mardi 15 mars 2011

SHUTTER ISLAND

                           

de Martin Scorcese. 2010. U.S.A. 2H17. Avec Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Patricia Clarkson, Max von Sydow, Emily Mortimer, Jackie Earle Haley, Elias Koteas...

L'ARGUMENT: En 1954, les U.S. Marshals Teddy Daniels et Chuck Aule débarquent pour enquêter sur la disparition d'une patiente d'un hôpital psychiatrique « haute sécurité », sur Shutter Island.
A leur arrivée, le docteur Cawley leur explique que cette patiente, Rachel Solando, a tué ses trois enfants en les noyant.

                   

MON AVIS: Après son remake de haut niveau "les infiltrés" et "shine a light" et en attendant "silence" puis "The Invention of Hugo Cabret", le grand maitre d'origine sicilienne Martin Scorcese s'empare du roman de Dennis Lehane pour une adaptation cinématographique classieuse, déroutante aux accents hitchcockiens éprouvées dans une atmosphère lourde et oppressante, superbement photographiée.

Durant les années 50, après le traumatisme de la guerre orchestrée par Hitler, 2 agents fédéraux viennent enquêter sur la disparition d'une patiente schyzophrène du nom de Rachel, enfermée dans une forteresse psychiatrique au beau milieu d'une île surnommée "Shutter Island". Leur enquête trouble, venimeuse et inquiétante vont les mener dans la pire des réalités où la folie et la raison vont fusionner pour ne former au bout du compte qu'une sombre histoire traumatique sur fond du pire génocide ethnique de l'histoire de l'humanité.

Le grand Martin Scorcese entame pour son nouveau film la voie du thriller vertigineux aux brusques écarts horrifiques pour mieux nous berner d'un épouvantable drame psychologique.
La première partie du film plutôt équivoque et volontairement bariolée nous entraine dans une forme de labyrinthe mental d'un flic obstiné à retrouver coûte que coûte une patiente criminelle hautement dangereuse qui aurait disparue de sa cellule sans aucune explication rationnelle et plausible.
Le flic Teddy Daniels est un ancien combattant américain durant la 2è guerre mondiale, fortement éprouvé par les camps de concentration dont l'image d'une fillette morte enlaçant d'un bras désemparé le cadavre de sa mère lui reviendra régulièrement en tête pendant son investigation dans l'hôpital psychiatrique en compagnie de son collègue Chuck Aule. A peine remis du décès de sa femme brûlée vive dans un incendie il sera aussi constamment épaulé par le fantome de cette bienaimée lui suppliant de quitter l'île au plus vite au risque de perdre son âme à tout jamais.
De cette trame dense et rocailleuse, pendant la quasi majorité de durée du métrage, nous allons suivre le parcours tortueux, dérangé, hermétique d'un homme davantage persuadé qu'il est victime d'un immense complot où les malades mentaux du "Shutter Island" ne sont en faite que des cobayes lobotomisés afin de devenir des agents de la guerre froide.

                         

Par l'intermittence de séquences inattendues, opaques, irrationnelles, oniriques et cauchemardesques, Martin Scorcese ne va de cesse nous intriguer avec savoir faire, destabiliser notre version des faits, triturer nos méninges dans une successions de moments insolites, horrifiques, inexplicables ou le sens de la réalité sera constament remis en doute par le spectateur qui ne saura plus sur quel pied danser.
Jusqu'à cette dernière demi-heure hautement psychologique, dramatique et intense. Une révélation bien explicative, claire et précise offrant une délivrance au spectateur quand aux véritables raisons de cette lugubre machination. Un final terriblement poignant qui ne laissera aucune issue de secours quand à la possibilité d'une potentielle voie raisonnée.

Leonardo Di Caprio dans un rôle en demi-teinte porte littéralement le film à bout de bras, il offre par sa forte prestance et son jeu viscéral tour à tour névrotique et lucide un complément de poids face à un scénario aussi passionnant enrichi sur l'humanité désespérée de son personnage.
La prestation musicale lourde et pesante envahit tout le métrage de sons stridants, intenses et anxyogènes, de temps à autre plus langoureux sur un tempo assombri à la manière d'un battement de coeur flottant.

En évoquant au passage le traumatisme vécu de ces soldats partis au front pour affronter l'horreur absolue durant la seconde guerre mondiale, "Shutter Island" est un excellent thriller psychologique au suspense savament entretenu qui ne lache pas d'une prise l'intérêt du spectateur dans sa complexe linéarité de prime abord mais qui se révèlera par la suite des évènements tout à fait cohérent et limpide pour bifurquer vers un véritable drame glaçant et poignant sans laisser une éventuelle concession quand à la possibilité d'un happy end libérateur !

                   

25.06.10.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire