mercredi 30 mars 2011

LE ROYAUME DE GA'HOOLE, LA LEGENDE DES GARDIENS


Legend of the Guardians : The Owls of Ga'Hoole. de Zack Snyder. 2010. U.S.A. 1H39. Avec Emily Barclay, Abbie Cornish, Essie Davis, Adrienne DeFaria, Joel Edgerton, Deborra-Lee Furness, Sacha Horler, Bill Hunter...

Date de Sortie. France: 27 octobre 2010, U.S.A: 24 septembre 2010

FILMOGRAPHIE: Zack Snyder est un réalisateur, scénariste et acteur américain né le 1er mars 1966 à Green Bay, Wisconsin (États-Unis).
2004 : L'Armée des morts
2007 : 300
2009 : Watchmen
2010 : Le Royaume de Ga'hoole : La Légende des gardiens
2011 : Sucker Punch
2012 : Superman: Man of Steel


    L'histoire est celle de Soren, un jeune hibou à qui son père relate la légende des Gardiens de Ga'Hoole, une bande de guerriers ailés mythiques qui menèrent une grande bataille afin de préserver la race des hiboux menacée par "les purs", des êtres démoniaques.


    Malheureusement je ne pourrais pas faire une critique détaillée par manque de temps mais je ne regrette pas LE ROYAUME DE GA'HOOLE.
    C'est un joli spectacle flamboyant sur les valeurs du Bien et du Mal, à situer quelque part entre Dark Crystal (les hiboux lobotomisés réduits à l'esclavage d'une puissance maléfique) et La Revanche des Siths (le 3è volet, pour la dualité des frères dont l'un décide de se subordonner aux forces obscures). Les envolées lyriques sont vertigineuses, les images évidemment magnifiques et il y a quelques scores musicaux envoutants et sublimes. Sans compter les séquences d'action quelque peu violentes (pour du familial) avec ses ralentis chorégraphiés, magistralement mis en scène par Snyder. Mission réussie pour notre réal actionner qui n'oublie jamais l'émotion de nos attachants hiboux ! L'animation est pour pas changer bluffante !




    mardi 29 mars 2011

    A BOUT PORTANT


    de Fred Cavayé. 2010. France. 1h24. Avec Gilles Lellouche, Roschdy Zem, Gérard Lanvin, Elena Anaya, Mireille Perrier, Claire Perot, Moussa Maaskri, Pierre Benoist, Valérie Dashwood, Virgile Bramly...

    Date de sortie France: 01 Decembre 2010.

    FILMOGRAPHIE: Fred Cavayé est un réalisateur français né à Rennes le 14 décembre 1967.
    2008: Pour elle
    2010: A bout portant.

                              

    Dans la lignée des films d'action hollywoodiens correctement emballés, A bout portant a de quoi rivaliser en terme de mise en scène maîtrisée menée à un rythme effrénée. Doté d'un indéniable savoir-faire technique, le réalisateur débutant Fred Cavayé prouve qu'il est un habile faiseur de polar survitaminé. Mais est-ce pour autant la résultante d'un grand film d'action laissant dans la mémoire une trace indélébile ?

    Samuel est un infirmier vivant paisiblement avec sa femme qui est sur le point d'accoucher. Un jour, un gang de malfrats débarque brutalement à son domicile pour kidnapper sa compagne. Quelques instants plus tard, après avoir été violemment assommé, Samuel se réveille avec la sonnerie de son téléphone portable ! Au bout du fil, les ravisseurs lui somment d'enlever un homme gravement blessé réfugié dans son centre hospitalier et surveillé par les forces de l'ordre. Mais pour cela, il  n'a que trois heures à remettre à ses malfaiteurs ce suspect dangereux afin de sauver la vie de sa dulcinée.

                             

    ATTENTION SPOILER !!! Deux hommes dans la ville que tout oppose, seuls contre tous, vont tenter de déjouer un odieux complot machiavélique mettant en cause un important dirigeant des services de police, coupable d'avoir commandité un crime en guise d'héritage faramineux. FIN DU SPOILER.
    Voilà en gros le bref résumé de ce polar clinquant misant tout son potentiel dans une imparable efficacité de revirements intrépides et d'action échevelée !
    Il sera alors bien difficile pour le spectateur de s'y ennuyer tant les situations pernicieuses et les coups de trafalgar éloquents se succèdent à un rythme maximum ! Le problème avec ce genre de bondissant spectacle totalement ludique, c'est qu'il ne mise que sur son caractère haletant et spectaculaire au détriment des personnages et de la consistance d'un solide scénario. Car c'est là où le bas blesse avec ce projet prometteur car les revirements incessants et rebondissement haletants en font finalement tellement des tonnes que les invraisemblances et les grosses ficelles coutumières pullulent avec une facilité déconcertante. Comme les tentatives d'évasion de notre héros sautant du haut d'une fenêtre d'un appartement pour regagner celle située en face avec une improbable aisance ! Ou celui d'empoigner avec une désarmante agilité une altère pour la balancer dans la gueule de son adversaire hostile ! Des exemples comme ceux énumérés sont introduits à intervalle régulier durant la globalité du récit endiablé !
    Mais le pire intervient avec l'arrivée organisée d'une bande de délinquants défavorisés venus foutre le zouc dans un commissariat sous les recommandations de l'équipier de Samuel, Starter, interprété par Roschdy Zem ! Une séquence loufoque complètement débridée alors que nos héros vont tenter désespérément de s'échapper des locaux policiers dans une succession d'incidents déployés avec une frénésie délurée !

                              

    Techniquement, le film percutant s'en sort haut la main et utilise habilement le maniement d'une caméra inventive investissant les lieux avec une agilité consciencieuse et structurée. Les décors urbains sont esthétiquement soignés et particulièrement bien exploités et les courses poursuites vertigineuses sont parfaitement spectaculairement dirigées.
    Mais l'émotion forte est surtout privilégiée vers son point d'orgue culminant dans une dernière demi-heure particulièrement intense pour les tentatives désespérées que nos héros doivent faire face à rétablir la vérité et retrouver saine et sauve une otage condamnée à une mort certaine !

    Gilles Lelouche se sort honorablement d'un rôle de citoyen lambda destiné à retrousser ses manches et devenir un valeureux héros pour sauver la vie de sa jeune future mère de famille. Agile, bondissant et téméraire, l'acteur dirigé à contre-emploi offre le meilleur de lui même dans une jolie prestance qui permet d'accentuer le caractère dramatique de sa situation désespérée.
    L'excellent Roschdy Zem et sa trogne confirmée de briscard finaud au regard austère assure un maximum dans sa froideur déterminée à faire payer les responsables de sa traque démesurée. Son déploiement de violence ferme et sa capacité à s'extraire des pires situations accordent pas mal de crédit envers cette incessante chasse à l'homme.
    Gérald Lanvin dans le rôle du salaud détestable compose avec son habituelle autorité et son charisme endurci un personnage perfide, potentiellement dénaturé par une expression quelque peu caricaturale dans son regard noir dénué de la moindre parcelle d'humanité.

