"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
mardi 9 juillet 2024
La Planète des Singes: le nouveau Royaume / Kingdom of the Planet of the Apes
lundi 8 juillet 2024
Lorenzo / Lorenzo's Oil
Sortie salles France: 10 Mars 1993. U.S: 15 Janvier 1993.
FILMOGRAPHIE: George Miller est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 3 Mars 1945 à Chinchilla (Queensland). 1979: Mad-Max. 1981: Mad-Max 2. 1983: La 4è Dimension (dernier segment). 1985: Mad-Max : Au-delà du dôme du Tonnerre. 1987: Les Sorcières d'Eastwick. 1992: Lorenzo. 1997: 40 000 ans de rêve (documentaire). 1998: Babe 2. 2006: Happy Feet. 2011: Happy Feet 2. 2014: Mad Max: Fury Road. 2022 : Trois mille ans à t'attendre (Three Thousand Years of Longing). 2024 : Furiosa : Une saga Mad Max (Furiosa: A Mad Max Saga).
Tsunami d'émotions bruts de décoffrage dont on sort à la fois lessivé et soulagé, Lorenzo relate avec une admirable sobriété l'épreuve de force de parents désorientés à l'idée de voir trépasser leur fils victime de l'adrénoleucodystrophie (ALD). Une maladie dégénérative du système nerveux dont l'espérance de vie ne dépasse pas 24 mois. Or, du fait du jeune âge du malade du haut de ses 5 ans, "Lorenzo" demeure inévitablement éprouvant lorsque les parents s'acharnent à trouver un traitement miracle qu'aucun médecin ni scientifique n'est parvenu à prodiguer face au témoignage de leur rejeton réduit à l'état de légume moribond. Certaines séquences franchement intolérables provoquant autant la gêne pour ses douleurs physiques occasionnées dans sa posture handicapée (ses membres se raidissent au fil du temps, sa faculté de communiquer est rapidement réduite au mutisme, sa respiration devient stertoreuse) qu'une désarmante impuissance morale d'y subir un calvaire aussi insurmontable face à l'extrême dignité des parents d'une résilience et d'une patience à couper au rasoir.
P.S: A réserver toutefois à un public préparé pour la rigueur de certaines séquences insoutenables car d'une intensité dramatique aussi frontale qu'escarpée. George Miller se refusant le hors-champs afin d'y militer un réalisme naturaliste pour sa descente aux enfers moins funeste qu'escomptée.
*Bruno
Merci à Jean-Marc Micciche.
jeudi 4 juillet 2024
Le Flic de Beverly Hills : Axel F. / Beverly Hills Cop: Axel F
Diffusé sur Netflix le 3 Juillet 2024
lundi 1 juillet 2024
Sans jamais nous connaître / All of Us Strangers
Sortie salles France: 14 Février 2024. U.S: 22 Décembre 2023.
FILMOGRAPHIE: Andrew Haigh est un réalisateur, scénariste et monteur britannique né le 7 mars 1973 à Harrogate, Angleterre. 2009 : Greek Pete. 2011 : Week-end (Weekend). 2015 : 45 ans (45 Years). 2017 : La Route sauvage (Lean on Pete). 2023 : Sans jamais nous connaître.
Mourir d'aimer.
Trouble, envoûtant, fragile et sensible, une réminiscence intimiste sur le difficile cap de l'acceptation du deuil lorsque l'être cher nous quitte de plein fouet.
Exploitant avec beaucoup d'intelligence et de subtilité l'argument fantastique sous l'impulsion de l'autosuggestion, "Sans jamais nous connaître" est également un vibrant hommage à la communauté gay anglaise bercée par The Smith et Franky Goes To Hollywood.
A cet égard musical, le final, sublime, demeure sans doute l'une des plus belles étreintes spirituelles de l'histoire du cinéma.
