mercredi 16 décembre 2020

Phantasm IV: Oblivion

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Don Coscarelli. 1998. 1h26. U.S.A. Avec Reggie Bannister, A. Michael baldwin, Bill Thornbury, Bob Ivy, Heidy Marnhout, Angus Scrimm.

Sortie salles Canada: 31 Juillet 1998. Location Vhs, France: 6 Juillet 1999.

FILMOGRAPHIEDon Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm. 1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. 2012: John Dies at the end.


La vie n'est qu'un rêve qui mène à la mort.
4 ans après le 3è volet concocté en 94, Don Coscarelli redore le blason de Phantasm pour ce nouvel opus plus axé sur un onirisme feutré qui faisait tout le sel et le charme de son modèle gravé dans la mémoire des fantasticophiles. Ainsi, nos compagnons Mike et Reggie vont une nouvelle fois unifier leur force pour tenter de combattre et détruire le Tall Man, croque-mort énigmatique en costume noire armé de sphères volantes et ayant décidé de détruire l'humanité en transformant les humains en nains de l'enfer ! Et c'est reparti pour une nouvelle aventure au pays des fantasmes avec cet univers hermétique volontiers insensé afin de semer la confusion chez le spectateur en corrélation au rêve éveillé. Un fascinant voyage onirico-cauchemardesque dont les composantes essentielles (boules volantes, Tall Man, nabots difformes, seuil délétère) restent à nouveau présentes pour aviver notre curiosité. Par conséquent, après les sympathiques mais inégales séquelles Phantasm 2 et 3Don Coscarelli tente de renouer aux origines qui ont fait le succès et la notoriété de son oeuvre phare du Fantastique contemporain. A savoir, et par le biais d'une narration à la fois non-sensique et originale, conjuguer avec perpétuelle efficacité fantastique, horreur, science-fiction et même merveilleux, mâtiné d'un soupçon d'érotisme (la rencontre entre Reggie et la jeune étrangère survivante de son accident de voiture donne lieu à une surprenante étreinte dans la chambre d'un motel abdiqué). Et la bonne nouvelle, c'est que Coscarelli souhaite régresser en terme d'action et de rebondissements trop téléphonés car versant inutilement dans la facilité du grand-guignol, comme le définissaient ses deux précédents volets. 


Et ce en dépit ici d'un prologue décalé aussi bizarroïde qu'équivoque. Mais passé cette parenthèse un chouilla discutable (l'intervention du flic et le corps dans le coffre), un souci formel et une créativité fertile sont préconisés afin de renouer avec l'ambiance feutrée du premier volet (sans toutefois reprendre son fameux thème musical, à tort ou à raison). Et on peut avouer que le cinéaste retrouve assez régulièrement l'aura de fascination et la fraîcheur de son modèle de par son sens inventif en roue libre (c'est peu de le dire car on reste constamment intrigué par l'action à répétition). Ainsi donc, on ne cesse de progresser vers un rêve temporel truffé de flash-back faisant ainsi référence au 1er opus. Si bien qu'il s'agit en faite de scènes coupées assez habilement insérées pour rendre un tout assez cohérent alors qu'initialement, Phantasm avoisinait une durée de 3h00. L'intrigue se résumant à un long rêve éveillé où chaque personnage se retrouve projeté d'un endroit singulier à un autre lors d'un voyage temporel dénué de logique (ou presque). La singularité est donc une nouvelle fois de rigueur auprès de ces périples vertigineux, entre passé et futur, afin de tenter d'expliquer les agissements mais aussi les origines du fossoyeur lors de ses théories morbides. Quand bien même au gré de cette aventure chimérique située en plein désert (dépaysement assuré !), on retrouve avec plaisir tous les personnages amiteux du premier film (Mike, Reggie, le tall man mais aussi Jody, même si un peu en retrait !) lors d'une chronologie (sciemment) désordonnée. Si bien que leur cheminement semé d'embuches et de faux-semblants ne cesse d'osciller passé, présent et même futur quant à la destinée de Mike toujours en quête de vérité sur la disparition de son frère aîné. 


La vie n'est qu'un long rêve dont la mort nous réveille
Spectacle ésotérique beaucoup plus convaincant et inventif que ses précédents volets dans son refus du divertissement standard adepte de l'outrance, Phantasm 4 est de loin le plus réussi depuis son modèle en dépit de son budget restreint, d'FX digitaux parfois ratés et d'un aspect téléfilm pour autant moins préjudiciable que le précédent opus. Tentative fidèle et plutôt habile d'honorer son ancêtre à travers un sens de fascination sémillant, Phantasm 4 nous tend la main pour approcher une expérience chimérique hors du temps sous l'impulsion d'un sarcasme macabre nous titillant une réflexion sur le sens de notre réalité terrestre et cérébral. 

*Bruno
16.12.20
02.08.10. 157 v

mardi 15 décembre 2020

Sound of Metal

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Darius Marder. 2019. U.S.A. 2h01. Avec Olivia Cooke, Riz Ahmed, Mathieu Amalric, Paul Raci, Lauren Ridloff 

Sortie salles France: 30 Décembre 2020 (ou 20 Janvier 2021)

FILMOGRAPHIE: Darius Marder est un scénariste et  réalisateur américain. 2008: Loot (documentaire). 2019: Sound of Metal. 

Oeuvre sensorielle d'une sensibilité inévitablement expressive, sans pour autant se laisser berner par une émotion programmée, Sound of Metal est un drame humain peu à peu bouleversant eu égard de l'épreuve de force d'un batteur de metal subitement atteint de surdité. Traité comme un docu-fiction, de par son souci vériste de nous immerger dans l'introspection du héros dépressif sous l'impulsion d'une bande-son chiadée (le silence bourdonnant qu'il perçoit de ses oreilles ainsi que les sons trop aigus après s'être introduit les implants nous distillent un malaise permanent), Sound of Metal fait office de douloureuse expérience humaine à travers ce passionné de musique soudainement contraint de virer sa cuti depuis son handicap auditif. Car fou d'ardeur pour le metal et sa compagne avec qui il sillonne les contrées à bord de sa caravane, Ruben sera contraint de suivre une thérapie dans un centre spécialisé afin d'y accepter son fardeau. Et ce lors d'une temporalité résolument furtive, notamment auprès de la détresse de sa compagne l'incitant à rejoindre fissa sa nouvelle communauté afin de lui épargner une probable récidive à la toxicomanie. 