                               

    Sous ses airs de 24 h chrono limité en 3 heures de direct, A bout portant est un bon film d'action techniquement adroit et mené à un rythme d'enfer. Malheureusement, son scénario classique n'éludant pas les invraisemblances et les facilités requises empêchent le film captivant de se hisser au niveau du polar brut mémorable.
    Alors que l'interprétation globalement pertinente et l'efficacité des scènes d'action concourent malgré tout de nous faire passer un bon moment aimablement ludique.
    Les fans d'action pure et dure devraient en tous cas y trouver leur compte alors que notre pays hexagonal fait honneur au cinéma de genre techniquement judicieux et acéré.

    29.03.11
    Bruno Matéï.

    dimanche 27 mars 2011

    MOTHER AND CHILD. Grand Prix au Festival de Deauville 2010.

     

    de Rodrigo Garcia. 2010. U.S.A. 2H06. Avec Naomi Watts, Samuel L. Jackson, David Morse, Annette Bening, Carla Gallo, Brittany Robertson, Kerry Washington, Amy Brenneman, Tatyana Ali, Marc Blucas...

    Date de Sortie: France: 17 novembre 2010, U.S.A: 07 mai 2010.

    FILMOGRAPHIE:  Rodrigo Garcia est un réalisateur colombien né le 24 Aout 1959. Après diverses séries TV, il entreprend de passer au long-métrage en 2008 avec Les Passagers.
    2008: Les Passagers. 2010: Mother and Child. 2011: Albert Nobbs.

                                            

    Grand vainqueur du Festival de Deauville en 2010, Mother and Child établit sans niaiserie un drame intimiste et pudique décrivant avec une sobre sensibilité le témoignage tourmenté de trois femmes lamentées. Une frustration commune de ne pouvoir accéder à leur rêve d'une union familiale et maternelle inscrite dans la sérénité et l'épanouissement. Karen est une quinquagénaire caractérielle, solitaire et introvertie, contrariée par l'état de santé fébrile de sa mère gravement malade. Sa fille Elisabeth a été abandonnée à sa naissance alors que Karen n'avait que 14 ans au moment de l'accouchement. Elle est aujourd'hui une avocate cumulant les conquêtes masculines jusqu'au jour où elle envisage la naissance d'un enfant avec son patron. Lucy est une jeune fille inféconde mais qui décide en ultime recours d'adopter un enfant avec le soutien de son compagnon. Par le fruit du hasard, ces trois femmes inassouvies plongées dans l'amertume et les incertitudes vont finalement fusionner et s'épauler grâce à l'alchimie de l'amour cathartique.

                                         

    Dominé par la présence chétive et gracieuse de trois actrices formidables de justesse et de frugalité, Mother and Child est comme son titre le suggère l'union universelle des relations parentales bafouées. Une description introspective sur les rapports difficiles et conflictuels de trois femmes confrontées à la lâcheté, l'égoïsme et l'immaturité de parents complexés car eux mêmes fustigés par leur enfance déloyale soumise à la souffrance morale. C'est ce manque d'amour, de communication et de dignité qui aura à jamais changer leur destinée et leur manière précaire de prendre en main un avenir austère pour la naissance éventuelle d'une progéniture infantile. Le réalisateur Rodrigo Garcia décrit avec un soin humaniste entièrement dédié à la ligue féminine et sans discours pompeux le poignant cheminement de ces trois femmes profondément meurtries par leur passé troublé. Une fêlure ancrée dans leur mentalité depuis leur enfance galvaudée par la cause d'une démission maternelle, alors qu'une malformation congénitale est sévèrement réprimée pour l'une d'entre elles incapable de procréer. C'est ce parcours tortueux, semé d'obstacles que nous allons suivre durant leurs moments intimes de doute et d'espoir jusqu'au jour où la fatalité souhaite les unir pour tenter de réconcilier les rancoeurs et sauver l'avènement d'un nouvel enfant.

                                                

    Naomi Watts incarne avec sensualité et un charme désenchanté sous-jacent le profil instable d'une jeune avocate courtisane et indépendante, incapable d'assumer un foyer familial à cause d'une mère absente depuis sa naissance. Son instinct maternel d'entreprendre malgré tout la naissance d'un enfant et le fait de retrouver sa mère biologique sont une manière rédemptrice de pouvoir offrir un regain d'intérêt à sa vie esseulée éludée d'un amour pur et épanoui. Et ce, même si son nouvel amant (Samuel L. Jackson) semble avoir la maturité nécessaire pour s'y accorder avant de se défiler au moment le plus opportun. C'est Annette Bening qui compose le rôle fragile d'une quinquagénaire taciturne et caractérielle, victime d'avoir enfanté dès son plus jeune âge un enfant qu'elle s'est vue contrainte et forcée d'abandonner. Sans doute le personnage le plus empathique du trio du fait d'une vie morne jalonnée de déceptions amoureuses mais surtout une femme à l'aube du 3è âge, rongée par la culpabilité à cause d'une fille qu'elle aura trop longtemps dénigré. Enfin, Kerry Wahington (les 4 Fantastiques / The Dead Girl) interprète avec conviction une jeune femme de couleur déterminée à adopter un enfant en guise d'infécondité mais lâchement abandonnée et trahie par deux évènements fortuits. Son impatience, son pessimisme illégitime et son manque de courage envers un enfant qu'elle ne connait pas seront malgré tout privilégiés par la présence cette-fois ci fructueuse d'une mère aimante et attentionnée qui aura l'intelligence maternelle d'inculquer à sa fille son éthique liée au devoir parental, aux sens des valeurs mises en exergue dans la dignité humaine.

                                            

    Superbement interprété par trois actrices candides, Mother and Child est un drame fébrile réalisé avec modestie et pudeur compromis à la filiation générationnelle de femmes engagées à rendre leur vie plus harmonieuse par l'entremise de la fécondité. Dans une mise en scène dépouillée de sentiments lacrymaux, Rodrigo Garcia dépeint avec vérité mesurée le témoignage de ses femmes versatiles et refoulées blâmées par la faute de parents irresponsables. Mother and Child démontrant que l'innocence infantile est la période de la vie la plus précieuse, qu'il faut à tous prix en préserver sa pureté par l'amour conjugal engagé dans une relation de confiance et d'équilibrée épanoui.

    28.03.11
    Bruno Matéï.
                                           

    mercredi 23 mars 2011

    Harry Brown

                   
    de Daniel Barber. 2009. Angleterre. 1h43. Avec Michael Caine, Emily Mortimer, Liam Cunningham, Iain Glen, Jack O'Connell, Charlie Creed-Miles, Ben Drew, David Bradley, Raza Jaffrey, Joseph Gilgun...

    Date de Sortie. France: 12 janvier 2011 / U.S.A: 30 avril 2010

    FILMOGRAPHIE: Daniel Barber est un réalisateur britannique. 2007: The Tonto Woman (court-métrage). 2009: Harry Brown.

