samedi 29 juin 2024

Le dernier jour de la Colère / I giorni dell'ira / Day of Anger

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tonino Valerii. 1967. Italie/Allemagne. 1h52. avec Lee Van Cleef, Giuliano Gemma, Walter Rilla, Christa Linder, Yvonne Sanson, Lukas Ammann, Andrea Bosic 

Sortie salles France: 14 Décembre 1967. Italie: 21 Décembre 1967

FILMOGRAPHIETonino Valerii, né le 20 mai 1934 à Montorio al Vomano dans la province de Teramo (Abruzzes) et mort le 13 octobre 2016 à Rome (Latium). 1966 : Lanky, l'homme à la carabine. 1968 : Le Dernier Jour de la colère. 1969 : Texas. 1970 : Une jeune fille nommée Julien. 1972 : Folie meurtrière. 1972 : La Horde des salopards. 1973 : Mon nom est Personne. 1975 : Profession garde du corps. 1977 : Les Requins du désert. 1985 : Sans scrupule. 1986 : Blood Commando. 1987 : Sicilian Connection. 1992 : Seulement par amour : Francesca. 1997 : Una vacanza all'inferno. 1997 : Un bel dì vedremo. 


Western Italo-germanique réalisé par Tonino Valerii (Texas, Mon Nom est personne, Folie Meurtrière, La Horde des Salopards), le dernier jour de la colère est une référence du genre illuminée des présences de Lee Van Cleef / Giuliano Gemma résolument impliqués à travers leur amitié fallacieuse qui aboutira à une dernière partie que l'on ne voit pas arriver (ou alors si peu). Le cinéaste nous relatant parmi l'efficacité d'un rythme très nerveux (duel, règlements de compte en règle à n'en plus finir) l'évolution morale d'un jeune souffre-douleur (Giuliano Gemma) éduqué à devenir meurtrier sous l'influence d'un marginal délibéré à récupérer 50 000 dollars auprès de ses anciens acolytes félons. Avec son visage émacié, ses petits yeux rapaces qui n'appartiennent qu'à sa morphologie animale et sa dégaine longiligne incroyablement classieuse, Lee Van Cleef explose l'écran à chacune de ses apparitions avec charisme retors eu égard de ses motivations finales à diriger toute une ville au mépris de la morale. Et si au départ on ne peut que s'attacher à lui après avoir deéssoudé un homme en cas de légitime défense et pris sous aile un bouc émissaire pussillanime, les 45 ultimes minutes font chavirer le récit vers une dimension morale à la fois passionnante, obscure, indécise quant à la remise en question de Scott toujours plus partagé entre doute et confiance auprès de son maître à tuer. 


Le tout étant irrigué de séquences d'action percutantes réglées au millimètre à travers leur chorégraphie infaillible si bien que ce flamboyant western émaillé de gueules insalubres expressives nous laisse admiratif face à son action calibrée inextinguible. C'est dire si Tonino Valerii ne lésine pas sur la violence quasi permanente au service d'un récit héroïque faisant la part belle à la dichotomie du bien et du mal auprès d'une déchéance morale influençable où manipulation et trahison s'y confirment un peu plus. Giuliano Gemma demeurant très attachant auprès de sa naîveté bon enfant et sa transformation à la fois physique (il se perfectionne au tir et bondit sur ses adversaires de manière intrépide) et morale à se laisser diriger par cette fréquentation sournoise d'autant plus magnétique, totalitaire, intransigeante. Un incontournable du genre donc d'autant plus formellement splendide que rien n'est laisser au hasard pour nous éblouir les mirettes à travers ses panoramas désertiques ou vallonées, ses saloons baroques, son show de music-hall particulièrement sexy, ses chambres gothiques typiquement transalpines.  


Pour la p'tite anecdote, Quentin Tarantino l'a classé 7e dans sa liste des 20 meilleurs westerns spaghettis.

*Bruno
2èx. Vistfr

jeudi 27 juin 2024

Le Corrupteur / The Nightcomers

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Linternaute.fr

de Michael Winner. 1971. Angleterre. 1h38. Avec Marlon Brando, Stephanie Beacham, Thora Hird, Harry Andrews, Verna Harvey

Sortie salles France: 16 Mars 1973. U.S: 18 Février 1972 (Int - 18 ans). Angleterre: 6 Juillet 1972

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Michael Winner est un réalisateur britannique, né le 30 Octobre 1935 à Londres, décédé le 21 Janvier 2013. 1964: Dans les mailles du filet. 1967: Qu'arrivera-t-il après ? 1971: Les Collines de la Terreur. 1971: l'Homme de la Loi. 1971: Le Corrupteur. 1972: Le Flingueur. 1973: Le Cercle Noir. 1973: Scorpio. 1974: Un Justicier dans la Ville. 1976: Won Ton Ton, le chien qui sauva Hollywood. 1977: La Sentinelle des Maudits. 1978: Le Grand Sommeil. 1979: l'Arme au Poing. 1982: Un Justicier dans la Ville 2. 1983: La Dépravée. 1985: Le Justicier de New-York. 1988: Rendez vous avec la mort. 1990: Double Arnaque. 1993: Dirty Week-end.

Quelle bien étrange curiosité que cette oeuvre extrêmement rare (rimant souvent avec "oubli") réalisé par l'auteur des Justicier dans la ville, Mr Michael Winner ! Il fallait déjà oser entreprendre un préquelle à un monument du fantastique (pour ne pas dire l'un des plus beaux films du monde en jouant la dithyrambe): le bien nommé Les Innocents de Jack Clayton. Avec ici en tête d'affiche le monstre sacré Marlon Brandon (excusez du peu). Celui-ci endossant le diabolique Peter Quint avec une apathie quelque peu déconcertante quant à ses postures détachées, son idéologie défaitiste fondée sur la théorie du "néant" comme il l'enseigne aux enfants Miles et Flora peu à peu influencés par sa doctrine à la fois subversive, déclinante, destructrice. Or, à travers son climat trouble / malsain parfois provocateur (les jeux SM de Jessel et Quint ne font pas dans la subtilité à travers l'imagerie des corps nus molestés) instauré au sein d'un film en costume on reste autant fasciné qu'interloqué par ses postures interlopes sévèrement influencées par la désinhibition du Mal. D'ailleurs, au gré de ses jeux érotiques aussi sulfureux perpétrés dans cette société altière et rigoriste, Michael Winner nous questionne sur l'acceptation ou non des loisirs lubriques les plus hard afin d'y contenter l'être aimé, et quelles sont les limites à ne pas franchir au risque d'y égarer son âme. 