C'est donc une initiation au langage des signes que lui imposera son nouvel entourage parmi l'autorité d'un leader enseignant à la fois prévenant et (oh combien) lucide. Le récit, soigneusement narré et structurée, nous relatant avec beaucoup de sobriété et de pudeur sa résilience de se confronter à sa nouvelle condition de vie, mais aussi son éventuel espoir de renouer avec son quotidien mélomane et sentimental en y tablant une transaction chirurgicale. Outre la valeur chétive d'Olivia Cooke (la révélation de la série Bates Motel) de par sa force d'expression démunie inscrite dans la réserve (elle suggère plus donc qu'elle ne nous montre), on reste impressionné par la performance de Riz Ahmed  humainement impliqué à nous susciter ses sentiments contradictoires de colère et de désespoir, d'appréhension et d'aspiration sans effets de manche. Il faut dire que la mise en scène (leste) radiographie ses humeurs et états d'âme par le biais de sa poignante humilité accompagnée d'intelligence d'esprit. Ce qui nous converge d'ailleurs à un final proprement bouleversant à travers sa nouvelle prise de conscience à la fois équilibrée, docile et valide. 

Réflexion dure et émouvante (car si cruelle) sur l'aléa de la vie auquel rien ne nous est acquis d'après l'apprentissage du handicap et du dépassement de soi que cela entraîne, Sound of Metal est un uppercut émotionnel d'une fragilité humaine jamais sirupeuse eu égard de son vérisme expérimental faisant office de docu sensoriel. Du cinéma épuré à la fois vibrant et salutaire afin d'y imprimer la caractérisation morale de sa victime en instance de renouveau. 

*Bruno

lundi 14 décembre 2020

Le Corbeau

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
"The Raven" de Roger Corman. 1963. U.S.A. 1h26. Avec Vincent Price, Peter Lorre, Boris Karloff, Hazel Court, Olive Sturgess, Jack Nicholson.

Sortie salles France: 13 Novembre 1968. U.S: 25 Janvier 1963

FILMOGRAPHIE: Roger Corman est un cinéaste américain, né le 5 avril 1926 à Détroit, Michigan
1955: Day the World Ended. 1956: It's Conquered the World. 1957: Rock all Night. 1957: l'Attaque des Crabes Géants. 1957: Not of this Earth. 1957: Vicking Women. 1957: The Undead. 1958: War of the Satellites. 1958: She-Gods of Shark Reef. 1958: Swamp Women. 1958: Teenage Caveman. 1958: Mitraillette Kelly. 1959: Un Baquet de Sang. 1960: La Petite Boutique des Horreurs. 1960: La Chute de la Maison Usher. 1961: Ski Troop Attack. 1961: La Chambre des Tortures. 1961: Atlas. 1962: The Intruder. 1962: l'Enterré Vivant. 1962: l'Empire de la Terreur. 1962: La Tour de Londres. 1963: Le Corbeau. 1963: La Malédiction d'Arkham. 1963: l'Horrible cas du Dr X. 1963: l'Halluciné. 1964: Le Masque de la Mort Rouge. 1964: l'Invasion Secrète. 1965: Le Tombe de Ligeia. 1965: Not of this Earth. 1966: Les Anges Sauvages. 1967: l'Affaire Al Capone. 1967: The Trip. 1970: Bloody Mama. 1971: Gas-s-s-s. 1971: Le Baron Rouge. 1990: La Résurrection de Frankenstein.


Comédie pittoresque menée sans temps mort, Le Corbeau est la 5è des adaptations de Poe réalisée par le maître du système D, Roger Corman. Et on peut dire qu'avec la complémentarité amiteuse de têtes d'affiche aussi prestigieuses qu'à contre-emploi (Vincent Price, Peter Lorre et Boris Karloff sont épaulés du néophyte Jack Nicholson), celui-ci parvient à divertir avec une aimable efficacité eu égard de la simplicité du pitch (l'adversité entre 2 prestigieux magiciens) non exempt de rebondissements bâtis sur le subterfuge, la félonie et le mensonge. Outre son climat fantaisiste bonnard que les acteurs entretiennent avec une mutuelle bonhomie, le Corbeau bénéficie une fois de plus d'une scénographie gothique flamboyante au sein du château saturé d'une envoûtante photo sépia. Corman exploitant habilement les vastes pièces du château (mais aussi des extérieurs naturels) avec parfois un certain onirisme enchanteur. Et si les trucages ultra cheap prêtent inévitablement à sourire, son final débridé (le combat entre les 2 magiciens) dégage un charme fripon à travers sa simplicité innocente, notamment auprès des moyens rudimentaires mis en oeuvre. Une série B bougrement plaisante donc que les acteurs parviennent à rendre facilement attrayante à travers leur complémentarité gentiment sarcastique. Quand bien même Roger Corman,  étonnamment à l'aise dans le registre comique (même s'il y eut déjà La Petite Boutique des Horreurs pour le prouver), demeure comme de coutume aussi bien incorrigible qu'inégalable pour façonner un p'tit métrage sans prétention réalisé en un temps record. Et ce en y exploitant par souci d'économie les mêmes décors de ces précédents hommages à Poe


*BM
2èx

jeudi 10 décembre 2020

S.O.S Fantômes 2

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imd.com

"Ghostbusters II" d'Ivan Reitman. 1989. U.S.A. 1h48. Avec Bill Murray, Dan Aykroyd, Sigourney Weaver, Harold Ramis, Rick Moranis, Ernie Hudson, Annie Potts.

Sortie salles France: 15 Décembre 1989. U.S: 16 Juin 1989

FILMOGRAPHIE: Ivan Reitman est un réalisateur canadien, né le 27 Octobre 1946 à Komarno en Tchécoslovaquie. 1971: Foxy Lady. 1973: Cannibal Girls. 1979: Arrête de ramer, t'es sur le sable. 1981: Les Bleus. 1984: SOS Fantômes. 1986: L'Affaire Chelsea Deardon. 1988: Jumeaux. 1989: S.O.S. Fantômes 2. 1990: Un Flic à la Maternelle. 1993: Président d'un Jour. 1994: Junior. 1997: La fête des pères. 1998: 6 Jours, 7 nuits. 2001: Evolution. 2005: Ma Super ex. 2011: Sex Friends.