                                               

    Sur les traces d'Un Justicier dans la ville, Vigilante, le Droit de tuer ou plus récemment l'excellent hommage Death Sentence, ce premier film du réalisateur anglais Daniel Barber renoue avec la violence hardcore, abrupte et poisseuse du Vigilante movie sur fond de malaise des banlieues. Et ce sans ne jamais verser dans la surenchère racoleuse comme il est généralement requis chez les films d'exploitations. Ainsi, cet électro-choc subversif s'avère d'une puissance dramatique rarement illustrée de manière aussi clinique pour le genre (stigmatisé) de l'auto-défense, trop souvent engagé dans le pur divertissement réac (pour ne pas dire fascisant). Le Pitch: Après le décès de sa femme gravement malade, Harry est un retraité reclus dans l'immeuble précaire de son quartier contrôlé par la délinquance environnante. Profondément peiné de la disparition de sa défunte, il coule des jours langoureux en compagnie de son ancien ami Léonard en se remémorant avec nostalgie son passé idyllique entre deux parties d'échec. Un jour, Léonard résidant dans le même bâtiment lui avoue avec désespoir son ras le bol de devoir faire face à une bandes de jeunes désoeuvrés qui ne vivent que pour la violence, via leurs récurrents règlements de compte faute de trafics de drogue. Le lendemain de leur discussion, la police dépêchée au domicile de Harry lui apprend que son ami a été retrouvé sauvagement assassiné sous un tunnel à proximité de leur building. De surcroît, il aura fallu un autre incident majeur portant atteinte cette fois-ci à Harry pour que l'homme déchu se transforme en justicier vindicatif.

    VIOLENT SHIT.
    Ainsi, à travers une mise en scène rugueuse impeccablement maîtrisée portant une sensible attention à l'humanité meurtrie de ses personnages, Harry Brown nous emmène droit en enfer, au coeur d'un problème de société davantage expansif et sinistré: la montée de l'ultra-violence par l'entremise de la délinquance juvénile. Dès le âpre préambule, filmé caméra tremblotante à l'épaule, le ton est donné ! Un acte de violence lâchement gratuit est brutalement perpétré envers une mère de famille horrifiée ! Alors que sa conclusion ironiquement percutante ciblant nos meurtriers décervelés nous surprend de façon impondérable de par sa pathétique destinée involontairement fustigée. Sans compromis et refus du spectaculaire pétaradant, car avec souci de véracité proche du documentaire, Harry Brown nous entraîne irrémédiablement dans la moiteur d'un climat malsain tangible, sordide et poisseux octroyé à une folie meurtrière d'un nihilisme confondant ! Si bien que le cheminement mortuaire de ce retraité pacifiste et docile de prime abord demeure une langoureuse épreuve suicidaire afin d'y rétablir la justice individuelle au sein d'un monde putride en état d'agonie ! Chaque personnage marginal que Harry côtoie étant incarné par des comédiens sidérants d'authenticité de par leur charisme fétide de trogne burinée, fracassé d'une existence en déliquescence et ravagé par le fléau de la drogue dure. Des brutes psychotiques se vautrant en toute négligence dans l'insalubrité uniquement destinées à l'auto-destruction et l'addiction refoulée de la violence immorale. Des acteurs faméliques si criant de vérité que l'on en vient même à se demander s'il ne s'agit pas de véritables toxicomanes jouant leur propre rôle face l'écran ! A titre d'exemple imparable, la séquence qui voit Harry Brown pénétrer dans l'enceinte d'un appartement crasseux suintant la puanteur et l'écume auquel deux camés ont maltraité une jeune prostituée après avoir filmé leurs ébats sexuels s'avère sidérant de malaise persuasif. Une atmosphère licencieuse est dévouée à s'insinuer lentement à travers notre psyché tourmentée avant l'explosion de violence aussi explicite que radicale !
                                 
    Par conséquent, ce parcours funeste dirigé avec autorité par un cinéaste consciencieux démontre avec un esprit de maturité et une puissance dramatique acérée le cheminement de certains protagonistes épaulés par leur moralité mais irrésolus, impuissants face à la sauvagerie d'une jeunesse qu'ils ne comprennent plus. Un triste constat déloyal nous est donc établi sans détour si bien que la communication est définitivement rompue à travers l'intolérance des deux camps rivaux pour cause d'une parité davantage discriminatoire et tendancieuse. Alors que certains parents incriminés et responsables sont également de la partie pour déraciner une société laxiste en chute libre, sans déontologie, pratiquant une violence punitive sauvagement rétorquée. C'est l'immense Michael Caine qui s'accapare de l'écran avec une austérité amère pour envoûter chaque séquence dans la déchéance humaine de ces quidams toxicos et meurtriers qu'il combat sans restriction. Une imposante présence humaine chétive car n'oubliant jamais sa dignité empathique (voir la séquence où il décide de sauver une jeune fille droguée en allant la déposer devant l'entrée d'un hôpital) pour un homme soudainement laminé par le poison de la violence gratuitement perpétrée. Un vengeur spectral et méthodique étrangement diabolisé par l'emprise de la haine, l'iniquité et la rancoeur. Ce qui aura pour conséquence irréversible d'alimenter sa vengeance expéditive. Démuni de ceux qu'ils chérissaient, anéanti par la perte de son vieil ami sauvagement assassiné dans des conditions atroces, l'acteur habité par sa souffrance élégiaque nous envoie en pleine face son malaise insurmontable de devoir nécessairement affronter en ange exterminateur des jeunes délinquants réduits à l'état primal. 

    TOUTE SOCIETE ENGENDRE LES CRIMES QU'ELLE MERITE.
    Nonobstant un final futilement conventionnel dans son effet de suspense escompté, Harry Brown est un cauchemar urbain d'une aura viscérale suffocante. Noyé d'un pessimisme alarmant, le film profondément dérangeant dépeint avec une vérité aride qui laisse sur les rotules un terrifiant sentiment d'échec sur la délinquance juvénile. Un tableau tristement actuel sur cette jeunesse désoeuvrée réfugiée dans la drogue et la banalité de la mort, totalement désorientée d'un avenir impondérable et négligeable, et donc davantage enracinée dans leur révolte aliénée. Alors que les forces de l'ordre ordonnées à éradiquer les émeutes intempestives se regroupent machinalement à une guerre sans merci pour un scénario stéréotypé qui ne fera que se répéter à l'infini. Et ce n'est pas au final les résultats insidieux des chiffres prometteurs de la baisse de la délinquance qui viendront nous réconforter sur l'avenir d'une génération sacrifiée, prête à y ordonner le chaos ! Proprement effrayant de lucidité, tristement actuel et implacablement dévastateur !

    Dédicace à Philippe Beun-Garbe et Daniel Aprin.
    23.03.11
    Bruno Matéï.
                         
                                           

    mardi 22 mars 2011

    NAVIGATOR (The Navigator: A Mediaeval Odyssey)

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Cinebisart.com

    de Vincent Ward. 1988. Australie/Nouvelle Zélande. 1h31. Avec Bruce Lyons, Chris Haywood, Hamish McFarlane, Marshall Napier, Noel Appleby, Paul Livingston, Sarah Peirse, Mark Wheatley, Tony Herbert, Jessica Cardiff-Smith...

