mercredi 15 mai 2024
Mary / Gifted. Prix du Public, Deauville 2018.
lundi 13 mai 2024
In the Fade / Aus dem Nichts. Golden Globe Meilleur Film, 2018
Sortie salles France: 17 Janvier 2018. Allemagne: 23 Novembre 2017
vendredi 10 mai 2024
Zombie / Dawn of the Dead
Et pour les critiques snobinards qui théorisent, post-facto, une satire de la société de consommation – à l’origine, comme pour La Nuit des Morts-Vivants, Romero n’a jamais cherché à s’éclipser derrière un discours politique. Car Zombie, avant tout, c’est un monument d’actionneur bourrin, d’une efficacité maximaliste. Et même après cinquante visions, cinquante ans plus tard, il reste fun, rageur et jubilatoire, de la première à la dernière bobine. Deux heures aussi lessivantes que capiteuses. Il faut le vivre pour mesurer l’impact qu’il continue d’exercer sur notre émotivité, avec une énergie (auto)destructrice.
Romero, en maître d’orchestre instinctif, nous immerge dans un hypermarché devenu forteresse assiégée, aux côtés d’un quatuor de survivants (trois hommes, une femme) venus s’y confiner, tentant de préserver un présent déjà rongé par le chaos. À ce titre, les séquences intimistes et mélancoliques, où affleurent leurs états d’âme sentencieux, demeurent d’une éloquence contenue, empreinte d’une pudeur contrariée.
Les zombies, grimés de fards bleuâtres aux maquillages modestes, n’en restent pas moins fascinants, inquiétants, hypnotiques. Leur démarche, génialement lymphatique – véritable chorégraphie commune –, couplée à leurs regards hagards, dénués d’expression, produit un effet immédiat : on y croit à fond, sans poser de questions. Leur menace est crédible. D’autant plus que les survivants, stoïques mais fragiles, sont rongés de l’intérieur. Ils contemplent, en direct, la déliquescence morale du monde. Folie, jouissance sadique, pensées suicidaires : l’humain s’effondre, contaminé de l’intérieur.
Le centre commercial, filmé sous toutes les coutures, devient un terrain de jeu paranoïaque. Romero en explore chaque recoin avec une inventivité débridée, notamment lors de séquences de défense aux stratégies aussi absurdes que brillamment percutantes.
Et que dire de cette pléthore d’effets sanglants, à n’en plus finir – aussi émétiques que jubilatoires ? Romero et Tom Savini s’en donnent à cœur joie dans la chair éclatée, les membres arrachés, les corps démembrés, les têtes explosées ou décapitées, avec un réalisme d’une crudité implacable. Car si Zombie dérange autant, c’est aussi par sa vérité nue : le portrait sans fard d’un égoïsme primaire, d’un instinct de possession féroce chez ces survivants repliés sur leur gâteau bientôt convoité par une horde de Hell’s Angels.
D’une ultra-violence à la fois cartoonesque et viscéralement éprouvante, Zombie parvient à être fun tout en restant profondément dérangeant, inquiétant, malaisant. Il déprime. Il secoue. Il exorcise. Ses actions sont animées par la folie, le goût du sang, le plaisir de tout foutre en l’air. Jusqu’à un final terriblement nihiliste.
Un des plus grands films de l’histoire, porté par l’inoubliable partition électrisante des Goblin, qui scelle son impact émotif d’une manière dévastatrice. Un cinéma d’audace, de rage politique malgré lui, aujourd’hui tristement disparu.
Nope. Saturn Awards 2022 : meilleur film de science-fiction
Sortie salles France: 10 Août 2022. U.S: 22 Juillet 2022 (Int - 17 ans non accompagnés)
FILMOGRAPHIE: Jordan Haworth Peele, né le 21 février 1979 à New York, est un acteur, humoriste, réalisateur, scénariste et producteur américain. 2017: Get Out. 2019 : Us. 2022 : Nope.
Revoyure d'un vrai grand film, l'un des métrages les plus originaux et poétiques de ces 10 dernières années que je ne parviens pas à pleinement apprivoiser lors des 45 ultimes minutes.
Probablement la meilleure oeuvre de son auteur, la plus mature et maîtrisée (et Dieu sait si je vénère Get Out que je préfère).