Mal accueilli par la critique en dépit de son succès public international (chez nous il cumule 2 175 147 entrées contre 2 939 369 avec le 1er opus); S.O.S Fantômes 2 est une séquelle inutile réalisée par Ivan Reitman himself 5 ans après son modèle. Pour autant, auprès des aficionados, cette suite gentiment troussée demeure toutefois assez attachante et bonnard pour passer un agréable moment. Et ce en dépit d'un rythme sporadique non exempt de longueurs et d'un inévitable effet de surprise rompu. On se raccroche donc sur la bonhomie fougueuse de nos chasseurs de fantômes épaulés de seconds-rôles aussi attractifs pour rendre l'ensemble somme toute fréquentable. Tant et si bien que Ivan Reitman eut la judicieuse idée de réunir toute l'équipe du 1er film pour notre plaisir nostalgique. Et à ce niveau, on reste jouasse de les retrouver dans une énième aventure truffée d'effets spéciaux plutôt réussis (notamment cet impensable final avec la statue de la liberté déambulant dans les rues nocturnes de New-York entre la foule en liesse !). 


Les acteurs communément impliqués insufflant une humeur assez fringante durant leur périple en dépit de leur (première) réticence d'y reprendre leur rôle respectif (surtout auprès de Bill Murray réfractaire aux séquelles généralement redondantes). En l'occurrence, alors que l'action prend place 5 ans plus tard, nos chasseurs sont contraints de reprendre du service à la suite de l'hostilité d'un tyran (Vigo des Carpathes) délibéré à s'extraire de sa fresque d'un musée après s'être incarné dans le corps d'un nouveau-né. Pour se faire, il envoûte Janosz Poha, le conservateur du musée le contraignant à kidnapper le bébé de Dana Barrett (Sigourney Weaver). Au même moment, nos chasseurs de fantômes aperçoivent dans les égouts de la ville une étrange matière visqueuse rose qu'ils prénomment "slime". Ainsi, si son schéma narratif n'apporte pas vraiment de surprises auprès de son air de déjà vu et que l'humour demeure beaucoup moins efficace qu'au préalable, S.O.S Fantômes 2 parvient toutefois à divertir in extremis de par son ambiance loufoque et débridée émaillée de séquences d'action modestement extravagantes et sémillantes. 


Ils reviennent pour sauver le monde !
En tout état de cause, par je ne sais quelle alchimie probablement intègre, on quitte l'aventure avec un sentiment de satisfaction amiteux sous l'impulsion du score proverbial de Ray Parker, Jr (même si cette séquelle n'avait pas lieu d'être faute d'absence d'innovation).

Ci-joint la chronique de S.O.S. Fantômes: https://brunomatei.blogspot.com/2019/01/sos-fantomes.html

*Bruno
3èx


mardi 8 décembre 2020

Jade (Theatrical Cut)

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de William Friedkin. 1995. U.S.A. 1h35. David Caruso, Linda Fiorentino, Chazz Palminteri, Richard Crenna, Michael Biehn. 

Sortie salles France: 29 Novembre 1995. U.S: 13 Octobre 1995

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés à la cérémonie des Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe. 

                                           

Démoli par la critique (et le public) de l'époque après l'avoir comparé comme un vulgaire plagiat de Basic Instinct, Jade demeure toutefois un excellent thriller érotique mené de main de maître par la sommité William Friedkin. Il est donc temps de remettre les pendules à l'heure tant ce divertissement regorge de qualités esthétiques, techniques et narratives n'ayant point à rougir de son modèle susnommé. Car outre le savoir-faire de sa mise en scène posée et d'une intrigue à suspense incessamment captivante (on reste scotché jusqu'au générique de fin); Jade est notamment rehaussé d'un cast 3 étoiles à la sobriété payante. Tant et si bien que l'on reste par exemple en suspens face à son épilogue équivoque, dans la mesure où les acteurs ne débordent pas dans leur persuasion perfide à nous brouiller l'esprit une ultime fois. Outre la posture saillante de David Caruso en flic placide délibéré à boucler son enquête de manière circonspecte, de Chazz Palminteri en amant infidèle couard et du regard méprisant de Richard Crenna en gouverneur altier sans vergogne, Linda Fiorentino affronte ses partenaires avec une force tranquille et de sureté à contre-emploi de la performance clinquante de Sharon Stone. Tout du moins c'est ce qu'elle nous dévoilera au premier abord de son interrogatoire. 

                                  

Car sans dévoiler les tenants et aboutissants de l'intrigue émaillée de rebondissements sans fard (tout est charpenté et admirablement mis en image avec un réalisme parfois démonstratif), l'actrice parvient à distiller un certain doute dans l'esprit du spectateur avec un naturel à la fois dépouillé et sans fard de par sa personnalité notoire (bon chic bon genre) à la sexualité névrosée. Car bien entendu l'intrigue en vogue repose sur les composantes de la luxure, de l'échangisme, du fantasme, du fétichisme et du sado-masochisme avec un goût prononcé pour l'art chinois (d'où son titre révélateur faisant allusion à 2 détails). Quand bien même les protagonistes tentent de démêler le vrai du faux parmi de potentiels suspects en grande fragilité de survie. On peut enfin relever une scène d'action faisant office d'épicentre émotionnel à travers une poursuite automobile à couper le souffle (on appelle ça aussi une "anthologie artisanale"), qui plus est au service du récit au climat délétère sous-jacent. 


"Certains fantasmes vont trop loin"
Divertissement policier impeccablement huilé surfant sur le phénomène Basic Instinct à travers une identité autrement glauque et affutée, Jade se tire de la redite (ou de l'épigone) avec un art consommé de l'efficacité. Et ce sans se complaire dans une vulgaire outrance lubrique pour mieux appâter la libido du spectateur. A revoir d'urgence donc, ne serait-ce également que pour la stature étrangement vénéneuse de Linda Fiorentino en misandre chétive. 

*Bruno
2èx

vendredi 4 décembre 2020

Un plan Simple. Prix du Jury, Cognac 1999.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"A simple plan" de Sam Raimi. 1998. U.S.A. 2h01. Avec Bill Paxton, Billy Bob Thornton, Bridget Fonda, Brent Briscoe, Becky Ann Baker, Gary Cole. 