Il y a aussi la thématique de l'athéisme qui y est abordée sans ambages auquel les êtres les plus fragiles pourraient toutefois basculer vers le Mal faute d'absence d'équilibre moral, d'appui parental, voir même de refus de discernement auprès des esprits les plus déviants. Mais la thématique essentielle de ce Corrupteur demeure indubitablement "l'innocence bafouée" du point de vue de ces enfants éduqués par un adulte infréquentable broyé par ses excès (pour ne pas dire ses exactions sexuelles) et l'aigreur de son existence esseulée en dépit de certains sentiments qu'il éprouve pour Mme Jessel. C'est ce que le final, assez glaçant, perturbant et choquant (superbe vision d'effroi aqueuse !), nous révèle avant que les enfants ne se substituent véritablement à la figure du Mal le plus couard et insidieux auprès de leur conscience souillée. Quant à sa facture formelle délicieusement gothique, les fans ont de quoi se réjouir (tout du moins en HD) auprès de cette vaste bâtisse jonchée de chambres, escaliers, candélabres et corridors ainsi que ses extérieurs naturels magnifiquement éclairés (notamment auprès d'angles nocturnes atmosphérique en diable) par Robert Paynter qu'il transfigure avec un art consommé de l'esthétisme pictural. 

Trouble d'une façon indicible, le Corrupteur est donc une étrangeté scabreuse déroutante et ombrageuse,  auprès de son climat austère qui ne plaira pas à tous (et toutes) sans toutefois nous laisser indifférent. A revoir plusieurs fois pour en saisir sa véritable essence pour ma part subjective. 

*Bruno

mercredi 26 juin 2024

Un été en louisiane / The man in the Moon

                                            
                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robert Mulligan. 1991. U.S.A. 1h40. Avec Reese Witherspoon, Sam Waterston, Tess Harper, Gail Strickland, Jason London

Sortie salles France: 24 Décembre 1991. U.S: 4 Octobre 1991

FILMOGRAPHIE: Robert Mulligan est un réalisateur américain, né le 23 Août 1925 à New-York, décédé le 20 Décembre 2008 à Lyme, Connecticut. 1957: Prisonnier de la peur. 1960: Les pièges de Broadway. 1961: Le Rendez-vous de Septembre. 1961: Le Roi des Imposteurs. 1962: l'Homme de Bornéo. 1962: Du Silence et des Ombres. 1963: Une Certaine Rencontre. 1964: Le Sillage de la Violence. 1965: Daisy Clover. 1967: Escalier Interdit. 1969: l'Homme Sauvage. 1971: Un Eté 42. 1971: The Pursuit of Happiness. 1972: l'Autre. 1974: Nickel Ride. 1978: Les Chaines du sang. 1978: Même heure l'année prochaine. 1982: Kiss me Goodbye. 1988: Le Secret de Clara. 1991: Un Eté en Louisiane.


Robert Mulligan
, auteur du chef-d'oeuvre l'Autre et des illustres Du Silence et des Ombres et Un Eté 42 nous remémore ici une superbe chronique adolescente auprès de l'irrésistible présence de Reese Witherspoon, son tout premier rôle à l'écran du haut de ses 14 ans. Ainsi, il y a des films méconnus dont on attend pas grand chose (notamment faute de notre ignorance) mais qui, à la suite d'un bouche à oreille quasi surnaturel (si j'ose dire) emportent tout à travers leur effet de surprise émotionnel que l'on ne voit pas arriver. Si bien qu'avec une simplicité désarmante, Robert Mulligan parvient à nous captiver pour nous dresser un magnifique portrait de famille aimante auquel la fille cadette va peu à peu découvrir ses premiers émois amoureux auprès d'un garçon plus âgé en dépit de l'intrusion fortuite de sa soeur aînée également éprise de sentiments pour lui. 


Débordante de charme, de curiosité et d'aplomb en ado pubère d'une étonnante capacité de réflexion auprès de sa sagesse épurée, Reese Witherspoon crève l'écran avec un naturel déjà instinctif tant elle nous communique son pleen, ses déceptions, ses fougues sentimentales avec une expressivité à la fois sémillante, tendre et bouleversante. Ce petit bout'chou gentiment dégourdi nous entrainant dans ses joies et ses peines morales, entre non-dit, larmes contenues et colère dépouillée. Robert Mulligan faisant planer durant son évolution perplexe l'ombre de la mort auprès d'un revirement dramatique plutôt déchirant auprès des plus fragiles d'entre nous. C'est dire si Un Eté en Louisiane touche au coeur en faisant appel à la noblesse des sentiments à la fois troubles et contrariés au sein d'un cadre solaire illuminé de la photographie du grand Freddie Francis (dépaysement assuré en pleine période estivale). L'oeuvre davantage sensible et fragile faisant notamment appel à la valeur du conte initiatique auprès d'une réflexion existentielle symptomatique des angoisses innées de l'adolescence en proie à l'incompréhension de la perte de l'être cher assortis de questionnements spirituels. 


Chronique ado pleine de charme auprès de sa tendresse candide et son lyrisme aussi innocent, Un Eté en Louisiane insuffle une émotion davantage tangible, fougueuse et capiteuse pour tenir lieu finalement de la cruauté de l'existence qui entoure notre vie passionnelle avec ici un sens du discernement familial forçant le respect. C'est donc à voir absolument, quelques mouchoirs à portée de main auprès des belles âmes fragiles. 

