"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
jeudi 17 août 2023
Le Mal par le Mal / Band of the Hand
lundi 14 août 2023
La Prémonition
vendredi 11 août 2023
Cracks
FILMOGRAPHIE: Jordan Scott, née le 7 octobre 1977 à Borough londonien de Merton, en Angleterre, au (Royaume-Uni), est une réalisatrice, scénariste, actrice et romancière britannique. 2002 : Never Never. 2005 : Les Enfants invisibles (co-réalisatrice avec Ridley Scott). 2009 : Cracks. A venir: Berlin Nobody.
*Bruno
lundi 7 août 2023
Sans pitié / No Mercy
mardi 1 août 2023
Dalva. Prix FIPRESCI de la Semaine de la critique / Prix Rails d'or / Prix de la Révélation de la Semaine de la critique pour Zelda Samson
Sortie salles France: 22 Mars 2023.
FILMOGRAPHIE: Emmanuelle Nicot est une réalisatrice et scénariste française, née le 18 novembre 1985 à Sedan (Ardennes). 2022: Dalva.
L'inacceptable n'est pas que dans les mots et les gestes, il est dans les situations assumées qu'on refuse de remettre en question, qu'on refuse de changer.
Auréolé de 3 prix à Cannes et à Namur ainsi qu'une récompense à Sao Paulo alors qu'il s'agit de la première oeuvre de la réalisatrice Emmanuelle Nicot et du tout premier rôle de l'actrice Zelda Samson (âgée de 12 ans), Dalva dégage une forte émotion à travers la thématique dérangeante de l'inceste impartie à la perte de l'innocence. Le récit illustrant scrupuleusement le parcours introspectif de Dalva tout juste placée en centre d'accueil par un juge à la suite d'abus sexuels perpétrés par son père. Placé sous le signe de la suggestion, comme l'illustre le violent prologue uniquement bâti sur le hors-champs sonore, Dalva dégage une délicate et douloureuse empathie lorsque la victime sous emprise des déviances (im)morales de son père tente de le préserver coûte que coûte par amour paternel. Car littéralement perturbée et endoctrinée d'avoir trop longtemps cédé à ces avances pour y admettre leur relation interdite, Dalva s'efforce de se raccrocher à l'affection de son bourreau en dépit des consignes censées de son éducateur s'efforçant de la ramener à la raison dans sa situation autrefois soumise.
Or au fil de ses difficiles relations amicales avec celui-ci (un peu brutal et drastique par moment) et sa co-locataire marginale Samia, séparée d'une mère prostituée, Dalva va peu à peu réapprendre à vivre dans son corps d'ado en voie de réconciliation avec une vie sociale autrement plus conventionnelle et rédemptrice au sein de son centre d'accueil où de jeunes ados tentent peu à peu de se reconstruire malgré leur perte de repère, leur douleur interne d'avoir été brutalement séparés de leurs parents. Ainsi donc, au-delà de l'interprétation sans fard de Zelda Samson d'une fragilité à fleur de peau par son regard innocent plein de doute, d'humanité, de rancoeur, de rébellion, de sagesse enfin par son éveil de conscience, la réalisation d'Emmanuelle Nicot est un sacerdoce à ne forcer jamais le trait de la sinistrose ou du pathos au coeur d'un sujet aussi polémique ici traité avec pudeur et finesse par son réalisme attentionné. Notamment par la plus-value du non-dit auprès de plans serrés sur les visages sobrement expressifs que la réalisatrice s'attarde pour y extraire une acuité sensorielle. Le spectateur témoignant du quotidien incertain de Dalva (et sa métamorphose physique) entre appréhension, espoir, compassion au fil de son évolution morale peu à peu fructueuse en dépit de ses incartades influencées par des camarades curieux du goût de l'interdit (beuveries, cigarettes) en lieu et place de délivrance.
D'une grande sensibilité auprès de la présence angélique de Zelda Samson évoluant face à nous dans une force expressive subtilement ambigüe mais toujours rattrapée par l'apprentissage du discernement, Dalvia bouleverse inévitablement sans complaisance sous la mainmise de la suggestion et du refus d'une provocation mal placée. Une première oeuvre magnifique donc, salutaire, qui laisse des traces dans l'encéphale et qui, surtout, nous aide à mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette improbable relation entre victime et bourreau communément impliqués dans une tendresse tendancieuse dénuée d'éthique. Dur et cruel mais nécessaire et positif car d'utilité publique.