Sortie salles France: 24 Mars 1999

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


"L'ignoble nous enserre, la vulgarité nous étouffe, la cupidité nous dévore."
Jeu de massacre entre une poignée d'honnêtes citoyens sombrant peu à peu dans la criminalité après avoir découvert un juteux magot à la suite du crash d'un avion, Un plan Simple n'accuse aucune concession pour leur cynique cupidité en roue libre. Car d'une puissance dramatique en crescendo sous l'impulsion de rebondissements aussi cruels qu'impitoyables, Un plan simple insuffle un sentiment d'amertume désespéré au fil de leur dérive (a)morale. Particulièrement celle de leur leader respecté de tous mais aujourd'hui amené à vendre son âme au diable depuis sa transaction auprès de ses complices, notamment auprès de son épouse beaucoup plus vénale qu'elle n'y parait (Bridget Fonda demeurant toujours plus pathétique dans sa résilience intraitable d'aller jusqu'au bout de son dessein). Echec commercial incompréhensible lors de sa sortie alors que les critiques l'eurent facilement comparé à Fargo des frères Cohen, Un plan simple joue pourtant dans une cour autrement renfrognée de par son refus de dérision macabre et de revirement débridé ou (volontairement) grotesque. Et ce même si sa scénographie enneigée demeure l'un de ces principaux points communs entre ses 2 pièces maîtresses. 
 
                                         


Tant et si bien que l'observe la scrupuleuse caractérisation de ses protagonistes perfides avec une aversion toujours plus appuyée que Sam Raimi brosse avec un réalisme dérangeant eu égard de leur (insatiable) appétence du gain quitte à y sacrifier les plus faibles ou les plus inconséquents de par leur mutuelle défiance. Tout du moins, parmi l'habileté d'un cheminement narratif serpenté, Raimi s'arrange pour les confronter à un concours de circonstances infortunées (dont celle du terrible dilemme de la légitime défense !) lorsque mensonges et félonies y seront les vecteurs du règlement de compte. Bill Paxton s'efforçant de falsifier les preuves parmi la complicité de son frère déficient que Billy Bob Thornton endosse avec un humanisme profondément torturé. On regrette toutefois l'attrait un brin caricatural de son physique benêt à travers sa banale défroque soutenue d'une paire de lunettes trop larges sur le visage. En tout état de cause, la dégénérescence morale de ce personnage secondaire s'avère aussi passionnante que bouleversante à travers sa sombre (pour ne pas dire funeste) amertume. Sa prise de conscience d'une culpabilité préjudiciable au fil d'une descente aux enfers semée d'épineuses complications.


D'une puissance dramatique rarement égalée pour le genre, Un plan Simple ne nous laisse pas indemne à observer sans retenue la lâcheté de cette médiocrité humaine embourbée dans une criminalité besogneuse. De cupides minables aptes à se trahir et à se feindre pour l'enjeu d'un magot abrité par une aura démoniale, telle le souligne (symboliquement) cette poignée de corbeaux querelleurs à l'affût de leur proie. Au terme, un sentiment tangible de gâchis, de colère et de tristesse irrigue nos émotions face à ce tableau dérisoire de la nature humaine.   

*Bruno
3èx

Récompenses: Critics' Choice Movie Awards 1999 : meilleur scénario adapté et meilleur acteur dans un second rôle pour Billy Bob Thornton.
National Board of Review 1999 : NBR Award du meilleur scénario
Festival du film policier de Cognac 1999 : Prix du jury

jeudi 3 décembre 2020

THX 1138

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

de George Lucas. 1971. U.S.A. 1h28. Avec Robert Duvall, Donald Pleasence, Maggie McOmie, Don Pedro Colley, Ian Wolfe. 

Sortie salles France: 3 Novembre 1971. U.S: 11 Mars 1971

FILMOGRAPHIE: George Walton Lucas, Junior est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 14 Mai 1944 à Modesto, en Californie. 1971: THX 1138. 1973: American Graffiti. 1977: La Guerre des Etoiles. 1999: La menace Fantôme. 2002: L'Attaque des Clones. 2008: La Revanche des Siths.

A contre-emploi de sa machinerie stellaire à dollars, Georges Lucas réalise en 71 son chef-d'oeuvre visionnaire d'une ébouriffante modernité funèbre. 
Quand on estime que THX 1138 fut réalisé en 1971 tient d'une véritable prouesse à la fois technique et formelle tant la dystopie de George Lucas demeure d'une effarante modernité (je pèse mes mots !). Car plus d'un demi-siècle plus tard, THX 1138 reste une claque visuelle et émotionnelle sans précédent de par l'acuité de ces images cauchemardesques retraçant avec souci de réalisme futuriste la condition soumise de ces milliers d'ouvriers confinés dans des sous-sols afin d'exercer leur tâche sans relâche au gré de drogues synthétiques. Visionnaire s'il en est, et plus qu'actuel à travers ses thématiques de la religion (véreuse), de l'asservissement, du totalitarisme, du confinement, de la police de la pensée, du capitalisme (pubard), du rigorisme, de la censure, des violences policières, de la dépression (on peut d'ailleurs peut-être aussi rappeler que nous sommes les champions d'Europe en terme de consommation d'anti-dépresseur), faute de nos privations (davantage drastiques) de liberté, THX 1138 parvient à cristalliser un univers monochrome résolument étouffant au sein d'une scénographie faussement rassurante. Dans la mesure où la couleur symbolique du blanc perce l'écran afin que ses détenus lobotomisés puissent éprouver une certaine quiétude à travers leur condition de vie aliénante. 