*Bruno
samedi 29 juin 2024
Le dernier jour de la Colère / I giorni dell'ira / Day of Anger
Sortie salles France: 14 Décembre 1967. Italie: 21 Décembre 1967
jeudi 27 juin 2024
Le Corrupteur / The Nightcomers
Sortie salles France: 16 Mars 1973. U.S: 18 Février 1972 (Int - 18 ans). Angleterre: 6 Juillet 1972
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Winner est un réalisateur britannique, né le 30 Octobre 1935 à Londres, décédé le 21 Janvier 2013. 1964: Dans les mailles du filet. 1967: Qu'arrivera-t-il après ? 1971: Les Collines de la Terreur. 1971: l'Homme de la Loi. 1971: Le Corrupteur. 1972: Le Flingueur. 1973: Le Cercle Noir. 1973: Scorpio. 1974: Un Justicier dans la Ville. 1976: Won Ton Ton, le chien qui sauva Hollywood. 1977: La Sentinelle des Maudits. 1978: Le Grand Sommeil. 1979: l'Arme au Poing. 1982: Un Justicier dans la Ville 2. 1983: La Dépravée. 1985: Le Justicier de New-York. 1988: Rendez vous avec la mort. 1990: Double Arnaque. 1993: Dirty Week-end.
Quelle bien étrange curiosité que cette oeuvre extrêmement rare (rimant souvent avec "oubli") réalisé par l'auteur des Justicier dans la ville, Mr Michael Winner ! Il fallait déjà oser entreprendre un préquelle à un monument du fantastique (pour ne pas dire l'un des plus beaux films du monde en jouant la dithyrambe): le bien nommé Les Innocents de Jack Clayton. Avec ici en tête d'affiche le monstre sacré Marlon Brandon (excusez du peu). Celui-ci endossant le diabolique Peter Quint avec une apathie quelque peu déconcertante quant à ses postures détachées, son idéologie défaitiste fondée sur la théorie du "néant" comme il l'enseigne aux enfants Miles et Flora peu à peu influencés par sa doctrine à la fois subversive, déclinante, destructrice. Or, à travers son climat trouble / malsain parfois provocateur (les jeux SM de Jessel et Quint ne font pas dans la subtilité à travers l'imagerie des corps nus molestés) instauré au sein d'un film en costume on reste autant fasciné qu'interloqué par ses postures interlopes sévèrement influencées par la désinhibition du Mal. D'ailleurs, au gré de ses jeux érotiques aussi sulfureux perpétrés dans cette société altière et rigoriste, Michael Winner nous questionne sur l'acceptation ou non des loisirs lubriques les plus hard afin d'y contenter l'être aimé, et quelles sont les limites à ne pas franchir au risque d'y égarer son âme.
Il y a aussi la thématique de l'athéisme qui y est abordée sans ambages auquel les êtres les plus fragiles pourraient toutefois basculer vers le Mal faute d'absence d'équilibre moral, d'appui parental, voir même de refus de discernement auprès des esprits les plus déviants. Mais la thématique essentielle de ce Corrupteur demeure indubitablement "l'innocence bafouée" du point de vue de ces enfants éduqués par un adulte infréquentable broyé par ses excès (pour ne pas dire ses exactions sexuelles) et l'aigreur de son existence esseulée en dépit de certains sentiments qu'il éprouve pour Mme Jessel. C'est ce que le final, assez glaçant, perturbant et choquant (superbe vision d'effroi aqueuse !), nous révèle avant que les enfants ne se substituent véritablement à la figure du Mal le plus couard et insidieux auprès de leur conscience souillée. Quant à sa facture formelle délicieusement gothique, les fans ont de quoi se réjouir (tout du moins en HD) auprès de cette vaste bâtisse jonchée de chambres, escaliers, candélabres et corridors ainsi que ses extérieurs naturels magnifiquement éclairés (notamment auprès d'angles nocturnes atmosphérique en diable) par Robert Paynter qu'il transfigure avec un art consommé de l'esthétisme pictural.
Trouble d'une façon indicible, le Corrupteur est donc une étrangeté scabreuse déroutante et ombrageuse, auprès de son climat austère qui ne plaira pas à tous (et toutes) sans toutefois nous laisser indifférent. A revoir plusieurs fois pour en saisir sa véritable essence pour ma part subjective.