*BrunoRécompenses:
Festival de Cannes 202213 :
prix FIPRESCI de la Semaine de la critique
Prix Rails d'or
Prix de la Révélation de la Semaine de la critique pour Zelda Samson
Festival international du film francophone de Namur 202217 :
Prix de la Découverte
Prix de la meilleure interprétation pour Fanta Guirassy
Prix du jury junior
Festival international du film de São Paulo 2022 : prix de la meilleure actrice pour Zelda Samson
vendredi 28 juillet 2023
Chien de la casse. Prix du Public, Angers 2023.
mercredi 26 juillet 2023
Straight on till morning
Sortie salles Angleterre: 9 Juillet 1972
FILMOGRAPHIE: Peter Collinson est un réalisateur anglais, né le 1er avril 1936 à Cleethorpes (Angleterre), décédé le 16 décembre 1980 à Los Angeles (Californie).1963 : Blackwater Holiday (doc). 1967 : La Nuit des alligators. 1968 : Les Bas Quartiers. 1968 : Un jour parmi tant d'autres. 1969 : L'or se barre. 1970 : Les Baroudeurs. 1971 : La Peur. 1972 : Straight on Till Morning. 1972 : Nid d'espions à Istanbul. 1973 : Les Colts au soleil. 1974 : La Chasse sanglante. 1974 : Dix petits nègres. 1975 : La Nuit de la peur. 1976 : Le Sursis. 1977 : Un risque à courir. 1978 : Demain, la fin ou La Rage au cœur. 1980 : Australia Kid.
C'est une réelle curiosité expérimentale que nous propose la Hammer Film par l'auteur du classique maudit La Chasse Sanglante (on désespère d'une sortie BR !), Peter Colinson. Très peu connu du public, inédit en salles dans nos contrées et rarement cité auprès des aficionados, Straight on till morning se décline en huis-clos domestique un tantinet psychédélique si je me réfère aux 20 minutes liminaires festoyantes et à son montage épileptique alternant deux séquences distinctes (voirs 3 par moments) de manière furtive, pour ne pas dire agressive. Tant et si bien que de prime abord il m'eut été difficile de me familiariser à cette romance schizo auquel un célibataire utopiste (il refuse de grandir, de travailler, d'entreprendre quelconque projet) multiplie les conquêtes féminines en s'efforçant d'y dénicher le physique standard. Dans la mesure où Peter (allusion à Peter Pan), victime de sa beauté physique, ne supporte plus les cagoles d'un soir à la posture aussi sexy qu'orgueilleuse.
Or, un jour, il fait la connaissance de Brenda, jeune fille immature et influençable, venant tout juste de quitter son cocon, faute d'une maman bigote monoparentale. Au fil de leur relation amoureuse que l'on nous illustre de manière à la fois interlope et déroutante, avec parfois cette tendance d'y privilégier le montage bicéphale moins irritable, la dinette vire au cauchemar relationnel. Avec, en intermittence, trois séquences horrifiques expérimentales assez perturbantes et épeurantes, de par une très habile utilisation auditive résolument terrifiante, dérangeante, malaisante, plutôt que de céder aux sirènes du gore graphique. Cependant, Straight on till morning a du mal à captiver à travers son ambiance atypique quasi ineffable, à l'aune de son cheminement narratif assez prévisible et conté de manière si personnelle, même si notre curiosité reste en éveil jusqu'au générique de par l'excellence de l'acting infiniment convaincant. Et c'est bien là la plus grande qualité du métrage que de tabler sur le duo galvaudé Rita Tushingham (au physique fort particulier dans son corps de femme enfant aux yeux azurs) / Shane Briant particulièrement magnétique dans leurs postures dégingandées de grands gamins borderline inévitablement livrés à la déroute conjugale.
A réserver toutefois à un public averti dans la mesure où son climat hermétique peu affable et amiteux, risque de déplaire à une frange de spectateurs. C'est d'ailleurs probablement le métrage le plus bizarroïde que j'ai pu voir au sein de la firme Hammer qui tentait ici de se redorer le blason à l'orée des Seventies.
