
mercredi 20 août 2025
Body Trash / Body Melt de Philip Brophy. 1993. Australie.

mardi 19 août 2025
Les Proies / Moonlight de Paula van der Oest. 2002. 1h27.
vendredi 15 août 2025
Night Always Comes de Benjamin Caron. 2025. U.S.A. 1h50.
mercredi 13 août 2025
Eddington de Ari Aster. 2025. U.S.A. 2h28.
Alien Earth. Saison 1, Episode 1 / 2 / 3 / 5

Le coeur de l’histoire, enfin, se déploie et se scinde en deux horizons. D’un côté, le cyborg afro, lancé dans une traque implacable des créatures au nom de sa créatrice tout en s'imposant maître chanteur face à deux synthétiques au quotient infantile. De l’autre, Boy Kavalier, architecte mégalo, potentiellement prêt à sacrifier Wendy/Marcy sur l’autel de ses expériences avec ses spécimens extra-terrestres - ses chimères de chair et d’obsession.
Coup de force narratif : dès l’ouverture, Wendy terrasse un ennemi dans une confrontation brève mais foudroyante. Audace rare, qui brise les codes, même si la victoire la laisse exsangue, contrainte à la réparation par les mains froides d'une science avancée.
Puis surgit Curly, nouvelle synthétique dans l'ombre, avide de supplanter Wendy dans le cœur malade de Kavalier. Rivalité sourde, venin distillé tout en subtilité, jusqu’à ce final suspendu où Wendy pourrait rouvrir les yeux (?).
Un épisode aussi passionnant qu’interrogatif, fidèle à la fièvre des précédents : il nourrit la fascination en imposant sa personnalité tout en creusant le mystère, nous laissant encore une fois suspendus entre vertige et envoûtement face à un récit plus éventé à travers 2 tenants et aboutissants délétères.
Après le léger faux pas du 4ᵉ épisode, étonnamment languissant, on retrouve la force des trois premiers. Ce 5ᵉ segment transitoire rend un hommage digne au Alien originel de Ridley Scott, par un saut dans le temps renvoyant au massacre de l’équipage suggéré dès le tout premier épisode. À travers ce détour passéiste, se révèlent sous un jour nouveau les intentions du capitaine Morrow, chef de la sécurité du vaisseau, mais aussi celles de l’apprenti sorcier Kavalier, dont l’ambiguïté semble soudain s’inverser. Mais chut…
Dans la surprise de ce rebondissement impondérable qui rebat les cartes, l’épisode, toujours remarquablement maîtrisé, exploite à merveille un suspense larvé, tendu jusqu’à l’insoutenable - songeons à la fameuse “bouteille d’eau” qu’une protagoniste s’apprête à ingurgiter. Clin d’œil direct au chef-d’œuvre de Scott par une situation éculée, la séquence attendue se dérobe pourtant, imprévisible, pour mieux nous ébranler et nous précipiter dans un jeu de massacre où s’affrontent occupants, xénomorphe et autres créatures retorses, véloces, délétères.
On se retrouve ainsi devant un épisode haletant et inquiétant, nourri d’un suspense étouffant, où l’angoisse - admirablement transmise par les visages contrariés et ce sentiment de danger insidieux - croît jusqu’à la terreur d’un carnage fatal, n’offrant nulle échappatoire aux proies démunies, déjà rongées par l’affres du désespoir.
Un épisode mortifère, aussi passionnant que terrifiant, où certaines séquences - suggérées ou graphiques - déstabilisent et éprouvent avec une cruauté diabolique. Tout s’y déploie dans un art consommé de l’appréhension, où l’attente, l'interrogation devient intolérable. Et déjà se profile la promesse d’une tournure narrative nouvelle, cauchemardesque, annonciatrice d’abîmes probablement plus sombres.
lundi 11 août 2025
Jurassic World: renaissance / Jurassic World Rebirth de Gareth Edwards. 2025. U.S.A. 2h14 (2h05).
Outre son action trépidante, exploitant avec une précision métronomique les paysages aqueux et terreux, le film s’illustre par des effets numériques parmi les plus convaincants de la saga. Mais le charme qui domine, au-delà de ces décors naturels littéralement dantesques - à donner le vertige par moments, émane de la bonhomie des personnages : des comédiens charismatiques, mêlant force, fragilité et singularité, se prêtent au jeu de la survie entre fougue et retenue.