Box Office France: 518 100 entrées
mercredi 8 mai 2024
Godzilla Minus One. Oscar des meilleurs effets visuels
lundi 6 mai 2024
The Inglourious Basterds
Sortie salles France: 19 Août 2009 (Int - 12 ans). U.S: 21 Août 2009 (Int - 13 ans)
FILMOGRAPHIE: Quentin Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee, aux États-Unis. Reservoir Dogs (1992). Pulp Fiction (1994). Jackie Brown (1997). Kill Bill: Vol. 1 (2003). Kill Bill: Vol. 2 (2004). Boulevard de la mort (2007). Inglourious Basterds (2009). Django Unchained (2012). Les Huit Salopards (2015). Once Upon a Time... in Hollywood.
Un chef-d'oeuvre, peux pas dire mieux.
Jubilatoire de A à Z.
Drôle, dur, cruel, violent, gore, beau, élégant, poétique, tragique, bouleversant aussi auprès de son romantisme mélancolique.
Dans un rôle sciemment outrancier, Brad Pitt crève l'écran dans sa fonction semi-parodique de lieutenant juif américain foncièrement pédant, alors qu'Eli Roth, on ne peut plus à l'aise, est habité d'une douce démence décalée en chasseur de scalp, dit "l'ours juif".
Mais je garde surtout en mémoire 2 superbes portraits de femmes à la fois déchues et combattives qu'endossent les vamps Mélanie Laurent et Diane Kruger. Quand bien même Christoph Waltz ensorcelle son entourage étranger en chasseur de juif couard inspirant autant la fausse sympathie qu'une terreur sourde.
Avec en guise de cerise discursive un discours fortuit sur le pouvoir des images (et les conséquences dramatiques que cela peut entraîner) par l'entremise de la mise en abyme, et sur le langage des mots dépendant de notre dialecte.
C'est d'ailleurs à voir obligatoirement en VO pour mieux cerner les dissensions psychologiques que se disputent chaque camp à travers leur nationalité distincte.
Quant à la BO, hyper nostalgique et exaltante, elle colle aux images avec une grâce sensorielle, comme le souligne constamment (euphémisme) la mise en scène ultra inspirée d'un Tarantino à nouveau à l'apogée de la perfection.
On n'a qu'une envie quand on s'extrait hélas du film: le revoir, encore et encore pour s'enivrer et ne plus en sortir.
Et dire qu'il dure à peine 2h33 !
mercredi 1 mai 2024
Cherry Falls. Prix du Meilleur Réalisateur, Catalogne 2000
vendredi 26 avril 2024
Black Flies / Asphalt City
Sortie salles France: 3 Avril 2024. Cannes: 18 Mai 2023. U.S: 29 Mars 2024
FILMOGRAPHIE: Jean-Stéphane Sauvaire est un réalisateur, producteur et scénariste français né le 31 décembre 1968 à Paris. 2003 : Carlitos Medellin (documentaire). 2008 : Johnny Mad Dog. 2012 : Punk (téléfilm). 2017 : Une prière avant l'aube (A Prayer Before Dawn). 2023 : Black Flies (Asphalt City).
"Seul contre tous".
Un constat pessimiste sur nos sociétés contemporaines aliénées, à réserver à un public averti.
*Bruno
jeudi 25 avril 2024
Vermines. César du Meilleur Premier film, 2024.
Meilleurs effets visuels
Meilleur premier film
mercredi 24 avril 2024
The Sadness / Kū bēi / La Tristesse. Prix du Public: Grimmfest 2021.
Sortie salles France: 6 Juillet 2022 (- 16 ans avec Avertissement). Taïwan: 22 Janvier 2021
FILMOGRAPHIE: Rob Jabbaz est un réalisateur et scénariste taïwanais. 2021: The Sadness.
Grimmfest 2021 : prix du public
jeudi 18 avril 2024
Eclair de Lune / Moonstruck. Oscar 88 Meilleure Actrice: Cher.
Sortie salles France: 6 Avril 1988. U.S: 18 Décembre 1987
FILMOGRAPHIE: Norman Jewison est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste canadien, né le 21 Juillet 1926 à Toronto (Canada). 1962: Des ennuis à la pelle. 1963: Le Piment de la vie. 1964: Ne m'envoyez pas de fleurs. 1965: The Art of love. 1965: Le Kid de Cincinnati. 1966: Les Russes Arrivent. 1967: Dans la chaleur de la nuit. 1968: l'Affaire Thomas Crown. 1969: Gaily, gaily. 1971: Un violon sur le toit. 1973: Jésus Christ superstar. 1975: Rollerball. 1978: F.I.S.T. 1979: Justice pour tous. 1982: Best Friends. 1984: A Soldier Story. 1985: Agnès de Dieu. 1987: Eclair de lune. 1989: Un Héros comme tant d'autres. 1991: Larry le liquidateur. 1994: Only you. 1996: Bogus. 1999: Hurricane Carter. 2003: Crime contre l'humanité.