*Brunomardi 25 juillet 2023
Les Démons de l'Esprit / Demons of the Mind
Sortie salles France: 20 Septembre 1973. Angleterre: 5 Novembre 1972
FILMOGRAPHIE: Peter Sykes est un réalisateur et scénariste australien né le 17 juin 1939 à Melbourne (Australie) et mort le 1er mars 2006. 1968 : The Committee. 1971 : Venom. 1972 : Les Démons de l'esprit (Demons of the Mind). 1973 : The House in Nightmare Park. 1973 : Steptoe and Son Ride Again. 1976 : Une fille... pour le diable (To the Devil a Daughter). 1979 : Jesus.
Dommage que cette rareté oubliée issue de la firme Hammer ne soit pas reconnue par les critiques, voire même aussi du public si on excepte une poignée d'irréductibles dont je fais indubitablement parti après l'avoir revu une seconde fois avec beaucoup de plaisir. Car si effectivement l'oeuvre rigoureusement inquiétante pâtie d'un scénario à la fois mal structuré et (sciemment) confus, les Démons de l'esprit oppose efficacement horreur gothique séculaire et horreur psychologique autrement contemporaine par le truchement de la psychanalyse. D'ailleurs, cette confusion narrative partant un peu dans tous les sens permet toutefois d'insuffler un climat d'étrangeté prégnant qui ne nous lâche pas d'une semelle jusqu'au final révélateur d'une grande violence graphique (pour l'époque et pour une prod Hammer). Peter Sykes dénonçant assez intelligemment, et dans une étonnante ambiance malsaine quasi indicible (on peut aussi rappeler que Peter Sykes récidivera dans l'inconfort licencieux avec le sulfureux Une Fille pour le Diable), les thématiques épineuses du fanatisme religieux, de l'inceste, du patriarcat et des superstitions parmi l'autorité d'un père de famille en berne s'efforçant d'emprisonner son fils et sa fille à la suite du suicide de son épouse dépressive.
Or, incapable de surmonter la perte de l'être aimé, celui-ci se venge inconsciemment sur ses progénitures afin de punir son épouse défroquée (elle qui osa le blasphème du suicide), victime selon lui d'une malédiction démoniale. Par conséquent, en y faisant intervenir un praticien aux méthodes archaïques mais en voie de remise en question morale, les Démons de l'Esprit y suggère une société en mutabilité de par l'éveil de conscience de mentalités plus ouvertes (notamment auprès d'un second médecin en herbe autrement perspicace, clément, lucide et rationnel s'attachant particulièrement au sort précaire d'Elisabeth, soumise et droguée) en dépit des coutumes moyenâgeuses des villageois d'accomplir une justice expéditive rigoureusement barbare. Outre sa superbe photo mettant en valeur les décors naturels oniriques ainsi que le manoir de Wykehurst Park, Les Démons de l'esprit est renforcé de la qualité de son interprétation. Tant auprès de ceux endossant les éléments perturbateurs, des villageois tributaires de l'affres du Mal que des enfants démunis de Zorn nous interrogeant fréquemment sur leur personnalité sciemment ambivalente.
2èx. Vostfr.
lundi 24 juillet 2023
The last Starfighter
Sortie salles France: 5 Juin 1985
FILMOGRAPHIE: Nick Castle est un scénariste, acteur et réalisateur de film américain né le 21 septembre 1947 à Los Angeles (Californie, États-Unis). 1982 : T.A.G.: Le Jeu de l'Assassinat (Tag: The Assassination Game). 1984 : Starfighter (The last starfighter). 1986 : La Tête dans les nuages (The Boy Who Could Fly). 1987 : Histoires fantastiques (Amazing Stories) (Série TV) : (Saison 2, épisode 15 : Lucy). 1989 : Tap. 1990 : Shangri-La Plaza (TV). 1992 : Denis la Malice (Dennis the Menace). 1995 : Major Payne. 1996 : Mr. Wrong. 2001 : Delivering Milo. 2001 : 'Twas the Night (TV). 2003 : The Seat Filler. 2006 : Connors' War (Vidéo).
