Sortie salles France: 18 Août 1982
BIO: Peter Collinson (01.04.36 / 16.12.80) est un réalisateur anglais responsable de 17 longs-métrages mis en scène entre 1967 et 1980 (l'or se barre, la nuit des alligators, 10 petits nègres).
Le Pitch: Réunis le temps d'un week-end, trois amis de longue date kidnappent un jeune couple dans une optique bien particulière: la chasse au gibier humain !
Dans la lignée de Délivrance, la Chasse du Comte Zaroff, les Chiens de Paille et Week-end sauvage, La Chasse Sanglante s'inscrit dans le réalisme cru symptomatique des Seventies pour son atmosphère malsaine particulièrement poisseuse, vériste, granuleuse. La grande force de La Chasse Sanglante émanant avant tout de son efficacité narrative suivie de son suspense latent où la tension sous-jacente culminera vers un inattendu rape and revenge.
Dans la lignée de Délivrance, la Chasse du Comte Zaroff, les Chiens de Paille et Week-end sauvage, La Chasse Sanglante s'inscrit dans le réalisme cru symptomatique des Seventies pour son atmosphère malsaine particulièrement poisseuse, vériste, granuleuse. La grande force de La Chasse Sanglante émanant avant tout de son efficacité narrative suivie de son suspense latent où la tension sous-jacente culminera vers un inattendu rape and revenge.
La première partie se décline en jeu de brimades des agresseurs contre leurs victimes réduites à la soumission jusqu'à ce qu'une beuverie improvisée converge à une dérive meurtrière. Le climat pervers davantage oppressant est d'autant plus renforcé du jeu goguenard des bourreaux que composent des comédiens volontiers guillerets dans leur stature d'oppresseur aviné. L'angoisse ressentie à travers les visages couards et dépressifs, la tension et la panique qui s'implantent face à l'horrible révélation vont crescendo lorsque Nancy prendra conscience que le but de ce kidnapping n'était que le divertissement incongru d'une chasse à l'homme dans un cadre forestier en bonne et de forme.
La seconde partie autrement haletante et si cruelle se décline en survival escarpé de par sa violence à la fois physique et surtout morale atteignant parfois un degré d'intensité émotionnelle à la limite du supportable. Telle, Nancy, désespérée, pétrifiée de peur, sans aucun repère, suppliant à ces oppresseurs de la laisser en vie lors d'un ultime appel au secours. Une image glaçante saisissante de réalisme poisseux entre les rapports de force arbitraires, alors que toute violence graphique en est écartée. Probablement la séquence choc la plus éprouvante par son sadisme moral décomplexé qui nous hante bien au-delà du générique de fin. On peut d'ailleurs rappeler que le film fut classé X Outre-Atlantique, strictement interdit aux moins de 18 ans chez nous.
Le dernier acte, étonnant de sarcasme somme toute dépouillé, renoue avec l'enjeu dramatique du prologue pour relancer une 2è partie de chasse à la fois bestiale et transgressive du point de vue réac d'une auto-justice expéditive.
Niveau cast, dans une posture tranquille perfide, Peter Fonda se révèle comme à son habitude photogénique dans celui d'un prédateur sans vergogne alors que l'on pouvait lui soupçonner un sursaut d'empathie pour sa relation amorcée avec Nancy, maitresse de Martin. Le patibulaire Richard Lynch au regard rapace accompagné de John Phillip Law dans sa bonhomie rassurante sont délectables dans leur complicité perverse de camaraderie marginale. Mais c'est Alberto De Mendoza qui est à mon sens le personnage le plus convaincant en mari infidèle complètement livré à l'abandon car mis en retrait face aux brimades de ces meurtriers et de sa propre épouse en ébriété déconnectée de la réalité. Or, la ravissante Cornelia Sharpe ne manque toutefois pas d'empathie, loin s'en faut, lors de sa condition morale aussi démunie que désespérée au point de provoquer gêne, malaise, tristesse difficilement tolérable pour le spectateur contraint d'observer sa détresse à l'expressivité trop fragile. Quant à l'inattendue apparition de William Holden, elle se permet d'ajouter à nouveau une saveur subversive au périple criminel pour son rôle à contre-emploi de justicier punitif particulièrement impassible, autoritaire, paternel, déterminé.
Tendu, vertigineux et brutal jusqu'au malaise moral, La Chasse Sanglante constitue un classique du survival horrifique éludé de racolage dans son florilège de châtiments, humiliations et sévices en roue libre. Rondement mené, efficacement charpenté, interprété avec conviction par des comédiens au jeu gouailleur quant aux rôles viciés, La Chasse Sanglante dénonce une fois de plus l'instinct pervers de l'homme avide de chasse au gibier pour l'unique plaisir de tuer. Dommage que cette rareté ayant ébranlé la génération 80 ("les films que vous ne verrez jamais à la tévéision" qu'il disait !) soit depuis sombrée dans l'oubli le plus éhonté car la Chasse Sanglante n'a rien perdu de sa puissance dramatique au sein de son époque charnière plutôt incongrue auquel il fut conçu.
*Bruno
*Bruno
Dédicace à Mathias Chaput
04.10.10
04.10.10
Très bon commentaire, ce film s'inscrit parmi les raretés, du cinéma, ambiance poisseuse et tendue, sur une époque tragique,celle du vietnam et des droits civiques aux states, a voir, un contexte qui peut nous rappeler la société d'aujourd'hui, crise monétaire, guerre du golfe et d'afghanistan, lybie, Grece etc, la culture,la contestation, l'esprit d'engagement et le cinéma en moins.
RépondreSupprimerOui, une bonne critique Bruno. A noter que le bouquin dont le film est tiré, est encore plus barbare, dérangeant, effrayant.
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