Il y a des films comme ça que l'on découvre au hasard d'une location Vhs lorsque l'on fut ado et qui nous marqua au point de nous laisser une empreinte dans un p'tit coin de notre coeur. Eclair de Lune en fit donc parti pour mon jugement de valeur. Et le revoir une seconde fois 37 ans plus tard suscite un enthousiasme nostalgique mêlé d'une touche d'appréhension quant à son contenu véritablement qualitatif. A savoir si j'allais retrouver mes émotions d'un passé insouciant depuis mon adolescence à la fois candide et néophyte. Romcom réalisée par l'éminent Norman Jewison (qu'on ne présente plus), Eclair de Lune a ranimé ma flamme amoureuse en dépit d'une mise en place un tantinet laborieuse de l'intrigue et de ces personnages peu à peu attachants. Si bien que passées les 35/40 minutes de métrage pour autant solidement mises en scène au sein d'une scénographie urbaine aussi chaleureuse que réconfortante, Eclair de Lune prend son envol pour structurer un charme aussi pur que dépouillé eu égard de l'intelligence du cinéaste à ne point s'égarer dans la facilité des bons sentiments mielleux.
Bien au contraire, Eclair de Lune demeurant si touchant, si émouvant, si pur, si intègre et lucide pour nous évoquer la complexité de l'amour (en étroite relation avec la peur de la mort apprendrons nous !) à travers l'infidélité conjugale de protagonistes familiaux qu'on ne peut que se réjouir du résultat attendrissant inscrit dans une modeste mesure. Norman Jewison tablant beaucoup sur l'humour des dialogues ciselés et des situations folingues pour nous enivrer sous l'impulsion d'une pléthore de comédiens absolument délicieux de spontanéité. Je ne vais pas tous les citer par manque de temps, et c'est bien dommage car par ex Olympia Dukakis (Oscar du Meilleur Second-Rôle) m'a tant ému en sexagénaire trompée (et de manière totalement fortuite !). Mais on ne peut que s'incliner du talent subtilement sémillant de Cher accompagnée de Nicolas Cage (à son âge juvénile) formant un duo d'amants impromptus davantage fusionnels dans leur désir d'y bafouer les règles de la bienséance au moment de céder à leur passion des sentiments. A eux deux ils portent l'intrigue sur leurs épaules, entre fraîcheur et naturel sans fard pour mieux nous immerger dans leur liaison houleuse à deux doigts de s'éteindre, ou, au contraire, de s'émanciper vers des horizons prospères.
Récompenses:
3 Oscars :
Meilleure actrice pour Cher
Meilleur second rôle pour Olympia Dukakis
Meilleur scénario pour John Patrick Shanley
American Comedy Award
Ours d'argent du meilleur réalisateur à la Berlinale pour Norman Jewison
2 Golden Globes :
Meilleure actrice dans une comédie (Cher)
Meilleur second rôle féminin (Olympia Dukakis)
1989 :
ASCAP Award pour le Top Box Office Films
lundi 15 avril 2024
Vent de Folie / The Wind
Et pourtant, Vent de Folie reste une série B exemplaire, comme on n’en fait plus, par son atmosphère trouble, presque tempétueuse. Mastorakis soigne à merveille son cadre insulaire et nocturne (impossible de ne pas songer à Anthropophagous durant la projection) et cisèle de splendides éclairages qui infusent l’écran d’un onirisme étrange, inquiétant, sensuel presque, oserais-je dire. Au-delà de l’efficacité de son script — un jeu du chat et de la souris sans temps mort — Vent de Folie innove dans le genre psycho-killer en convoquant un atout rare : l’élément naturel du vent, traité avec une attention formelle et sonore qui en fait une menace à part entière, modelant le sort précaire de personnages égarés dans la tourmente, physiquement et psychologiquement.
mardi 9 avril 2024
Man on Fire
Sortie salles France: 13 Octobre 2004.