Car c'est bien connu, à opérer les mêmes actions quotidiennes 24h/24 tend à nous converger vers la démence sous l'impulsion de narcotiques aux effets secondaires fatalement addictifs. Outre son incroyable illustration technologique où les voix de synthèse fusent tous azimuts afin d'orienter ses ouvriers semi-comateux dans la meilleure trajectoire morale et professionnelle, on reste dérangé par les postures atones de ceux-ci incapables de se rebeller contre des flics humanoïdes faussement diplomates. A l'exception de THX 1138 (épaulés de 2/3 comparses en perte de conscience et de repères) depuis que celui-ci éprouve une attirance sentimentale pour sa compagne LUH 3417. Outre les forces d'expression moralement dérangées des seconds-rôles réduits à l'état végétatif (notamment la composition subtilement hystérisée de Donald Pleasance en détenu couard), Robert Duvall insuffle un intonation impassible progressivement humaniste lors de son initiation à l'amour, la résilience et la rébellion. En parvenant lestement à nous susciter ses nouvelles émotions clairsemées au fil de son enjeu de survie où plane une éventuelle lueur d'espoir (quel plan final symbolique !). Ce qui nous vaut d'ailleurs un final autrement barré et spectaculaire (mais aussi baroque avec l'intrusion impromptue de ses animaux mutants !) à travers une course automobile littéralement vertigineuse (on reste plaqué à son fauteuil par la vitesse ressentie sans fard). Ainsi, et après avoir témoigné durant la projo du soin alloué à ses (discrets) effets-spéciaux, on se dit que Georges Lucas est parvenu à les utiliser efficacement de par leur vérisme fréquemment probant. 


L'important c'est d'aimer.
Pierre angulaire de la science-fiction cérébrale, chef-d'oeuvre visionnaire s'il en est, en espérant ne jamais subir pareille dystopie funeste, THX 1138 nous transcende une expérience cauchemardesque à la fois auditive à travers ses sonorités atonales et formelle de par son souci du détail technologique, urbain et architectural. Du cinéma d'auteur infiniment expressif et émotionnellement démoralisant si bien que son attrait de fascination quasi hypnotique demeure aussi inépuisable qu'inextinguible. 

*Bruno
2èx

Spielberg dira à l'occasion d'une interview: « C'est l'un des meilleurs films de SF que j'ai jamais vus ». 

mardi 1 décembre 2020

Le Retour de Patrick (Uncut version)

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Patrick vive ancora / Patrick still lives" de Mario Landi. 1980. Italie. 1h32 (uncut version). Avec Sacha Pitoëff, Gianni Dei, Mariangela Giordano, Carmen Russo, Paolo Giusti, Franco Silva.

Sortie salles Italie: 15 Mai 1980 (int - 18 ans)

FILMOGRAPHIE: Mario Landi (Messine, 12 octobre 1920 – Rome, 18 mars 1992)1950 : Canzoni per le strade. 1953 : Siamo tutti Milanesi. 1954 : Così è (se vi pare). 1955 : Andrea Chénier. 1957 : All'insegna delle sorelle Kadar. 1957 : Un mese in campagna. 1959 : Il povero fornaretto di Venezia. 
1961 : Il piacere dell'onestà. 1962 : Racconti dell'Italia di oggi - Una lapide in Via Mazzini. 1963 : Giacobbe ed Esaù. 1967 : Maigret a Pigalle. 1969 : Dal tuo al mio. 1976 : Le impiegate stradali. 1979 : Supersexymarket. 1979 : Giallo a Venezia. 1980 : Il viziaccio. 1980 : Le Retour de Patrick. 


Une déclinaison de Patrick complètement vrillée dans son cocktail d'horreur / obscénité faisandées !
Improbable séquelle transalpine réalisée 2 ans après Patrick de Richard Franklin, le Retour de Patrick fleure bon la bisserie Z comme on en ose plus en faire de nos jours (conservateurs). Car l'intrigue linéaire a beau être con comme la lune et les personnages mutuellement inexpressifs (mais facétieux), Patrick 2 est sauvé par son cocktail de gore/nichon illustré sans modération. La plupart des femmes en rut exposant leur corps dans leur plus simple appareil au sein d'une sinistre clinique, fruit d'expériences scientifiques fumeuses. Dans la mesure où après avoir été défiguré lors d'un accident, Patrick se retrouve cloué sur son lit d'hôpital, avec comme consigne paternelle de se venger des responsables de son état végétatif. Pour se faire, à l'aide de 3 cobayes humains que son paternel expérimente en direct, il parvient à absorber leur énergie vitale pour ainsi pouvoir extérioriser un pouvoir télékinésique. Dès lors, et de manière métronome passée la 1ère demi-heure, chaque hôte de la clinique trépassera de la manière la plus trashouille qui soit. Et à ce niveau crapoteux, le Retour de Patrick ne peut décevoir l'afficionado de nanar transalpin avide de dérives gorasses limite dégueulbifs. En témoigne avec l'hallucinante séquence de l'empalement du vagin d'une femme par un tisonnier jusqu'à s'extraire de sa bouche que Ruggero Deodato eut au moins la décence de suggérer dans le scandaleux Cannibal Holocaust. Or, ici, tout ou presque nous est dévoilé sans scrupule par le biais de zooms grossiers du plus bel effet putassier (marque de fabrique de nos opportunistes italiens pillant les succès des autres à leur sauce typiquement racoleuse). J'oserai même dire: il faut le voir pour le croire tant la séquence extrême demeure aussi impressionnante que démentielle. 


Mais aussi incongrue soit cette séquence déviante d'une époque révolue, Le Retour de Patrick regorge d'autres scènes-chocs presque aussi hardgores. Ou tout du moins presque aussi répulsives et dérangeantes. A l'instar de la femme (limite zoophile dans ses allusions sentimentales) dévorée par ses propres chiens (on reste constamment dérangé par son réalisme et ses dérives gores cracras), d'une autre décapitée par la vitre électrique d'une voiture, d'un type la gorge empalée par un crochet de boucher ou encore d'un nageur ébouillanté dans sa piscine. Quand bien même, en fréquente intermittence, on se rince l'oeil des séquences de nudité que nos actrices italiennes surenchérissent afin de griser leurs amants bizarrement indifférents à leur attrait concupiscent. On s'amuse également de la posture sous hypnose d'une des jeunes protagonistes tentant d'amadouer Patrick alité depuis que celui-ci est tombé amoureux d'elle. S'ensuit même une séquence de strip-tease limite porno lorsque celle-ci finit par se caresser les parties génitales en gros plans aguicheurs. Comment voulez vous donc vous ennuyer face à tant de provocations gratuites exposées à travers une ambiance horrifique parfois envoûtante (score dissonant à l'appui !) ! ? Tant et si bien que Le retour de Patrick fut filmé dans les mêmes décors que le (génialement Z) Manoir de la Terreur (les amateurs reconnaîtront fissa les extérieurs de la bâtisse gothique) tourné la même année par le même producteur Gabriele Crisanti, alors que l'actrice Mariangela Giordano sera également recrutée pour ses 2 tournages successifs. 