Petit classique de la science-fiction des années 80 conçu pour émerveiller les ados à travers son sujet utopiste (un ado est recruté par un émissaire pour combattre dans l'espace de méchants E.T après avoir atomisé le score de son jeu-video "Starfighter"), The Last Starfighter demeure un divertissement bonnard que la génération 80 reverra sans doute la larme à l'oeil. Emaillé de maladresses, ultra prévisible, naïf et surtout desservi d'FX en images de synthèse obsolètes; The Last Starfighter dégage pour autant un évident charme attractif auprès de son concept débridé, à l'instar de toutes ses séquences "féeriques" de tendresse entre Alex et sa compagne mais aussi avec son voisinage familier tant attachant que l'on jurerait extirpé d'une prod Amblin Entertainment.
Et c'est bien là le meilleur intérêt du métrage que de flirter fréquemment avec les bons sentiments attendrissants plutôt que de se réjouir des séquences d'action stellaires néanmoins amusantes, simplistes, ludiques. Quand à l'acting de seconde zone, là encore le métrage marque des points tant les comédiens expansifs prennent plaisir à participer à l'aventure avec une dose d'humour parfois lourdingue, mais la générosité qui en émane nous permet d'y faire abstraction si bien que The Last Starfighter doit notamment sa réussite grâce à son refus de prétention que de divertir avec une dose d'émotions exaltantes. Un plaisir mineur certes, mais qui fait chaud au coeur de renouer avec nos émotions d'ado en émoi avec une intégrité indiscutable, et ce sous l'impulsion d'une orchestration jouasse en bonne et due forme.
*Bruno
jeudi 20 juillet 2023
Dune
Sortie salles France: 6 février 1985. U.S: 14 Décembre 1984
FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).
"Un monde au-delà de vos rêves. Un film au-delà de votre imagination", dixit la tagline de l’époque. Et c’est exactement – au mot près – ce que nous offre l’alchimiste David Lynch, qui renia pourtant son œuvre, sans jamais lui pardonner (notamment auprès des producteurs, dont De Laurentiis). Or, à l’instar de ces films mésestimés par leur propre auteur (Gloria de Cassavetes, Nomads de McTiernan, La Forteresse Noire de Mann), Dune est un spectacle SF monumental qu’on aurait tort de bouder sous prétexte des mauvaises langues (même si, aujourd’hui, il est enfin estampillé "culte"). Un OFNI ne ressemblant à aucun autre métrage, avec son budget de 45 millions de dollars. Aussi dégingandé, confus, impénétrable, austère, froid, distant et elliptique soit-il, ce grand spectacle venu d’un autre temps… Il n’en reste pas moins fascinant. Ce qui, inévitablement, causa un échec public sévère – plutôt compréhensible tant l’œuvre malade ne s’adresse certainement pas au grand public. On est très loin du divertissement bonnard de La Guerre des Étoiles.
Et pourtant… à la cinquième revoyure – ou plutôt, à chaque révision – j’ai la troublante impression de contempler, de (re)vivre une expérience quasi inédite. Comme s’il s’agissait encore et toujours d’une première fois. Qui plus est, dans une version 4K à damner un saint (je pèse mes mots : il faut le voir – et le comparer au Blu-ray – pour le croire). Du jamais vu, j’vous dis !
Ainsi, malgré son souffle surdimensionné qui nous en fout plein la vue à chaque minute – à travers ses décors colossaux, naturels, domestiques, sculpturaux, hérités du péplum et de l’univers stellaire ; ses costumes hiératiques taillés au scalpel ; ses FX mécaniques et charnels ; sa photographie sépia ; sa figuration massive digne d’un DeMille ; et ce score de Toto, d’une ampleur sombre et homérique – malgré cet aspect baroque incommensurable, Dune nous hypnotise par sa beauté funeste, lyrique, onirique, étrange, ombrageuse.
Lynch compose là, avec son ambition personnelle, un ballet funèbre traversé de séquences atypiques (notamment dans les rapports de force, les tensions psychologiques, les rivalités feutrées), qui nous interpellent par leur dialecte philosophique – quand bien même la posture déconcertante des personnages nous laisse pantois d’impassibilité. Qu’il s’agisse de leur manière de communiquer (certains par télépathie), de combattre par un cri guerrier, ou de cette profusion de détails morbides (les pustules de l’Empereur, cette baudruche volante emplie de perversité), d’armes et d’ustensiles mortels jamais vus sur pellicule.
