mercredi 2 mars 2011

TERROR FIRMER

                                                       (avis subjectif d'un puriste amateur)

                                   

de Lloyd Kaufman. 1999. U.S.A. 1H57. Avec Will Keenan, Alyce Latourelle, Lloyd Kaufman, Trent Haaga et Ron Jeremy

BIOGRAPHIE: Lloyd Kaufman (né Stanley Lloyd Kaufman Jr. le 30 décembre 1945), est un réalisateur, producteur et acteur de cinéma underground et indépendant américain. Il a fondé Troma Entertainment, la plus ancienne compagnie de cinéma indépendant, avec son ami Michael Herz. Son film le plus célèbre est Toxic Avenger.
Ce passionné du cinéma Trash indépendant compte 109 films en tant qu'acteur (souvent de petits rôles), 61 comme producteur, 31 comme réalisateur et 27 comme scénariste. Il a également composé la musique de Tromeo and Juliett.

L'ARGUMENT: Larry Benjamin est un réalisateur aveugle ! Cela ne l'empêche toutefois pas de vouloir tourner un film trash indépendant, avec l'aide de l'équipe Troma. Mais un imprévisible tueur va perturber le bon déroulement du tournage.

                                

AFFREUX, SALES ET MECHANTS.
Trois après Troméo et Juliette, notre bon samaritain Lloyd Kaufman  réalise en 1990 une satire féroce (à sa sauce frelatée) du milieu du cinéma, en égratignant les films à gros budget tournés machinalement sans âme ni saveur. Des réalisateurs formatés dans la bienfaisance et le politiquement correct qui se contentent de respecter la ligne directrice de producteurs sans scrupule. Des hommes d'affaire qui ne semblent pas connaitre la noblesse des mots: magie, rêverie, évasion assouvies au 7è art (tout ce que Troma nous offre depuis des décennies).
A ce titre, Lloyd Kaufman ne va pas hésiter à "balancer" son mépris et son indifférence sur certains réalisateurs dont Steven Spielberg  sera le porte parole pour Terror Firmer !

Tout l'univers Troma est réuni dans ce délire trash sous acide pour le meilleur et pour le pire, comme dans la plupart de cette longue filmographie étiquetée "bête et méchant". Des petits métrages à la sauvette dérangés du bulbe, oh combien jouissifs dans son décomplexe à imaginer les pires scènes provocantes jamais réalisées, tout en se moquant de chaque citoyen qui nous entoure dans une jungle délurée. Que ce soit les obèses, les handicapés mentaux, les aveugles, les obsédés, les hermaphrodites, les homos, les vieillards, les bébés, les femmes enceintes, les pervers, les sadiques et les meurtriers.

                                

Le récit bordélique et déstructuré nous refait le coup du "film dans le film", se déroulant sur les lieux d'un tournage commandité par Larry Benjamin (Lloyd Kaufman himself !), un cinéaste indépendant atteint de cécité, accompagné de sa jeune fille handicapée.
Sur place, notre réalisateur plein d'ambition a beaucoup de mal à faire régner l'ordre durant l'entreprise folingue de son nouveau long-métrage (qui est une nouvelle suite aux aventures de Toxic Avenger). Et cela même s'il ne s'en porte pas plus mal !
Mais un mystérieux tueur sévit sur le plateau et va semer la panique et la zizanie parmi les figurants dans le chaos le plus total  !

L'introduction nous amène d'entrée de jeu dans une séquence gore comique auquel un quidam va se faire arracher les deux jambes par une mystérieuse inconnue. La seconde séquence hallucinée dans son mauvais goût assumé (située à 50 secondes du film précisément) nous envoie frontalement un crochet dans la gueule quand une mère se fait éventrer l'estomac à main nue par cette même inconnue vêtue d'une jupe et portant des lunettes noires. De ses mains pénétrées dans les viscères de la gente dame, la meurtrière invétérée en sortira un foetus vivant, ensanglanté, devant les hurlements de la mère estomaquée ! Alors que le petit bébé maladroitement malaxé dans les mains de la tueuse cogitera aveuglément en s'exclamant par des pleurs incessants.
La scène abjecte, totalement barrée et filmée en gros plan ferait passer le viol du bébé de A Serbian Film pour une comptine ! (enfin presque !). On se demande même si l'on doit se moquer avec complicité ou s'inquiéter d'un tel niveau de mauvais goût, tant l'effet comique recherché est quand même dénaturé de mon point de vue.
Heureusement, la suite se révèle formidablement plus ludique, délirante, axé sur la débilité des personnages et des situations toutes plus cinglées les unes que les autres (comme de coutume dans une prod Troma).
C'est ce que Tonton Lloyd va nous balancer dans la tronche durant près de 2 heures dans une accumulation de séquences trash axées sur le cul, la vulgarité, le crade, la bassesse, l'incorrect, le mauvais goût et le gore dans une ambiance festive de carnaval effronté, tourné avec dérision et cynisme.

                                 

Un homme particulièrement très obèse va se retrouver happé par un tapis roulant et se faire littéralement écrabouiller la masse graisseuse en explosant de douleur !
Un travello se fera brûler vif par un marginal placé en position courbée, de manière à ce que son cul défroqué soit en retrait, prêt à envoyer un pet en direction de sa cible visée. Quand un de ses complices allumera la flamme d'un briquet située au bord de son anus pour envoyer cette production lumineuse d'un gaz en combustion et immoler le travello tétanisé de stupeur !
Ces deux exemples éloquents ne sont qu'une mise en bouche pour vous démontrer le niveau d'inventivité et de créativité que Terror Firmer va nous offrir généreusement durant près de deux heures.
Même l'intrigue criminelle douée de sens et de raison est plutôt bien amenée dans la révélation finale du dit tueur au passé traditionnellement tromatique !

LES DEBILES DE TROMAVILLE.
A travers ce métrage complètement frappadingue et fier de l'être, oh combien jouissif et débridé dans le sens le plus extrême et vulgaire du terme, Lloyd Kaufman  nous évoque également en toile de fond son amour immodéré pour le cinéma indépendant et ces metteurs en scène néophytes qui éprouvent d'immenses difficultés à monter un projet cinématographique. Il clame son respect et son estime pour ces métrages bricolés confectionnés par des réalisateurs créatifs et passionnés par leur profession. Il n'hésite pas à tirailler l'univers des grosses entreprises, les "Blockbusters" réalisés pour être grassement ingérer par le spectateur hébété, pour ne pas dire lobotomisé de la génération Fast Food. Tout en fustigeant ces réalisateurs indolents, présomptueux, condescendants et tous ses producteurs engagés dans une morale perfide, avides de pouvoir et d'appât du gain.
Alors, Terror Firmer, spectacle débile ou plaidoirie pour la liberté d'expression ? 

Dédicace à Anthony Le Phuoc.

02.12.10

                               

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