    Date de sortie: U.S.A: Décembre 1988.

    FILMOGRAPHIE: Vincent Ward est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur néo-zélandais né en 1956 à Greytown (Nouvelle-Zélande).
    1984 : Vigil. 1988 : The Navigator: A Mediaeval Odyssey. 1993 : Map of the Human Heart. 1998 : Au-delà de nos rêves. 2005 : River Queen


    Une décennie avant la guimauve Au delà de nos rêves (désolé pour les fans), le méconnu Vincent Ward s'était surpassé en 1988 pour mettre en boite un film maudit, chef-d'oeuvre d'aventures fantastiques inexplicablement condamné à l'oubli, voir l'indifférence depuis sa discrète sortie en salles. En 1348, dans un village anglais, la peste noire fait rage et terrorise les habitants. Mais un groupe d'aventuriers mené par un enfant prodige part à la quête d'une cathédrale située à l'autre bout du monde pour y déposer une croix. Pour cause, c'est à travers la vision d'un rêve prémonitoire que le jeune Griffin parvint à convaincre ses camarades que seule une icone religieuse pourrait les protéger de la maladie mortellement contagieuse. Mais en creusant un tunnel, ils se retrouvent projetés quelques siècles plus tard, en 1988, dans l'agglomération urbaine de la Nouvelle-Zélande ! Attention ovni immersif saisissant de réalisme historique, à situer quelque part entre Bandits, bandits de Terry Gillian et le (tristement) célèbre Les Visiteurs de Jean Marie Poiret ! L'oeuvre insolite s'avère d'autant plus captivante et dépaysante qu'elle est endossée par des comédiens méconnus criant de vérité tant et si bien qu'on les croiraient sortis de l'époque médiévale dans lequel ils évoluent ! Comme le sous-titre originel l'indique, cette odyssée médiévale conduite avec entrain par deux frères et quatre acolytes nous transporte au sein d'un périple fantastique à la fois baroque et délirant.


    En effet, de manière récurrente, nombre de séquences impromptues vont interférer chez nos héros en herbe, comme celles de traverser prudemment une autoroute à la circulation intensive, s'opposer contre les grues d'un chantier industriel en travaux ou encore affronter à bord d'une barque, et accompagné d'un cheval blanc, un sous-marin s'extirpant brusquement de la mer déchaînée. Sans compter qu'un peu plus tard, l'un de nos héros affrontera un train en marche de manière suicidaire, bien avant qu'un autre n'escalade une gigantesque cathédrale pour y implanter la fameuse croix. Nombre de ces situations saugrenues transposées dans notre environnement contemporain auraient pu sombrer dans le ridicule (remember les pitreries des Visiteurs et de l'insupportable Clavier proférant à tout va ses répliques risibles !) si elles n'étaient pas mis en exergue avec autant de réalisme et de soin formel sous couvert du voyage temporel plus vrai que nature. Une escapade semée d'embûches rationnelles mais rendues extraordinaires sous l'impulsion effarée de nos héros confrontés à l'infrastructure de notre monde civilisé. Tel l'illumination féerique d'une métropole nocturne, l'apparence futuriste de nos véhicules routiers, la trajectoire outre-mesure d'un navire submersible ou celle rectiligne d'un convoi cheminant à grande vitesse. Outre son panel de cocasseries folingues, la force du récit émane aussi de son contexte médiéval illustrant, non sans humour, sensibilité et poésie, une période noire de pandémie via la transmission mortelle de la peste et d'y semer les thèmes de la peur de la maladie et du sens du sacrifice. Car à travers les songes d'un enfant aux pouvoirs divinatoires, Navigator entreprend notamment de nous conter le voyage initiatique d'une cohésion héroïque avec une candeur humaine fragile.


    D'une fulgurance formelle alternant le noir et blanc et la couleur, et scandé de choeurs religieux, Navigator est un chef-d'oeuvre de fantaisies héroïques au pouvoir de fascination prégnant. Quand bien même on finit par se surprendre de sa dimension dramatique lors d'un final poignant prônant le sens du sacrifice et le code d'honneur familial. Une odyssée féerique inoubliable à découvrir d'urgence ! 

    Note: Le film aurait été couronné de 21 récompenses à travers le monde dont le Meilleur Film à Sitges, au Fantafestival, au New Zealeand Film and TV Awards et à l'Australian Film Institute.

    22.03.11
    Bruno Matéï

    lundi 21 mars 2011

    RED ROAD. "Prix du Jury au Festival de Cannes 2006"

                


    de Andrea Arnold. 2006. Angleterre. 1H53. Avec Kate Dickie, Andrew Armour, Tony Curran, Nathalie Press, Martin Compston...

    Prix du Jury au Festival de Cannes 2006.

    Sortie France: 06 décembre 2006, U.S.A: 13 avril 2007

    FILMOGRAPHIE: Andrea Arnold, est une réalisatrice et scénariste britannique née le 5 avril 1961 à Datford dans le Kent en Angleterre. 2006 : Red Road. 2009 : Fish Tank
                                                

    Trois ans avant le remarquable Fish Tank qui dépeignait avec vérité crue le portrait d'une adolescente en plein éveil sexuel et identitaire, Red Road, récompensé du Prix du Jury à Cannes, relate le douloureux parcours d'une femme esseulée, brisée par un destin meurtri, en quête désespérée d'une justice rédemptrice. Jackie est une trentenaire solitaire exerçant la profession d'opératrice d’une société de vidéo-surveillance. Chaque jour, elle scrute les faits et gestes d'invididus lambdas déambulant dans les ruelles d'une métropole anglaise. Un matin et de façon quotidienne, elle aperçoit un homme suspicieux commettant de petits larcins jusqu'au moment où il semble être en transaction avec une jeune fille marginale. Fascinée par cet homme méfiant, elle décide de partir à sa rencontre pour tenter d'en savoir plus à son égard.
                                                 

    Dans le même esprit de souci de réalisme filmé à la manière du documentaire, Red Road est un drame humain particulièrement inhabituel dans sa structure conditionnée à la forme d'un thriller laissant le spectateur perplexe en suspens durant les 2/3 tiers du film. En effet, les motivations de l'héroïne n'appartiennent qu'à elle seule durant la majeure partie du récit car nous ne savons rien ou si peu de ces agissements ordonnés, déraisonnés et contradictoires quand celle-ci décide d'aborder un homme suspicieux entr'aperçu à travers ses caméras de vidéo-surveillance. Cet individu marginal d'une quarantaine d'années vit reclus parmi un jeune couple dans une banlieue précaire, entre soirée arrosées et petits trafics avec délinquants de seconde zone. Jackie est une femme austère, distante et secrète vivant dans une solitude volontairement introvertie même si elle se permet de manière récurrente d'offrir son corps rigide en guise d'affection sexuelle pour les faveurs d'un collègue de travail. Après avoir aperçu cet homme mystérieux via ses caméras de vidéo surveillance, elle décide de pénétrer dans ce monde marginalisé qu'elle ne fréquentait pas et se laisse aguicher par l'homme sans indentité tout en faisant la connaissance occasionné d'un couple juvénile désorienté vivant communément en trio. Dès lors, elle n'aura de cesse de se contredire dans son état d'esprit tourmenté et hésitant voué à l'attraction / répulsion envers cet être socialement instable et inflexible cachant un pénible secret. C'est ce que nous allons enfin apprendre dans la dernière partie du métrage, au moment où un jeune fils ira se confronter physiquement avec son propre père dans un bar miteux que le récit va prendre une toute autre ampleur psychologiquement abrupte et salvatrice pour le spectateur délivré par les confidences subversives de nos personnages écorchés.
                                               