*Bruno

mardi 25 juin 2024

Furiosa : une saga Mad-Max / Furiosa: A Mad Max Saga

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de George Miller. 2024. U.S.A/Australie. 2h28. Avec Anya Taylor-Joy, Alyla Browne, Chris Hemsworth, Tom Burke, Lachy Hulme, George Shevtsov, John Howard, Angus Sampson, Nathan Jones, Josh Helman.

Sortie salles France: 22 Mai 2024 (Int - 12 ans). U.S: 24 Mai 2024 (Int - 17 ans).

FILMOGRAPHIE: George Miller est un réalisateur, scénariste et producteur australien, né le 3 Mars 1945 à Chinchilla (Queensland). 1979: Mad-Max. 1981: Mad-Max 2. 1983: La 4è Dimension (dernier segment). 1985: Mad-Max : Au-delà du dôme du Tonnerre. 1987: Les Sorcières d'Eastwick. 1992: Lorenzo. 1997: 40 000 ans de rêve (documentaire). 1998: Babe 2. 2006: Happy Feet. 2011: Happy Feet 2. 2014: Mad Max: Fury Road. 2022 : Trois mille ans à t'attendre (Three Thousand Years of Longing). 2024 : Furiosa : Une saga Mad Max (Furiosa: A Mad Max Saga). 


Le fruit de l'assurance.
Monstrueux à part entière. Comme un air de déjà lu me direz-vous ! Or, peux pas mieux prétendre que Furiosa est bel et bien un objet de décadence d'une beauté raffinée transcendant une fois encore l'outil cinématographique pour y façonner une nouvelle réalité alternative. Euphémisme donc si Furiosa demeure un spectacle gargantuesque (2h18 quand même sans jamais émettre un battement de cil !) à la fois viscéral, sensoriel, immersif au possible, vertigineux, diaphane surtout pour sa faculté à nous faire omettre que nous sommes face à une chimère. Tant et si bien qu'un seul visionnage ne suffit point pour y déceler ses insatiables richesses tous azimuts. C'est simple, ça vacille et secoue dans toutes les directions avec fascination charnelle d'une certaine façon. Chaque détail observé dans le cadre nous hypnotisant le regard de gauche à droite, de bas en haut de manière perpétuelle si bien que l'on reste rivé à l'écran comme un rêve de gosse retrouvé. C'est d'ailleurs ce que précisément j'avais ressenti à l'époque de Mad-Max 2 lorsque j'eu l'occasion de le découvrir sur grand écran à 2 reprises. Cette similaire euphorie de tous les diables, cette excitation capiteuse sans cesse renouvelée. Car si Fury Road reste bel et bien l'un des plus grands films d'action jamais réalisés, Furiosa le supplante à bien des égards (narration plus dense, méchants lunaires encore plus haut en couleur, émotion autrement poignante, climat post-apo plus sombre, violence plus animale, scènes d'actions encore plus jouissives, cintrées et inventives, univers plus vaste, plus expressif, plus ramifié aussi en dépit de certains arrières-plans - rocailleux - en CGI). 

Un (authentique) préquelle truffé d'astucieux clins d'oeil à la saga motorisée "5 étoiles", prioritairement Mad-Max 2 / Fury Road (notamment auprès d'une inversion des rôles impartis) à travers ses ambitions autrement démesurées lorsqu'une jeune fille (doit-on préciser qu'Anya Taylor-Joy s'approprie le rôle par le non-dit, la simple acuité de son regard de braise impassible ?), arrachée à sa mère, se retrouve ballotée par deux autocrates mégalos se disputant le pouvoir au sein d'un désert aride livré à l'agonie. George Miller se réappropriant les codes de Mad-Max (cascades automobiles en règle s'insérant dans l'histoire avec une fluidité à couper au rasoir) et son sempiternel discours sur la vengeance avec une intelligence assez burnée eu égard du dénouement gigogne remarquablement imprévisible au risque de déconcerter certains spectateurs peu habitués aux divertissements autonomes délibérés à s'opposer aux conventions. Et si l'on était resté sans voix à l'époque de Fury Road pour son imagerie furibarde, Furiosa double la mise (psychologique) sous l'impulsion d'un superbe portrait de femme écorchée vive en voie d'héroïsme mythologique. Jamais avare de créativité comme de coutume depuis des décennies, George Miller  relance donc les dés avec une maîtrise, un aplomb, une aisance déconcertantes du haut de ses 69 printemps. Quant à la figure du méchant tant iconisée au cinéma, c'est bien connu: "plus il est réussi, meilleur le film sera". Or ici on nous en offre deux pour le prix d'un ! Chris Hemsworth explosant lui aussi l'écran avec une force tranquille et de sureté à la fois sardonique, détestable, jubilatoire en fanfaron fourbe de tous les diables. 


Le 5è cavalier de l'apocalypse.
Ultime chef-d'oeuvre du cinéma d'action dans son sens le plus épuré, galvanisant et personnel, Furiosa se décline en nouvelle référence plus substantielle que son prédécesseur au sein d'un réalisme cinégénique vibrant d'amour, de générosité et de dignité pour ce qu'il raconte et imprime en image. Peut-être l'opus le plus fulgurant, le plus efficient, le plus électrisant de toute la saga en y déclarant une seconde fois sa flamme à la cause féministe la plus épique et résiliente au sein d'une terre aride réduite à l'ignominie. Un cirque infernal d'une beauté féroce éminemment ensorcelante. 

*Bruno

lundi 24 juin 2024

The Offence

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sidney Lumet. 1972. U.S.A/Angleterre. 1h52. Avec Sean Connery, Trevor Howard, Ian Bannen, Vivien Merchant, Peter Bowles.