*Brunomercredi 26 juin 2024
Un été en louisiane / The man in the Moon
mardi 25 juin 2024
Furiosa : une saga Mad-Max / Furiosa: A Mad Max Saga
Sortie salles France: 22 Mai 2024 (Int - 12 ans). U.S: 24 Mai 2024 (Int - 17 ans).
FILMOGRAPHIE: George Miller est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 3 Mars 1945 à Chinchilla (Queensland). 1979: Mad-Max. 1981: Mad-Max 2. 1983: La 4è Dimension (dernier segment). 1985: Mad-Max : Au-delà du dôme du Tonnerre. 1987: Les Sorcières d'Eastwick. 1992: Lorenzo. 1997: 40 000 ans de rêve (documentaire). 1998: Babe 2. 2006: Happy Feet. 2011: Happy Feet 2. 2014: Mad Max: Fury Road. 2022 : Trois mille ans à t'attendre (Three Thousand Years of Longing). 2024 : Furiosa : Une saga Mad Max (Furiosa: A Mad Max Saga).
Un (authentique) préquelle truffé d'astucieux clins d'oeil à la saga motorisée "5 étoiles", prioritairement Mad-Max 2 / Fury Road (notamment auprès d'une inversion des rôles impartis) à travers ses ambitions autrement démesurées lorsqu'une jeune fille (doit-on préciser qu'Anya Taylor-Joy s'approprie le rôle par le non-dit, la simple acuité de son regard de braise impassible ?), arrachée à sa mère, se retrouve ballotée par deux autocrates mégalos se disputant le pouvoir au sein d'un désert aride livré à l'agonie. George Miller se réappropriant les codes de Mad-Max (cascades automobiles en règle s'insérant dans l'histoire avec une fluidité à couper au rasoir) et son sempiternel discours sur la vengeance avec une intelligence assez burnée eu égard du dénouement gigogne remarquablement imprévisible au risque de déconcerter certains spectateurs peu habitués aux divertissements autonomes délibérés à s'opposer aux conventions. Et si l'on était resté sans voix à l'époque de Fury Road pour son imagerie furibarde, Furiosa double la mise (psychologique) sous l'impulsion d'un superbe portrait de femme écorchée vive en voie d'héroïsme mythologique. Jamais avare de créativité comme de coutume depuis des décennies, George Miller relance donc les dés avec une maîtrise, un aplomb, une aisance déconcertantes du haut de ses 69 printemps. Quant à la figure du méchant tant iconisée au cinéma, c'est bien connu: "plus il est réussi, meilleur le film sera". Or ici on nous en offre deux pour le prix d'un ! Chris Hemsworth explosant lui aussi l'écran avec une force tranquille et de sureté à la fois sardonique, détestable, jubilatoire en fanfaron fourbe de tous les diables.
*Bruno
lundi 24 juin 2024
The Offence
Sortie salles France: 12 Septembre 2007. Angleterre: 11 Janvier 1972
FILMOGRAPHIE: Sidney Lumet est un réalisateur américain, né le 25 Juin 1924 à Philadelphie, décédé le 9 avril 2011 à New-York. 1957: 12 Hommes en colère. 1958: Les Feux du Théâtre. 1959: Une Espèce de Garce. 1959: l'Homme à la peau de serpent. 1961: Vu du pont. 1962: Long voyage vers la nuit. 1964: Le Prêteur sur gages. 1964: Point Limite. 1965: La Colline des Hommes perdus. 1966: Le Groupe. 1966: MI5 demande protection. 1968: Bye bye Braverman. 1968: La Mouette. 1969: Le Rendez-vous. 1970: Last of the mobile hot shots. 1970: King: A filmed record... Montgomery to Memphis. 1971: Le Dossier Anderson. 1972: The Offence. 1972: Les Yeux de Satan. 1973: Serpico. 1974: Lovin' Molly. 1974: Le Crime de l'Orient Express. 1975: Un Après-midi de chien. 1976: Network, main basse sur la TV. 1977: Equus. 1978: The Wiz. 1980: Just tell me what you want. 1981: Le Prince de New-York. 1982: Piège Mortel. 1982: Le Verdict. 1983: Daniel. 1984: A la recherche de Garbo. 1986: Les Coulisses du Pouvoir. 1986: Le Lendemain du Crime. 1988: A bout de course. 1989: Family Business. 1990: Contre Enquête. 1992: Une Etrangère parmi nous. 1993: l'Avocat du Diable. 1997: Dans l'ombre de Manhattan. 1997: Critical Care. 1999: Gloria. 2006: Jugez moi coupable. 2007: 7h58 ce samedi-là.
