mardi 8 mars 2011

LE CORBEAU (The Raven)

                      

de Louis friedlander. 1935. U.S.A. 59 minutes. Avec Bela Lugosi, Boris Karloff, Lester Matthews, Irene Ware, Samuel S. Winds, Spencer Charters, Inez Courtney.

Metteur en scène de 21 longs-métrages, Louis friedlande (1901-1962), également connu sous le nom de Lew Landers décide en 1935 d'adapter deux nouvelles d'Edgar Allan Poe : "le puits et le pendule" et "le corbeau".

Un célèbre médecin renommé, fasciné par l'écrivain Edgar Poe, en particulier ses sombres récits funèbres basés sur les instruments de torture moyennâgeux, décide de se venger après avoir sauver d'une mort certaine la fille d'un juge auquel il est éperdument tombé amoureux.

                                      

Nouvelle rencontre au sommet pour deux grands monstres du cinéma d'épouvante de l'âge d'or des années 30, "Le Corbeau" est un superbe poème noir insinueusement sadique au fur et à mesure de l'agencement d'une intrigue épineuse dans l'art suprême de torturer avec raffinement dans l'ingéniosité de ses instruments mis en valeur. D'une belle densité psychologique dans les profils établis de nos deux protagonistes torturés dans l'âme et le coeur, "le corbeau" suit le diabolique plan concocté d'un médecin illuminé pour guise de revanche. Parce qu'il est épris d'affection amoureuse d'une jeune fille qu'il a réussi à délivrer de la mort, Vollin va décider de se venger à cause d'un père soupçonneux qui n'a pas été dûpe d'une potentielle amourette entre notre duo évoqué.
Mais cette charmante demoiselle beaucoup plus jeune que Vollin est déjà éprise d'un amour fusionnel envers son fidèle compagnon.
Après les sévères avertissements et remontrances du paternel pour cette éventuelle liaison improbable, une dispute éclate entre les deux hommes.
Le problème est que ce médecin fantasque, personnage hautain et présomptueux, génie invétéré de sa profession médicale ayant accès au pouvoir du contrôle de la vie est alimenté d'une haine incontrôlée sur l'humanité quand on en vient à lui demander d'oublier la fille qu'il a sauvé. Avec la complicité d'un évadé de prison, il va donc préparer un plan méticuleux consciencieusement établi auprès de ses hôtes, piégés et emprisonnés malgré eux dans sa mystérieuse demeure.
L'évadé en question est un meurtrier dédaigneux de sa vie antérieure que Vollin va volontairement défigurer physiquement de manière hideuse pour mieux le faire chanter et ainsi posséder un "serviteur" à ses côtés pour ses délirantes méthodes vengeresques bien planifiées.

                               

L'interprétation remarquable de Bela Lugosi dans le rôle insidieusement pervers du neurologue meurtri dans son amour déchu imprègne tout le métrage de sa présence malicieuse et son physique de snob opportuniste. Un diabolique personnage cynique et sans scrupule qui se complait dans la fascination de la mort avant le raffinement dans la torture. Il faut l'entendre discourir avec serénité et allégresse sur sa passion morbide à travers les macabres écrits d'un célèbre écrivain. Tout en nous émettant à haute voix ces citations verbales ciselées, sardoniques, poétiquement morbides dictées avec une grande conviction.
La victime la plus plaignante sera Edmond Batman, le criminel échappé de prison, campé par le grand Boris Karloff. Un personnage rendu moribond dans la douleur morale suintante de ses états d'âme, rongé par le remord, désespéré à changer physiquement de visage.
Etant persuadé qu'avec un nouveau regard limpide et enjoleur, il pourra retrouver le chemin rédempteur d'une voie plus raisonnée dans l'épanouissement de la sagesse.
Mais de meurtrier monstrueux il va peu à peu se dupliquer en monstre humanisé pour au final enfin sauver son âme et celle des victimes mises en cause au moment le plus opportun.

                                    

Classieusement interprété par des comédiens au meilleur de leur forme, rehaussé par la géniale présence du prince Lugosi, "Le corbeau" est un superbe conte macabre ingénieusement suggéré dans un scénario parfaitement huilé, élaboré et passionnant.
Le final bondissant dans ses rebondissement haletants et la stupéfiante découverte de deux pièces mortuaires passées maitres dans l'art de torturer par leur folie démesurée (le pendule et la pièce qui rétrécit les murs) achèvent de rendre un classique du cinéma d'épouvante réalisé de main de maitre sans avoir perdu de sa saveur sadienne.

19.08.10

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