Qu’on y adhère ou non, on est confronté à une forme de cinéma halluciné, abstraite, impossible à définir ni à décrypter dans sa totalité.
mercredi 19 juillet 2023
Brainstorm
Sortie salles France: 1er Février 1984. U.S: 30 Septembre 1983
FILMOGRAPHIE: Douglas Trumbull est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 8 Avril 1942 à Los Angeles. 1972: Silent Running. 1978: Night of Dreams. 1983: Brainstorm. 1983: Big Ball. 1983: New Magic. 1985: Let's go. 1985: Tour of the Universe. 1989: Leornardo's Dream. 1990: To Dream of Roses. 1993: In Search of the Obelisk. 1996: Luxor Live. 1996: Theater of Time.
Oeuvre oubliée des années 80 alors que l'émérite Douglas Trumbull n'est autre que le responsable du chef-d'oeuvre Silent Running, Brainstorm anticipe de quelque décennies les travaux virtuels de Kathryn Bigelow pour l'apocalyptique Strange Days. Le récit nous contant scrupuleusement avec réalisme documenté les travaux révolutionnaires d'apprentis sorciers ayant inventé un casque capable d'y enregistrer les pensées et émotions d'autrui que le sujet savoure comme s'il s'agissait de sa propre personnalité d'après ses 5 sens. Or, lors d'un évènement tragique, une bande mémorisée de souvenirs morbides intéresse le corps militaire afin d'accomplir d'obscurs desseins. Superbement interprété par une pléiade d'acteurs notoires n'ayant plus rien à prouver (Christopher Walken, Natalie Wood, Louise Fletcher, Cliff Robertson), Brainstorm vaut autant pour son acting irréprochable (mention à Walken et Fletcher en savants passionnés par leur devoir mais aussi leurs sentiments) que pour l'originalité de son concept technologique alarmiste autant fascinant qu'épeurant.
Inquiétant, fascinant et captivant à la fois de par son intrigue novatrice sobrement exposée épaulé qui plus est d'un suspense en ascension si je me réfère à l'ultime demi-heure fertile en tension et action tout en y exploitant un sens du merveilleux spirituel formellement prodigieux, Brainstorm demeure un spectacle intelligent d'une surprenante modernité. Car outre son côté documentaire prégnant (il faut impérativement prioriser la VO) renforçant la crédibilité de ses passionnantes thématiques (lire dans les pensées d'autrui pour les revivre soi même et se remémoriser nos plus beaux souvenirs, visuellement parlant), les effets-spéciaux tiennent plutôt bien la route de nos jours en dépit de certaines rares séquences visuels conçues par ordinateur (les séquences expérimentales à bord de l'avion). Enfin, pour clore sur une note poignante, un petit mot sur l'actrice Nathalie Wood décédée quelques semaines avant la fin du tournage (sa soeur la doublera pour les séquences finales) lors d'une trouble circonstance de noyade sur un yacht, alors qu'elle partage ici la vedette avec Christopher Walken à travers une romance sobrement attachante, émouvante, pour ne pas dire fragile quant à l'issue précaire de leur relation lors d'une conclusion haletante.
Récompenses:
Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur 1984 :
Saturn Award de la meilleure actrice à Louise Fletcher.
Saturn Award de la meilleure musique à James Horner.
mardi 18 juillet 2023
Les 3 Mousquetaires: D'artagnan
Sortie salles France: 5 Avril 2023
FILMOGRAPHIE: Martin Bourboulon, né le 27 juin 1979 est un réalisateur français. 2015 : Papa ou Maman. 2016 : Papa ou Maman 2. 2021 : Eiffel. 2023 : Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan. 2023 : Les Trois Mousquetaires : Milady.