FILMOGRAPHIE: Tony Scott (né le 21 juillet 1944 à Stockton-on-Tees, Royaume-Uni - ) est un réalisateur, producteur, producteur délégué, directeur de la photographie, monteur et acteur britannique. 1983 : Les Prédateurs, 1986 : Top Gun, 1987 : Le Flic de Beverly Hills 2, 1990 : Vengeance,1990 : Jours de tonnerre,1991 : Le Dernier Samaritain,1993 : True Romance, 1995 : USS Alabama,1996 : Le Fan,1998 : Ennemi d'État, 2001 : Spy Game, 2004 : Man on Fire, 2005 : Domino, 2006 : Déjà Vu, 2009 : L'Attaque du métro 123, 2010 : Unstoppable.
Peut-être l'un des plus grands films fondés sur une vengeance animale avec "Il était une fois dans l'Ouest", "Impitoyable", "Le Vieux Fusil", "Mad-Max", "Carrie", "The Crow", "Conan".
Opéra de sang, de larmes et de mort d'une intensité dramatique à la fois bouleversante et rigoureuse, tant auprès des apartés intimes entre Creasy (Denzel Washington) et Pita (Dakota Fanning) d'une sensibilité à fleur de peau, que des exactions putassières de l'ange exterminateur à bout de souffle lors d'une seconde partie capiteuse, Man on Fire est un chef-d'oeuvre sépulcral dont on ne sort pas indemne. L'ombre de Dieu planant durant tout le récit sur les épaules de Creasy chargé de haine et de remord dans sa condition écorchée vive de s'être avili lorsqu'il fut autrefois agent de la CIA. Or, par la bonté candide d'une fillette qu'il doit protéger en tant que garde du corps au sein d'une ville véreuse apte aux enlèvements, il parvient à retrouver foi en lui de par l'amitié naissante qu'elle lui inculque avec tendresse et intégrité désarmantes. Ainsi, si la première heure, extrêmement attachante auprès de la relation amiteuse entre eux nous hypnotise le coeur sous l'impulsion de comédiens au diapason de leur carrière pour leur naturel instinctif, le second acte funèbre ranimera les pulsions criminelles du garde du corps par le truchement d'une vendetta en roue libre dénuée de concession.
Nanti d'une réalisation épileptique rigoureusement expérimentale, notamment afin d'exacerber le profil névrosé, dégénéré mais calculateur du vengeur redresseur de tort d'un calme olympien, Man on Fire nous immerge de plein fouet dans un univers de corruption nécrosée à faible lueur d'espoir. Le Mal et ses sbires demeurant à chaque coin de rue afin d'asseoir leur autorité crapuleuse par l'entremise du rapt d'enfant que la ville occasionne fréquemment (le prologue nous averti que 70% d'entre eux sont retrouvés morts chaque année). Tony Scott ballotant son récit d'ultra violence à l'instar d'un vortex émotif sans que toutefois n'y soit jamais confondu précipitation et efficacité. D'autre part, de par la densité d'une intrigue plus substantielle et impromptue qu'elle n'y parait (tant auprès des révélations auprès des complices et coupables, des confrontations explosives générant un climat furibond parfois proche du chaos que du revirement rédempteur chargé de désespoir), Man on Fire convoque un malaise sous-jacent quasi viscéral, sensoriel. Tant le réalisme opéré aux châtiments punitifs, le parti-pris inventif de l'exprimer de manière furtive au sein d'un climat urbain à la fois trouble, malsain, délétère nous martèlent la vue, l'ouïe, l'esprit sous la mainmise d'une aura religieuse que Creasy a autant de mal à se défaire lors de sa culpabilité morale suicidaire.
Voilà pourquoi Man on Fire demeure aussi puissant et implacable qu'inoubliable et déchirant auprès de sa mise en image aussi odieuse qu'infiniment fragile. Tony Scott distillant durant ce vénéneux chemin de croix une sensibilité infinie pour tenir lieu de la reconversion du justicier habité par l'influence du Mal mais délibéré à contredire son destin d'après une épreuve de force héroïque. Ainsi, de ce torrent d'émotions à la fois douloureuses et vertigineuses, Scott y extrait une réflexion sur la foi religieuse avec un art consommé de la remise en question morale que tout un chacun peut un jour s'autoriser à se questionner lorsqu'il a cédé à ses bas-instincts destructeurs.