35 ans il eut fallu que pour que The Offence soit enfin visible chez nous en salles, précisément en 2007, faute de la société de distribution United Artists terrifiée par le résultat final. Et effectivement The Offence fait office de pavé dans la mare pour son climat blafard quasi irrespirable, pour sa violence verbale et physique en roue libre lorsqu'un flic à bout de nerf (pour ne pas dire en dépression nerveuse) se confronte au coupable présumé d'un violeur de fillette. Ainsi donc, en abordant le thème de la pédophilie avec un réalisme glaçant n'appartenant qu'au cinéma des Seventies, Sidney Lumet y extrait une réflexion sur le Mal et le refoulement auprès d'un affrontement psychologique d'une intensité davantage névralgique. Tant et si bien que passé le dénouement inqualifiable il demeure difficile de sortir indemne auprès de ce profil fragilisé par une horrible vérité.
Sean Connery, à contre-emploi drastique (euphémisme j'vous dit), incarnant un flic antipathique, violent, condescendant, discourtois avec une force expressive acharnée. Pour ne pas dire aux cimes de la folie. Comme s'il était contraint de supporter du poids de ses épaules tous les malheurs du monde. Tout du moins les exactions impardonnables d'un pédophile aussi rusé que gouailleur. Visuellement grisonnant, voir déprimant au sein de cette banlieue british afin de renforcer la noirceur opiniâtre du récit cauchemardesque chargé de dialogues difficiles, The Offence demeure d'autant plus singulier qu'il fait appel à une narration éclatée. Entre flash-back, visions d'effroi et instant présent au coeur d'un huis-clos toujours plus tendu et escarpé. A découvrir absolument donc avec l'évident avertissement que ce drame psychologique incroyablement rigoureux est à privilégier à un public préparé tant il dilacère les codes avec une franchise épeurante.
*BrunoMerci à Jean-Marc Micciche et Jérôme André-Tranchant
vendredi 21 juin 2024
Le Château des Amants maudits / Beatrice Cenci
mercredi 19 juin 2024
Exposé / The House on Straw Hill / Trauma
Sortie salles Angleterre: Mai 76 (Classé X + Video Nasties).
FILMOGRAPHIE: James Kenelm Clarke est né le 5 février 1941 à Gloucestershire, Angleterre, Royaume-Uni. Il était réalisateur et producteur. 1974: Got it Made. 1976: Exposé. 1977: Hardcore. 1978: Let's get laid. 1983: Funny Money. 1985: Yellow Pages.
A réserver prioritairement aux bissophiles amateurs de curiosités oubliées (et introuvables), Exposé est une sympathique série B érotico-horrifique, aussi rachitique soit son contenu narratif. En gros, une jeune dactylographe est recrutée par un écrivain misanthrope au sein de sa demeure champêtre confinée à proximité d'un champs de paille afin d'y clôturer son dernier roman. Bientôt, des meurtres sauvages vont intenter à leur tranquillité. Classé X lors de sa sortie Outre-manche et estampillé "Video Nasties" (ces Vhs interdites de location), Exposé a de quoi faire sourire de nos jours pour sa violence sanguine peu crédible car dénuée d'effets spéciaux et ses séquences érotiques un tantinet effrontées qui ne choquera plus personne.
