à quelqu'un, c'est une demande à soi-même. Trouver cette souplesse où l'on peut demander pardon, c'est voir clairement ce qui nous limite."
Uppercut émotionnel d'une intensité dramatique à fleur de peau, Waves nous laisse dans un état de flottement mélancolique sitôt le générique écoulé. Car traitant des thèmes délicats du deuil, de l'avortement, des rapports amoureux discordants, du pardon, de l'expiation et de la cohésion familiale, Waves n'y va pas par 4 chemins pour nous bouleverser avec un réalisme aussi onirique qu'expérimental. Tant auprès du parti-pris du réalisateur d'opter pour différents formats d'écran (16/9, 4/3, 1.85) d'après une trajectoire d'initiation morale, que de sa nature solaire exaltante auquel le vent y caresse tantôt certains visages atones désireux d'évasion. Le format 4/3 (le plus redouté) insufflant un climat de claustration depuis l'épicentre tragique de l'intrigue d'une cruauté si inouïe qu'on n'ose croire à la véracité des faits exposés. Comme si, à l'instar de la douleur intrinsèque du coupable dénué de repères, nous nous exposions intimement à son cauchemar moral dénué d'échappatoire. C'est dire si l'identification du spectateur bat à plein régime lorsqu'il s'agit de nous exposer une vibrante et authentique romance à travers une intimité soudainement orageuse lorsqu'on se délite pour un enjeu d'avortement.
Mais pour autant débordant de tendresse à travers ces lumineux regards à la fois démunis et sentencieux des victimes tentant de transcender leur fêlure morale avec une résilience fébrile, Waves milite pour l'espoir et l'optimisme lorsque l'on tente de s'y reconstruire grâce à l'unique valeur de l'amour. Et si le présumé coupable empli de culpabilité s'avoue vaincu dans son opiniâtre détermination d'y expier sa faute au péril de sa vie, les membres familiaux vont tenter de renouer leurs liens (autrefois soudés) à travers la communication, le pardon, le réconfort et la confiance. Même auprès des plus préjudiciables (pour ne pas dire des plus impardonnables) lorsque, en fin de vie, un père est sur le point de déclarer sa flamme à son propre fils qu'il a maltraité durant toute son adolescence. C'est dire si Waves table sur la rédemption, la fraternité et l'humanisme le plus candide afin d'y évacuer haine et colère que tout être extériorise faute d'un sentiment d'injustice inéquitable. Quant au cast plutôt méconnu, on reste ébloui par leur performance dramatique de par leur évidente sobriété de ne pas s'entacher de misérabilisme ou de sinistrose que l'intrigue ne cesse pourtant d'irriguer à travers les esprits torturés pleins de désagrément. Ainsi, à travers l'éternel conflit parents / enfants, Waves brille de 1000 feux pour nous exposer avec une sensibilité écorchée vive un fulgurant poème d'amour universel à travers ces rapports humains inscrits dans la réserve et le mutisme (notamment faute des préjugés de réseaux sociaux réprobateurs), mais en quête ultime d'une main secourable.
Une expérience de cinéma onirique et épurée parvenant à exorciser nos démons à travers un vortex d'émotions capiteuses de par la dichotomie d'y opposer sentiments de tendresse et d'amour après la colère et la cruauté. Déchirant car d'une infinie tristesse, mais aussi beau à en chialer.
*Bruno
lundi 15 juin 2020
La Nuit des Sangsues / Extra Sangsues
"Extra sangsues / Night of the Creep" de Fred Dekker. 1985. U.S.A. 1h30. Avec Tom Atkins, Jason Lively, Steve Marshal, Jill Whitlow, Wally Taylor
Sortie salles France: 2 Mars 1987. U.S: 22 Août 1986
FILMOGRAPHIE: Fred Dekker est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain, né le 9 avril 1959 à San Francisco. 1986 : Extra Sangsues. 1987 : The Monster Squad. 1990 : Les Contes de la crypte - Saison 2, épisode 6. 1993 : RoboCop 3.
Une sympathique série B des années 80, aussi éculée soit son intrigue et classique soit sa réalisation. Le réalisateur palliant ses carences par l'originalité de son concept singulier, hommage aux films de monstres des années 50. Pour cause, des extra-terrestres investissent les corps des humains sous l'apparence de sangsues, et ce avant de les transformer en zombies. Outre la bonhomie des interprètes juvéniles volontairement naïfs, on a plaisir à retrouver Tom Atkins en flic revanchard ainsi que Dick Miller en armurier de la police. Dispensable et mineur certes, mais on passe un agréable moment de par son charme rétro gentiment horrifique.
*Bruno
2èx






