Sortie salles France: 12 Septembre 2007. Angleterre: 11 Janvier 1972

FILMOGRAPHIE: Sidney Lumet est un réalisateur américain, né le 25 Juin 1924 à Philadelphie, décédé le 9 avril 2011 à New-York. 1957: 12 Hommes en colère. 1958: Les Feux du Théâtre. 1959: Une Espèce de Garce. 1959: l'Homme à la peau de serpent. 1961: Vu du pont. 1962: Long voyage vers la nuit. 1964: Le Prêteur sur gages. 1964: Point Limite. 1965: La Colline des Hommes perdus. 1966: Le Groupe. 1966: MI5 demande protection. 1968: Bye bye Braverman. 1968: La Mouette. 1969: Le Rendez-vous. 1970: Last of the mobile hot shots. 1970: King: A filmed record... Montgomery to Memphis. 1971: Le Dossier Anderson. 1972: The Offence. 1972: Les Yeux de Satan. 1973: Serpico. 1974: Lovin' Molly. 1974: Le Crime de l'Orient Express. 1975: Un Après-midi de chien. 1976: Network, main basse sur la TV. 1977: Equus. 1978: The Wiz. 1980: Just tell me what you want. 1981: Le Prince de New-York. 1982: Piège Mortel. 1982: Le Verdict. 1983: Daniel. 1984: A la recherche de Garbo. 1986: Les Coulisses du Pouvoir. 1986: Le Lendemain du Crime. 1988: A bout de course. 1989: Family Business. 1990: Contre Enquête. 1992: Une Etrangère parmi nous. 1993: l'Avocat du Diable. 1997: Dans l'ombre de Manhattan. 1997: Critical Care. 1999: Gloria. 2006: Jugez moi coupable. 2007: 7h58 ce samedi-là.

35 ans il eut fallu que pour que The Offence soit enfin visible chez nous en salles, précisément en 2007, faute de la société de distribution United Artists terrifiée par le résultat final. Et effectivement The Offence fait office de pavé dans la mare pour son climat blafard quasi irrespirable, pour sa violence verbale et physique en roue libre lorsqu'un flic à bout de nerf (pour ne pas dire en dépression nerveuse) se confronte au coupable présumé d'un violeur de fillette. Ainsi donc, en abordant le thème de la pédophilie avec un réalisme glaçant n'appartenant qu'au cinéma des Seventies, Sidney Lumet y extrait une réflexion sur le Mal et le refoulement auprès d'un affrontement psychologique d'une intensité davantage névralgique. Tant et si bien que passé le dénouement inqualifiable il demeure difficile de sortir indemne auprès de ce profil fragilisé par une horrible vérité. 

Sean Connery, à contre-emploi drastique (euphémisme j'vous dit), incarnant un flic antipathique, violent, condescendant, discourtois avec une force expressive acharnée. Pour ne pas dire aux cimes de la folie. Comme s'il était contraint de supporter du poids de ses épaules tous les malheurs du monde. Tout du moins les exactions impardonnables d'un pédophile aussi rusé que gouailleur. Visuellement grisonnant, voir déprimant au sein de cette banlieue british afin de renforcer la noirceur opiniâtre du récit cauchemardesque chargé de dialogues difficiles, The Offence demeure d'autant plus singulier qu'il fait appel à une narration éclatée. Entre flash-back, visions d'effroi et instant présent au coeur d'un huis-clos toujours plus tendu et escarpé. A découvrir absolument donc avec l'évident avertissement que ce drame psychologique incroyablement rigoureux est à privilégier à un public préparé tant il dilacère les codes avec une franchise épeurante.  


*Bruno

Merci à Jean-Marc Micciche et Jérôme André-Tranchant

vendredi 21 juin 2024

Le Château des Amants maudits / Beatrice Cenci

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site unifrance.org

de Riccardo Freda. 1956. Italie/France. 1h33. Avec Micheline Presle, Gino Cervi, Mireille Granelli, Fausto Tozzi, Frank Villard, Claudine Dupuis.

Sortie salles France: 3 Avril 1957. Italie: 6 Avril 1956

FILMOGRAPHIE: Riccardo Freda (24.02.1909 - 20/12/1999) est un réalisateur, scénariste et acteur italien à l'origine de 27 longs-métrages réalisés entre 1942 et 1989. Il sera surtout reconnu auprès des amateurs de cinéma fantastique avec Les Vampires, Caltiki, le monstre immortel, Maciste en Enfer ainsi que ses fausses suites l'Effroyable secret du Dr Hichcock, le Spectre du professeur Hichcock.


Même si on est en droit de préférer la version autrement malsaine, glaçante et réaliste de Fulci (Liens d'amour et de sang) réalisée plus tard, Le Château des amants maudits est loin de laisser indifférent à travers son esthétisme flamboyant constamment renversant. Si bien que Dario Argento s'en est clairement inspiré pour le fameux prélude de Suspiria quant à la course effrénée d'une jeune fille s'enfonçant à travers bois au coeur de la nuit sous un éclairage bleuté. Il s'agit donc d'une excellente adaptation à la fois classique pour le traitement dépouillé de son horrible histoire familiale et baroque pour sa réalisation avisée magnifiant chaque plan à l'instar d'un tableau transalpin. Son climat historique parfois à la lisière de l'onirisme surréaliste demeurant sensiblement prégnant autour des va et vient de personnages détestables se trahissant pour leur enjeu de survie après s'être débarrassé d'un patriarche tyrannique (étonnamment campé par un Gino Cervi détestable à contre emploi de son personnage bougon dans le classique de la comédie Don Camillo -). Quant à l'actrice française Mireille Granelli (il s'agit d'une co-production entre la France et l'Italie) elle parvient à donner chair à son personnage proscrit avec une sobriété contrariée contrastant avec sa discrète beauté aussi veloutée qu'épurée. Une étrange beauté candide teintée de fragilité torturée eu égard de sa condition soumise auprès d'un père abusif dénué de vergogne. Perle rare, méconnue et oubliée, le Château des amants maudits resplendit de 1000 feux sous l'égide de son édition Blu-ray distribuée par Gaumont lui insufflant ainsi une seconde jeunesse du haut de ses 68 printemps à l'heure ou j'imprime mes impressions à chaud. Chaudement recommandé donc. 