L'intérêt résidant dans la formalité de son atmosphère d'étrangeté assez immersive pour qui raffole des films d'ambiance aujourd'hui révolus (à quelques exceptions). Et si l'intrigue parfois bizarre (le sort des 2 violeurs, les hallucinations prémonitoires de Paul Watel dénuées de sens) a tendance à se répéter, faute d'une ossature linéaire dénuée de surprises (si bien que l'on voit venir à des kilomètres son twist escompté), Exposé est heureusement renforcé de sa réalisation assez personnelle et parfois expérimentale et du jeu inquiétant d'Udo Kier en écrivain chafouin accompagné de deux charmantes anglaises souvent dévêtues et aussi détachées que lui dans leur posture d'aguicheuse décomplexée au caractère pour autant expressif.
Exposé est donc à découvrir d'un oeil amusé bien qu'il reste bizarrement en mémoire sitôt le générique clos de par le vérisme de son atmosphère british assez indicible.
P.S: Commercialisé chez Bach Films dans une médiocre édition Dvd, la copie est hélas d'autant plus censurée de 2 minutes (le viol et le meurtre dans la salle de bain).
*Bruno19.06.24. 3èx. Vostf. Uncut.
lundi 17 juin 2024
I saw the TV Glow
En tout état de cause, cet OFNI déjà culte fera date (à l'instar du bouche à oreille imparti à Donnie Darko) et déchainera autant les passions que les interrogations à travers cette bouleversante étude cérébrale sur notre quête identitaire ici assujettie au besoin de se plonger dans l'évasion du petit (et grand) écran au grand dam de notre réalité imberbe déshumanisante. Avec un bel hommage (évidemment nostalgique) aux années 90 pour tenir lieu de cadre urbain rétro imbibé de nuances rose, bleues et violettes du plus bel effet insolite.
*Bruno
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Le Devoir.
vendredi 14 juin 2024
Toutes les couleurs du vice / L'Alliance Invisible / Tutti i colori del buio
Sortie salles France: 3 Janvier 1974. Italie: 28 Février 1972.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaîne. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. 1972: Toutes les couleurs du vice. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983:2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.
"Ces jeunes qui flottent sont des proies parfaites pour les sectes et les mouvements extrémistes. Quand on ne sait pas qui on est, on est ravi qu’une dictature vous prenne en charge et, dès l’instant où l’on se soumet à un maître, à un texte unique, on devient fanatique." Boris Cyrulnik.
Tourné un an après l'Etrange vice de Mme Wardh, Toutes les couleurs du vice change de registre pour s'aventurer dans le thriller ésotérique eu égard de l'épreuve de force morale que Jane doit endurer afin de ne pas sombrer dans la folie. Car depuis la mort de sa mère et de son propre enfant, elle souffre d'hallucinations intermittentes où s'y conjuguent une communauté sectaire adepte du sacrifice ainsi que la filature d'un étranger patibulaire aux yeux bleus perçants (le grand - par la taille - Ivan Rassimov toujours intrigant à souhait à travers la force d'expression de son regard reptilien). Ainsi, en s'écartant du Giallo qui lui valu un joli succès, Sergio Martino nous structure ici une intrigue vénéneuse où cauchemar et réalité se télescopent sous le témoignage d'une victime en berne en paranoïa progressive. Fort de son climat de mystère constamment inquiétant et de cette foule de personnages équivoques que l'héroïne fréquente avec toujours plus de méfiance, Toutes les couleurs du vice nous immerge dans un cauchemar cérébral vertigineux si bien que le spectateur, pleinement identifié à son désarroi, ne parvient lui non plus à distinguer la chimère de la réalité.
