mercredi 2 mars 2011

A BOUT DE COURSE (Running on Empty)

                                                     (avis subjectif d'un puriste amateur)
                                   

de Sidney Lumet. 1988. U.S.A. 1H55. Avec Christine Lahti, River Phoenix, Judd Hirsch, Jonas Abry, Martha Plimpton, Ed Crowley, L.M. Kit Carson, Steven Hill, Augusta Dabney, David Margulies...

BIOGRAPHIE: Sidney Lumet (né le 25 juin 1924) est un réalisateur américain, avec plus de 50 films sous sa direction, dont Douze Hommes en colère, son 1er long-métrage acclamé par la critique en 1957 et Network, main basse sur la TV  en 1976.
Il a remporté l'Oscar d'honneur en 2005 pour ses "brillants services rendus aux scénaristes, acteurs et à l'art du cinéma".
Sidney Lumet était un acteur avant de devenir réalisateur. Ses parents étaient l'acteur de théâtre yiddish Baruch Lumet et la danseuse Eugenia Wermus. Il est monté pour la première fois sur les planches au Yiddish Art Theater de New York à l'âge de quatre ans et a joué dans les théâtres Yiddish et de Broadway jusque dans les années 1950.
Filmo sélective: 12 Hommes en colère (1957), l'Homme à la peau de serpent (1959), Point Limite (1964), Serpico (1976), Un après-midi de chien (1975), Network, main basse sur la TV (1976), Le Prince de New-York (1981), Piège mortel (1982), A bout de course (1988), Jugez moi coupable (2006).

                     

L'ARGUMENT:   Danny, jeune homme de dix-sept ans, est le fils d'anciens militants terroristes.Sa famille est obligé de fuir le FBI lancé à leur trousse depuis leur méfaits commis.
Un jour Danny tombe amoureux d'une fille et cette relation va bouleverser la vie de sa famille autoritaire.

COMME UN HOMME LIBRE.
Deux ans après le thriller Le Lendemain du Crime réalisé en 1986, Sidney Lumet  s'oriente cette fois-ci vers le drame psychologique en abordant en toile de fond le terrorisme à travers une famille unie au lourd passé, obligé de fuir et déménager, parce que le FBI est lancé à leur trousse depuis des années.
Des parents libertaires qui auront été auparavant des activistes convaincus de leur démarche contre la guerre du Vietnam pour avoir commis un attentat à la bombe dans une fabrique de Nepalm. Malheureusement, un gardien qui ne devait pas se retrouver à ce moment précis se retrouvera paralysé et aveugle suite à l'impact de l'explosion.

                    

La démarche de Sidney Lumet n'est pas de nous orienter vers un film politique et disserter sur le terrorisme. Il se destine de prime abord à nous conter l'histoire poignante et bouleversante d'une famille sacrifiée parce que des parents, anciens militants auront commis un acte illégal impardonnable envers la société. Les conséquences dramatiques de cet acte frauduleux vont faire éclater en lambeau la cellule familiale constamment obligée de se terrer, telle des pestiférés d'une région à une autre pour éviter d'être démasquée.
Ce sont les enfants, le jeune Harry et surtout Danny, 17 ans qui vont devoir subir dans leur moralité une vie morne et déstructurée, éreintante aussi du fait des départs incessants commis par ses parents pour fuir le FBI.
Danny se réfugie alors dans la musique, ce à quoi il voue un véritable don dans l'amour du piano que son professeur de lycée ne tardera pas à lui faire valoir. Un jour, il rencontre la fille du professeur, Lorna, auquel il va éperdument tomber amoureux. Ce sont ces deux révélations, l'amour du piano et celle de cette jeune fille qui vont faire basculer la vie du jeune garçon solitaire, davantage épris de liberté, d'envie de se forger, s'assumer et progresser pour un avenir plus ambitieux.
Mais les parents rigides, d'une prudence à toute épreuve, qui auront eux même abandonnés leurs géniteurs à une époque déjà lointaine vont devoir obstruer les choix libertaires de Danny et refuser à ce qu'il prenne sa vie en main.

                   

Cette puissante narration riche en densité par ces conflits psychologiques d'une teneur dramatique intense nous fait pénétrer à l'intérieur d'une famille qui ne sait plus ce qu'elle pourrait envisager pour mieux subir cette traque inlassable avant que les remords et les contritions du passé ne remontent à la surface. Parce que leurs enfants n'ont pas le droit à une vie comme les autres, la mère compatissante du mal être de Danny va prendre conscience de son égoïsme et de sa lâcheté, à refuser à ce que son fils Danny, davantage en âge de raison, devienne un futur pianiste renommé.
Le père irascible et austère, forgé par son pouvoir autoritaire et sa révolte rancunière contre la société ne l'entend pas de la même manière. A moins qu'en dernier recours, un regain de prise de conscience morale ne le pousserait à changer d'avis.

L'émouvant et regretté River Phoenix incarne le rôle introverti du jeune Danny avec fragilité et sensibilité dans sa douleur affectée d'être le témoin malgré lui de parents fuyards, anciens marginaux contre leur société patriotique.
Mais une idylle amoureuse et la passion dévorante pour une leçon de piano vont pouvoir décanter sa façon de percevoir et affronter un jour prochain son destin improbable.

                    

LES LIENS DU COEUR.
Sans effet de pathos et encore moins de discours pompeux, Sidney Lumet  a concocté avec une sensibilité nue une mise en scène minutieusement élaborée au service de ses personnages magnifiquement campés par des comédiens au ton naturel.
A bout de course se livre à un bouleversant drame familial auquel des parents condamnés à la solitude seront obligés dans une prise de conscience soudaine à sacrifier les liens affectifs pour subvenir aux besoins de leur progéniture.
Un grand film méconnu d'une profondeur humaine intense, au scénario impeccablement rodé et à la conclusion terriblement fataliste. Où chaque protagoniste fustigé gardera en son âme affligée de lourdes séquelles irréversibles.

01.12.10

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