*Bruno
2èx. Vf. 

mercredi 19 juin 2024

Exposé / The House on Straw Hill / Trauma

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Kenelm Clarke. 1976. 1h24. Angleterre. Avec Udo Kier, Linda Hayden, Fiona Richmond, Patsy Smart, Karl Howman, Vic Armstrong

Sortie salles Angleterre: Mai 76 (Classé X + Video Nasties).

FILMOGRAPHIE: James Kenelm Clarke est né le 5 février 1941 à Gloucestershire, Angleterre, Royaume-Uni. Il était réalisateur et producteur. 1974: Got it Made. 1976: Exposé. 1977: Hardcore. 1978: Let's get laid. 1983: Funny Money. 1985: Yellow Pages. 

A réserver prioritairement aux bissophiles amateurs de curiosités oubliées (et introuvables), Exposé est une sympathique série B érotico-horrifique, aussi rachitique soit son contenu narratif. En gros, une jeune  dactylographe est recrutée par un écrivain misanthrope au sein de sa demeure champêtre confinée à proximité d'un champs de paille afin d'y clôturer son dernier roman. Bientôt, des meurtres sauvages vont intenter à leur tranquillité. Classé X lors de sa sortie Outre-manche et estampillé "Video Nasties" (ces Vhs interdites de location), Exposé a de quoi faire sourire de nos jours pour sa violence sanguine peu crédible car dénuée d'effets spéciaux et ses séquences érotiques un tantinet effrontées qui ne choquera plus personne. 

L'intérêt résidant dans la formalité de son atmosphère d'étrangeté assez immersive pour qui raffole des films d'ambiance aujourd'hui révolus (à quelques exceptions). Et si l'intrigue parfois bizarre (le sort des 2 violeurs, les hallucinations prémonitoires de Paul Watel dénuées de sens) a tendance à se répéter, faute d'une ossature linéaire dénuée de surprises (si bien que l'on voit venir à des kilomètres son twist escompté), Exposé est heureusement renforcé de sa réalisation assez personnelle et parfois expérimentale et du jeu inquiétant d'Udo Kier en écrivain chafouin accompagné de deux charmantes anglaises souvent dévêtues et aussi détachées que lui dans leur posture d'aguicheuse décomplexée au caractère pour autant expressif. 

Exposé est donc à découvrir d'un oeil amusé bien qu'il reste bizarrement en mémoire sitôt le générique clos de par le vérisme de son atmosphère british assez indicible.

P.S: Commercialisé chez Bach Films dans une médiocre édition Dvd,  la copie est hélas d'autant plus censurée de 2 minutes (le viol et le meurtre dans la salle de bain).

*Bruno
19.06.24. 3èx. Vostf. Uncut. 

lundi 17 juin 2024

I saw the TV Glow

                                             
                                                                 Photo empruntée sur Facebook

de Jane Schoenbrun. 2024. U.S.A. 1h41. Avec Justice Smith, Brigette Lundy-Paine, Helena Howard, Lindsey Jordan, Conner O'Malley, Emma Portner

Sortie salles U.S: 3 mai 2024

FILMOGRAPHIEJane Flannery Schoenbrun est un réalisateur américain né en 1987. 2018: A Self-Induced Hallucination. 2021: We're All Going to the World's Fair. 2024: I saw the Glow TV.


                              « Parfois, The Pink Opaque semble plus réel que ma propre vie. »

Souvenez-vous que l'on n'est pas obligé de tout comprendre pour aimer, l'important c'est de rêver.
Il y a des films, et puis il y a des expériences. I saw the TV glow fait parti de cette seconde catégorie autrement plus autonome, créative, personnelle, souvent singulière. Car à mi-chemin entre le cinéma de Lynch et celui de Cronenberg (Videodrome largement en tête), I saw the TV glow traite du mal-être existentiel du point de vue de l'adolescence avec une sensibilité, une marginalité et une originalité dénué de moralisme. Si bien qu'au fil du cheminement tortueux, si fragile, de 2 adolescents à la fois taiseux, timorés et tourmentés, totalement introvertis au point de se laisser engloutir par leur série TV fétiche (voir même fétichiste), le spectateur se laisse dériver vers leur bad trip hallucinatoire parmi l'impuissance de ne pouvoir y détourner le regard. 


C'est dire si I saw the TV glow demeure aussi hypnotique et envoûtant (la bande-son élégiaque est bouleversante aux larmes) que beau, malaisant, terriblement émouvant quant à sa métaphore (universelle) sur le besoin irrépressible de se détourner de la réalité d'une quotidienneté mélancolique (thème oh combien central du récit) au profit d'une illusion télévisuelle terriblement addictive, délétère (?), fallacieuse (?). Par l'entremise de ce refuge médiatique oh combien enivrant et déconcertant s'y décline donc un discours sur le pouvoir de l'image, sur la nostalgie du souvenir et son influence sur notre psyché (ici dépressive, esseulée, suicidaire même) au sein du genre Fantastique que Jane Schoenbrun (cinéaste transgenre) transfigure au sein d'une imagerie onirique à damner un saint. Tant auprès de la quotidienneté rose fluo du duo anxiogène déambulant tels des zombies atones dans leur banlieue tranquille que des bribes Vhs qu'ils se repassent sans cesse sur la TV de leur émission attitrée, j'ai bien nommé: "l'opaque rose". Et si son final, sciemment ambigu, voir nonsensique (même si on  peut se réconforter vers la métaphore métaphysique) nous laisse autant subjugué que désarmé, I saw the TV glow vous reste imprimé dans l'encéphale au fer rouge, que l'on ait adhéré ou non.

En tout état de cause, cet OFNI déjà culte fera date (à l'instar du bouche à oreille imparti à Donnie Darko) et déchainera autant les passions que les interrogations à travers cette bouleversante étude cérébrale sur notre quête identitaire ici assujettie au besoin de se plonger dans l'évasion du petit (et grand) écran au grand dam de notre réalité imberbe déshumanisante. Avec un bel hommage (évidemment nostalgique) aux années 90 pour tenir lieu de cadre urbain rétro imbibé de nuances rose, bleues et violettes du plus bel effet insolite. 