Vous l'aurez donc compris, le Retour de Patrick mérite largement le coup d'oeil pour les fans irréductibles de nanars transalpins n'ayant pas froid aux yeux. Car en y conjuguant avec modeste efficacité (j'ose le dire) horreur et érotisme, le Retour de Patrick divertit sans ennuyer, avec même parfois un esprit involontairement drôle dont seuls les italiens ont le secret (les crêpages de chignons entre 2 godiches dévergondées lors du repas d'invités s'avère aussi loufoque que débridé). Il est d'ailleurs étonnant de constater que ce pur produit d'exploitation assumé demeure aussi rare que timoré lors des conversations entre cinéphiles aguerris. 

P.S: un grand merci à Ciné-Bis-Art.

*Bruno

vendredi 27 novembre 2020

Le Corps et le Fouet / La Frusta e il corpo

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site lipercubo.it

de Mario Bava. 1963. Italie. 1h27. Avec Daliah Lavi, Christopher Lee, Tony Kendall, Ida Galli/evelyn Stewart, Gustavo de Nardo, Harriet White.

Sortie salles France: 26 Janvier 1966. Italie: 29 Août 1963

FILMOGRAPHIEMario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


"Le masochisme est une perversion absurde qui consiste à se faire du mal à soi-même, alors qu'il y a les autres pour cela."
Après La Fille qui en savait trop et Les Trois visages de la peurMario Bava réalise la même année le Corps et le Fouet, thriller gothique à tendance sexuelle. Car oser évoquer en 1963 les thèmes fétichistes de la perversion et du sadomasochisme étaient peu courants dans un état aussi puritain que l'Italie. Ainsi, par l'entremise d'un suspense lattent compromis à une hantise spectrale, Mario Bava renoue avec l'esthétisme baroque d'un gothisme raffiné au sein d'un château isolé du 19è siècle. La splendeur de ses décors d'architecture, le soin alloué à sa superbe photo azur/verdâtre ornée de teintes carmins renforçant sa facture picturale à travers son identité typiquement transalpine. Infiniment envoûtant et inquiétant, Le Corps et le Fouet renoue avec la tradition de l'esprit frappeur venu persécuter sa filiation. Si bien qu'après avoir été chassé de sa famille, faute de l'étrange suicide intenté par la fille d'une domestique, le Baron Kurt Menliff revient parmi les siens pour tenter de renouer sa relation sulfureuse avec sa belle-soeur. Ainsi, sur le schéma classique de la hantise,  Mario Bava y apporte sa touche personnelle en y incluant le thème sulfureux du masochisme par le truchement d'un couple maudit emporté par le Mal. 


Si sa structure narrative habilement construite présage un récit éculé axé sur le thème du fantôme persécuteur, le réalisateur détourne sa situation rebattue de par l'utilisation du "whodunit" et de la relation incestueuse entretenue auprès du duo d'amants interlopes. On est d'autant plus surpris de son aura transgressive que Mario Bava ne lésine pas sur la violence acerbe lorsque le baron décide de prolonger son loisir masochiste avec sa belle-soeur soumise (mais oh combien complice) pour la fouetter immodérément ! Au fil de ces incidents meurtriers et par le principe du coupable présumé, Le Corps et le Fouet laisse planer le doute quant à l'identité du fameux criminel (ou la potentielle vengeance d'un spectre tyrannique) avant de nous divulguer son issue salvatrice. Dans le rôle du baron renfrogné,  Christopher Lee insuffle une présence glaçante de par sa sinistre silhouette et son regard impassible dénué de vergogne. De par l'arrogance de ses activités masochistes perpétrées au delà de la mort, l'acteur dégage une aura malsaine vertigineuse auprès de ses hôtes toujours plus indécis envers son hostilité surnaturelle. En maîtresse soumise et torturée, Daliah Lavi irradie l'écran de par sa beauté incroyablement ténébreuse en ne cessant de provoquer une fascination trouble pour son refoulement masochiste engendrant une répulsion haineuse envers son tyran possessif. Cette charge érotique audacieuse, ce romantisme déchu qui enveloppe le récit s'octroient au portrait tourmenté de cette victime névrosée que Mario Bava transcende à travers une éventuelle introspection schizophrène.


"Tout couple humain vit dans un rapport qui, d'une certaine façon, à un moment ou à un autre, est d'ordre sadomasochiste."
D'une beauté funeste aussi glaçante qu'ensorcelante où chaque plan chiadé illumine nos mirettes (le "Suspiria" du gothisme latin j'vous dis !), le Corps et le Fouet se pare d'une ambition effrontée à oser dépeindre le thème de la paraphilie sous une forme couillue de violence lubrique et de machisme primaire. Poème macabre en berne au romantisme affecté, le Corps et la Fouet se scande d'une partition mélancolique prédominante à travers le portrait de cette femme éplorée incapable de se défaire de l'emprise pernicieuse de son amant mécréant. Tout bien considéré, l'un des plus grands films gothiques de tous les temps. 

*Bruno
02.02.25. 5èx. Vostf
27.11.20. 
17.06.13. 100 v


jeudi 26 novembre 2020

Christmas Evil

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"You Better Watch Out" de Lewis Jackson. 1980. U.S.A. 1h34. Avec : Brandon Maggart, Jeffrey Demunn, Dianne Hull, Andy Fenwick, Brian Neville.

Sortie salles U.S: Novembre 1980.

FILMOGRAPHIE: Lewis Jackson est un réalisateur, scénariste et acteur américain. 1980: Christmas Evil. 1974: The Transformation: A Sandwich of Nightmares. 1970: The Deviates.