    Dans son physique famélique et un regard austère étrangement attirant, Kate Dickie campe avec un naturel inné une femme bafouée, involontairement fustigée et violée au plus profond de son âme. Son parcours méticuleux et aride n'étant qu'une quête individuelle pour délivrer sa douleur insurmontable d'un épouvantable drame inéquitable. Alors que son instinct vindicatif va prendre une tournure inhabituelle en point d'orgue aléatoire pour lui permettre de renouer avec un semblant de vie normalisé. Entaché de quelques longueurs et d'un rythme langoureux qui pourrait rebuter certains spectateurs, Red Road est pourtant une remarquable introspection sur un personnage taciturne rongé par sa rancune dans son aigreur insurmontable pour cause d'une tragédie intimiste. Avec force, réalisme brut (la relation sexuelle entre les deux amants, à la limite de la pornographie, est sidérante d'authenticité viscérale !!!) et émotion sans esbroufe, ce faux thriller tourné à l'envers ne cesse d'intriguer notre questionnement avant les révélations justifiées vouées à l'humanité rugueuse de chaque personnage. Une seconde vision du film serait alors indispensable pour mieux capter et saisir toute l'essence dramatique enfouie dans le psyché intérieur de notre héroïne lamentée, obsédée par la quête de repentance potentiellement rédemptrice.
                                                                            

    Récompenses:
    . Festival de Cannes 2006 : Prix du Jury
    . BAFTA 2007 : prix Carl Foreman du nouveau venu le plus prometteur pour Andrea Arnold
    . BAFTA écossais 2006 : BAFTA du meilleur film, BAFTA du meilleur réalisateur, BAFTA du meilleur scénario, BAFTA du meilleur acteur dans un film écossais pour Tony Curran, BAFTA de la meilleure actrice dans un film écossais pour Kate Dickie
    . British Independent Film Awards 2006 (BIFA) : prix du meilleur acteur pour Tony Curran, de la meilleure actrice pour Kate Dickie, nommé pour le prix du meilleur film, du meilleur second rôle pour Martin Compston et au Douglas Hickox Award pour Andrea Arnold
    . Coup de cœur du jury au festival du film britannique de Dinard 2006
    . London Critics Circle Film Awards 2007 : nommé pour le prix du meilleur film, du meilleur acteur pour Tony Curran, de la meilleure actrice pour Kate Dickie, du meilleur nouveau venu britannique de l'année pour Andrea Arnold
    Festival du film de Londres 2006 : trophée Sutherland

    21.03.11.
    Bruno Matéï.
                                             

    vendredi 18 mars 2011

    LE RETOUR DES MORTS-VIVANTS (el ataque de los muertos sin ojos) Uncut.

                                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

    de Amando De Ossorio. 1973. Espagne. 1H35. Avec Tony Kendall, Fernando Sancho, Esperanza Roy, Frank Brana, Lone Fleming, Juan Cazalilla, Maria Nuria, José Canalejas, Ramon Lillo, José Thelman, Loli Tovar.
    FILMOGRAPHIE: Amando de Ossorio (6 avril 1918 – 13 janvier 2001) est un réalisateur espagnol spécialisé dans le film d'horreur et connu plus particulièrement pour sa tétralogie dite « des Templiers ».
    1956 : La Bandera negra (The Black Flag) ,1964 : La Tumba del pistolero,1966 : Massacre à Hudson River, 1967 : Pasto de fieras, 1967 : La Niña del patio,1967 : Arquitectura hacia el futuro, 1968 : Escuela de enfermeras, 1969 : Malenka, 1971 : La Révolte des morts-vivants , 1973 : La Noche de los brujos, 1973 : Le Retour des morts-vivants , 1974 : The Loreley's Grasp, 1974 : Le Monde des morts-vivants, 1975 : La Chevauchée des morts-vivants, 1975 : La Endemoniada,1976 : Las Alimañas (The Animals), classé S (= X en Espagne),1980 : Pasión prohibida (Forbidden Passion), classé S (-18 de ans) en Espagne, -18 puis reclassé -16 en France, 1984 : Hydra, le monstre des profondeurs.

                                                 

    Second volet de la célèbre saga des templiers créé par Amando De Ossorio, le Retour des morts-vivants est une forme de séquelle conventionnelle, à situer entre un épisode de Salut les musclés (sans la présence de Hilguegue bande de coquins !) et La Nuit des Morts-vivants. Alors qu'une fête au village de Bouzano bat son plein, nos templiers revanchards reviennent à nouveau d'entre les morts pour trucider tous les invités à coups d'épées pourfendeuses. Mais un groupe de survivants plus chanceux que les autres a réussi à trouver refuge dans une église prise d'assaut par nos zombies. En attendant que l'aube matinale revienne prendre ses droits sur l'emprise du surnaturel. Je ne vais pas m'attarder longuement sur cette pseudo suite à la Révolte des morts-vivants tant l'entreprise bricolée est dénuée d'une quelconque inspiration sachant que cette mascarade gentiment niaise sent sérieusement le réchauffé dans son impression déjà vu. Et ce n'est pas l'interprétation surjouée des comédiens qui va permettre de rehausser l'ensemble ! Pourtant, une attention esthétique est accordée à la photographie joliment saturée, notamment deux, trois images d'aube matinale à l'ambiance macabro poétique. Il y a aussi certains effets involontairement cocasses ou hilarants qui retiennent par moments intermittents l'attention, comme ce joyeux luron contraint de réanimer l'armée de morts-vivants alors qu'en guise de remerciement il se verra malencontreusement piétiner par les sabots de chevaux échevelés. La manière dont il se fera plus tard décapité vaudra également son pesant d'humour sardonique. Il y a aussi cette séquence mesquine avec nos héros se posant la question s'il faut venir en aide à une fillette égarée dans la nature, prise à partie au milieu des templiers, alors que sa maman décervelée se fera bêtement éventrer à coup d'épée après avoir tenté en dernier ressort de la sauver. Quelques effets gores typiquement latins dans leur graphisme morbide font également leur petit effet (du moins, dans la version Uncut !). Eventrations, main ou tête tranchée et seins percés égayent notre esprit voyeuriste dans leur tonalité cracra complaisamment étalée en zoom, de manière à bien insister sur les plaies ouvertes déversant des giclées de sirop de grenadine. Enfin, sachez qu'au niveau de la narration, l'intrigue se divise en deux parties. L'une s'oriente sur l'esprit familial d'une fête estivale célébrant dans leur village l'anniversaire des templiers avant le massacre annoncé. Tandis que l'autre privilégie un groupe de survivants enfermés dans le huis-clos d'une petite église rapidement assaillie par nos zombies rancuniers. S'ensuit une succession de tentatives d'évasions perpétrées par nos rescapés, sachant que l'esprit de solidarité leur sera rarement acquis et que chacun devra personnellement compter sur son égocentrisme pour tenter de s'échapper de cet endroit barricadé.