La conclusion, digne et subtile, laisse affleurer une émotion fragile, renouant avec le souffle romanesque d’un divertissement exhaustif qui ne confond jamais précipitation et efficacité. Et si les assauts des espèces mutantes s’autorisent parfois une tonalité horrifique enfin retrouvée - notamment dans une ouverture concise mais percutante - Gareth Edwards insuffle, par touches badines, un humour salvateur dans les dialogues et les attitudes de ses protagonistes apeurés.
Un mot enfin sur la prestation dépouillée de Scarlett Johansson : rôle quasi secondaire, dénué d’orgueil intempestif, elle se fond dans l’ensemble avec une neutralité qui renforce le réalisme de cette équipe d’aventuriers de fortune, scindée en deux camps mais soudée face à l’adversité. Quant à l’excellent Rupert Friend, il incarne le méchant sans caricature, antagoniste s'impliquant avec discrétion dans une menace sournoise.
Sans réserve, Jurassic World : Renaissance est, à mes yeux, l’opus le plus immersif et séduisant depuis le modèle matriciel de Spielberg. On ne peut que remercier la sincérité indéfectible de Gareth Edwards, véritable passionné du genre "qui fait rêver", comme il l’avait déjà prouvé avec Monsters, Rogue One - le meilleur Star Wars depuis L’Empire contre-attaque, il est bon de le rappeler - et The Creator.
jeudi 7 août 2025
Would You Rather de David Guy Levy. 2012. U.S.A. 1h33.
mercredi 6 août 2025
American Honey de Andrea Arnold. 2016. Angleterre/U.S.A. 2h43.
mardi 5 août 2025
Deux filles au tapis / ...All the Marbles de Robert Aldrich. 1981. 1h53.

jeudi 31 juillet 2025
Le Démon des Femmes / The Legend of Lylah Clare de Robert Aldrich. 1968. U.S.A. 2h07.
(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).
mercredi 30 juillet 2025
Life of Chuck de Mike Flanagan. 2025. U.S.A. 1h51.
(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).
Trois actes. Une vie.
Un battement de cœur suspendu dans l’invisible.
Chuck ne fuit pas l’ombre qui s’avance -
il la salue, lui tend un verre,
et lui demande une dernière danse.
Il avait dans la poitrine un tambour de pluie,
et des constellations dans le blanc des yeux.
Un feu d’artifice sans bruit,
une lumière qui refusait de mourir dans l’oubli.
Il savait.
Il savait que la fin n’avait pas d’horaires,
qu’elle pouvait surgir dans le rire,
dans le café du matin,
dans l’ennui des embouteillages.
il a crié oui à la vie.
Il a ri sous la pluie,
il a aimé plus haut que lui,
il a embrassé une fille immense -
une géante d’émotion -
et jamais il n’a détourné le regard.
Qui transforme chaque seconde en banquet.
Qui fait de la mort une servante muette,
et de la peur un trampoline vers le rêve.
Petits dieux fragiles,
oubliant que le temps fuit comme du sang.
Mais lui,
il se souvenait.
Et dans chaque souffle,
il mordait la lumière.
Aime celle qui te dépasse.
Chante trop fort, même faux.
Fais de ta vie une salle de bal avant l’effondrement.
Le ciel s’éteint ?
Sois l’étincelle.
Mais en attendant -
sois vivant.
Sois vibrant.
Sois Chuck.
mardi 29 juillet 2025
28 ans plus tard / 28 Years Later de Danny Boyle. 2025. U.S.A. Angleterre. 1h55.
lundi 28 juillet 2025
Les Proies / El rey de la montaña de Gonzalo López-Gallego. 2007. Espagne. 1h28.
mardi 22 juillet 2025
Dangerous Animals de Sean Byrne. 2025. Australie/U.S.A. 1h38.
lundi 21 juillet 2025
Underworld Evolution (2006) / Underworld Awakening (2012).