Un spectacle efficace donc, formellement magnétique, bien mené (aucun temps mort à l'horizon) et impeccablement joué par une pléiade de comédiens résolument investis dans leur fonction héroïque ou inhospitalière (à l'instar de la vénéneuse Eva Green en mystérieuse Milady possédant plus d'un tour dans son sac). Mention spéciale toutefois à François Civil (la révélation de Bac Nord) endossant D'artagnan entre naturel rafraichissant et panache affûté si bien qu'il m'a un tantinet évoqué par instants les prémices du légendaire Bebel, toutes proportions gardées. Quant à la musique orchestrale que certains ont comparé au score de Zimmer de The Dark Knight, je n'ai jamais eu cette fâcheuse impression de plagiat tant les sonorités parfois similaires demeurent aussi discrètes que timorées (pour ne pas dire effacées). Léger bémol toutefois, mais qui n'engage que moi, l'intrigue bâtie sur les complots politiques entre protestants et catholiques m'a paru quelque peu complexe, un brin fouillis, peu limpide au fil d'une évolution narrative pour autant captivante quant au savoir-faire du cinéaste à nous plaquer au siège avec cette évidente ambition de renouer avec les grands (espaces de) spectacles à l'ancienne tout en le modernisant (par la forme) afin d'enthousiasmer la génération actuelle.
Vivement la suite, le 13 Décembre...
*Bruno
Box Office: 3 336 640 entrées à ce jour du 18.07.23
lundi 17 juillet 2023
Morgiana
Sortie salles Tchécoslovaquie: 1er Septembre 1972
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Juraj Herz est un réalisateur, acteur et scénariste slovaque, né le 4 septembre 1934 à Kezmarok, en Tchécoslovaquie (actuellement en Slovaquie). 1968: l'Incinérateur de cadavres. 1972: Morgiana. 1978: La Belle et la Bête. 1979: Le 9è coeur. 1986: Galose stastia. 1996: Maigret tend un piège. Maigret et la tête d'un homme. 1997: Passage. 2009: T.M.A. 2010: Habermann.
Maître du cinéma Tchèque à qui l'on doit les grands classiques l'Incinérateur de Cadavres, le 9è Coeur et le splendide la Belle et la Bête, Juraj Herz n'en finit plus de nous surprendre avec Morgiana. Un thriller à suspense mâtiné de fantastique (en mode suggéré), d'onirisme et de surréalisme avec l'étrange sentiment de s'immerger dans un univers gothique sans égal. L'histoire obscure d'une rivalité entre 2 soeurs, Viktoria demeurant folle de jalousie auprès de Klara que la gente masculine ne cesse de courtiser. Or, un jour elle décide de passer à l'acte criminel en tentant de l'empoisonner. Mais rien ne se déroulera comme prévu. Et c'est ce qui fait le sel de ce récit reptilien latent sublimé du profil exécrable d'une snobe criminelle imbibée d'hypocrisie alors que les rebondissements que l'on ne voient pas arriver nous déconcertent en y désamorçant le surnaturel jusqu'à l'épilogue teinté de douce ironie.
Les acteurs et actrices, tous méconnus chez nous ayant une identité propre au point que le spectateur reste fasciné pour leur comportement autre, leur façon un tantinet particulière de jouer et d'y donner la réplique, et par la manière dont le réalisateur use et abuse de gros plans, de cadrages agressifs de telle sorte de nous plonger dans une fantasmagorie singulière subtilement envoûtante. Mais outre l'efficacité de son récit machiavélique jouant sur le faux-semblant et la cruauté morale, Morgiana est transcendé de sa facture formelle faisant office de pur chef-d'oeuvre esthétisant (je pèse mes mots !). Tant auprès de sa splendide photo naturelle que de ces décors verdoyants mais aussi côtiers que Juraj Herz filme amoureusement à l'aide de cadrages alambiqués ne débordant jamais (on peut même parfois songer à Picnic à Hanging Rock pour le sens stylisé de sa poésie lascive, pour son cadre champêtre solaire, pour la tenue vestimentaire des gentes dames insouciantes, toutes proportions gardées). Enfin, la musique hétéroclite de Luboš Fišer irrigue toute l'intrigue, entre grâce, mystère, sensualité, vrombissements, dissonance, à l'instar de son autre chef-d'oeuvre bicéphale La Belle et la Bête.
A ne rater sous aucun prétexte d'autant plus que cette oeuvre rare, infiniment élégante et précieuse ne fut jamais distribuée au cinéma chez nous.
*Bruno