C'est dire si la réalisation solide, d'autant plus émaillée de plages d'onirisme macabre saillantes, parvient à nous faire douter de ce que nous découvrons à travers le regard épeuré de Jane ne sachant plus vraiment vers quel soutien se vouer. Portant le film sur ses épaules charnues, Edwige Fenech, omniprésente, insuffle une solide expression fragile sous l'impulsion de sa psychose exponentielle d'être persécutée par son entourage et la secte marquée d'un oeil divin sur la peau en guise de tatoo emblématique. Quand bien même nous nous interrogeons notamment sur l'éventuelle complicité de l'époux de Jane souvent absent du cocon familial et possédant un étrange recueil de magie. Un personnage bicéphale, une part de mystère irrésolu que Sergio Martino se réserve de nous divulguer ouvertement jusqu'au générique de fin. Ainsi donc, sa scénographie sensiblement envoûtante et schizophrène nous expose nombre d'images patibulaires où horreur malsaine et suspense vertigineux se chevauchant avec une égale efficacité. Même si hélas la répétition des agressions et filatures auprès d'un personnage patibulaire s'y fait ressentir 1 heure durant.
Excellent thriller horrifico-cérébral soutenu du splendide thème solennel de Bruno Nicolai, Toutes les couleurs du vice traite des thèmes de l'emprise sectaire, de la cupidité et de la paranoïa à travers une narration labyrinthique jouant habilement de notre perception de la réalité. Si bien que nous nous interrogeons avec empathie sur la santé mentale de Jane péniblement ébranlée par le deuil et les conséquences pécuniaires qui en émanent.
*Bruno
31.08.22.
jeudi 13 juin 2024
Sous la Seine
Au vu des critiques assassines que j'ai pu lire et écouter, tant sur Youtube que sur Facebook, me suis décidé à le voir ce matin car à la base je n'étais pas vraiment emballé par ce projet improbable j'avoue alors que j'apprécie le cinéma de Xavier (et l'humain en tant que personnalité humble qu'il représente pour moi).
Et bien j'ai trouvé cela super sympa, sans provocation aucune.
Alors oui le schéma narratif est cousu de fil blanc indubitablement, on peut reprocher le côté caricatural de certains personnages (surtout les gentils militants écolos), l'absence d'intensité et de terreur, son montage maladroit pour les scènes d'action (alors que j'ai vu bien pire chez Fast and Furious par ex ou d'autres produits bourrins opportunistes). Mais pour moi l'intérêt est ailleurs car il s'agit d'un pur divertissement du samedi soir (comme il en pullulait lors des années VHS 80), dégingandé sans doute, certes, mais dénué d'aucune prétention, fun, ludique, voir même parfois jubilatoire. Tant pour le côté débridé, cocasse du génial concept "zinzin" que de certains personnages sciemment parodiés (la maire de Paris apparentée à Valérie Pécresse, ah c'te blague de Carambar).
J'ai lu aussi que l'image était dégueulasse, que Paris était mochement filmé. Ah bon ? On n'a pas du tout vu la même scénographie tant Xavier soigne cette imagerie urbaine ET sous-marine, tant il table sur son savoir-faire technique afin de rendre constamment efficace également sa narration éculée. Et puis j'ai lu aussi que les FX étaient désastreux ! ? Là encore je ne suis pas d'accord car les rares agressions d'attaques du squale (justement dosées puisque l'on mise d'abord sur l'attente, à l'instar du cinéma de Spielberg) m'ont réellement amusé, impressionné, voires même fasciné. Surtout auprès de son final catastrophiste génialement bordélique, tous azimuts. Même si j'aurai toutefois préféré des séquences chocs un peu plus longues, nombreuses et gorasses pour les arrachages de membres en bonne et due forme.
Et puis je reviens encore sur le concept d'y confiner un requin sous la seine (non mais allo quoi ! ah ah !). Rien que pour cela je trouve le film fréquemment fun, délirant et c'est justement cette idée saugrenue qui a fait que je suis resté constamment amusé, décomplexé par ce que je voyais sans jamais me prendre la tête comme beaucoup d'autres spectateurs ont pu le faire (à tort ou à raison). Et puis il ne faut pas oublier non plus que quand on aime réellement un film on voit les belles choses (plutôt que les mauvaises), en déposant parfois (sciemment ou non) son cerveau au vestiaire.
Au final donc il s'agit selon moi d'un bon divertissement du samedi soir que je reverrai d'ailleurs avec plaisir (innocent) en dépit de sa réputation railleuse pour moi injustifiée (ou si peu).