*Bruno

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Ci-joint un p'tit mot du devoir:
Le film, dont le message n’est pas évident au premier visionnement, est une expérience avant tout sensorielle, qui prend aux tripes, bouscule et force le cerveau à s’extraire de ses propres névroses et fictions pour constater leurs dangers comme les limites de leur pouvoir. On sort de la salle la tête remplie de questions, mais certain d’avoir vécu quelque chose d’absolument unique.
Le Devoir.

vendredi 14 juin 2024

Toutes les couleurs du vice / L'Alliance Invisible / Tutti i colori del buio

                                                                                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Sergio Martino. 1972. Italie/Espagne. 1h34. Avec George Hilton, Edwige Fenech, Ivan Rassimov, Julián Ugarte, George Rigaud, Nieves Navarro.

Sortie salles France: 3 Janvier 1974. Italie: 28 Février 1972.

FILMOGRAPHIE SELECTIVESergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaîne. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. 1972: Toutes les couleurs du vice. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983:2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


"Ces jeunes qui flottent sont des proies parfaites pour les sectes et les mouvements extrémistes. Quand on ne sait pas qui on est, on est ravi qu’une dictature vous prenne en charge et, dès l’instant où l’on se soumet à un maître, à un texte unique, on devient fanatique." Boris Cyrulnik.

Tourné un an après l'Etrange vice de Mme WardhToutes les couleurs du vice change de registre pour s'aventurer dans le thriller ésotérique eu égard de l'épreuve de force morale que Jane doit endurer afin de ne pas sombrer dans la folie. Car depuis la mort de sa mère et de son propre enfant, elle souffre  d'hallucinations intermittentes où s'y conjuguent une communauté sectaire adepte du sacrifice ainsi que la filature d'un étranger patibulaire aux yeux bleus perçants (le grand - par la taille - Ivan Rassimov  toujours intrigant à souhait à travers la force d'expression de son regard reptilien). Ainsi, en s'écartant du Giallo qui lui valu un joli succès, Sergio Martino nous structure ici une intrigue vénéneuse où cauchemar et réalité se télescopent sous le témoignage d'une victime en berne en  paranoïa progressive. Fort de son climat de mystère constamment inquiétant et de cette foule de personnages équivoques que l'héroïne fréquente avec toujours plus de méfiance, Toutes les couleurs du vice nous immerge dans un cauchemar cérébral vertigineux si bien que le spectateur, pleinement identifié à son désarroi, ne parvient lui non plus à distinguer la chimère de la réalité.


C'est dire si la réalisation solide, d'autant plus émaillée de plages d'onirisme macabre saillantes, parvient à nous faire douter de ce que nous découvrons à travers le regard épeuré de Jane ne sachant plus vraiment vers quel soutien se vouer. Portant le film sur ses épaules charnues, Edwige Fenech, omniprésente, insuffle une solide expression fragile sous l'impulsion de sa psychose exponentielle d'être persécutée par son entourage et la secte marquée d'un oeil divin sur la peau en guise de tatoo emblématique. Quand bien même nous nous interrogeons notamment sur l'éventuelle complicité de l'époux de Jane souvent absent du cocon familial et possédant un étrange recueil de magie. Un personnage bicéphale, une part de mystère irrésolu que Sergio Martino se réserve de nous divulguer ouvertement jusqu'au générique de fin. Ainsi donc, sa scénographie sensiblement envoûtante et schizophrène nous expose nombre d'images patibulaires où horreur malsaine et suspense vertigineux se chevauchant avec une égale efficacité. Même si hélas la répétition des agressions et filatures auprès d'un personnage patibulaire s'y fait ressentir 1 heure durant. 


Excellent thriller horrifico-cérébral soutenu du splendide thème solennel de Bruno NicolaiToutes les couleurs du vice traite des thèmes de l'emprise sectaire, de la cupidité et de la paranoïa à travers une narration labyrinthique jouant habilement de notre perception de la réalité. Si bien que nous nous interrogeons avec empathie sur la santé mentale de Jane péniblement ébranlée par le deuil et les conséquences pécuniaires qui en émanent.  

*Bruno
31.08.22. 
14.06.24. 4èx

jeudi 13 juin 2024

Sous la Seine

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Xavier Gens. 2024. France. 1h45. Avec Bérénice Bejo, Nassim Lyes, Léa Léviant, Sandra Parfait, Aksel Ustun, Aurélia Petit. 

Diffusé sur Netflix le 5 Juin 2024

FILMOGRAPHIEXavier Gens est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma français, né le 27 avril 1975 à Dunkerque (Nord-Pas-de-Calais). 2007 : Hitman. 2007 : Frontière(s). 2011 : The Divide. 2012 : The ABCs of Death (segment X is for XXL). 2017 : The Crucifixion. 2017 : Cold Skin. 2018 : Budapest. 2023 : Farang. 2024 : Sous la Seine.
 

Au vu des critiques assassines que j'ai pu lire et écouter, tant sur Youtube que sur Facebook, me suis décidé à le voir ce matin car à la base je n'étais pas vraiment emballé par ce projet improbable j'avoue alors que j'apprécie le cinéma de Xavier (et l'humain en tant que personnalité humble qu'il représente pour moi). 

Et bien j'ai trouvé cela super sympa, sans provocation aucune. 

Alors oui le schéma narratif est cousu de fil blanc indubitablement, on peut reprocher le côté caricatural de certains personnages (surtout les gentils militants écolos), l'absence d'intensité et de terreur, son montage maladroit pour les scènes d'action (alors que j'ai vu bien pire chez Fast and Furious par ex ou d'autres produits bourrins opportunistes). Mais pour moi l'intérêt est ailleurs car il s'agit d'un pur divertissement du samedi soir (comme il en pullulait lors des années VHS 80), dégingandé sans doute, certes, mais dénué d'aucune prétention, fun, ludique, voir même parfois jubilatoire.  Tant pour le côté débridé, cocasse du génial concept "zinzin" que de certains personnages sciemment parodiés (la maire de Paris apparentée à Valérie Pécresse, ah c'te blague de Carambar). 