Parce que 30 ans plus tôt, au soir du réveillon, il fut traumatisé d'épier en cachette un père noel (en faite son père) pratiquer des attouchements sexuels sur sa mère, Harry l'introverti décide en cette nouvelle période de Noël de rendre ses lettres de noblesse à cette fête catholique corrompue par le consumérisme. Précurseur de la fameuse série des Silent Night, deadly night, Lewis Jackson réalise quatre ans au préalable cette curieuse série B horrifique à l'ambiance particulièrement étrange si bien que certains fans lui vouent aujourd'hui un véritable culte (John Waters le considère comme le meilleur film de Noel jamais réalisé ! Rien que ça). Ainsi donc, de par son ton caustique davantage ostensible,  Christmas Evil se décline en attrayante curiosité sans chercher à concourir au gore festif ou à la terreur (autant prévenir les amateurs). Il prime donc, surtout lors de sa seconde partie plus vigoureuse, sur des idées inventives fortuites (les villageois pourchassant en pleine rue le père-noël à l'aide de leurs torches - clin d'oeil intempestif à Frankenstein -, l'incroyable épilogue avec ce camion planant dans le ciel en lieu et place du traditionnel traineau), sur une ambiance lourde et pesante saturée d'une partition ombrageuse. Et ce afin d'y dresser de manière documentée (façon Maniac ou Henry en mode beaucoup moins glauque et sordide) le portrait pathétique d'un solitaire brimé par ses confrères mais désireux de prendre sa revanche sur la magie de Noël suite à son trauma infantile. Si bien que de son point de vue torturé, cette cantique traditionnelle célébrant la naissance de Jésus s'y retrouve désacralisée par la société de consommation dénuée de vergogne. 


Satire vitriolée non dénuée de quelques incohérences (la tentative d'étouffement du père de famille dans son lit alors que sa femme comateuse n'éveillera pas un sourcil), Christmas Evil ne manque pas d'attiser une attention davantage magnétique au fil d'un cheminement alerte. De par ses situations saugrenues (le père-noel tentant vainement de pénétrer en interne d'une cheminée pour y déposer les cadeaux au chevet du sapin) et séquences parodiques à l'imagination tantôt cocasse (l'impensable auditoire des père-noël contraints d'exclamer de façon élogieuse un "Merry Christmas" poussif aux agents de police), Christmas Evil tire son épingle du jeu en détournant les codes du film familial. On peut d'ailleurs également relever cette séquence incongrue d'une salle de réveillon bondée d'invités lorsque notre père noël convaincu de sa devise avertira aux enfants attentifs qu'il leur fera subir des choses horribles si l'année prochaine ils ne remplissent par leur devoir docile. Quand bien même les parents médusés par sa tirade ne sauront s'il faut en rire ou s'inquiéter avant que celui-ci ne libère un rire aussi railleur que libérateur. Enfin, une autre séquence à la fois dérangeante et débridée ne manque pas non plus de piment lorsque des enfants tenteront de protéger celui-ci d'un père de famille armé d'un couteau après avoir reconnu le tueur derrière sa panoplie ! Pour endosser le profil inquiétant du tueur, l'acteur Brandon Maggart demeure plutôt persuasif à travers la neutralité de son regard à la fois évasif et songeur de par ses états d'âme torturés noyés d'hallucinations cauchemardesque. Un portrait fragile qui ne manque pas d'une certaine empathie (comme le prouve son épilogue exutoire) quant à sa morale candide si bien qu'il ne demandait qu'à chérir et à prémunir les chérubins de l'influence licencieuse de leurs parents asservis par le goût du lucre. 


En dépit d'une mise en place un brin laborieuse et d'une réalisation tantôt soignée (notamment à travers les détails pléthoriques de la célébration féérique de Noël), tantôt maladroite (son montage superficiel laisse à désirer), Christmas Evil demeure une étonnante curiosité sous le pilier d'une horreur premier degré injectée de sarcasme. A découvrir. 

*Bruno
26.11.20
29.11.10.

L'anecdote subsidiaire: le film aurait été saisi et confisqué au Royaume-Uni en vertu de l'article 3 de 
l'Obscene Publications Act 1959 lors de l'affluence de la Vhs

lundi 23 novembre 2020

La Disparue

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

"The Vanishing" de George Sluizer. 1993. U.S.A. 1h49. Avec Jeff Bridges, Kiefer Sutherland, Sondra Locke, Nancy Travis, Park Overall, Maggie Linderman . 

Sortie salles France: 7 Juillet 1993 (Int - 12 ans)

FILMOGRAPHIEGeorge Sluizer, né le 25 juin 1932 à Paris, et mort le 19 septembre 2014 à Amsterdam, était un réalisateur néerlandais. 1961 : De lage landen. 1967 : National Geographic Specials. 1971 : Stamping Ground. 1972 : João et le couteau. 1979 : Un homme, deux femmes. 1982 : Tepito si. 1983 : Adios Beirut. 1985 : Red Desert Penitentiary. 1988 : L'Homme qui voulait savoir. 1992 : Utz, la passion de l'art. 1993 : La Disparue. 1996 : Crimetime. 1996 : Mortinho por Chegar a Casa. 1998 : The Commissioner. 2002 : La Balsa de piedra. 2012 : Dark Blood. 

Remake de l'Homme qui voulait savoir (que je n'ai hélas jamais vu), La Disparue est un bon thriller hollywoodien si on fait fi de son modèle plus intègre, nihiliste et authentique (après m'être un peu renseigné sur la toile). George Sluizer se permettant de remaker son propre film à l'aide d'une réalisation académique et en y modifiant aussi un final autrement conventionnel et prévisible (bien que formidablement mené à travers sa tension spectaculaire fertile en péripéties). Suspense hitchcockien mené sans temps mort, La Disparue doit beaucoup de son intensité grâce à son contexte en suspens. A savoir si l'époux parviendra à retrouver sa compagne, morte ou en vie, après 3 ans d'enquête infructueuse. Pour se faire, il comptera également sur les rapports houleux avec sa nouvelle amie en désarroi amoureux mais apte à redresser la situation lors de circonstances fructueuses quant au dénouement attendu. Mais au-delà de l'aspect ludique de son intrigue interlope, La Disparue est rehaussé des présences de Kiefer Sutherland sobrement convaincant en époux teigneux avide de vérité, Sondra Locke en victime chétive partagée entre doute et optimisme pour la situation de son couple, et la méconnue Nancy Travis en amante affirmée d'une force de caractère finalement héroïque. Mais c'est à Jeff Bridges que revient la palme de la présence la plus proéminente de par son statut délétère subtilement tranquille en kidnappeur fasciné par la dichotomie du Bien et du Mal. L'acteur déployant (à nouveau) un jeu à contre-emploi littéralement magnétique et fascinant à chacune de ses présences perfides. 

Ainsi, pour ceux ignorant l'existence de son modèle, La Disparue mérite le coup d'oeil pour qui raffole de thriller ludique si bien qu'ici l'intrigue correctement menée demeure intense et efficace sous l'impulsion d'un quatuor de comédiens communément expressifs.