    Pour conclure, bien que le rythme soit plus vigoureux et violent que son prédécesseur, le Retour des Morts-Vivants est un ersatz qui ne laissera pas un souvenir impérissable, car se révélant au bout du compte rapidement rébarbatif à cause de sa fâcheuse impression de déjà vu. Alors que les défaveurs du temps n'auront même pas permis de lui accorder un charme désuet dans sa nostalgie escomptée (à deux, trois scènes près). A voir éventuellement comme curiosité, en priorité pour ceux n'ayant jamais tenté le premier volet.

    Bruno Matéï    
    18.03.11


    mercredi 16 mars 2011

    Cauchemars à Daytona Beach / Nightmare


    de Romano Scavolini. 1981. U.S.A. 1h37. Avec Sharon Smith, Baird Stafford, CJ Cooke, Mik Cribben, Kathleen Ferguson.

    Sortie salles France: 9 Juin 1982 (ou 23 Février 1983)

    FILMOGRAPHIE: Romano Scavolini est un réalisateur italien né le 17 JuiN 1940.
    2007 Two Families, 2005 L'apocalisse delle scimmie, 2004 Le ultime ore del Che (documentary), 1988 Dog Tags, 1981 Cauchemars à Daytona Beach, 1980 Savage Hunt, 1973 Servo suo, 1973 Cuore, 1972 Exorcisme tragique - Les monstres se mettent à table, 1969 Entonce, 1969 L'amore breve, 1968 La prova generale, 1966 A mosca cieca


    Romano Scavolini est un réalisateur méconnu du public français, exception faite avec cette série B que l'amateur des années 80 s'était empressé de louer au vidéo-club, particulièrement attiré par l'ébauche du faciès ensanglanté illustré sur la jaquette ! Une oeuvre scabreuse surgie de nulle part car dépassant les frontières de la bienséance, au point d'en être bannie des écrans anglais et de rejoindre la liste des "video- nasty" invoquée par leur censure ! Suite à son internement en asile psychiatrique, un patient est relâché dans la nature après lui avoir prescrit un nouveau traitement médical. L'addiction à sa folie meurtrière ne tarde pas à se manifester... Dès le préambule cinglant, nous sommes frappés d'horreur face à un cauchemar éveillé ! Dans une chambre opaque, un homme en suée convulse sur son lit, faute d'un sommeil perturbé. Subitement réveillé d'un fantasme délirant, il ouvre les yeux pour empoigner violemment ses draps et apercevoir au bout du lit la vision ensanglantée d'une tête tranchée ! La caméra scrutant de manière furtive et régulière le regard noir de la dame décapitée afin de mettre en évidence l'inertie de son expression ! Hurlements acharnés de l'individu face à cette macabre mise en scène qu'une partition musicale vrombissante va accentuer pour nous éreinter les oreilles ! Mais ce prologue démarré en trombe n'était qu'un leurre, le songe cauchemardesque du patient Georges Tatum plongé dans sa folie interne !


    La scène suivante nous révélant ensuite que nous sommes dans l'enceinte d'un centre psychiatrique parmi sa présence en camisole. Place ensuite à ces errances nocturnes après sa liberté surveillée sous contrôle médical. Au coeur de la ville de Daytona, le réalisateur s'attarde à fignoler une ambiance glauque à travers les recoins de peeps-show et de bars malfamés grouillant de pèlerins peu recommandables. C'est dans cet univers suffoquant et malsain que Georges Tatum souhaite d'abord s'y réconforter. Mais rapidement, ses pulsions meurtrières vont le rappeler à sa folie pour perpétrer un meurtre des plus crapuleux !!! A l'italienne s'il vous plaît, de par la natalité du réalisateur et par l'aspect graphique de l'égorgement rappelant les dérives complaisantes d'un d'Amato ou Fulci. Afin de crédibiliser la crudité du crime, les maquillages incisifs ont été soigneusement agrémentés par le spécialiste en la matière, Mr Ed French ! En intermittence d'un fondu au noir, le réalisateur nous mémorise le décompte journalier des errances du tueur jusqu'à l'ultime carnage escompté. Une manière expectative d'appréhender l'horreur et donc de suggérer une certaine tension.


    Le cheminement indécis de Tatum prend ensuite une trajectoire plus posée lorsqu'il décide de surveiller les faits et gestes d'une famille ordinaire, hormis l'attitude mesquine d'un garçonnet adepte de blagues morbides. Quand bien même un nouveau meurtre (réalisé hors champ cette fois-ci !) va être découvert par la police non loin de la demeure. Cette seconde partie se déroule de manière traditionnelle mais reste assez prenante, notamment grâce à l'ossature de son ambiance lourde quasi documentée. Enfin, pour parachever, l'ultime point d'orgue culmine vers un bain de sang putassier à jamais gravé dans nos mémoires ! Un florilège de séquences gores au paroxysme de l'indécence et d'un réalisme toujours aussi acéré ! Afin d'amplifier le malaise, l'atmosphère fétide qui en découle est notamment exacerbée des râles moribonds que les victimes profèrent durant le supplice de l'arme plantée dans leur chair. Spoiler !!! Quand bien même l'épilogue caustique en rajoute une louche dans l'indisposition face à l'apparition d'un bambin au rictus mesquin ! Fin du  Spoiler. Si on peut regretter un certain manque de rythme auprès du cheminement langoureux des allées et venus du tueur, sa prestation laconique ne laisse pas indifférent ! Incarné par l'inconnu Baird Stafford, l'acteur réussit véritablement à imposer une stature ombrageuse par son faciès patibulaire avant d'extérioriser une posture erratique parmi ses crises d'angoisse épileptique (écume aux lèvres à l'appui !) et ses pulsions de démence incontrôlée !


    Il torture, il tue, il souille !
    Avec l'appui d'une mélodie entêtante, d'une bande-son dissonante et d'une distribution méconnue quasi improvisée, Cauchemar à Daytona Beach est aujourd'hui reconnu comme un classique (marginal) du psycho-killer des années 80. Un docu-fiction regorgeant de déviance car réellement impressionnant dans son alliage d'ambiance mortifère quasi indicible et d'effets gores complaisants. Hormis sa narration prévisible, le film de Romano Scavolini constitue un pavé dans la marre de l'horreur underground. Une descente aux enfers où la transgression n'a pas de tabous pour nous marteler d'images cauchemardesques autour d'une amnésie infantile à jamais souillée (image inoubliable du rejeton ensanglanté fixant hagardement son reflet dans le miroir, une hache à la main !).