Nous avons affaire ici à deux séries B idoines du samedi soir. Deux super divertissements à la narration linéaire mais redoutablement efficaces, où l’action rebondit sans cesse avec une sincérité attentionnée. Une mise en scène nerveuse, bardée d’effets spéciaux numériques souvent soignés - même si parfois un peu brinquebalants, il faut bien l’avouer.
Underworld: Evolution (le second opus) s’ouvre sur un prologue épique, dans un décor enneigé baigné de violence ancestrale, avant de nous entraîner dans une course-poursuite infernale à bord d’un camion, traqué par une immense chauve-souris humanoïde - vampire bestial à la férocité déchaînée, qui pourchasse Sélène et Michael avec une rage quasi mythologique.
Underworld: Awakening (le quatrième volet, Une nouvelle ère) se révèle tout aussi attachant, notamment grâce à la nouvelle venue : la fillette de Sélène, le sujet 2, tout à fait convaincante dans son rôle à la fois fragile et inquiétant. À ses côtés, tous les seconds rôles, solidement campés, se prêtent au jeu de l’action avec une implication héroïque réjouissante.
Kate Beckinsale, quant à elle, est toujours aussi sexy, fébrile et sérieuse dans son rôle de guerrière invincible. Son charisme glacial électrise l’écran, tandis que la photographie crépusculaire, teinte de bleu métallique, épouse parfaitement les contours néo-gothiques de cet univers ténébreux, où s’affrontent sans relâche vampires et lycans. Des créatures littéralement fascinantes, impressionnantes de voracité et de puissance brute.
Quant à savoir lequel est le meilleur, difficile à dire : les deux films se répondent en complicité sans jamais se singer. En tout cas, on tient ici sans doute les meilleurs opus d’une saga inégale - seuls le troisième et le cinquième me semblent, à vrai dire, parfaitement dispensables. Ces deux chapitres-là sont redoutablement bonnards, franchement jouissifs, portés par une formalité gothico-fantastique à la fois crédible, contrastée et dépaysante, qui assume avec panache ses codes de série B et son goût pour l’imagerie ténébreuse.
Deux petits films d’action allant droit à l'essentiel, donc, furieusement impactants, qui font le bonheur aussi bien du cinéphile joueur du plaisir innocent que du grand public complice, prêt à plonger dans la déconnade furibarde avec un sourire de gosse retrouvé.
Du pop corn noir pour ces lycans en furie, - Underworld 2 / 4 - même combat - Des séries B Fantastiques dans ce qu’elles ont de plus noble, de plus simple et de plus généreuse.
— le cinéphile du cœur noir
dimanche 20 juillet 2025
Une bougie pour le Diable / Una vela para el diablo de Eugenio Martin. 1973. Espagne.
Un drame psychologique grave et intense, transplanté dans le cadre d’une horreur sociale comparable à Cannibal Man (La semaine d’un assassin) d’Eloy de la Iglesia, réalisé un an plus tôt. Une bougie pour le diable (Una vela para el diablo, 1973), signé Eugenio Martín, adopte une horreur adulte, au premier degré, à travers les portraits glaçants de deux aubergistes profondément catholiques et puritaines, exerçant leurs exactions meurtrières dans un petit village figé, recroquevillé au cœur des montagnes.
Leur cible : des touristes féminines, jeunes, jolies, libérées, dont les tenues légères et les élans de désir choquent une morale engoncée dans la répression. Ivres d’émancipation, ces étrangères incarnent une liberté sexuelle en pleine effervescence - que Marta et Verónica, dans leur frustration contenue, ne peuvent tolérer. Leur propre sexualité refoulée, corsetée par le dogme, s’exprime alors dans une violence croissante. Victimes invisibles du franquisme, les deux sœurs glissent dans une spirale meurtrière, une descente aux enfers criminelle nourrie par le dégoût, la honte et le besoin d’expiation.
Le suspense monte crescendo, notamment autour du sort d’une touriste plus perspicace, prête à témoigner des mystérieuses disparitions qui s’accumulent.
Une œuvre fétide remarquable, notamment par sa dimension psychologique finement dessinée - et sublimée par les interprétations incendiaires d’Aurora Bautista et Esperanza Roy, qui incarnent avec un charisme insidieux cette foi malade en complicité désespérée, ce fanatisme religieux empreint d’obscurantisme, de châtiment et d’autopunition.