*Bruno
2èx

vendredi 20 novembre 2020

Alone

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Hyams. 2020. U.S.A. 1h38. Avec Jules Willcox, Marc Menchaca, Anthony Heald.

Sortie salles U.S: 18 Septembre 2020

FILMOGRAPHIE: John Hyams est un réalisateur, producteur et scénariste américain. 1997: One dog Day. 2009: Universal Soldier: Régénération. 2012: Dragon Eyes. 2012: Universal Soldier: Régénération. 2018: All Square. 2002: Alone. Prochainement: Maniac Cop. 

           "L'espoir de la survie passait par cet homme sans élégance que le jour baignait de sang."

Traque impitoyable entre un tueur et sa proie, Alone est une série B du samedi soir tout à fait fréquentable. Dans la mesure où si John Hyams n'invente rien à travers son schéma narratif éculé, il parvient à s'extirper du produit standard de par l'efficacité de sa réalisation à la fois nerveuse, intense et soignée (notamment auprès de l'habile exploitation de ses décors sauvages nous remémorant inconsciemment Rambo, Délivrance et Traqué de Friedkin pour l'ultime mano a mano primitif), le réalisme de ses situations censées (en dépit de 2/3 facilités un chouilla grossières, telle la victime appelant les secours du coffre - sans plage arrière - du véhicule du tueur au volant) et du casting quasiment composé de 2 acteurs si on élude un second-rôle furtif (un peu stéréotypé dans son interrogation dubitative sur air connu). 

Le tueur adoptant une carrure de pervers roublard à travers sa force tranquille et de sureté à courser sa proie, la victime insufflant une appréhension dépouillée à travers son initiation au courage quasiment dénuée de temps morts. Le spectateur s'identifiant à cette jeune veuve sans fard avec une attention permanente quant au réalisme du contexte horrifique imposé de jour comme de nuit. On apprécie également la manière retorse dont cette dernière fait preuve pour s'extirper de sa géôle tout en multipliant les stratégies de survie à travers sa course à travers bois émaillée d'une rencontre aléatoire et de péripéties pernicieuses. La réussite prioritaire de Alone émanant donc de cette confrontation ardue entre eux si bien que la victime finit par détourner les codes dans sa capacité pugnace à se rebeller contre son tortionnaire. Preuve en est avec ce final tendu comme un arc à travers sa sauvagerie primitive correctement chorégraphiée. 


A découvrir. 
*Bruno

mercredi 18 novembre 2020

The Backwoods

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Bosque de sombras" de Koldo Serra. 2006. France/Espagne/Angleterre. 1h36. Avec Gary Oldman, Paddy Considine, Aitana Sánchez-Gijón, Virginie Ledoyen, Lluís Homar.

Sortie salles France: 18 Mai 2006 (1ère à Cannes). Espagne: 16 Février 2007

FILMOGRAPHIEKoldo Serra est un réalisateur et scénariste espagnol, né le 15 avril 1975 à Bilbao, en Espagne. Amor de madre (1999). El Tren de la bruja (2003). The Backwoods (2006). Gominolas (2007) Série télévisée (1 épisode). El Comisario (2008) Série télévisée (1 épisode). Es bello vivir (2008) TV. Muchachada nui (2009) Série télévisée (1 épisode). Gernika (2016). Banco (70 binladens) (2018). 


Honteusement écarté de nos salles en dépit de ses prometteuses têtes d'affiche (Gary Oldman, Virginie Ledoyen, Paddy Considine s'avèrent d'autant plus irréprochables à travers leur jeu dépouillé), The Backwoods fut exploité chez nous uniquement en dvd chez One plus One puis commercialisé avec le magazine Mad Movies qui en fit l'éloge dans leur rubrique Dvd mensuelle. Ouvertement influencé par les Chiens de Paille et Délivrance sans toutefois vulgairement les singer, The Backwoods demeure une remarquable surprise de par sa facture naturaliste renvoyant aux plus belles réussites du genre natives des Seventies. Tant et si bien que ce survival à la fois oppressant, cruel et lestement tendu captive et triture nos nerfs avec une diabolique habileté. Tant auprès de sa trajectoire narrative toujours imprévisible au gré de situations sensées, de sa réalisation étonnamment taillée que de la caractérisation scrupuleuse des personnages éludant admirablement le stéréotype. Et ce tout en prenant son temps à y planter son univers forestier et ses personnages en perte de repères, notamment auprès de l'évolution morale d'un des amants en frustration à la fois personnelle, sexuelle et conjugale.

L'intrigue relatant la dérive criminelle de 2 couples de vacanciers anglais contraints d'unir leur force et leur courage pour se défendre contre des rednecks consanguins après avoir sauvé de sa geôle une sauvageonne infantile réduite à l'esclavage. On peut d'ailleurs saluer la force d'expression terrorisée de cette fillette mutique jouant la victime erratique avec un réalisme subtilement poignant. Ainsi, à travers ses rebondissements sanglants jamais gratuits puisque dénonçant avec tact les conséquences immorales de la vendetta (quand bien même les épouses contrariées s'efforcent d'apaiser les tensions), The Backwoods est sublimé par ses personnages victimisés contraints de céder à la violence afin de pouvoir rester en vie. Un thème éculé ici renouvelé avec force, tact et brio si bien que l'on ne sait jamais quel sort adviendra à tel ou tel personnage empiété dans des règlements de compte davantage incontrôlables. Quand bien même on se passionne pour la déliquescence morale d'un des protagonistes partagé entre sa lâcheté, sa peur de trépasser et sa résignation personnelle de prouver sa capacité à nuire à autrui en abusant d'une violence expéditive irréversible (notamment pour y tenter de sauver son couple). Le réalisateur espagnol Koldo Serra puisant notamment dans l'hommage référentiel à ces notoires ancêtres  (Délivrance / Les Chiens de Paille) avec une dignité dénuée de prétention.


Remarquable survival ibérique à la photo scope aussi soignée que réaliste, The Backwoods demeure une perle du genre impeccablement huilée, notamment à travers la vigueur de sentiments de désespoir davantage poignants quant aux conséquences dramatiques de leur démarche héroïque. Du vrai cinéma à l'ancienne qui donne du baume au coeur, sans effets de manche. 

*Bruno
2èx