    Warning !!! En france, le Dvd édité par Neo Publishing est sortie dans une version entièrement censurée ! Seule, la Vhs d'époque publiée par Sunset Video est rigoureusement intégrale.
    Pour les inconditionnels, il est également possible de se rabattre sur le Zone 1 outre-Atlantique certifié uncut ou sur quelques blogs spécifiques.

    01.07.16. 5èx
    19.01.10. (850 v)

    BM


                                             

    LES DISPARUS (APARECIDOS)

                                          

    de Paco Cabezas. 2007. 1H46. Espagne/Argentine. Avec Ruth Diaz, Javier Pereira, Pablo Cedron, Hector Bidonde, Luciano Caceres, Damaso conde, Isabela Ritto.

    L'ARGUMENT: Malena et Pablo, une soeur et un frère qui voyagent en Argentine, découvrent un journal intime qui décrit des crimes commis vingt ans auparavant. Cette même nuit, une famille est assassinée selon les détails du journal. Malena et Pablo tentent de faire la part entre le réel et l’imaginaire...

                                                     

    Premier long-métrage de Paco Cabezas, également scénariste et déjà acteur de diverses séries TV, voir de la récente comédie franchouillarde "Camping 2" de Fabien Onteniente, "Les Disparus" mélange les genres en narrant une enquête troublante et passionnante ancrée dans le pur fantastique pour affronter de manière réaliste l'horreur humaine sur fond de génocide politique.
    Un frère et une soeur vont être amené à élucider la mystérieuse disparition d'une mère et de sa fille après que le mari fut sauvagement assassiné dans un hotel. Aidé d'un journal de bord et des fantomes du massacre de cette famille, Malena et Pablo oseront à peine imaginer quelle abominable vérité se cache derrière cette énigme sordide jamais résolue !
    A la manière du "6è sens" ou de "l'orphelinat" pour l'emploi maternel et fraternel de fantomes aidants, "Les Disparus" se propose à la manière d'une enquête policière, confuse et quelque peu maladroite de prime abord mais qui va rapidement installer un suspense et une tension distillée avec assez de savoir-faire grâce à une trame complexe mais passionnante et réalisée de manière assez judicieuse pour l'emploi renouvelé d'apparitions fantomatiques ancrées dans notre réalité ou tout du moins à travers celle des 2 héros du film, en quête éternelle de la vérité et de la véracité d'un journal décrivant multiples rebondissements dramatiques et horribles méfaits à diverses horaires de cadran d'une montre et endroits précis fatidiques dans une région reculée naturellement photographiée de l'Argentine.
    La force scénaristique de Paco Cabezas est également de dénoncer à travers une énigme fantastique un sujet politique, fasciste qui a eu cours en Argentine durant les années 1976-1986, une dictature militaire qui a entrainé une éradication systématique des opposants au régime (les desaparecidos), qui ont été plus de 30000. Des milliers d'êtres humains torturés, nettoyés, lapidés, expérimentés au nom de la haine et du pouvoir totalitaire rappelant aussi les pires atrocités commanditées par Hitler dans les divers camps de concentration créés en sa faveur durant la seconde guerre mondiale. "Les Disparus" renvoit une dête chère à l'humanité à travers ses fantomes emprisonnés sur eux-mêmes au plus profond de leur âme souillée devant l'horreur crapuleuse des dictatures, l'épouvantable supplice que des milliers d'innocents ont dû subir durant des journées interminables. Et si la dernière partie est assez éprouvante et crue dans ces quelques séquences de tortures infligées c'est pour mieux nous rendre conscience de l'agonie et de la souffrance de ces victimes commises durant le 20è siècle.
    Paco Cabezas nous emmene donc à travers cette histoire parfois émouvante de fantomes errants sur un terrain boueux d'une triste actualité, sur un ignoble fait divers honteusement trafiqué et camouflé par les pouvoirs publics et les forces de l'ordre. Une histoire douloureuse d'autant plus sensible car fragilisé par l'amour fraternel, l'union familiale d'un frère et d'une soeur déterminés à résoudre ensemble deux disparitions pour les remettre au grand jour et responsabiliser, condamner, voir tuer le coupable présumé.
    Malgré quelques légères incohérences et certaines facilités de ficelles éprouvées (la fille qui se délivre facilement de ses menottes où les victimes s'échappant par le trou d'une cave alors que le meurtrier cherchera bêtement à sortir par le grillage !), "Les Disparus" intrigue, interpelle et tient en haleine au fur et à mesure de la progression du récit davantage intense dans un suspense enthousiasmant mené avec entrain et le final superbement touchant, relevé d'images poétiques lacrymales dans sa pâle tonalité, émeut avec son constat alarmiste renoué grâce au moment de vérité et sa délivrance libertaire qui s'ensuit. .
    Un discours final optimiste, idéalisé et emprunt de naiveté pouvant prêter à sourire pour souhaiter de nous convaincre de ne pas recommettre les erreurs et les horreurs du passé et vivre de manière plus pacifiste, harmonieuse pour le prochain siècle à venir et à subir. Evènement décrit de manière caustique car à l'aube du 11 Septembre 2001 !
    Une bonne surprise intelligente venue à nouveau du pays de l'Espagne qui manque de maitrise dans sa réalisation mais se révèle pleine de bonnes intentions sans jamais nous indifférer devant la force d'un sujet aussi brulant, authentique, douloureux et humaniste.

                                                   

    01/06/10.

    FRAGMENTS (WINGED CREATURES)

                                    

    de Rowan Woods. 2009. 1H37. US.A. Avec Forest Whitaker, Kate Beckinsale, Guy Pearce, Dakota Fanning, Jennifer Hudson, Jackie Earle Haley, Jeanne Tripplehorn, Embeth Davidtz...

    L'ARGUMENT: Un groupe de personnes ont été témoins d'un acte meurtrier et suicidaire dans un fast food. Leur vie, leur destin va basculer à tout jamais...

                       

    "Fragments" est la 3è réalisation du méconnu Rowan Woods après "The Boys" et "Little Fish". Honteusement inédit chez nous en salles, ce drame psychologique intense et bouleversant retrace les destins croisés de cinq personnages lourdement commotionnés et secoués après qu'une sanglante fusillade ait éclaté dans la convivialité et sérénité d'un Fast-Food. Après cette tragédie soudaine sans aucun mobile nous allons suivre la difficulté de réadaptation à la vie sociale autour de cinq personnes qui étaient présentes durant ce drame sanglant. De simples citoyens honnetes et respectables peu à peu consumés par l'idée dérangeante de l'expérience avec la mort saisie en estocade, le but inavouable de notre raison d'être, du sens de notre existence quand un être cher se retrouve blotti et glacial dans un cerceuil six pieds sous terre.
    Une jeune mère seule, désespérée et affolée commencera à délaisser son bébé, un adolescent réservé et fragile, se renfermera sur lui même après qu'il ait eu l'expérience du revolver du meurtrier dirigé sur sa tempe, une jeune fille traumatisée du décès de son père mort sous ses yeux dans le restaurant se plongera aveuglement dans un fanatisme religieux, un médecin ira droguer volontairement sa femme et un homme divaguant condamné par le cancer ira se réfugier dans les jeux de casino.
    Rowan Woods nous délivre avec réalisme et sensibilité un portrait de personnages blessés rendus à fleur de peau où un simple fait divers morbide aura fait basculer leur vie à tout jamais. "Fragments" traite du choc émotionnel post-traumatique, des conséquences psychologiques irrémédiables qui s'ensuivent quand un drame brutal d'une telle violence se transforme en véritable tragédie sous les yeux de ces innocents témoins.