Un cauchemar impudique aux allures de documentaire clinique dont on ne sort pas indemne.
Gratitude Criterion.
— le cinéphile du cœur noir
samedi 19 juillet 2025
Le cinéma Fantastique des années 80: mode d'emploi.
Le cinéma fantastique et d’horreur des années 80 possédait un cœur. Un cœur battant, généreux, palpitant d’idées folles, de visions enflammées, d’une tendresse presque enfantine pour ses monstres, ses freaks, ses damnés. Ces films transpiraient la sincérité. On sentait, sous le latex et les hectolitres de sang, une humanité profonde, une chaleur singulière, un amour farouche du cinéma. Ils voulaient nous raconter quelque chose - surtout dans les cauchemars.
Il y avait une foi. Une foi aveugle, belle, dans ce qu’on filmait. Et comme les cinéastes y croyaient, nous aussi. On rêvait avec eux, parce qu’ils rêvaient pour de bon, et non pour vendre du rêve. Il y avait de l’âme, du feu, du bricolage génial. Des effets spéciaux faits main, charnels, mécaniques, pleins de tripes et de texture. Du sang qui collait, de la chair qui palpitait, des visages qui fondaient vraiment.
Des films comme Bad Taste, Re-Animator, Frères de sang, l'Au-delà, Maniac, Carnage, Cauchemar à Daytona Beach, Evil Dead… c’était une révolution faite à la scie sauteuse, à la giclée rouge et au rire nerveux. Mais derrière la sauvagerie, il y avait toujours un regard. Quelque chose d’intime, de tangible. On tenait à ces personnages, si humains dans leur désespoir ou leur maladresse. Même les pires déviances gardaient cette étrange aura d’amour inavoué.
Et puis, il y avait cette ambiance… Ces lumières bleutées, ces brumes épaisses, cette manière d'envelopper le spectateur dans un monde parallèle. Les musiques étaient entêtantes, ensorcelantes, ciselées avec soin - elles vibraient longtemps après le générique. On n’écoutait pas que des synthés : on écoutait un souffle, une incantation. Quelque chose qui hantait et berçait à la fois.
Le cinéma fantastique des années 80 était un cinéma d’artisans possédés, de fous doux, de poètes gore. Il était fait de bouts de ficelle, de nerfs à vif et de tendresse. Il avait ce lyrisme naïf, cette chaleurosité (oui, ce mot inventé lui va bien) qu’on ne retrouve plus. Et même si tout partait en vrille, même si la réalité s’effondrait, il restait une lueur d’espoir. Une lumière étrange, vacillante, mais fidèle.
C’est peut-être pour ça qu’on y revient toujours. Parce qu’on y sent quelque chose de vrai, de pur, de sacré. Parce qu'on se sent bien avec eux, parce qu'on les aime. Toujours.
La Zone d'intérêt / The Zone of Interest de Jonathan Glazer. 2023. Royaume-Uni/Pologne/U.S.A.
J’y reviens, un peu moins fermé qu’au premier contact. Quelque chose, malgré la rugosité du geste, s’impose. Le film reste difficile, particulier dans son traitement à la fois froidement auteurisant, presque expérimental, et pourtant inscrit dans une trivialité dérangeante. Il y a là une forme d’hermétisme, d’austérité. Un refus du spectaculaire, qui pousse à bout le malaise.
Tout est glaçant. Antipathique au possible. Et c’est sans doute là toute sa force.
Le parti-pris est saisissant : épouser le quotidien fade et méthodique d’une famille nazie, aux portes de l’horreur, sans jamais y entrer frontalement. Ce déni de regard crée un vide, un abîme. Un récit âpre, ancré dans la désillusion. Une manière de dire qu’il n’y a rien à sauver. Ces monstres, ces gens ordinaires devenus rouages de la mort, sont irrécupérables.
C’est un film qui ne cherche pas à faire comprendre, encore moins à pardonner. Juste à montrer, frontalement mais sans fracas, l’effrayante banalité du mal.
Et cela suffit à glacer l’âme.





