J'ai lu aussi que l'image était dégueulasse, que Paris était mochement filmé. Ah bon ? On n'a pas du tout vu la même scénographie tant Xavier soigne cette imagerie urbaine ET sous-marine, tant il table sur son savoir-faire technique afin de rendre constamment efficace également sa narration éculée. Et puis j'ai lu aussi que les FX étaient désastreux ! ? Là encore je ne suis pas d'accord car les rares agressions d'attaques du squale (justement dosées puisque l'on mise d'abord sur l'attente, à l'instar du cinéma de Spielberg) m'ont réellement amusé, impressionné, voires même fasciné. Surtout auprès de son final catastrophiste génialement bordélique, tous azimuts. Même si j'aurai toutefois préféré des séquences chocs un peu plus longues, nombreuses et gorasses pour les arrachages de membres en bonne et due forme.

Et puis je reviens encore sur le concept d'y confiner un requin sous la seine (non mais allo quoi ! ah ah !). Rien que pour cela je trouve le film fréquemment fun, délirant et c'est justement cette idée saugrenue qui a fait que je suis resté constamment amusé, décomplexé par ce que je voyais sans jamais me prendre la tête comme beaucoup d'autres spectateurs ont pu le faire (à tort ou à raison).  Et puis il ne faut pas oublier non plus que quand on aime réellement un film on voit les belles choses (plutôt que les mauvaises), en déposant parfois (sciemment ou non) son cerveau au vestiaire. 

Au final donc il s'agit selon moi d'un bon divertissement du samedi soir que je reverrai d'ailleurs avec plaisir (innocent) en dépit de sa réputation railleuse pour moi injustifiée (ou si peu).

*Bruno

mercredi 12 juin 2024

Possession Meurtrière / The Possession of Joel Delaney

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site  Imdb.com

de Waris Hussein. 1972. U.S.A. 1h45. Avec Shirley MacLaine, Perry King, Michael Hordern, David Elliott, Lisa Kohane, Míriam Colón 

Sortie salles France: 23 Octobre 1974 (sortie limitée). U.S: 24 Mai 1972.

FILMOGRAPHIE SELECTIVEWaris Hussein est un réalisateur et scénariste britannique né le 9 décembre 1938 à Lucknow (Inde).1969 : A Touch of Love. 1970 : Quackser Fortune Has a Cousin in the Bronx. 1971 : Great Performances (série télévisée). 1971 : Mercredi après-midi (Melody). 1972 : Les Six Femmes d'Henry VIII. 1972 : Possession meurtrière (The Possession of Joel Delaney). 1973 : Between the Wars (série télévisée). 1973 : Divorce (Divorce His, Divorce Hers) (TV). 1973 : Black and Blue (série télévisée). 1974 : Shoulder to Shoulder (feuilleton TV). 1974 : Notorious Woman (feuilleton TV).1976 : The Glittering Prizes (feuilleton TV). 1977 : Three Weeks (TV). 1977 : Moths (TV). 1978 :  Daphne Laureola (TV). 1978 : Rachel in Danger (série télévisée). 1978 : Edward and Mrs. Simpson (feuilleton TV). 1979 : And Baby Makes Six (TV). 1980 : Death Penalty (TV). 1980 : The Henderson Monster (TV). 1980 : Un bébé de plus (Baby Comes Home) (TV). 

 
Quelle bien étrange curiosité que cette Possession Meurtrière d'autant plus rare, introuvable et exploitée en salles en sortie limitée dans nos contrées 2 ans après son tournage issu de 72. Soit réalisé 1 an avant l'Exorciste de William Friedkin  alors qu'initialement l'actrice Shirley Mc Laine devait incarner la mère de Regan. Or celle-ci refusa le rôle au profit de cette Possession Meurtrière réalisée par l'anglais Waris Hussein, spécialiste de télé-films et séries TV. Ce qui frappe d'emblée avec cette oeuvre indépendante émane de son réalisme documenté (symptomatique des Seventies !) qui imprègne la pellicule sous l'impulsion d'un cast franchement irréprochable. Tant auprès de Shirley Mac Laine totalement investie en soeur aînée à la fois démunie, incrédule et éplorée, de Perry King rigoureusement habité dans celui du frère possédé par l'âme d'un porto-ricain ou encore des enfants filiaux sévèrement molestés lors d'un final halluciné d'une grande violence aussi bien physique que morale. 
 
 
Si bien que de nos jours ultra conservateurs cette Possession Meurtrière serait implacablement cadenassée par dame censure. Relativement lent mais plutôt soigné et assez prenant d'y suivre avec  curiosité déconcertante le périple cauchemardesque d'une soeur et d'un frère en proie avec les forces du Mal, Possession Meurtrière ne peut laisser indifférent l'amateur éclairé fan de productions déviantes délibérées d'y transgresser les règles de la morale. Comme le souligne son étrange séance d'exorcisme vue nulle part ailleurs (et dénuée d'effets grand-guignolesques) et son point d'orgue erratique illustrant sans ambages l'humiliation d'un enfant nu et d'une fillette accroupie contrainte de manger du canigou pour chien dans une gamelle. Le récit constamment inquiétant par son climat à la fois feutré et anxiogène alternant avec minutie l'étude comportementale d'un être fragilisé d'un deuil maternel (et donc facilement influençable pour être habité par le démon), l'interrogation et le témoignage de sa soeur indécise et l'enquête policière à travers ses découvertes morbides de décapitations féminines. 
 