                        

    Selon la force de caractère et de mentalité de chacun, le tempérament et leur personnalité, nous allons suivre le temps des premiers jours de réadaptation le douloureux chemin tortueux de ces cinqs protagonistes livrés à eux-même, même si un psychologue de renom viendra les prendre en charge à la suite du drame pour cet évènement aussi soudain auquel ils n'auraient jamais penser subir.
    Chacun à sa manière va tenter de retrouver une vie convenable et normale en s'extériorisant, tenter de se rattacher, s'épanouir à une idée autre sortie du psyché, une envie déraisonnée comme droguer celle que l'on aime pour ensuite recevoir l'affection désirée après l'avoir guéri, adopter une foi comme la religion catholique, opter pour un loisir comme s'épanouir dans les jeux d'argent, embraser la luxure pour renouer avec un plaisir et une forme d'ultime jouissance physique. Tandis que le jeune garçon faible et perturbé témoin de tant de haine et du fait de son jeune âge retournera sur les lieux du drame pour tenter une dernière fois de comprendre ce qui est véritablement arrivé à ce moment précis.
    Durant tout le film des nombreux flash-back de la scène du massacre vont nous revenir et nous accorder successivement un élément nouveau qui prouvera plus amplement le choc traumatique auquel nos cinqs protagonistes auront dû faire face jusqu'au final bouleversant en apothéose. Une délivrance d'une belle force émotionnelle formidablement renforcée par des comédiens tous interprétés avec conviction et l'émotion exacerbée qu'il nous renvoit nous touche et nous émeut sans ineptie ni effet gratuit.
    L'immense et trop rare Forrest Whitaker ainsi que la jeune Dakota Fanning (Man on Fire, Trouble Jeu, La Guerre des Mondes) crèvent littéralement l'écran dans leur rôle respectif de victimes profondément tourmentées et dérangées, au bord du néant.
    "Fragments" est un drame social riche en émotion et de dignité humaine, un témoignage bouleversant au plus près des sentiments qui ne cède jamais à la grandiloquence ou à la larme facile. Il touche juste et humblement emporté par des acteurs tous remarquables dans une mise en scène délicate, toute en retenue, sans effet tapageur.

                       

    03/06/10

    LE CONVOI DE LA PEUR (Sorcerer)

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site hexdimension.com

    de William Friedkin. 1977. 2h01. U.S.A. Avec Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal, Amidou, Ramon Bieri, Peter Capell, Karl John, Frederick Ledebur, Chico Martinez.

    Sortie salles France: 15 Novembre 1978. U.S: 24 Juin 1977

    FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés aux Oscars d'Hollywood.
    1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


    Echec commercial cinglant lors de sa sortie (alors que Star Wars monopolise les écrans !), Le Convoi de la Peur est une oeuvre maudite d'autant plus invisible sur nos chaines TV et banni du support numérique, jusqu'à ce qu'un Blu-ray édité chez Warner l'exhume enfin de sa torpeur. Remake du Salaire de la Peur de Clouzot, le film de Friedkin se donne les moyens d'envergure pour réaliser un récit d'aventures haletant tourné aux quatre coins du monde (Nouveau-Mexique, République Dominicaine, New-Jersey, Jérusalem, Mexico et Paris). Epaulé du score envoûtant de Tangerine Dream offrant aux images une dimension quasi mystique, Le Convoi de la Peur résume l'odyssée cauchemardesque de quatre escrocs transportant de la nitroglycérine à bord de deux camions afin de stopper un incendie de pétrole. Pour cela, il doivent traverser une jungle impénétrable où embûches et intempéries vont décupler leur calvaire. Richement rémunérés, les hommes vont donc tenter de braver l'impossible et user de bravoure afin de pouvoir regagner leur liberté. Car exilés en Amérique du Sud depuis leur ennui avec la justice, ils n'avaient pas d'autre choix que d'accepter cette mission suicide.


    Richement documenté et réaliste, autant sa première partie privilégiant la mise en place des personnages puis leur fameux point de rencontre régi dans une raffinerie, que son deuxième acte illustrant leur périple insensé en pleine cambrousse, Le Convoi de la Peur structure une ligne de conduite planifiée et soucieuse du détail. Un travail géométrique que le réalisateur affine et maîtrise afin de mieux s'immerger dans les angoisses de nos personnages (la manière crispée dont ils livrent bataille contre les forces de la nature nous laisse les mains moites !) et authentifier une scénographie étrangement hostile (la jungle naturaliste transmet un souffle épique lors de son déchaînement climatique !). A l'instar de la traversée du pont, séquence virtuose aussi intense que visuellement éprouvante (déluge pluvial à l'appui !) que nos anti-héros vont tenter de parcourir avec stoïcité désespérée ! Ce voyage au bout de l'enfer, le réalisateur le filme au plus près de leurs névroses car communément impliqués dans une épreuve de force où la folie n'est pas loin de les rattraper. Confrontés à des situations toujours aussi risquées, c'est donc ici une question de dépassement de soi, de retour à l'instinct primitif et du refus de rebrousser chemin afin de remporter un juteux butin. Cette traversée impossible dans un enfer vert redoutablement pernicieux (Victor Manzon / Bruno Cremer soudainement pris à parti avec les branches d'arbres qui enrobent son camion !) peut notamment s'illustrer comme une fable sur l'aliénation quand l'homme use de ses capacités au-delà de la logique (tel un spectre livide, Jackie Scanion / Roy Scheider est finalement hanté de visions d'horreur et ressort traumatisé de son expérience !).


    Superbement réalisé et esthétiquement fascinant (Friedkin ausculte la jungle à la manière d'un dédale malfaisant), le Convoi de la Peur est un cauchemar interne. Une fascinante plongée de l'âme humaine au coeur d'un environnement indomptable pour ces fantômes gagnés par le surpassement mais rattrapés par leur délit. 
                 
    Note Wikipedia: William Friedkin souhaitait initialement confier le rôle principal à Steve McQueen. Ce dernier était d'accord pour endosser le rôle, à la seule condition que sa femme, Ali MacGraw, se voit confier un des rôles principaux. Le cinéaste refusa et Steve McQueen quitta le projet. Par la suite, William Friedkin a annoncé avoir regretté de ne pas avoir accepté les conditions.

    Dédicace à Daniel Aprin, Jean-François Dupuy et clin d'oeil au ciné-club de l'antre ! 
    12.05.14. 3èx
    07/06/10.
    Bruno Matéï