mercredi 2 mars 2011

VENGEANCE D'OUTRE-TOMBE ("J.D.'s Revenge")

                

de Arthur Marks. 1976. 1H35. U.S.A. Avec Glynn Turman, Louis Gossett Jr., Joan Pringle, Carl W. Crudup, James Watkins, Fred Pinkard, Jo Anne Meredith, Alice Jubert, David Mcknight.

BIO: Arthur Marks est un réalisateur, scénariste et producteur, né le 2 aout 1927 à Los Angeles, California.
On lui doit approximativement 12 longs-métrages de genre divers comme Detroit 9000, The Roommates, Bonnie's Kids, Bucktown, Friday Foster, A Woman for All Men, The Monkey Hustle, Togetherness, Class of '74, Times Like These et Moongames.

L'ARGUMENT: Après avoir acheté le chapeau d'un gangster mort dans les années 40, un chauffeur de taxi se retrouve possédé par un esprit démoniaque...

                    

Vengeance d'outre-tombe est uniquement interprété par des interprètes noirs, réalisé en pleine période de gloire de la Blaxploitation. Des petites bandes d'action de seconde zone et de polars ultra violents réalisées durant la décennie 70 comme Foxy Brown, Coffy, Superfly ou Black Caesar.
Mais les plus célébrés et respectés d'entre tous resteront sans commune mesure ses précurseurs Sweet Sweetback's Baadasssss Song de Melvin Van Peebles et Shatf, les nuits rouge de Harlem de Gordon Parks avec dans le rôle titre le cultissime richard roundtree. Ces deux classiques véhéments seront tournés la même année, c'est à dire en 1971.
 N'oublions pas que ce courant à la mode, en faveur des comédiens noirs aura touché à tous les genres, que ce soit le comique (Uptown Saturday Night), le péplum (The Arena), les arts-martiaux (Black Belt Jones), le western (Boss nigger), l'espionnage (Cléopatra Jones), l'horreur (Blacula, Abby) ou le politique (The spook who sat by the door).

 Vengeance d'outre-tombe n'est pas un polar survitaminé traditionnellement conçu sur fond de Funk and Soul, un ton coutumier à la Blaxploitation mais un curieux petit film d'horreur de série B. Il est à ranger indubitablement dans la catégorie des bons nanars saugrenus comme on les aiment et rien que l'idée de base tirée par les cheveux vaut particulièrement la chandelle pour prendre la peine de s'y attarder, ne serait-ce qu'une vision égayée.

                    

Dès la scène d'introduction nous allons être témoin d'un violent règlement de compte commis dans l'acuité d'un abattoir.
Un homme noir s'engueule avec une jolie femme arrogante et effrontée qui aura l'offense de le faire chanter quand celui-ci, armé d'un rasoir effilé décide de l'égorger !
Un autre protagoniste, témoin indirect de la scène décide de s'interpeller pour venger la mort de celle qu'il aimait.
Mais ce  gangster réputé du nom de J.D Walker périra sous les balles du tueur perfide.
Trente ans plus tard, après avoir acheté un chapeau, un jeune chauffeur de Taxi, Isaac, va être possédé par l'âme du gangster J.D pour se venger du responsable meurtrier d'il y a 30 ans, vivant aujourd'hui paisiblement auprès de son frère, un révérant catholique et de sa fille énigmatique.

Il est clair que l'idée de base de cette trame vindicative ne joue pas la subtilité et tout le métrage se réduit quasiment à une forme latente et récurrente de chassé-croisé entre le chauffeur de taxi possédé malgré lui par une âme diabolisée à la recherche éperdue de ses meurtriers complices. Durant tout le film, ce chauffeur furieusement revanchard et rancunier va tenter de retrouver l'homme de main par qui la mort a frappé 2 fois, trente ans auparavant. Un mafioso de renom à la tête d'une bande de crapules toutes aussi pernicieuses qui ne tarderont pas à menacer le jeune Isaac.

                   

Là ou le film gagne furtivement des points vient de son climat pervers et malsain alimenté par un meurtre crapuleux qui a eu lieu dans un abattoir. Cette séquence choc excessive interviendra régulièrement en intermittence sous l'apparence récurrente d'un flash-back horrifié car le jeune Isaac va être inlassablement témoin malgré lui de visions dérangeantes et sanglantes. Une scène de cauchemar révélée par l'image nauséeuse d'une vache égorgée, dévoilée en gros plan dans l'environnement malsain d'un glauque abattoir, interposé en filigrane avec la séquence aiguisée d'une jeune fille assassinée,  la gorge tranchée !
La première demi-heure plaisante et intrigante nous entraine dans un curieux cauchemar incongru avec ce héros envouté qui se fera un malin plaisir à brimer sa concubine, en guise de misogynie. A cet égard l'impromptue relation sexuelle de nos deux amants se révèle plutôt corsée en terme de déviance et de maltraitance. Une scène hot plutôt osée où le héros habité par le Mal répètera inlassablement à son idylle: tu aimes te faire baiser par papa ! Alors que sa dulcinée désorientée, soumise et bafouée prendra plaisir à ces revirements soudains et indociles.
D'autres moments valent aussi le détour comme ce spectacle improvisé, une séance d'hypnose éberluée où nos invités choisis au hasard devront se déshabiller devant une foule hilare ! Il y a aussi cette séquence hallucinée où une mémé embarquée dans un taxi roulant à vive allure se verra la tête se cogner contre la vitre éclatée de la voiture, avant d'être éjecté violemment par notre chauffeur déluré !
La suite du récit déboule malheureusement à une routine poussive où l'histoire faiblarde semble tourner en rond, mise en cause par le potentiel narratif réduit en une seule ligne.
Tandis que la dernière demi-heure plus énergisante et délirante renoue avec la frivole folie de sa première partie prometteuse et amusante. Sans compter qu'il renoue avec impertinence dans la crudité d'un viol agressif ou celle, sanglante, d'un homme lardé de coups de rasoirs sur son malheureux corps.
De plus, le final virevoltant dans ses liens parentaux, dernier rebondissement fantasque cède à la drôlerie involontaire exacerbée par la composition sincère de comédiens croyant dur comme fer qu'ils viennent de participer à un film effrayant et dramatiquement pesant.

                     

Nonobstant quelques lenteurs dues à une baisse de régime intervenant à mi parcours, Vengeance d'outre-tombe est une rareté oubliée qui mérite finalement un coup d'oeil amusé par ces quelques excès outranciers, son ambiance parfois malsaine et perverse et d'autres séquences improbables ou débridées qui transcendent la consternation pour créer l'attachement et la drôlerie involontaire.
A découvrir, l'humeur de ton vertueuse.

27.10.10

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