 
Bizarrerie introuvable rarement chroniquée auprès des critiques spécifiques, Possession Meurtrière mérite d'être découvert avec intérêt pour qui apprécie les expériences horrifiques malaisantes ne ressemblant à nul autre métrage. Son intensité dramatique parfois terrifiante, oppressante et déstabilisante nous plongeant d'autant plus au sein d'une descente aux enfers dénuée d'illusion, de rédemption jusqu'au trama psychologique que cette famille préservera lors d'une ultime image évocatrice. 
 
P.S: attention toutefois à la rigueur de son climax décomplexé qui risque de heurter les personnes les plus fragiles de par son intensité psychologique sans retenue.
 
*Bruno
2èx

vendredi 31 mai 2024

The King Tide. Meilleur Film au Festival de l'Atlantique, 2023.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Christian Sparkes. 2023. Canada. 1h43. Avec  Frances Fisher, Lara Jean Chorostecki, Clayne Crawford, Aden Young.

Sortie salles Canada: 26 Avril 2024

FILMOGRAPHIEChristian Sparkes est un réalisateur et scénariste canadien originaire de St. John’s, à Terre-Neuve-et-Labrador. 2014: Cast no shadow. 2019: Hammer. 2023: The King Tide. 2024: Sweetland.

En dépit de son côté prévisible, le final glaçant, autrement surprenant et escarpé, se rattrape fructueusement pour mieux dénoncer l'intégrisme d'une populace vivant en autarcie en exploitant les pouvoirs d'une fillette afin de se déculpabiliser de la peur de la mort. Des thèmes religieux, existentiels, sociétaux efficacement développés au sein d'une scénographie naturaliste magnifiquement photographiée. Le cast majoritairement méconnu est d'autant plus crédible pour maintenir une certaine attention, on passe un bon moment teinté d'angoisse et d'émotions amères.

Récompense: prix du meilleur long métrage et du meilleur montage au Festival international du film de l’Atlantique 2023 à Halifax, en Nouvelle-Écosse.



mardi 28 mai 2024

La Malédiction, l'Origine / The First Omen

                                              
                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de Arkasha Stevenson. 2024. U.S.A. 1h59. Avec Nell Tiger Free, Sônia Braga, Ralph Ineson, Bill Nighy, Tawfeek Barhom, Nicole Sorace. 

Sortie salles France: 10 Avril 2024 (int - 16 ans).

FILMOGRAPHIE: Arkasha Stevenson est ue réalisatrice, scénariste et productrice américaine. 
2024: La Malédiction, l'Origine. 


Contrairement aux apparences d'une première heure faussement convenue, si bien que j'ai failli par décrocher un peu par son absence de personnalité et d'enjeu éculé, La Malédiction, l'origine est finalement une bonne surprise comme tout bon film d'horreur adulte respectant qui plus est au possible la saga initiale et l'intelligence du spectateur embarqué dans un schéma narratif beaucoup plus retors, intelligent et ambitieux qu'escompté. Avec d'ailleurs une audacieuse et originale réflexion sur le fanatisme religieux du point de vue de la parole divine délibérée à reprendre le pouvoir auprès d'une populace inflexible ne croyant plus en l'avenir (tristement actuel donc) en instaurant sur eux une nouvelle peur de manière aussi cynique qu'immorale afin que le Bien y reprenne ses droits sur le Mal. On peut d'autre part relever le soin imparti à sa réalisation appliquée comme de sa photo immaculée laissant transparaître quelques plans stylisés d'une élégance ténue. Mais ce qui frappe finalement après avoir visionné cette authentique préquelle (rien à voir par exemple avec le mensonger Massacre à la Tronçonneuse, le commencement ou encore The Thing), c'est qu'elle respecte le plus honnêtement possible tout ce qui fut entrepris au préalable lors de sa trilogie initiale restée dans les mémoires (tout du moins auprès de la génération 70 et 80). 
 
 
Et ce en nous concoctant un scénario conspirationniste en trompe l'oeil (si bien que je ne pigeais pas bien où la réalisatrice souhaitait en venir durant la 1ère heure à nous faire perdre nos repères et nos croyances auprès d'une galerie de personnages féminins interlopes) émaillé de clins d'oeil sans toutefois vouloir les singer. Croire à l'improbable, c'est qu'était parvenu à transfigurer la trilogie impartie à l'avènement de Damien Thorn quand bien même la Malédiction, l'origine remonte les pendules pour nous faire croire (à nouveau) à la venue de l'antéchrist, mais du point de vue de sa génitrice. Et cela fonctionne à plein tube dès qu'un rebondissement incongru s'offre à nous lors du second acte. Tant auprès de l'effet de surprise impeccablement amené, préparé, anticipé, de la puissance de ces images évocatrices, et de sa dimension psychologique à la fois fascinante, répulsive, épeurante. Arkasha Stevenson s'autorisant à nous forger quelques séquences chocs incroyablement couillues, détonantes, incongrues avec un réalisme tel que l'on croit sans sourciller à l'impensable. Un climat d'autant plus sordide, déstabilisant, inconfortable qu'il ne cède jamais à la complaisance auprès de son onirisme morbide plutôt organique.

 
En prime d'être formidablement interprété par des gueules d'acteur à l'ancienne (toute l'action se déroulant à l'orée des Seventies adroitement reconstituée en toute modestie au sein d'une Rome magnifiquement photographiée), Ralph Ineson endossant par ailleurs un prêtre sur le qui-vive ultra charismatique, La Malédiction, l'Origine devrait probablement être plus dense, captivant et passionnant à suivre lors d'un second visionnage après avoir reconsidéré la globalité de son récit plus fin et substantiel qu'il n'y parait. Renforcé du jeu pur et candide de Nell Tiger Free davantage en proie au doute et à la psychose auprès de ses visions maléfiques intolérables, La Malédiction, l'Origine réanime efficacement nos peurs viscérales les plus obscures et profondes avec un art consommé du réalisme malaisant (principalement auprès de ses 50 ultimes minutes autrement ambitieuses et terrifiantes). Une authentique préquelle qui plus est à découvrir avec un intérêt infiniment scrupuleux.
 
*Bruno